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Le scénario de la catastrophe démocratique

Voici ce que j’ai écrit il y a quelques jours… Désolé d’avoir prévu une issue catastrophique à une réforme servant uniquement à des fins enfin avouées de garantie pour les marchés financiers… N’ayant pu écrire hier soir (débat à Hourtin) je vous le propose à nouveau…

Les lendemains restent toujours incertains et plus que jamais il est difficile de trouver une issue certaine au conflit entre le pouvoir ultra-libéral en place en France et le mouvement syndical soutenu par une large majorité de Français. Hier quelles que soient les estimations officielles ou syndicales, démonstration a été faite qu’une vraie mobilisation existait malgré un contexte socio-économique difficile. La tension ne baissera donc pas dans les prochains jours mais la course de vitesse engagée entre le gouvernement et la contestation va apparaître au grand jour. Il conduit droit dans le mur! 

Le paradoxe c’est que le sort du texte se trouve entre les mains des sénateurs ce qui devrait révulser les vrais défenseurs de la démocratie représentative. S’ils le veulent les pensionnaires du Palais du Luxembourg peuvent parvenir à finir l’examen de la version transmise par les Députés avant le prochain rendez-vous fixé par l’inter-syndicale. La majorité de Droite de la docte assemblée se prépare à soutenir le « projet présenté comme de gauche » par le ministre qui l’a conçue. Une manière comme une autre de brouiller totalement le jeu politique mais une atteinte grave au fonctionnement démocratique.

Lors d’une émission de Public Sénat un responsable syndical a déclaré qu’il attend que «  les élus du peuple écoutent le peuple », un fameuse punchline dont se régalent les plateaux des télés ne montrant que la puissance du mouvement en cours par le petit bout de la lorgnette des affrontements habituels. En fait cette formule lapidaire n’a aucun sens dans l’état actuel du fonctionnement de la démocratie représentative puisque les sénateurs ne doivent rien au Peuple.

Si les Députés peuvent être sanctionnés pour leur prise de position car ils sont redevables de leur élection au suffrage universel, les parlementaires du Palais du Luxembourg ne rendent des comptes qu’aux grands électeurs. Aucun citoyen n’a donc de prise sur leurs choix. Ce système d’élection à la proportionnelle dans bien des cas au scrutin indirect (ce sont les élus locaux qui participent majoritairement au vote des sénatoriales. Vous ne pourrez pas interpeller une sénatrice ou un sénateur sur le marché et même si c’est le cas il n’aura rien à cirer de vos critiques !

La France peut donc s’offrir une réforme des retraite qui n’aurait pas été voté au sens littéral par les représentants du Peuple. En effet, la Constitution prévoit que si la version adopté au sénat diverge (et ce sera le cas) de celle qui a été transmise non votée par le Palais Bourbon une « commission mixte paritaire » se réunirait en fin de semaine prochaine pour rapprocher les points de vue. Elle est composée de 7 sénateurs et 7 députés et d’autant de suppléants. La désignation à la proportionnelle donnera selon toutes probabilités.

Au Sénat, la majorité sénatoriale dispose de 4 places en CMP (3 LR, 1 Union centriste), l’opposition de 3 places (2 PS, 1 LREM). Ça ne changera pas. A l’Assemblée, le règlement (alinéa 3 de l’article 111 pour être précis) dit que « la désignation des représentants de l’Assemblée dans les commissions mixtes paritaires s’efforce de reproduire la configuration politique de celle‑ci ». Proportionnellement, Ensemble (Renaissance, Modem, Horizons) devrait logiquement se retrouver avec 3 députés en CMP, contre 4 pour les oppositions. Le rapport est inversé. Il y aura a priori 1 député pour le RN, 2 pour la Nupes (1,8 arrondi à 2) et 1 député LR (0,75 arrondi à 1). Faites vos comptes il y aura donc en cas d’accord 8 ou 9 voix favorables à la réforme avec une prééminence aux LR… Où est le Peuple dans tout ça ?

Si l’assemblée adopte le texte la désillusion vis à vis d’un système réputé démocratique. L’amertume, la défiance, la désillusion, la colère rentrée prendront le dessus sur toutes les autres considérations. Surtout si le gouvernement utilise le 49-3 ou l’utilisation des ordonnances parfaitement constitutionnels pour faire passer la rédaction de LR qui ne résoudra aucun problème de financement du système des retraites par répartition. L’exploit serait de voir une réforme largement minoritaire dans l’opinion ne jamais être votée par la représentation directe nationale ! Il s’agit maintenant de mettre la pression sur des Députés pour qu’ils aillent à la pêche ou chercher des champignons.

