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La malhonnêteté dans l’usage dévoyé des mots

Le système médiatique permet sans aucune crainte de démultiplier durant des heures et des heures des approximations autorisant une forme de propagande dévastatrice. A maintes reprises dans ces chroniques depuis plus de 17 ans j’ai souligné le poids de ces fameux éléments de langage envoyés à tous les invités des séquences quotidiennes radio et télé. Face à la faiblesse des intervieweurs aussi peu soucieux que leurs invités du poids des mots ils récitent leur bréviaire. Certes il n’y a plus depuis belle lurette de leçons de vocabulaire dans les écoles et encore moins dans les collèges mais cette carence dans la mise à plat des affirmations « officielles » relève de la faute professionnelle.

Dans l »émission Quotidien certaines rubriques deviennent pédagogiques dans un tel contexte. Parfois en regroupant des séquences des entretiens accordés par la même personne ils dénudent des discours sans aucun sens car ressassés comme autant de vérités. Partant du principe que la répétition permet de bloquer la réflexion, les invités ressassent des arguments faux car vides de sens. Rassurez-vous ce n’est pas une spécificité de la période mais une habitude prise du temps de l’ORTF et des communiqués officiels. Tous les journalistes qui ont voulu ce débarrasser de ces méthodes imposées par leurs hôtes l’ont chèrement payé.

Si l’on établissait un palmarès de la tromperie linguistique le mot impôts figurerait en première position tant il a été utilisé à toutes les sauces pour affoler l’opinion dominante. Il n’a d’ailleurs plus aucune valeur tellement il a été, il est et il sera galvaudé. Dans toutes les campagnes électorales, de la plus modeste à celle des présidentielles il est au centre des argumentations. L’éternelle, l’incontournable, l’inoxydable « baisse des impôts » ou dans les cas les plus « prudents » de « non-augmentation des impôts » s’installe au cœur des programmes. Le vrai problème c’est que ce qui est devenu un slogan se met à toutes les sauces.

Par exemple durant tout le week-end les porte-paroles du gouvernement ont ressassé parmi divers arguments passe-partout que la réforme des modalités d’obtention des pensions de retraite visait à ne pas « augmenter les impôts ». Aucun journaliste n’a relevé cet abus de langage constituant une contre-vérité manifeste. Pour pépère et mémère, pour celles et ceux qui bouffent du fonctionnaire à tous les repas et qui parfois oublient de participer à l’effort de maintien des éléments essentiels de la vie collective, cette affirmation a une valeur biblique.

En fait « impôts » dans la bouche de ces truqueurs institutionnels mélangent allégrement « taxes », « cotisations », « prélèvements sociaux », « redevances »… ce qui permet inlassablement de reprendre sous d’autres formes ce que l’on accorde à grand renfort de communication. En l’occurrence il est malhonnête de prétendre que le système des retraites est financé par les impôts. C’est un affront honteux aux principes de la solidarité car les cotisations sont la base de la répartition entre les générations. Les salariés ou les entreprises versent une cotisation et en aucune manière un impôt.

Pour les assurances, pour les mutuelles ; pour les caisses de retraite complémentaires, pour une association qui oserait parler d’impôts sauf s’il souhaitent affoler les fadas pensant que la peur sera plus forte que la raison. En fait on reçoit en fonction de ce que l’on a cotisé ! D’ailleurs à ce propos comment justifier que quelqu’un qui aura durant toute sa vie professionnelle apporté sa contribution pour sa pension perçoive 1300 € bruts et qu’une autre personne ayant travaillé au « noir », ayant sciemment « oublié » de cotiser pour accumuler des réserves matérielles ou immatérielles arrivera automatiquement à 1 200 € ? Je sais que c’est iconoclaste mais j’ai quelques exemples précis eet concrets en tête.

