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Le début d’une inévitable guerre de l’eau

Durant le dernier week-end l’une des premières batailles pour la ressource en eau s’est déroulé dans les Deux-Sèvres. Depuis des années je n’ai avec d’autres élus girondins comme Alain Renard de ressasser que la ressource qui ne cessera de diminuer devait constituer la préoccupation essentielle des prochaines décennies. Récemment dans une chronique je revenais sur des propositions en la matière sans j’en suis certain émouvoir l’opinion dominante. Les graves incidents de Sainte Soline posent un problème en raison de leur exploitation politicienne. Ils masquent cependant un débat de fond : quelles sont les priorités en matière d’utilisation des réserves naturelles en eau ?

La place de l’eau est en effet centrale dans la capacité qu’ont les humains à faire société. Nous apprenons à nos enfants que l’eau c’est la vie mais oublions trop souvent de le mettre en pratique au quotidien. La mise en œuvre effective du droit à l’eau pour permettre à chacun de pouvoir vivre dignement doit constituer la première des priorités pour les dirigeants qui travaillent à l’avenir. La revendication de base est occultée alors qu’il devient urgentissime de rappeler que l’eau doit posséder le statut essentiel de bien commun au même titre que l’air ou la nature.

Le conflit actuel repose sur l’absence de consensus sur une doctrine en matière d’utilisation du liquide le plus précieux sur la planète. Il suffirait d’assumer le fait que la première action à mener consiste à conserver la possibilité pour tout le monde d’accéder à une eau potable partout et de manière pérenne sur un territoire. Inégalement préservée elle se raréfie en certains lieux pour se révéler abondante dans d’autres. Cette iniquité naturelle se renforce avec les conséquences de multiples pollutions provoquées par des utilisations abusives des sols ou des comportements industriels désastreux.

Le partage de l’eau doit redevenir la norme et les marchands d’eau laisser la place au service public. Malheureusement on s’en éloigne chaque jour davantage en demandant à la puissance publique de réaliser les lourds investissements que réclame le puisage, le transport et la distribution au porte à porte. Les « marchands » se voient très souvent attribuée l’exploitation des équipements publics ainsi que la « vente » ce qui conduit inévitablement à inciter directement ou indirectement à la surconsommation. Ce temps semble révolu quand les marges de manœuvre des foyers en matière de dépenses se rétrécissent. Comme pour l’énergie les augmentations sont inexorables !

Dans le conflit des Deux-Sèvres la création de structures de stockage artificielles conduisent à la privatisation de la ressource dans un contexte de difficulté pour bien d’autres secteurs de la vie humaine. Quand dans le Médoc, les sylviculteurs avec d’autres s’opposent au puisage dans la nappe pour l’alimentation humaine, il est assez bizarre de voir des adeptes de la culture intensive réclamer le droit d’assécher partiellement ou totalement la diffusion de l’eau sur des espaces aussi importants que les leurs.

Prétendre que ces « agriculteurs » remplissent la mission de « nourrir » la population relève de l’argument peu crédible car cette « mission » dépend de la nature des cultures. En été dans ces zones de culture poussent majoritairement du maïs, du tabac et des semences ce qui démontre le caractère abusif de la notion de secours alimentaire. L’irrigation permet d’améliorer les rendements sur la base de pratiques vieilles de quelques décennies. Quel que soit le sort réservé aux « bassines » leur utilisation est vouée à disparaître dans la mesure où elles ne pourront plus à terme se remplir aussi facilement.

L’annonce d’un vaste programme de construction de centrales nucléaires n’a pas soulevé de questions liées au refroidissement des réacteurs. Depuis déjà pas mal de temps certaines structures de production manquent d’eau en raison de l’étiage insuffisant des fleuves où elles la puisent. Pour la centrale du Blayais les besoins sont assurés par un prélèvement dans l’estuaire de la Gironde à raison de 1,25 milliards de m³ par an pour un réacteur et 5 milliards pour les quatre lorsqu’ils sont en fonctionnement. Le débit d’eau nécessaire au refroidissement est nominalement d’environ 40 m3/s par réacteur, et dépend de son régime de fonctionnement. Certes l’eau est restituée à l’estuaire mais à environ 10 degrés et avec un taux d’oxygène amoindrie.

Le conflit là encore entre les besoins en irrigation massive et ceux des centrales de Golfech et du Blayais s’envenime. EDF relâche même moyennant finance de moins en moins des volumes contenus dans ses barrages pyrénéens causant bien des soucis en période estivale. Les négociations se tendent. Le fiasco de Sivens avec la mort de Rémi Fraisse plane sur Sainte Soline… plus de huit ans plus tard rien n’est réglé. De l’eau ne coule plus sous les ponts !

