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Les victimes expiatoires des milieux financiers

Minuit et demi… de retour à la maison après une longue route. Dans la voiture France-infos ressassent les événements politiques et sociaux de la journée dans des flashs entrecoupés des propos d’invités divers et plus ou moins « avariés ». A Paris les manifestations auraient dégénéré et les forces de l’ordre les auraient dispersés à coups de grenades lacrymogènes. La place dite de « la Concorde » portant mal son nom sert de lieu d’exutoire à la colère de quelques milliers de citoyens révoltés par le fonctionnement de la démocratie dite représentative. On est passé pour certains de l’exaspération à la haine, de la contestation à la fureur, de l’indignation à la violence. Comme si l’issue catastrophique de ces dizaines de jours de poker menteur ne leur avait pas paru inéluctable.

La forêt médocaine qui s’étire jusqu’aux portes de Bordeaux défile dans les phares. Je pense à ma soirée sur l’immigration avec la Ligue des Droits de l’Homme ! Une soixantaine de personnes au cœur du Médoc à tenter de convaincre qu’il ne s’agit pas d’un fléau. Le journaliste de nuit retrace les étapes d’un scénario prévisible de la journée.

Ce sont des actes, des faits, des mots donnant le sentiment que le pays découvre que la Constitution de 58 dans laquelle tous les présidents de ce que nous appelons une République se sont glissés avec délectation. Même s’ils en avaient âprement combattu le contenu. Les syndicalistes rappellent que pour eux les dégâts humains de la réforme proposés étaient inadmissibles. Les tenants du texte s’évertuent d’expliquer qu’elle était inéluctable pour sauver un système en péril. Rien de bien nouveau.

Il faut tendre l’oreille pour au détour d’une explication apprendre que les véritables causes de cette crise démocratique sont ailleurs. Jusque-là les véritables causes de ce fiasco démocratique et social n’avaient pas émergé. Hier alors que le Titanic présidentiel coulait l’orchestre juché sur le pont changeait de refrain. Peu de mots mais suffisamment pour comprendre que les canots de sauvetage étaient à l’eau. Plus question de l’équilibre futur du régime par répartition sur lequel a porté l’argumentation des pro-réformes mais le commandant de bord annonce « qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands » si le texte n’est pas adopté (sic) » L’aveu est clair. Ce n’est en rien anodin car ça traduit la brèche immense dans la coque du navire. Rien à voir avec une éventuelle estafilade du régime des pensions !

En fait il avoue que la mal est ailleurs et que ce n’était qu’un prétexte pour rassurer les « armateurs » qui financent désormais le périple du paquebot France. Il fallait un signe, un geste, une victime expiatoire lui permettant de rassurer les marchés financiers qui alimentent les réservoirs du pays ! La réforme n’était pour lui que le symbole de sa capacité à redresser une situation globale inquiétante. Tout le monde oublie ce qu’est le déficit public d’une nation. Il comprend le déséquilibre des comptes de l’État auquel il faut ajouter (et c’est là que la bât blesse) ceux des collectivités territoriales et de la sécurité sociale dont les caisses de retraite. Pour pouvoir continuer à emprunter malgré un contexte mondial de hausse des taux d’intérêt inquiétant, il faut donner des gages sur la capacité de réduire à échéance de trois ou quatre ans plus de 165 milliards ! Comme le dogme ultra-libéral consiste à ne pas améliorer les recettes par une juste répartition de la contribution de tous les milieux économiques le piège s’est refermé sur les salariés, public captif et aisément « tondable ».  

Si demain les marchés financiers qui dirigent en fait la planète et notamment les systèmes politiques qu’ils ont aidé à mettre en place font la gueule en regardant la France, une catastrophe se profile. L’humain coûte trop char pour eux ! Nous sommes pieds et poings liés avec eux en raison d’une dette colossale dont les racines se trouvent dans les exonérations constantes effectuées en direction d’un monde économique pratiquant le chantage à l’emploi depuis des lustres, dans le refus de redistribuer les richesses créées par la travail ailleurs que vers les financeurs, dans des erreurs constantes et même accentuées de gestion.  Alors au lieu de rechercher d’amender sa propre doctrine sur l’évolution des recettes, le Président a tapé sur le plus facile ou ce qu’il pensait le plus facile…

