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A l’Est il y aura du nouveau : le pire !

L’affrontement en Ukraine risque de prendre dans les prochains jours une tournure particulièrement angoissante. Tout le monde s’accorde sur le fait que les Russes ne reculeront devant aucune décision leur permettant de remettre leur armée dans le sens de la marche en avant. A cet égard le poids de l’Histoire atteste de leur capacité à renverser le cours d’une guerre que l’on pensait perdue. Comment oublier les décisions prises par Staline et ses sbires sur le théâtre des opérations de Stalingrad ?

La bataille y fut essentiellement un défi logistique pour les deux protagonistes. Après avoir été taillés en pièces par la puissance matérielle des Allemands, les Soviétiques dans des zones urbaines dévastées, rasées, pulvérisées ont relancé une offensive victorieuse en profitant des difficultés en ravitaillement (carburant, munitions, matériels lourds) des envahisseurs. Dans l’est de l’Ukraine si les rôles sont inversés, le conflit semble être sur une crête avec un basculement possible d’un coté ou de l’autre en quelques semaines.

Sans être un expert militaire il est aisé de constater que les troupes de Poutine seront dans un proche avenir susceptibles d’imposer la loi du nombre. Quand on songe qu’à Stalingrad au déclenchement de l’opération Uranus qui fut déterminante pour l’issue de la confrontation, les agresseurs alignent 430 000 hommes, 3 000 canons, 757 chars et plus de 850 avions alors qu’en face on trouve 1, 134 million de soldats, 13 000 pièces d’artillerie, 894 tanks et 1 115 avions. Les pertes dans chaque camp dans le Dombass sont telles que les rapport des forces en présence semble se modifier mais plus le temps passe plus les Russes se renforcent.

Des dizaines de milliers de soldats affluent sur le front. La vague de submersion risque bel et bien de déferler dans les quinze jours. Tout n’est pas encore en place. Un abcès de fixation sur Bakmout sert à épuiser les forces ukrainiennes. La longueur de la ligne de front (700 km) permet de chercher des failles pour mettre en péril la ligne de défense de Kiev. Pour le moment les mercenaires forcés de Wagner servent à mobiliser l’attention mondiale alors que le vrai danger se prépare ailleurs. L’opinion mondiale se laisse endormir par cette supercherie tellement terrible sur le plan humain mais malheureusement efficace en terme de communication.

Comment ignorer que les Ukrainiens préparent eux-aussi une riposte malgré le fait que leurs ressources matérielles restent encore insuffisantes. En observant les déclarations officielles récurrentes on sent bien que l’augmentation des demandes en armement tendent à justifier à la fois un renforcement des moyens de défense mais surtout à préparer une échéance à quelques semaines. Ils insistent sur les matériels nécessaires pour rééquilibrer le rapport des forces alors que les pays occidentaux se regardent avec un « vas-y : Si tu y vas j’y vais ! Passez les premiers… nous suivrons ! »

Bien des promesses faites devant les caméras tarderont à se concrétiser. D’autant que les armées nationales très mal en point en matière d’armement conventionnel rechignent à se dépouiller de ses armes les plus performantes. Toutes les manœuvres sont mises en œuvre pour retarder ce départ quand l’état réel des supports de guerre n’est pas très glorieux. C’est aussi le cas pour un sujet dont on évite de parler : celui des munitions. L’Ukraine est sous perfusion en la matière mais personne ne souligne que la plupart des pays ravitailleurs ne sont pas les fabricants.

Il faut en effet savoir que là encore la mondialisation a frappé. Les pièces de rechange du fameux chai Leclarc seraient partiellement fabriquées en Chine et les munitions en Israël et il en va ainsi pour bien d’autres équipements. Les grandes usines de production des éléments de base se trouvent parfois sur des territoires eux-aussi menacés ou en instabilité chronique. L’Inde, l’Iran, Taïwan, la Corée du Sud, l’Israël, la Turquie jouent des rôles équivoques dans ce conflit et en profitent pour exalter leur nationalisme en toute liberté puisque les USA ne semblent plus en mesure de jouer le rôle de gendarmes du monde.

