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La route de la banque n’est pas pavée de bonnes intentions

Des millions de personnes se battent pour lutter contre la représentation nationale en plein tripatouillage sur le texte devant modifier les conditions d’accès à une pension de retraite. Une commission dont j’avais prévu les résultats a tranché : on se souviendra des coups de main qui ont été refilés au Sénat dans quelques mois et pour l’assemblée on distribuera une nouvelle forme de « réserve parlementaire » sur les crédits non-affectés des ministères aux circonscriptions des ralliés. Bref une caricature de ce monde politique qui sortira discrédité d’une séquence ayant aggravé la défiance envers les partis politiques. En fait la démocratie paiera l’addition.

Le contexte général ne cesse pendant ce temps de se détériorer. La dette s’envole, déficit de la balance commerciale ressemble à un puits sans fond, la fameuse croissance ralentit, l’Europe tangue avec des Allemands se foutant de la solidarité, la guerre en Ukraine se promène sur le fil d’un rasoir et le système bancaire vérolé de l’intérieur se fissure de partout. Rien n’est plus inquiétant que la déclaration de l’annexe de la Commission européenne de Bercy qui s’érige e visionnaire de la solidité des banques françaises. Plus il cause et plus nous devrions être inquiets.

« Je ne vois pas de risque de contagion, donc il n’y a pas d’alerte spécifique », a-t-il déclaré à la radio.  « Nous avons des banques qui sont solides »« un système bancaire qui est solide » et « un ratio de liquidités qui est élevé (NDLR : ces liquidités ce sont nos économies)», a assuré M. Le Maire en ajoutant que les établissements bancaires français avaient « des secteurs d’activité très diversifiés »« Calmez-vous, calmez-vous, et regardez la réalité ! », a-t-il ressassé face à des investisseurs. « La réalité c’est que le système bancaire français n’est pas exposé à la SVB. Il n’y a pas de liens entre les différentes situations » aux États-Unis et en Europe ». Aïe ! Aïe Tremblez !

D’ailleurs la bourse s compris le message avec des chutes des cours découlant de la défaillance du Crédit Suisse après celui du fleuron de la nouvelle économie américaine. Et les établissements bancaires ont payé l’addition. Il sera intéressant de savoir si le toboggan de la défiance se poursuivra dans les prochains jours car par exemple la BNP Paribas et Société Générale ont vite été mal en point : BNP Paribas a chuté de 10,92%, Société Générale a plongé, de 12,97%. D’autres établissements européennes ont également subi le choc. C’est notamment le cas de Banco Sabadell (11,19%), ING (9,50%), Commerzbank (9,90%), Deutsche Bank (8,65%) et Unicredit (7,14%)… et la liste n’est pas finie. La confiance ne paraît pas la même sur les marchés et à Bercy.

Alors comme le veut une tradition bien établie après avoir laissé les actionnaires se gaver des profits on mutualise les pertes catastrophiques. Et ce n’est pas une vue de l’esprit puisqu’au USA on commence à se pencher sur la gestion de la fameuse banque de la modernité économique. De forts soupçons pèsent en effet sur les agissements des dirigeants qui auraient commis des délits d’initiés.

Il est exigé par une sénatrice qu’une enquête soit lancée « pour savoir si des cadres se sont livrés à des délits d’initiés ou ont enfreint d’autres lois civiles ou pénales ». Elle a aussi appelé les autorités à récupérer la rémunération et les bonus versés l’an dernier au patron de SVB ainsi que les bonus versés aux cadres. Selon des documents ils ont cédé des actions fin février selon un programme de ventes établi à l’avance.

En Suisse le principal actionnaire est saoudien. Il se défile et regarde le gouvernement se dépatouiller devant la crise qui gronde. Rappelons au passage que la compagnie pétrolière Aramco  a annoncé dimanche des bénéfices records en 2022 grâce à l’envolée des cours du brut, s’attirant des critiques en pleine crise climatique et énergétique. La compagnie, détenue en grande partie par l’Etat saoudien, a dégagé un bénéfice net 161,1 milliards de dollars l’année dernière, en hausse de 46% sur un an, Saudi National Bank détient 9,8 % de Crédit Suisse depuis que la banque saoudienne a récemment participé à l’augmentation de capital. Elle a refusé d’injecter des fonds…supplémentaires laissant le cours de l’établissement helvète s’effondrer.

Ah ! J’oubliais chez nous le trio Ciotti, Marleix, Retailleau jouant les Rois mages, a arraché (victoire suprême) que les pauvres gars possédant près de 44 annuité ne soient pas contraints s’ils n’ont pas l’âge légal du départ vers la retraite de continuer à cotiser pour rien. Quant au 1200 € les décrets d’application seront suffisamment sophistiqués pour que le nombre des bénéficiaires soit aussi famélique que possible. Et dans quelques mois on constatera que la réforme n’aura servi à rien et qu’il faudra dès 1927 (après les présidentielles remettre le couvert). En attendant si vous avez un découvert en fin de mois sur votre compte en banque et que l’on vous inflige des agios… pensez que c’est pour la bonne cause ! 