La santé ce n’est pas le moment d’y toucher (l’assurance maladie est tellement mal que ce serait politiquement suicidaire). Les collectivités locales ? Elles sont dans le collimateur et leur tout était prévu dans les prochains mois alors qu’elle ne représentent aucun danger pour les équilibres du pays (globalement plus de 19 milliards d’excédent de gestion) et seulement 9 % de la dette., la sécurité sociale 11 % et l’État 80 %. Alors hier on a appris la vraie raison de la réforme et du 49-3 : rassurer les créanciers qui talonnent Bercy et Bruxelles qui constate que la France est devenu de pars a dette un poids terrible pour l’UE… Le sacrifice rituel des « pensionnés » était donc obligatoire… et le gouvernement ne pouvait pas reculer car il est dos au mur en raison des engagements discrets pris avec les marchés financiers. Serrez vos ceintures…

Cet article a 5 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    « dette colossale dont les racines se trouvent dans les exonérations constantes effectuées en direction d’un monde économique pratiquant le chantage à l’emploi depuis des lustres, dans le refus de redistribuer les richesses créées par la travail ailleurs que vers les financeurs, dans des erreurs constantes et même accentuées de gestion.  »

    Merci Jean-Marie pour cet éclairage édifiant…
    Et j’ajouterais que bien des gens l’ignorent, mais le budget de la Sécurité Sociale (Maladie + Allocations Familiales + Vieillesse) est supérieur au budget de l’Etat; c’est pourquoi le gâteau est si attrayant pour les financiers et que l’Europe s’en soucie!

  2. Philippe Labansat

    Bien sûr qu’elles milliards d’exonérations de cotisations ne sont pas pour rien dans notre déficit public (l’État est lui même un mauvais payeur pour ses propres contributions).
    Mais dès que les media essaient de nous impressionner avec leurs chiffres (houlala, la fraude au RSA : 300 millions d’euros estimés, déficit possible des caisses de retraite : peut être 10 milliards dans quelque temps, etc.), alors, je prends mon mètre étalon : la fraude fiscale en France : autour de 100 milliards d’euros… tous les ans !
    À cette échelle, je reconsidère le propos des chroniqueurs, des jounalistes et des politiques…

  3. LAVIGNE Maria

    Hier soir, certains journalistes aux ordres, essayaient encore , avec des arguments fallacieux, de soutenir le gouvernement. Sans doute avaient ils appris la leçon lors de leur invitation à déjeuner à l’Elysée.
    En tout cas, ils ont démontré qu’ils ne connaissaient pas la vie des travailleurs qui souffrent, se privent, survivent à peine.
    Nous ne vivons pas dans le même monde.
    Encore quatre ans à subir mais le peuple n’a pas dit son dernier mot face à l’injustice.

  4. J.J.

    L’ocasion est belle aussi de s’attaquer à ces lois sociales, filles de la Libération.

    À cette époque beaucoup d’industriels, de banquiers, de commrçants et autres nantis et surnantis, étaient en délicatesse avec le pouvoir en place, et tentaient de faire oublier conduites ignobles et compromissions, qui leur avaient permis de se goinfrer pendant l’ocupation.
    Le Tribunal de l’Épuration, le peloton, la cellule, ou l’indignité natioanle servaient de frein à leurs vélléités de protestation.
    Une coupable indulgence fit oublier cela dans les années cinquante, mais alors, la Roche Tarpéienne était encore très près du nouvau Capitole, ils ne purent s’opposer, à la promulgation des lois sociales des Années Heureuses.

    Nous assistons avec ce retour à « l’ancien régime »à une revanche des collabos et autres profiteurs de guerre.

