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Paris vaut bien des déchets politiques

Il existe en France un seul service public de plus en plus souvent privatisé pour lequel le bénéficiaire n’a absolument aucune démarche à effectuer. L’électricité, le gaz, l’eau, le téléphone, l’école et peut-être d’autres nécessitent un abonnement qui atteste d’une volonté personnelle d’enclencher le fonctionnement de ce que l’on souhaite. Il n’est est rien pour la collecte et le traitement des déchets que produit tout individu. Il lui suffit de déposer un sac poubelle devant chez lui pour bénéficier du ramassage selon un cycle déterminé à l’avance. Le jour même où il aménage le locataire ou le propriétaire se débarrasse de ses cartons, de ses ordures diverses et avariées sans aucun souci. Le service lui est garanti.

Lorsque ce service vient à manquer, la révolte gronde. Encore une fois quelles qu’en soient les causes, les commentaires ne varient guère. C’est un scandale que « mes » déchets souvent stockés de manière anarchique et dégueulasse ne soient emportés loin de ma vue. Les trottoirs réceptacle de ce comportement souvent irresponsable car ne découlant pas d’une décision volontaire sont qualifiés de dépotoirs honteux. Je pose. J’entasse. Je stocke. Aucune limite puisque mon effort citoyen est inexistant.

En fait dans le système actuel de la taxe reposant sur le niveau de confort et la surface du domicile (bases de la taxe foncière) permet tous les abus. Il n’y a aucun engagement réel sur les quantités confiées aux collecteurs et au lieu d’élimination. Lorsque par exemple il est demandé aux consommateurs de déplacer leurs déchets vers un lieu adapté, clos et contrôlé… c’est la révolte ! Impossible ! Toutes les raisons sont invoquées pour continuer à se délester vite et près de ce que l’on produit.

C’est même un déchaînement médiatique sur la situation parisienne actuelle provoquée par la mise en œuvre du droit de grève par les éboueurs. Les télés bastons se vautrent dans l’Hidalgo bashing sans même expliquer le fonctionnement du ramassage des poubelles. Un véritable concours de déchets politiques avec une polémique révélatrice de l’état d’esprit des milieux partisans parisiens. Le microcosme médiatique vient en renfort. Encore une fois de manière sommaire et provocatrice. C’est désormais la règle ! « Y’a qu’à… Faudrait qu’on… Moi je … »

Le système actuel de prise en charge des déchets mériterait une véritable réforme nationale selon moi au moins aussi urgente que celle de la ressource en eau ou du développement des énergies renouvelables. La règle du « producteur-payeur » est encore loin d’être par exemple appliquée. Celle qui vise à inciter financièrement les consommateurs à diminuer par des achats responsables leur quantité de dépôts vers l’élimination avance trop lentement.

La responsabilisation par la mise en place d’un « abonnement » prenant en charge le déplacement du véhicule de collecte est loin d’être acquise. Le tri sélectif (si l’on se fie aux images des tas parisiens c’est un concept inconnu) a du mal à être admis. Le mode de règlement du service est obsolète. La collecte au porte à porte est à reconsidérer en raison de l’augmentation du prix de l’énergie et de l’aberration qu’elle représente en terme de lutte contre la pollution.

Les « rippeurs » qui par tous les temps et souvent de manière limite sur le plan de leur sécurité prennent en charge nos rebuts prennent deux ans de service actif supplémentaire à condition qu’ils possèdent leur nombre de trimestres maximum. Ils en prennent une bonne couche. Comme les pompiers ou les infirmiers, leurs conditions de travail difficiles justifient un départ en retraite anticipé. Actuellement, l’âge légal des éboueurs est fixé à 57 ans, mais la réforme va le repousser à 59 ans.

Et la durée de cotisations pour un départ à taux plein atteindra bientôt 43 annuités, comme pour les salariés du privé. Ce qui, dans les faits, va pousser beaucoup d’éboueurs à dépasser l’âge légal et de grimper sur un marchepied arrière de camion jusqu’à plus de 6à balais !

Les éboueurs faisaient partie de ces agents en première ligne. On leur disait qu’ils avaient eu un rôle essentiel pendant la crise sanitaire. Et là pour toute récompense, c’est deux ans supplémentaires. Il y a très peu d’éboueurs qui arrivent en bonne santé à la retraite. On meurt plus tôt que la moyenne.

A-t-on conscience de cette situation dans le XVI° arrondissement ? Alors la solution bien évidemment c’est de taper sur Hidalgo qui n’a aucune solution et aucune responsabilité dans une situation nationale qui sera tranchée en fin de semaine par justement les amis de ses adversaires. Et dès lundi il sera possible à Paris de poursuivre les bonnes habitudes.

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Notre société est menacée par toutes sortes de périls : évolution du climat, prolifération des émissions de gaz toxiques et des particules nuisibles de toutes sortes, pénurie d’eau, destruction de la biodiversité etc.
    Mais il est un danger insidieux que je vois poindre, et qui à ma connaissance, jusqu’à présent n’a pas été brandi bien fort par les « lanceurs d’alerte » , c’est notre submersion par nos propres (façon de parler) déchets.
    Nous nous débarrassons de nos « surplus » en les offrant généreusement à certains pays africains, ou asiatiques qui commencent d’ailleurs à renâcler. Cela n’aura qu’un temps et je crains que nous soyons étouffés un jour par nos résidus et décombres.

    Et une grande part des citoyens, qui d’ailleurs ne méritent pas ce titre, n’ont généralement aucun sens des responsabilités, dans ce domaine pas plus que dans beaucoup d’autres.
    J’ai entendu cette remarque idiote : « Je ne trie pas mes ordures car je paye pour leur enlèvement, inonkatrier, i sont payés pour ça. », sans se mettre dans le coucourdon que moins on triera, plus on paiera.
    Je me mets en « pétrasse », comme on dit par chez nous, souvent en chœur avec notre gardienne d’immeuble, chaque fois que je vais dans le local à poubelles, pardon, le containers de tri à ordures, où l’on peut constater le jemenfoutisme de certains résidents, tous âges confondus, dans leur façon de mépriser l’usage des bacs de tri.

    Une activité pourtant a un certain succès, surtout chez les moins jeunes, c’est l’utilisation du « bio seau » pour alimenter le composteur pour les déchets végétaux.

  2. François

    Bonjour J-M !
    100% d’accord avec toi. Tu sais très bien qu’en matière de poubelles et déchets recyclés …ou pas, je commence à être féru sur le sujet, même si l’odeur très typique de ces déchets est moins répugnante que certaines réflexions et directives entendues en réunion. Tant que l’on tolérera (et même encouragera !) les emballages perdus en 2, 3 ou 4 couches, les jetables, les dates absurdes de fin de consommation, les « 3 pour le prix d’1 » … bref, le ne pas savoir consommer, les ennuis de poubelles iront grandissant avec un prix toujours plus élevé.
    De même, nous verrons notre « Verte campagne » chère aux Compagnons ne plus être le lieu d’accueil des épanchements amoureux de nos descendants tant les  » massifs grossisants et affreux ( un autre mot est plus séant !!) » agrémenteront les chemins et orées de bois. Je lie à cette phrase la présence très décorative des canettes et autres papiers d’emballage généreusement semés sur les accotements …..même sur la piste Lapébie ! !
    Que chacun fasse son examen de conscience ! !
    Amicalement

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