La responsabilité du Président de ce qu’il resterait de la République serait engagée. Il regarde sans broncher, laissant ses ministres se discréditer et s’user. Un remaniement ministériel avant l’été pouvant sceller le pacte avec une part des LR se profilera très vite. Les Européennes de l’an prochain connaîtront une abstention record et enverront des dizaines de représentants des partis nationalistes et extrémistes au parlement. La guerre en Ukraine sera-t-elle terminée ? Qui a dit « que les élus du peuple écoutent le Peuple? » Les marché financiers eux ont été entendus pour éviter que la pays soit écrasé pars a dette ! 

Cet article a 7 commentaires

  1. PConchou

    Peut-être faudra Il un jour rappeler ce qu’est un député.
    C’est un élu d’un territoire auprès de l’assemblée nationale chargé de l’élaboration et du vote (ou non) des lois.
    Il est totalement libre de ses choix et n’a de compte à rendre à personne… sauf à ses électeurs tout les 5 ans.
    Il n’a surtout aucun pouvoir local.

  2. J.J.

    Où l’on découvre, ou plutôt que l’on a la confirmation que notre pays (comme beaucoup d’autres, en particulier ceux qui le crient les plus fort) n’est absolument pas une démocratie et que nous n’avons pas grand chose à envier aux pays dits totalitaires..
    C’est une république, certes, celle du portefeuille et des petits copains.

  3. Alain.e

    Pour confirmer les propos de JJ, quand un journaliste économique de droite dit ça , il n’ est pas difficile de comprendre ou on en est …..
    le NPA ne dirait pas mieux , une pépite ces propos
    https://www.youtube.com/watch?v=EkmeH3NfUW4&t=40s
    Cordialement.

  4. facon jf

    bonjour,
    Le divorce est consommé entre les Français et leurs représentants. Le féminicide ( excusez-moi c’est le 8 mars) contre la démocratie a débuté par une succession de coups de canifs dans le contrat. La France devient une république le 22 septembre 1792, incarnée par la déesse romaine Marianne. C’est un nouveau régime sans roi et fondé sur le suffrage universel masculin. Déjà en 1793, Les Montagnards, devenus majoritaires à la Convention, tentent de mettre en place un régime plus social et égalitaire qui promet assistance et éducation pour tous, et le droit à l’insurrection. Mais les principes de cette république sociale ne sont pas appliqués. Au même moment, la France est en guerre avec l’Europe entière et la Révolution menacée par les contre-révolutionnaires. Le gouvernement suspend la Constitution et devient autoritaire. C’est la terreur, malgré une dernière émeute des sans-culottes, en mai 1795, pour réclamer un suffrage universel masculin, la Convention impose un suffrage censitaire strict réservé aux plus riches. Les sections révolutionnaires de Paris sont dissoutes et désarmées. A partir de ce moment la démocratie a été remplacée par une nouvelle méthode de gouvernance confisquée par l’élite. Il existe, toujours depuis la Grèce antique, un nom pour désigner ce type de régime politique fondé sur le pouvoir des élites : l’oligarchie. Étymologiquement, le pouvoir (arkhê) d’une minorité (oligos). Le caractère oligarchique de nos institutions politiques trouve sa plus belle illustration dans la volonté des modernes de faire de la politique un métier, réservé par conséquent à une infime fraction de la population.
    Les coups de canif se sont succédés avec pour final les coups d’état et les guerres qui ont porté pour les 4 premières républiques le coup de grâce. A chaque fin de république surgit l’homme providentiel et à chaque résurrection de la république un accouchement douloureux dans le bruit, la fureur et le sang. Première République 22 septembre 1792 Deuxième République 24 février 1848, Troisième République 4 septembre 1870, Quatrième République 13 octobre 1946 , Cinquième République, depuis le 28 septembre 1958.
    Dans une véritable démocratie, la politique n’est pas une technique réservée à quelques spécialistes maniant savamment les coups de canif.

    La 5éme République s’effondrera elle aussi ? Très affaiblie par les dénis répétés de démocratie elle est maintenue en état critique par une ploutocratie manipulant, au mieux de ses intérêts, les professionnels de la chose politique. L’avenir apportera sa réponse.

    bonne journée

  5. Philippe Conchou

    Et Le Pen se frotte les mains…

  6. LAVIGNE Maria

    Renaissance a désigné les coupables : LR, Horizons. A aucun moment ils n’ont fait d’autocritique. Qu’on aille chercher le coupable et qu’il rende
    des comptes.
    Quant aux sénateurs, ceux qui tiennent les cordons de la bourse alimentée par de l’argent public, n’en déplaise à certains, qu’ils acceptent la suppression de leur régime spécial même s’il est autonome. Ils sont assis sur un tas d’or, ont une cantine et une cave hors du commun. Qu’ils donnent l’exemple !!!

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