Quelle sera la situation aux confins de l’Europe lors de l’arrivée officielle du printemps ? Nul ne le sait vraiment. La seule certitude : des dizaines de milliers d’hommes et de femmes perdront la vie selon l’éternel principe de Paul Valéry : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »  Ah ! Au fait des dizaines de milliers de femmes, d’enfants, de vieillards, d’hommes sont morts en Turquie et en Syrie. par mie eux des Kurdes qui ont servi de remparts contre le terrorisme. Mince on n’a pas le temps de s’en occuper ! 

Cet article a 8 commentaires

  1. PConchou

    Dans les combats David contre Goliath, il est (malheureusement) rare que David gagne…

  2. christian grené

    « Sans être un expert militaire… » Mais qu’as-tu donc appris durant seize mois passés sous l’uniforme du Génie? Je précise à mes petits camarades que JMD a servi son pays au 31e RG… à Libourne, à un lancer de grenade du Café La Renaissance et à portée d’arquebuse de Saint-Christophe-des-Bardes dont il portait le maillot du club de football comme feu Michel Rollet à qui il rendait un vibrant hommage récemment.

  3. J.J.

    « Comment oublier les décisions prises par Staline et ses sbires sur le théâtre des opérations de Stalingrad ? »
    Le terme de sbire me choque. C’est vrai que l’actuelle Russie ne jouit pas vraiment d’une grande popularité. Même si l’on éprouve un fort sentiment de rejet au sujet de cette agression-défense, il ne faudrait pas oublier le rôle décisif de l’Armée Rouge dans l’issue de la deuxième guerre mondiale.
    Je me souviens malgré mon tout jeune âge à cette époque que nous étions suspendus au poste, le soir pour écouter les informations à la BBC ou à Radio Moscou, alternative à la Propagandastaffel, et notre espoir était suspendu à cette écoute.
    Nous attendions avec angoisse des nouvelles de la batille de Stalingrad, comme nous avions attendu celles d’El Alamein.
    Je n’oublie pas non plus que lorsqu’à la Libération les villes pavoisaient, le drapeau de l’URSS figurait avec ceux des alliés.
    Quand je vois parader les chars Léopards, dignes descendants des Panzers, portant l’Eisernes Kreuz de sinistre mémoire, cela me provoque un malaise indicible et je me demande avec inquiétude : « Il reviennent ? »

  4. Bruno DE LA ROCQUE

    Ce matin, dans son commentaire, ou billet (je ne sais) « géopolitique » de France-Inter, Pierre Haski rappelait l’attitude des pays, les uns dits « du sud », les autres dits « non alignés », mais aussi d’entités telles que l’Arabie saoudite, Israël, et évidemment la Chine. D’abord à ne pas condamner « publiquement et institutionnellement » la Russie de Poutine. Ensuite à assurer leur nationalisme tout en tirant profit et de la Russie et de l’ « occident », ce que tu montres bien dans ton analyse. Au passage, la croissance du futur géant économique que sera l’Inde protège le nationalisme hindou du premier ministre Narendra Modï (lequel préfère mettre ses œufs dans plusieurs paniers en matière d’achats d’armements, ce qui pour le moment profite à… la France).
    Cela étant, j’aimerais que tu te trompes dans ce que tu prévois de ce que va être cette guerre menée par Poutine. Il met déjà l’Ukraine à nu ou presque en ce qui concerne les infrastructures, il condamne les populations civiles au froid, à la faim, à la pénurie de soins et de médicaments… et pratique un terrorisme d’état impensable en Europe au XXIème siècle…
    Tu rappelles Stalingrad. Mais l’Allemagne nazie et l’URSS étaient en guerre déclarée. L’Ukraine n’est pas en guerre ; elle subit ; les actions de guerre se déroulent à l’intérieur même de ses frontière.
    Alors, effectivement, nous pouvons nous-mêmes avoir peur en se disant que la conquête d’un pays rendu exsangue n’a que peut d’intérêt pour l’impérialisme russe et que Poutine vise autre chose, voit plus loin. Ne serait-ce que par un « chantage » à la trouille exercé, en Europe centrale et/ou vers la Baltique et la Scandinavie, sur certains pays de l’Union européenne, voire de l’OTAN.
    Et là, nos pays ne sont pas préparés, mais pas du tout, à une guerre conventionnelle, avec des arsenaux déjà contraints et que l’aide à l’Ukraine appauvrit/appauvrira encore plus (sacré Poutine !). Wahhhh, là je vais trop loin !