Dans le fond pour les impôts je retiendrai seulement cette réponse d’un ancien qui me confiait : « tu vois moi je suis prêt à régler un million d’impôts sur le revenu. Si c’était le cas mes revenus nets se situerait à 5 millions bruts et il m’en resterait au minimum 4 sans défiscalisation » Ma seule et vraie revendication ne porte pas sur une baisse de la CSG Rocard qui s’applique sur le principe à tous les revenus ou sur les cotisations sociales mais sur une authentique justice sur les vrais impôts. Et ça c’est un objectif qui est beaucoup plus difficile à atteindre que celui de réformer la durée de cotisations pour obtenir une pension de retraite complète et convenable.

En attendant tous les matins, tous les soirs, tous les jours on laissera à croire que une société prônant la liberté, l’égalité, la fraternité et la solidarité peut se construire sur la gratuité et la démagogie.

Cet article a 22 commentaires

  1. J.J.

    ….certaines rubriques deviennent pédagogiques….
    La pédagogie ! La tarte à la crème de tous ces autoproclamés grands personnages qui veulent faire de la pédagogie ! S’ils avaient pour deux sous (hors prélèvements sociaux) de culture et de connaissances, ils sauraient que la pédagogie, c’est une science qui ne s’apprend ni à l’école des Ponts ni à l’ENA. Il y avait des écoles pour ça, mais on les a fermées, au cas où l’on formerait des citoyens trop intelligents et responsables.
    Les retraites financées par les impôts, on y a droit à chaque émission d’information. Ça me fait bouillir de rage(et s’il n’y avait que ça !), côté positif, par ces temps de froidure, ça fait des économies d’énergie.

    C’est plus fort que moi, mais quand je regarde les infos (sur Arte surtout, le toutou à Jojo) j’ai envie de chanter le petit refrain que Pierre Dac diffusait depuis Londres, sur les antennes de la BBC, sur l’air de la Cucaracha (que no puede bailar, porque no tiene…).
    Radio Pars ment
    Radio Paris ment
    Radio Paris est allemand.

    On peut changer allemand par n’importe quoi, on est sûr de ne pas se tromper.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J.…
      Après une absence due à ma passion pour « la relecture… » (ceux et celles qui sont allés.es à l’école des Arts et Lettres comprendront) je reprends aujourd’hui contact avec « Roue Libre » et constate que la Cucaracha fait parler d’elle… ce qui m’amène à compléter…
      La cucaracha ya no puede caminar porque no tiene porque le faltan… las dos patitas de atrás.

      1. J.J.

        y no marijuana que fumar…

        1. Laure Garralaga Lataste

          @ – mon ami J.J.…
          Voilà une herbe à laquelle je n’ai jamais touché… Mais nulle n’est parfaite… !

        2. facon jf

          sauf erreur en hispanophone c’est marihuana le bon terme
          merci à @Laure de me corriger
          cordialement

          1. Laure Garralaga Lataste

            @ à mon ami facon. jf…
            Laure ne corrige jamais, car elle a en horreur les corrections ! C’est son côté rebelle…
            Ma réponse à mon ami jf est donc… : marijuana (con la jota…).

  2. Gilles Jeanneau

    Comme toujours, ton propos est juste et plein de ce bon sens qu’ont perdu nos élites…
    A propos de l’injustice du système des impôts français, il y a plus de 50 ans que les spécialistes la dénoncent et prônent une réforme qui ne viendra jamais. Je me souviens que mon professeur de finances publiques le disait déjà dans les années 70.
    Les énarques ont fait même plus fort: ils ont réussi à mettre en place un impôt sur le revenu non perçu! En effet, l’impôt s’applique sur les retraites compte non tenu des cotisations!!! Et oui, et personne n’a rien dit…
    Allez bonne journée quand même.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Gilles…
      Pour aller dans ton sens… Qu’est-ce qu’un énarque… ?
      C’est le seul individu « masculin, plus nombreux que le féminin » qui, lorsqu’il a fini de parler s’interroge : … de quoi voulais-je parler… ?

