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« Tes sentiments, tes pensées, tes actes n’avaient qu’une finalité : être utile à la communauté et à son progrès. »

Discours prononcé ce jour en hommage au capitaine Gilbert Sartran, sapeur-pompier volontaire durant 30 années consécutives au centre de secours de Créon 

« Il m’appartient en raison de mon âge probablement et du fait que nous partageons depuis tellement d’années ton engagement au service de l’intérêt général, de m’exprimer au nom de tous les élus locaux présents ou excusés qui t’accompagnent aujourd’hui. Ils ont eu l’occasion, souvent dans des circonstances dramatiques ou inquiétantes de vérifier la qualité de ton engagement sans faille parmi les sapeurs-pompiers créonnais,  partagent mon propos.

            Bien évidemment Gilbert au-delà des mandats éphémères que nous détenons ou nous avons détenus, tu sais fort bien qu’à travers cet hommage unanime c’est celui des populations que nous représentons ou avons représentées qui t’est rendu. J’ai beaucoup de mal à le rendre officiel.  Nous savons en effet combien ton engagement sans faille a bénéficié à des centaines de nos concitoyens soumis à des aléas souvent injustes, douloureux ou fatals.

            Gilbert toute ta vie a été marquée par l’intérêt que tu portais au sort des autres et plus encore pour l’action collective solidaire en leur faveur.

            Ton enfance sur une propriété de Pellegrue aux cotés de la famille Laliette dont tu épouseras l’une des filles t’avait appris les vertus de l’entraide. En ces temps où le bonheur se forgeait dans les moments de partage des travaux des champs ou des plaisirs d’une table alimentée par les produits du terroir familial, tu avais engrangé cet appétence pour la convivialité qui ne te quittera jamais.

            Gilbert tu l’avais renforcée au football où tu excellais et sur les chantiers où tu débuta très jeune comme maçon avant de te 3retrouver plongé durant 28 mois ( 28 mois vous imaginez un peu ce que pouvait représenter ce bail avec la République) dans ce que l’on n’osait pas alors appeler la guerre d’Algérie. Une nouvelle forme de solidarité. Une nouvelle fraternité. Une première obligation qui se résumait par une formule :  servir ou périr.  Tu en parlais peu. Tu avais construit une parenthèse de silence dans ton existence comme bon nombre des appelés du contingent. La République t’avait privé des plus belles années de ta jeunesse. Elle ne te les a jamais rendues.

            En devenant chauffeur de poids lourds et en épousant Nadette tu as retrouvé le cours normal d’une vie. Elle devint créonnaise il y a un peu plus de cinquante ans. Elle fut meublée comme tu le souhaitais par la venue au monde de tes deux filles mais il te manquait cette envie de participer à la vie collective comme ce fut le cas dans ton village natal.  Tu l’avais trouvée au sein de cette entreprise à taille humaine qu’était la STR quand Michel Bastiat t’avait demandé de la rejoindre. Des heures et des heures d’anecdotes de chantier, de blagues avec les Cornaglia, Moretti, Bazzo, Spadotto, Pallaro, Tauzin, Chabrol et consorts meublaient nos conversations. Tu y resteras toute ta carrière durant près de trente ans.

            Gilbert tu as donné la vraie mesure de ta générosité et de ton sens du partage en entrant comme volontaire chez les sapeurs-pompiers créonnais. Volontaire. Ce qualificatif prend toute sa signification dans la période actuelle alors que tu nous quittes. L’été terrible que nous venons de vivre me permet d’affirmer que sans des femmes et des hommes de ta trempe comme le sont ce jeunes en tenue, près de toi,  qui ont tant d’estime pour ton parcours nous n’aurions pas forcément jugulé les incendies démesurés de 2022. Les volontaires en osmose avec des professionnels compétents et aguerris forment un corps départemental solide, efficace, rassurant devant faire face à des engagements de plus en plus nombreux et exigeants.