Cet article a 9 commentaires

  1. J.J.

    Je ne peux qu’approuver ces déclarations et y ajouter quelques observations personnelles, en relevant de criantes invraisemblances dans les arguments que l’on tente de nous asséner.

    1 ) Les heureux bénéficiaires des bassines (10% des producteurs locaux) qui jouent les martyrs et les inquiets, prétendent que sans cette eau, ils ne pourront pas subvenir aux besoins alimentaires de la population, ce qui signifie que les 90% des autres ne pourront rien produire. ???
    Et que deviendront-ils ces 90% ? Leurs terres seraient donc ipso facto vouées à devenir des déserts ?
    Notons au passage que ces travaux sont financées à 70% par des fonds publics, c’est à dire nos impôts.
    2) À propos des « incidents », si l’on peut utiliser cet euphémisme pour la situation.
    Le jour de la manifestation, un cortège de manifestants pacifiques venus de Charente Maritime a mis plusieurs heures à parvenir à Sainte Soline. Ils on été bloqués plusieurs fois par les gendarmes et leurs voitures fouillées en vain d’ailleurs à plusieurs reprises. Sage précaution par ces temps troublés.

    Alors je voudrais que l’on m’explique comment face à ce luxe de précautions, des individus violents, mal intentionnés et armés ont pu pénétrer dans le territoire des bassines.
    Réponse prévue à cette naïve interrogation : ils étaient arrivés « avant » !
    Avant quoi ?
    Et alors comment se fait-il que les patrouilles de blindés, de véhicules divers et de quads qui ont sillonné la zone, les hélicoptères de la gendarmerie qui nous ont rejoué « Apocalypse Now » ne les ont pas repérés « avant »? Il semble qu’il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
    Dimanche ont eu lieu dans la petite ville de Melle, autorisées par le maire, des animations et activités « festives », débats, conférences, spectacles autour du thème de l’eau, avec les rescapés pacifiques des manifs de samedi. On notait l’absence des forces prétendues de l’ordre et le public avait semble-t-il été filtré.
    Aucun incident ou acte de violence n’a été signalé.
    J’ai pu prendre connaissance de tous ces éléments grâce aux reportages de FR3 très bien documentés.

  2. Gilles Jeanneau

    Tout cela devait bien arriver un jour: à force de répéter sans cesse sur toute la planète « à l’eau, à l’eau… et toujours sans pernod!!!
    Bonne journée à toutes et tous!

  3. facon jf

    Bonjour,
    voila un débat fort intéressant que le monde politique fuit comme la peste. L’eau bien commun de l’humanité première pierre sur laquelle s’assoient nos élites. Beaucoup d’argent vient en contradiction de ce précepte louable mais à quel prix ? Mettre l »eau potable dans les toilettes une aberration économique, sociale et environnementale c’est une évidence et pourtant! Même si je modifie mon installation domestique pour alimenter les WC et la machine à laver pour l’alimenter en eaux pluviales et que personne ne viendra me contrôler… Attention, pour autant, toute connexion entre les réseaux de pluie et d’eau potable est interdite. En effet, rappelle le ministère de la Santé « l’eau de pluie est une eau non potable, car contaminée microbiologiquement (principalement lors du ruissellement de l’eau sur le toit et dans la cuve de stockage) et chimiquement (pesticides dans la pluie, métaux par ruissellement sur le toit, etc). Elle ne respecte pas les limites de qualité fixées par le code de la santé publique pour les eaux destinées à la consommation humaine ». Il me faut donc 2 circuits physiquement séparés et sans communication l’un avec l’autre, ce qui revient à poser le problème de que faire quand les réserves sont vides. Facile !! yaka appointer la réserve par l’eau de ville.
    C’est bien prendre ce vaste problème par le petit bout des toilettes ! Le problème financier que cela pose c’est que si l’on sait mesurer l’eau entrante on ne sait pas mesurer l’eau sortante vers les égouts. Donc pour financer l’assainissement on facture l’eau entrante et pas la réalité sortante vers les égouts. Pour les sociétés concessionnaires de l’eau l’utilisation de l’eau pluviale est donc une perte sèche (hi hi!) ce qui explique en partie le lobbying de ses compagnies pour le statut quo permanent.
    La consommation domestique, chiffres de 2020, c’est en moyenne 143 l par jour et par personne et le besoin essentiel en eau potable ( cuisine et boisson) 10l/jour/ personne, tout le reste peut être substitué par de l’eau pluviale filtrée dans la limite des stocks disponibles !
    Il est possible aussi de réalimenter la réserve en recyclant les eaux grises douche et machine à laver après retraitement simple. Diviser sa consommation par 10 ! Une vision utopique et idyllique de la situation contredite immédiatement par les faits.
    Une belle usine à gaz coûteuse assez facilement réalisable dans les constructions individuelles . Mais quel casse-tête dans le collectif ! Me doucher avec l’eau utilisée par les voisins … Je vous laisse imaginer la suite.