  5. facon jf

    bonsoir,
    je répond tardivement à ce billet que je découvre maintenant. Quoi dire de plus que tout ce qui est dit plus haut. La dernière goutte fait déborder le vase le mouvement contre la réforme se  » gilet jaunise » le débordement des syndicats par leur gauche intervient maintenant si rien ne vient du sommet tout est possible.
    Michaël Zemmour, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, début février a énoncé la réalité de la réforme. La retraite minimum à 1 200 euros pour tous : « C’est complètement faux ». Les conséquences sociales néfastes pour les seniors :
    « Ce sera 40 000 seniors de plus au RSA, 40 000 seniors de plus à l’ASS (allocation pour chômeurs de longue durée) et de l’ordre de 90 000 de plus au chômage… Tout cela est chiffré par l’administration, mais le gouvernement ne le dit pas. »
    À la question de savoir aux dépens de qui se fera cette réforme, Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, répond que la réforme prélève 17 milliards d’euros essentiellement sur le dos des catégories populaires, des classes moyennes et des mères de famille.
    Il en est de même pour la mesure phare de la Mac-Ronnie la taxe d’habitation. Initialement promue par un Mac-ronds en campagne comme une mesure uniquement destinée aux 80 % des Français les moins riches, celle-ci a fini par profiter disproportionnellement aux 20 % les plus riches. À peine deux mois après son arrivée au pouvoir, le président a inclus la catégorie des plus aisés, doublant au passage le coût de la mesure pour les finances publiques.
    Résultat, les 20 % les plus aisés captent la moitié des 17,6 milliards amputés du budget de l’État. Si les foyers les plus modestes économisent 555 euros en moyenne, les 20 % les plus riches gagnent 1 158 euros en moyenne.
    En réponse à la crise des GJ entre 2018 et 2020, le revenu disponible des ménages a été soutenu à hauteur d’environ 17 milliards d’euros par des mesures socio-fiscales. Mais à nouveau, qui a d’abord profité de ces 17 milliards ? Principalement les 5 % les plus riches… Il y a 3 ans, un rapport le constatait : « sur les 17 milliards d’euros distribués aux ménages depuis le début du quinquennat, plus du quart sont allés soutenir le revenu disponible des 5 % de ménages les plus aisés », écrivent les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
    Quant au budget 2020, l’OFCE l’a estimé à cette époque , lui aussi, « taillé pour les classes moyennes supérieures » :
    « Les ménages appartenant au 5 % les plus pauvres devraient voir leur revenu disponible se réduire de 45 euros, soit 0,4 % de leur niveau de vie sous l’effet des mesures socio-fiscales mises en œuvre en 2020. »
    Une estimation qui ne tenait pas compte des effets délétères qui allaient encore survenir avec la crise du Covid en 2020 et 2021, puis la guerre en Ukraine en 2022. Au total, il n’y aura pas eu une année de présidence Macron lors de laquelle les plus pauvres et les inactifs auront bénéficié en priorité des politiques du gouvernement.
    Le pilier de la politique macronienne consiste par ses actions à orienter le budget de l’État vers les cadeaux fiscaux aux plus aisés et aux entreprises. À ces mesures répondent les annonces comme celle de Matignon sur les « réductions significatives » à attendre pour le budget 2024, qui se feront sur le dos du social. « Nous passerons au peigne fin toutes les dépenses publiques : État, collectivités locales, champ social », a prévenu en janvier 2023 le grand mamamouchi de l’Économie Bruno -col roulé- Le Maire.
    L’inflation des denrées alimentaires a atteint 13,5 % en janvier 2023 en France. Un coût qui contribue fortement à paupériser les ménages. En 2022, les prix de l’alimentation s’étaient déjà envolés de 12 %, mais il faut savoir que ce taux grimpe à 16,6 % pour les marques distributeurs (supermarchés) et culmine à 18,3 % pour les produits premiers prix (Eco+, Top budget…).
    L’inflation intervient dans un contexte où les salaires ont connu une stagnation historique ces cinq dernières années, qu’avait pointée du doigt l’OCDE en 2018. Autrement dit, les salaires n’ont pas suivi la croissance phénoménale des entreprises sur cette période. Un problème qui a touché principalement les travailleurs faiblement rémunérés, ceux-là qui sont aujourd’hui en première ligne face à l’inflation.
    Selon la toute dernière analyse du pouvoir d’achat de l’OFCE, publiée le 22 février dernier, le pouvoir d’achat des ménages se réduira probablement entre – 1,2 % et – 2,0 % entre la fin 2021 et la fin 2023. Au même moment, en Espagne, le salaire minimum a bondi de 47 % en l’espace de 5 ans, depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes en 2018.
    J’arrête ici en rappelant que malgré un nombre d’heures de classe supérieur et des effectifs plus importants, les enseignantes et enseignants français touchent en moyenne 37 % de salaire en moins que la moyenne des onze pays comparables au bout de 15 ans d’exercice et 23 % de moins que la moyenne des pays de l’OCDE.

    Ça va PETER !! L’exécutif se ch.e dessus.
    Matignon a demandé aux ministres d’annuler leurs déplacements sur le terrain jusqu’à nouvel ordre, vendredi 17 mars. « Au vu des rassemblements de la fin de journée hier (jeudi), Matignon a effectivement passé une consigne ponctuelle aux cabinets de ne pas maintenir leurs déplacements aujourd’hui (vendredi) pour ne pas mobiliser les moyens locaux et ne pas surcharger les préfets », a appris France Télévisions auprès des services de la Première ministre.
    Sur le site de l’Élisée https://www.elysee.fr/agenda on peut lire au 18 mars et les dates suivantes « l’agenda du président n’est pas disponible pour aujourd’hui et les jours suivants »
    Tous aux abris!
    Bonne nuit

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