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Les incendies de l’été dernier : « une forme d’attentat terroriste »

Les incendies ayant ravagé la Gironde au cours de l’été 2022 restent dans les esprits des celles et ceux qui ont eu à les affronter ou à les côtoyer. Certains des « combattants » doivent même encore être accompagnés psychologiquement tellement la confrontation a été traumatisante dans certaines situations exceptionnelles. Les filons de lignite continuent à brûler sous la terre. Les engins s’évertuent de récupérer des tonnes de bois plus ou moins endommagés par les flammes. Les ateliers du SDIS 33 et tous les garages spécialisés tentent de sauver avant la période de feu près d’une centaine de camions ou d’engins endommagés.

Le bilan dressé en Gironde par le SDIS va sortir dans quelques semaines. Il sera probablement « salé » si l’on se fie au contenu d’une rencontre avec un officier opérationnel ayant eu le mérite tellement rare de la précision et de la franchise. Quand il affirme que la Gironde a été victime cet été d’une  « forme d’attentat terroriste par le feu », il exprime ce que je n’ai cessé d’écrire et de répéter. Et le pire ajoute-t-il c’est que « ceux qui l’ont perpétré sont toujours cachés et prêts à récidiver « .  On a assisté à des actions qui auraient pu générer la mort! Quand il indique qu’à ce jour il n’y a « qu’un seul départ de feu dont la cause set certaine  (1)», il ne traduit qu’une réalité ne remettant nullement en cause les efforts des enquêteurs mais terriblement inquiétante. « Notre seule satisfaction c’est que nous n’avons perdu aucune vie humaine et que les dégâts immobiliers ont été limités au maximum » ajoute-t-il. Doit-on s’en satisfaire ? 

« Vous savez la foudre  ne tombe que très très rarement au bord d’un chemin. Si elle enclenche un incendie c’est plutôt au cœur du massif. Les mégots ne déclenchent pas toujous un départ de feu même s’ils sont très dangereux. ». Mieux il décrit avec une précision millimétrée les trois départs des feux de Saumos  qui ne laissent aucun doute sur leur origine criminelle. Chaque fois la simultanéité ou  un faible décalage temporel, de l’apparition des premières flammes en trois ou quatre secteurs différents révèlent une volonté coordonnée de déséquilibrer les moyens humains immédiatement mis en œuvre et ces faits ne constituent pas le fruit du malheureux hasard. « Cette stratégie relève  pour nous du terrorisme car elle cherche à fixer le maximum de personnels sur une attaque initiale avant d’enchaîner sur une autre puis une autre. Elle vise à détruire et dans certains cas mettent en jeu des vies humaines.» C’est clair et franc! 

Combien de fois ai-je rappelé (même parfois de manière trop véhémente) qu’une guerre était déclenchée depuis quelques années à l’égard du SDIS et des ses responsables par des personnes au minimum malveillantes ? Les querelles, les contestations, les critiques paraissent bien subalternes lorsque le cadre des sapeurs-pompiers évoque les conséquences de ces actes commis dans un contexte ultra dangereux. « Nous avons été confrontés à des événements climatiques totalement inédits et en plus imprévisibles : taux d’humidité de 10 % et moins, vents variables violents, température élevée et des secteurs totalement impénétrables » explique l’officier de terrain.

« Nous avons du nous adapter et réutiliser des techniques du temps passé comme les contre-feux. Nous les connaissions et contrairement à ce qui a pu être dit, nous savions les employer mais il s’agissait d’un dernier recours. » Les fameuses leçons que l’on tire des ces moments de crise ne sont pas encore toutes officiellement publiées. Le réalisme reste cependant de mise.

« Quand justement on revient sur le passé comme certains le prônent on constate que des pare-feu ont disparu ou ne sont plus entretenus depuis longtemps, que le débroussaillage autour des habitations n’existe pas malgré les textes en vigueur, qu’en certains endroits les bouches à incendie ne fonctionnent pas et qu’il reste beaucoup à améliorer dans l’organisation autour de la forêt dont les états-généraux sont en cours. ». Mais pour ce gradé la grande satisfaction restera la mobilisation de la population et la solidarité qui a été constante et réconfortante. Bien évidemment ces constats figureront dans les sujets évoqués quand il s’agira de préparer la saison feu de forêts prochaine… dont le début est sans cesse plus rappROCH2; 

L’annonce de la mise à disposition par la Sécurité Civile de deux gros hélicoptères porteurs d’eau (5 à 6 tonnes) pour 2023 et la location d’un autre pour le commandement en attendant l’arrivée dans deux ou trois ans (la relance des chaînes de fabrication est nécessaire) des Canadairs et le prêt entre mi-mars et fin avril de camions par le SDIS de l’Hérault et surtout l’arrivée de systèmes de surveillance par caméras constitueront les nouveautés de 2023 La constitution d’unités spécialisées avec les véhicules adaptés récupérés dans les centres de secours de l’Entre-Deux-Mers seront pré positionnés sur les zones sensibles. Le personnel ne sera pas puisé dans les effectifs des interventions du quotidien.

En effet en 2022 avec plus de 150 000 sorties et des pointes d’une toute les 3 minutes la tension a été déjà constamment très forte sur le service d’incendie et de secours. L’augmentation régulière de la population girondine aggrave cette situation dont on réentendra parler dès que la sécheresse reviendra, c’est à dire de plus en plus tôt. Rien n’est vraiment réglé et tout est encore à reconstruire avec une application à moyen ou long terme. Surtout pour le financement !

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    L’effet conjugué du mauvais entretien de la forêt et la malveillance sont certainement à l’origine de cette situation. J’ai terminé mon service en Gironde, dans la forêt des Landes. À cette époque où l’on envoyait les appelés « au feu » en cas de besoin, nous avions un peloton dit « ORSEC » qui passait sous commandement civil dès l’alerte donnée et moins d’un quart d’heure pour être « opérationnel « . Les gens « d’ alerte » dormaient tout habillés, le sac bouclé au pied du lit.

    « Mais pour ce gradé la grande satisfaction restera la mobilisation de la population et la solidarité qui a été constante et réconfortante.  »
    C’était déjà le cas quand j’étais dans la région, depuis toujours peut être et surtout depuis les terribles incendies de 1949.
    Il me semblait également que les mesures de prudence se relâchaient(entretien de la forêt et des dispositifs de ralentissement) ce qui a sans doute permis le succès d’actes de malveillance, qui vus de loin semblent quasiment évidents.

  2. Laure Garralaga Lataste

    …  » on constate que des pare-feu ont disparu ou ne sont plus entretenu depuis longtemps, que l’entretien autour des habitations n’existe pas malgré les textes en vigueur, qu’en certains endroits les bouches à incendie ne fonctionne pas…  »
    Comment a-t-on pu en arriver là ! ! !
    En 49, j’avais 10 ans… Alors, je vous le dis… Il est plus qu’urgent de réagir et d’agir… ! ! !

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