    1. facon jf

      @ Bruno DE LA ROCQUE L’Europe est et reste un nain politique. l’Europe est un géant économique à l’échelle mondiale, mais elle est une puissante incomplète, incapable de suivre une ligne politique et diplomatique commune. L’Union européenne s’apparente à un ensemble d’États aux politiques extérieures parfois discordantes, voire contradictoires. Les États sont souvent divisés sur la politique à tenir, face aux grands problèmes mondiaux. En effet, l’unité politique des Européens a éclaté au moment de la déclaration de guerre des États-Unis à l’Irak. Certains pays ont soutenu les États-Unis comme le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et de nombreux pays de l’Est comme la Pologne, tandis que la France et l’Allemagne ont affiché leur détermination à lutter contre la guerre.

      Les nations Européennes vont se trouver confrontées à un choix entre différents empires USA/ Russie/ Chine/ islam. L’Europe ne dispose ni d’une armée, ni d’une diplomatie communes, indispensables à l’acquisition du statut de grande puissance politique. L’Europe ne peut pas présenter d’alternatives politiques au monde et s’aligne sur la politique des États-Unis. Hier nous étions avec les USA face au danger Islamiste, aujourd’hui nous sommes avec les USA face aux russes, demain avec les USA face à la Chine???
      « L’Europe est un géant économique, un nain politique et un ver de terre militaire », observait, il y a plus de trente ans, Mark Eyskens, ancien ministre belge des affaires étrangères. Un ver de terre militaire capable ( coupable ? ) de subventionner le soutien militaire à l’Ukraine à hauteur de 2 milliards d’euros.
      Tous ces milliards pour détruire l’Ukraine et tout ce sang des jeunes Ukrainiens versés inutilement en attendant que ce soit celui de nos propres enfants ?
      L’Europe doit défendre ses propres intérêts AVANT ceux des USA tout comme notre pays doit défendre ses propres intérêts AVANT ceux des USA.

      salutations

  5. facon jf

    Bonjour,
    je me suis déjà exprimé ici en disant que cette guerre qui dure depuis 9 longues années a fini par déboucher par la violation des frontières de L’Ukraine par la Russie. Je répète ici et maintenant que cette guerre n’est pas NOTRE guerre!
    J’observe effaré les politiques va-t- en guerre pousser les populations vers le conflit total et grande surprise, ce sont les militaires US qui appellent à la modération.
    La vérité historique vis à vis des USA c’est la poussée permanente du système militaro-industriel vers les conflits. Complexe militaro-industriel dénoncé par le président sortant, le républicain Dwight Eisenhower le 17 janvier 1961 . Il faut aussi rappeler que TOUS les pays poussés par les USA au conflit ont tous été abandonnés par eux par la suite.
    « En 2020, les dépenses militaires américaines ont atteint un montant estimé à 778 milliards de dollars, soit une augmentation de 4,4% par rapport à 2019 », notait l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm dans un rapport publié en avril.
    Au 17 août 2022 cette dette totale US se monte à 92 097 milliards de dollars soit 370% du PIB US, 96% du PIB mondial, 33 fois le PIB français…… La dette colossale des USA ne peut continuer de croître et d’exister qu’en raison de sa suprématie militaire.
    Le battage merdiatique ambiant ne peut cacher le fait que l’Ukraine NE PEUT PAS GAGNER cette guerre.
    Le processus de négociation entamé à l’initiative d’Israël en mars 2022, quelques jours après le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, a été rompu par les pays occidentaux, selon l’ex-Premier ministre israélien, Naftali Bennett, à l’époque médiateur entre Moscou et Kiev. Celui-ci a révélé le samedi 4 février 2023 que les États-Unis, la France et l’Allemagne, qui coordonnaient cette mission, “ont bloqué” le processus. Pourtant, affirme-t-il, “j’avais l’impression qu’ils voulaient tous les deux [Zelensky et Poutine] un cessez-le-feu”.
    Les bellicistes occidentaux ont donc par leur décision d’interrompre la mission de Bennett perpétué un massacre d’innocents totalement inutile.
    je vous renvoie à l’interview d’Arno Klarsfeld (OMERTA) Franco-Israëlo-américain et soutien de l’intervention en Irak. Arno Klarsfeld dénonce la dérive vers un conflit mondial sans épargner ni Bid1 ni poutine ni Zelensky…
    https://youtu.be/IC1Yd4p3iXE