Cet article a 7 commentaires

  1. christian grené

    Avec mon copain Julot (Bonnot), on se propose de faire une petite descente à travers la France. Nous allons nettoyer les banques. Ce serait, comment dire? un service public…

  2. Un premier paragraphe qui résume bien la caricature de fonctionnement « démocratique » de nos institutions et le foutage de gueule matignono-élyséen.
    Le lien proposé par J.J. nous amène à constater l’ampleur de ce foutage de gueule avec le troisième larron qu’est « Bercy ».
    Et dans les deux situations, retraites et consommation, d’un côté l’ensemble des syndicats de salariés, de l’autre l’ensemble des organisations de consommateurs, le mépris crasse affiché par l’exécutif.

    Pour revenir au 1er paragraphe de Jean-Marie, la « macronie » étant appelée à s’éteindre en 2027, je me dis parfois que les « personnalités », soit parlementaires, soit membres (et ex membres) du gouvernement, et a fortiori celles issues « de la gauche » (**), n’ont rien à perdre à se perdre, à se salir, à grenouiller, à fricoter, à marchander (et à merdouiller devant micros et caméras)…

    (**) Comment ces dernières qui furent encartées ou « proches de » peuvent-elles « négocier » avec la droite de Ciotti ?

  3. facon jf

    Bonjour,
    2023 année de tous les dangers ! Joe Bid1 est le premier à dégainer le  » too big to fail » (trop gros pour échouer) en prenant des mesures pour éviter le bank run ( ruée vers la banque) qui avait débuté samedi matin en Californie. Imité par les Suisses; la Banque nationale suisse (BNS) a assuré, de son côté, qu’elle était prête à mettre à disposition de l’établissement suffisamment de liquidités en cas de besoin. Dans un communiqué publié dans la soirée d’hier, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) s’est voulue rassurante quant au dossier Credit Suisse, à l’origine d’une séance noire pour les marchés mercredi.
    Donc TOUT VA BIEN ! Bruno -col roulé- Le Maire déclare sans rire « cela n’a rien à voir avec 2008 ».
    Le problème voyez-vous ce n’est pas une banque, le Crédit Suisse, la Fisrt National Bank ou la SVB. Non, le problème ce sont toutes les banques, le problème c’est tout le système financier, car vous ne passez pas de 10 ans d’argent gratuit à taux négatifs à un retrait massif des liquidités et une hausse vertigineuse des taux d’intérêt sans douleur.
    Le problème c’est que les enseignements à tirer de la crise des subprimes ont donné naissance aux accords de Bâle III qui sont censés limiter l’effet de levier des banques. L’effet levier pour les banques c’est le fait qu’elles prêtent beaucoup plus que leurs fonds propres. Les recommandations prudentielles après crise de 2008 c’était un ratio de 10, donc j’ai 10 € de fonds propres je peux péter 100€. C’est le principe de la création monétaire des banques. En réalité les banques Françaises ont des effets de levier de 30 à 60, ils ne restent pas tous dans les clous puisque la formule Bâle III c’est une exigence minimale est fixée à 3 % depuis le 1er janvier 2018 pour les établissements de crédit européens soit un effet levier de 33 on est déjà loin de l’ambition de départ de 10 .
    Mais que fait Bruno col roulé ?? Des stress tests bancaires ! Un test de résistance bancaire, ou « stress test », est un exercice consistant à simuler des conditions économiques et financières extrêmes mais plausibles afin d’en étudier les conséquences sur les banques et de mesurer leur capacité de résistance à de telles situations. Tout cela relève plus ou moins sur du déclaratif donc c’est pipeau !
    Alors oui, il va encore falloir sauver les banques et le système financier. Cela sera sans doute injuste, mais ce n’est plus le problème. Si nous ne sauvons pas le système bancaire, en quelques heures, le monde s’effondrera parce que les flux financiers régissent les flux physiques. Sans banque, personne ne peut plus ni vendre, ni acheter, les magasins se vident l’économie s’arrête et c’est l’effondrement.

    Donc, vous et moi, les contribuables « normaux  » vont devoir passer à la caisse pour renflouer les banksters qui se sont gavés de dividendes bien juteux. Si ça ne suffit pas une belle épidémie ou un conflit mondial permettrait de cacher la cruelle vérité … Mais dire ça c’est complotiste bien sur !!

    Bonne journée

    1. christian grené

      « Bankster », quel joli mot! J’en ai parlé à Julot, qui l’a adopté lui aussi. FJF, je vous tire mon feutre à la Capone.

  4. « Et dans quelques mois on constatera que la réforme n’aura servi à rien et qu’il faudra dès 1927… »
    Euh Jean-Marie, ça va donc se passer juste avant la crise de 29 ? 😉

    Tout va très bien Madame la Marquise…

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