    Rien n’est simple dans ce problème et je n’ai parlé QUE de l’eau domestique; pourtant il va bien falloir à un moment ou un autre se remettre en question et ne pas oublier que le premier utilisateur/pollueur de la ressource c’est moi.

    Bonne journée

  4. facon jf

    Je vous en fait profiter je l’ai piquée sur FB signée de Mathias Taveau

    « – Hey tu sais pas ? Ils ont trouvé une super solution pour pouvoir irriguer les champs l’été !
    – Ah ouais cool c’est quoi ?
    – Ils appellent ça des méga bassines, en fait on creuse un genre de lac qui va faire entre 8 et 18 ha et qui va pomper l’eau dans les nappes phréatiques l’hiver pour avoir de l’eau l’été, c’est cool non ?
    – Attend tu veux dire qu’ils pompent l’eau qui est stockée dans les nappes phréatiques au frais pour finalement la stocker en surface exposée à la chaleur ?
    – euh oui
    – genre ils connaissent pas le phénomène de l’évaporation ?
    – Si mais bon j’te l’dis mais tu le répètes pas … Ca sert surtout à contourner les arrêtés préfectoraux d’interdiction d’irrigation parce que ses arrêtés ne concernent pas les agriculteurs qui ont leurs propres réserves d’eau , parce que oui sinon le pompage aurait continué directement dans les nappes …
    – Bon après tout … si ça peut profiter à tous les agriculteurs …
    – Euh bin non pas à tous … Seulement à ceux qui ont payé la construction
    – oui logique … mais bon ça doit leur coûter une blinde quand même …
    – oui c’est sur mais comme elles sont financées à 70 pourcent par de l’argent public , ca diminue le coût …
    – Pardon ? C’est quoi ce truc ??? Bon après si ça peut permettre de nourrir les habitants du pays pourquoi pas … Même si ça me fait un poil halluciner quand même …
    – euh … C’est à dire que ces bassines vont surtout servir à des cultures qui nécessitent beaucoup de flotte comme le maïs et très souvent ce maïs est vendu au niveau mondial …
    – Non mais t’es sérieux ? Attend tu es entrain de me dire qu’on utilise une bonne somme d’argent public pour quelques agriculteurs pour qu’ils puissent pomper de l’eau, dans des nappes phréatiques qui appartiennent à tout le monde et qui alimentent aussi nos ruisseaux et rivières, dont une partie va s’évaporer dans les bassines pour faire pousser des céréales qui, en plus , n’iront même pas à l’alimentation des gens d’ici ? Et tu me dis ça alors qu’on vit une année 2022 où à l’heure actuelle soit fin octobre y a encore de la sécheresse … Et que tous les scientifiques nous disent que ça va perdurer et s’intensifier …
    – Oui c’est bien ce que je suis entrain de te dire. Et puis j’te jure c’est quand même super bien organisé le truc parce que tu vois ce week end y a des gens qui se sont mobilisés pour dénoncer tout ça mais l’état il avait prévu 1700 gendarmes, 6 hélicoptères et des drônes pour pas que les gens puissent arriver sur la zone de chantier d’un méga bassine en construction dans les 2 sèvres …
    – Parce qu’en plus de financer ces inepties, l’état a aussi mis de l’argent public pour les défendre ? Et à priori pas qu’un peu … Mais bon les gens vont finir par se révolter parce que là on est quand même entrain juste de leur voler leur eau quoi …
    – Mais non t’inquiète… BFM a fait toute la journée sur la violence des manifestants , a filmé les affrontements sans trop parler du sujet de fond … Et puis bon finalement ces bassines c’est pas nouveau et ça assèche déjà pas mal de ruisseaux et rivières sans que les gens ne s’en émeuvent … »

    1. J.J.

      Bien vu , la triste réalité.