            Gilbert les élus actuels et ceux que tu as côtoyés savent qu’aujourd’hui s’en va avec toi un repère essentiel pour cette génération dont on ne louera jamais assez l’investissement au service de notre sécurité.  Ta bonne humeur mitonnée parfois de coups de gueule sévères, ta disponibilité permanente, ta compétence acquise par de multiples formations et ta volonté inextinguible d’être utile à ce centre de secours que tu avais vu évoluer, ont permis de démontrer que le volontariat altruiste est irremplaçable dans un monde de surconsommation, d’égoïsme  et de dangers toujours plus grands.

            Nuit et jour et 365 jours pas an dans la dernière moitié du XX° siècle tu as su respecter dans l’esprit et par tes actes ce qui constitue le plus beau des engagements citoyens, celui de volontaire des sapeurs-pompiers. Tendre la main à une personne blessée ; tenter de rassurer celle qui voit tout disparaître par le feu ou noyé sous l’eau boueuse ; ranimer une flamme de vie chez une personne en détresse vitale ; protéger des enfants en danger ; sauver tout ce qui peut l’être en toutes circonstances : c’est à ces missions que tu as consacré volontairement tes nuits, tes congés et tes week-ends avec abnégation et compétence.

            Rien n’oblige une femme ou un homme à s’engager pour et avec les autres, mais si demain les centaines, les milliers de Gilbert volontaires posaient leurs casques nous serions désemparés face aux destins que nous réserve l’existence. Gilbert ces « enfants » sapeurs, ces « petits-enfants en tenue » que tu as vu grandir et évoluer au centre de secours poursuivent ta mission et ils le font avec autant de cœur et d’ardeur que toi. Tu étais fier d’eux. Ils sont comme nous fier de toi.    

            Aujourd’hui Gilbert tu emportes dans la tombe où tu vas rejoindre tes parents, les instants terribles des rencontres avec la mort, les images émouvantes des larmes sur un visage et des cris d’effroi qui ne s’oublient pas mais aussi des sourires soulagés, des mots de remerciements sincères et surtout le réconfort essentiel de la mission et du devoir accomplis. Là encore, tu amènes, les secrets de ton dévouement pour que la vie dans les difficultés porte un espoir de lendemains meilleurs.

            Gilbert, toi qui as souhaité reposer  dans ton uniforme de sapeur-pompier tu me pardonneras de dire que si tu ne fus pas comme chacun d’entre nous un homme parfait, tu nous serviras de référence à notre conception de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Tu as été un authentique citoyen du Créonnais.

            Tu fus d’une loyauté parfaite dans des périodes où j’en avais grand besoin. Tu as ensoleillé quelques Sainte-Barbe. Tu as goûté aux rendez-vous festifs créonnais jusqu’au dernier moment. Tu as donné de l’amitié et de l’amour autour de toi. Tu as démontré que tu étais réellement un Homme précieux puisque tes sentiments, tes pensées, tes actes n’avaient qu’une finalité : être utile à la communauté et à son progrès.

            Bernadette, vous ses enfants et petits-enfants sachez que si vous perdez un époux, un père, un grand-père, un arrière-grand-père nous perdons un ami et un homme de valeur !Nous en sommes tristes. Nous sommes cependant heureux d’avoir pu cheminer avec toi vers les autres momentanément fragilisés, vers celles et ceux qui ont eu besoin d’une main tendue. La tienne.

          

Cet article a 3 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

     » Ta bonne humeur mitonnée parfois de coups de gueule sévères…  »
    Coups de gueule trop souvent et trop vite oubliés…
    Très bel hommage à cet ami qui laisse sa famille et ses amis.es dans la peine et les souvenirs des jours heureux… C’est quand il fait sa révérence à la vie qu’on mesure le vide qu’un ami laisse… à ceux et celles qui poursuivent la route !

  2. Florence OVEJERO

    Très bel hommage Jean Marie comme tu sais si bien le rendre à des personnes de valeur qui ont su saupoudrer très modestement durant toute leur vie de la gentillesse, de l aide, du réconfort, des sourires, du bonheur !
    Merci à elles de nous avoir accompagnés, merci à toi pour le dire avec des mots justes.

  3. Gérard Aidi

    Très belle hommage Mr Darmian et émouvant

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