  3. christian grené

    Cher Jean-Marie, et si je te dis au Bar des Copains: « Un pot? » Elément de langage ou invitation à partager quelque breuvage?

    1. François

      Bonjour @ christian grené!
      « « Un pot? » Elément de langage ou invitation à partager quelque breuvage? ».
      Ou quand quelques mots font remonter des souvenirs …heureux …….
      https://www.youtube.com/watch?v=lmjnDWXZESI
      Cordialement.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami François…
        Une chanson…
        « Paroles, paroles, paroles… Encore des mots… Toujours des mots… Les mêmes mots… »
        Comme aurait dit Dalida !

      2. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami François…
        Les « boit sans soif » comptez-vous… Car apparemment vous êtes nombreux… Connaissant bien le christian et son penchant pour la dive bouteille… je doute qu’il y en ait assez pour tous et toutes !

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      Je retiens ce rendez-vous, mais pour moi ce sera pour plus tard et… dans quelques jours, il en sera de même pour toi !

    3. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      Les « Boit sans soif » comptez-vous… !
      Mais gardez la tête froide… !
      Et n’oubliez pas vos engagements… !

  4. facon jf

    Bonjour,
    « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. » Jean Jaurès, 23-27 septembre 1900, au Congrès socialiste international (Paris). Une méthode bien connue, très antérieure aux éléments de langage des cabinets de communication, c’est en fait le creuset de la fabrique du consentement.
    C’est le jeu bien connu des « mots à 10 000€ ». Un jeu pratiqué dans les entreprises où il s’agit de comptabiliser les mots  » éléments de langage » répétés par les perroquets nommés « managers » par l’entreprise et  » cravatés » par les cols bleus.
    Ce n’est pas anodin de changer le mot « cotisation » par le mot « impôt », c’est remplacer un mot représentant une mutualisation par une contrainte jugée injuste.
    Confisquer le mot mutuelle pour redorer le blason des assurances, dont la finalité est de produire des dividendes, est une astuce grossière mais infiniment lucrative.
    Les intitulés des ministères comportent maintenant de nombreuses charnières pour déguiser avec des mots ronflants la réalité des choses. Les mots ronflants sont bien destinés à nous endormir.
    Ainsi le mari de la prof de théâtre à convoqué en toute discrétion les ténors des merdias pour donner 2 jours avant la manif les « bons » éléments de langage. La condition sine qua non de la réussite était le secret … caramba!!! encore raté …
    https://twitter.com/i/status/1617489279164506113
    Combien de temps allons nous dévorer ce que les anglo-saxons appellent junk mind food
    que l’on peut traduire par la malbouffe de l’esprit.
    Bonne journée

    1. J.J.

      « Confisquer le mot mutuelle pour redorer le blason des assurances… »
      Comme les pseudo mutuelles du Mans ou de Poitiers(et peut être d’autres) qui sont des mutuelles comme moi je suis archevêque.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à J.J.
        Si tu es archevêque, tu n’es plus mon ami… !

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami facon jf…
      Le grand Jaurès parlait vrai et juste… !
      Aujourd’hui comment parle-t-on ? De façon… incompréhensible… !

  5. Alain.e

    Les nouveaux chiens de garde sont toujours d’ actualité en fait , la gamelle est tellement bonne , bon pour la déontologie journalistique , c’ est pas ça du tout .
    Je ne supporte plus leur cinéma à la télé , alors , je zappe de plus en plus souvent , me dirige sur le web et la presse écrite .
    On y trouve des choses plus intéressantes , comme ça par exemple .
    https://www.midilibre.fr/2023/01/22/il-a-porte-la-retraite-a-65-ans-en-suede-ne-recopiez-pas-ce-modele-conseille-karl-gustaf-scherman-a-emmanuel-macron-10944152.php
    Cordialement .

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Alain…
      « Pauvres chiens » qu’on met à toutes les sauces… alors que… : seul  » l’Homme en tant qu’être humain est en cause » !

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