  5. François

    Bonjour J-M ! !
    Ce matin, la lecture de mon bréviaire a fait hérisser les restes de ma chevelure : comment, toi, le semeur de la connaissance, le multi-casquettes à responsabilités peux-tu épandre dans ta chronique de telles … inepties ?
    Certes, si ce texte comporte quelques idées aux bases solides et reconnues (quelles sont les priorités… l’eau, c’est la vie … la première des priorités pour les dirigeants … le statut essentiel de bien commun, …), nous tombons très vite dans la démagogie d’écolo conditionné, irresponsable …à la vue plus courte que le bout de leur appendice nasal !
    Disséquons … et dissertons raisonnablement (!) :
    – « cette iniquité naturelle….comportements agricoles et industriels désastreux » sauf que tu oublies que l’opération consistant à pousser sa m……e avec de l’eau potable ou prendre trois ou quatre douches par jour ou regarnir sa piscine tous les ans ( à noter que les produits d’entretien d’hiver (polluants !) coutent plus chers que la vidange) ou arroser son gazon (même la nuit!) sont des pratiques très couteuses en eau de qualité potable! Bien sûr, en vieil élu au suffrage universel, tu te dois d’occulter ces pratiques ou de les qualifier d’insignifiantes : ne pas oublier que « les petits ruisseaux font …. » ! 
    – « Malheureusement, on s’en éloigne ….distribution porte à porte ….augmentations sont inexorables» : sauf que nous sommes en 2023, fini le marteau-piqueur pneumatique ! Les fuites récurrantes du réseau appellent une rénovation qui devrait être la CHANCE d’inclure … un  réseau d’eau à usage domestique. Les tranchées sont facilement réouvrables par des entreprises sérieuses opérant à des prix corrects … si l’on veut bien réviser intelligemment le cahier des charges souvent absurde et couteux. Nous l’avons évoqué en tête-à-tête mais il faut avoir la volonté !
    – « Prétendre que ces « agriculteurs »remplissent la mission de « nourrir » la population ….notion de secours alimentaire » : alors là, nous atteignons le summum ! Comment peux-tu écrire cela alors que tu sais très bien que c’est le but premier du métier de producteur agricole.
    En effet, toutes ces productions (même le maïs …transformé en viande [et tu n’es pas végan !] et pire le tabac !) finissent dans les plaisirs nécessaires de la bouche de l’Homme ! De plus, le maïs te sert, entre autres usages, de pochon pour tes fruits et légumes. Mais, surtout, toutes les productions agricoles sont les SEULES à être émises PAR MULTIPLICATION, ce qui est très intéressant pour l’équilibre budgétaire (qui te permet de vivre !) et la balance commerciale.
    Dommage que tu es omis d’évoquer le gaspillage officiel de 5o%de la production pour raison d’aspect, surproduction ou date limite alors que les quêtes quasi mensuelles m’horripilent à la sortie des magasins ! !
    Mais, bien sûr, CHUT, il ne faut pas réveiller les bonnes consciences dociles bien chloroformées ! !
    Quant « au programme de construction de centrales nucléaires », tu ne peux point ignorer que, hors les quelques volutes s’échappant des hautes cheminées, l’eau puisée dans nos fleuves et rivières repart dans le circuit certes un peu plus chaude et la ré-oxygénation peut être solutionnée par des cascades artificielles ou des turbines dont on connaît l’utilité pour les piscicultures !
    Les bassines et la guérilla de samedi : j’émets un doute sérieux sur « l’organisation fumeuse » par un pouvoir en délisquescence, proche de la chute. Cela ressemble à un nouvel épisode d’une gouvernance par la peur ! !
    Le sujet de départ étant donc les célèbres bassines, lointaines cousines des bassines en cuivre, alu ou émaillées de nos grands mères, je te dirai simplement que j’y suis favorable en tant que retenues d’eau collinaire ou de puisage raisonné dans les sources et rivières de surface mais SURTOUT ne pas toucher, pour l’irrigation, aux eaux souterraines ….même à moins vingt mètres car, connaissant bien les copains , demain, ils seront à moins trois cents ! ! !
    Cette eau souterraine d’une pureté parfois séculaire est déjà très exposée surtout dans nos régions côtières à une salinisation dû au comblement de « l’éponge asséchée» par notre ami Océan. N’allons pas amplifier le problème qui mettrait en danger certain la Vie !

    La vraie Amitié n’empêche pas de rétablir les vérités !

    Bonne journée ! !

  6. HURMIC

    Sans aller bien loin l’usine HERMES de Loupes 6000 m2 en zone humide ne va pas arranger la situation…
    Avez vous participé à l’enquête publique qui se termine bientôt sur ce sujet ? Que ne ferait-on pas au nom de l’emploi…Alors qu’il existe des tas de friches industrielles qui ne demandent qu’a être réhabilitées … On préfère à 600 mètres de la zone Natura 2000 dans une zone humide implanter une usine et créer un rond-point avec l’arrivée de 200 voitures matin et soir plus les camions … Après étude du dossier c’est édifiant, zone humide, vallée versant du ruisseau Canteranne, zone ou se trouvent des oiseaux protégés des sauterelles et tout un tas d’animaux qui n’intéressent pas grand monde
    Vous pouvez ajouter votre participation à l’enquête publique sur le site de la mairie ou se trouve le dossier complet
    https://www.mairie-loupes33.fr
    Cordialement

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