    bonne journée

  6. J.J.

    « Il faut condamner celui qui fait la guerre mais il faut encore plus condamner celui qui a rendu la guerre inévitable.»
    Il paraît que cette citation n’est pas, comme je le pensais, d’un « régional de l’étape : Montesquieu, mais parait il-il d’un illustre et riche inconnu. riche pour le décrédibiliser, et cité paraît il par des personnages d’extrême droite dans le même but.

    Il n’empêche que je trouve cette citation particulièrement adaptée à la situation, quitte à être traité d’extrémiste droitier, ce qui constitue une sérieuse galéjade.

    Petit rappel : en 1945, déjà, les USA et la Grande Bretagne (Churchill, le maréchal Patton et autres comparses) avaient caressé le rêve d’enrôler les prisonniers de guerre allemand pour étoffer les armées alliées et aller attaquer l’URSS. Étonnez vous de l’érection du fameux mur. Ces aimables projets ont été assez découverts récemment.
    Madame Merkel a également fait des révélations que la presse s’est pudiquement empressée de ne pas trop dévoiler.
    L’OTAN qui devait être dissous en même temps que le Pacte de Varsovie(accords de 1991, voir Roland Dumas) est plus vivace que jamais.
    J’en passe et d’encore plus excellentes.
    Et pendant ce temps là , c’est les ukrainiens qui dégustent .
    J.J. Complotiste diplômé.

  7. Bruno DE LA ROCQUE

    Cher jean-Marie, voilà un post qui fait réagir !
    J’ai l’impression qu’on va finir par déclarer que Poutine est l’agressé, du moins l’assiégé politique dont la seule sortie possible est guerrière**. Je provoque par ce résumé caricatural, mais n’est-ce pas un peu cela ?
    ** Au détriment des Ukrainiens, voire -pourquoi pas- de la Moldavie et de l’un ou l’autre des pays baltes.
    J’ai noté que l’un des commentaires fait allusion au « mur » derrière lequel l’URSS et le Pacte de Varsovie se seraient protégés. J’ai eu l’occasion de faire une « mission » (ministère de l’agriculture) en RDA (en 1980 ou 1981). Je suis entré (disons facilement) par Checkpoint Charlie## mais au retour beaucoup plus lentement et tatillonnement. Car comme me l’avaient fait comprendre les chercheurs (pathologie végétale et entomologie) est-allemands rencontrés à Rostock, à Magdebourg et à Halle, et expliqué (en TP :-)## le conseiller agricole de l’ambassade de France : ce ne sont pas les entrées, voire les intrusions, contre lesquelles ces structures ont été édifiées, mais bien pour empêcher toute sortie, toute évasion…
    ## Les chicanes et l’alignement des angles de tir des fusils-mitrailleurs ou des fusils de snipers tapis dans les ouvertures condamnées des bâtiments « à l’est » étaient disposés de telle façon que tout fuyard courant aux côtés d’une voiture -par exemple diplomatique- pouvait être descendu sans que la voiture soit touchée…

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