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La Régence débute aujourd’hui

A partir d’aujourd’hui la France change de régime. La monarchie républicaine construite par la Constitution de 1958 se retrouvera dans une situation inédite. Le tenant du Palais d’où partent les décisions que désormais les représentants d’une partie du peuple s’étant rendue aux urnes va assumer la Régence durant quatre ans. Tous les observateurs dignes de confiance et ne se gavant pas de certitudes confortant leurs propres aspirations politiques, annoncent que le « trône » est d’ores et déjà promis à la postulante du RN. Il sera difficile, voire impossible surtout si le comportement du Président reste aussi décalé avec les réalités sociales d’empêcher pareille installation.

Toutes les Régences ont été marquées dans l’Histoire de France par des « frondes », des « révoltes », des « complots » et la faiblesse du pouvoir intérimaire. La nouvelle période qui s’ouvre a tout pour ressembler à ces laps de temps où tout devient incertain. Une situation financière de l’État extrêmement précaire en raison de dépenses incontrôlées pour satisfaire les classes tenant déjà les plus grandes fortunes, une famine provoquée par des événements climatiques inhabituels, une augmentation des taxes sur les produits essentiels devenus rares, une guerre interminable et un monde en proie à des conflits dangereux : la Fronde outre le fait qu’elle concerna les Hauts dignitaires détenteurs réels du pouvoir, eut des effets sur ce que l’on n’appelait pas encore le peuple.

Le Régent voulant absolument imprimer sa « patte » sur le pays proposa des réformes tous azimuts qui n’aboutirent qu’en renforçant le mécontentement majoritaire. l’État royal se déclare en banqueroute, annule tous les prêts et avances consentis pour l’année 1648. Les problèmes politiques de la Fronde prennent place dans un contexte économique et financier véritablement catastrophique pour la France en 1648. La monarchie en période de régence se trouve en situation de lourd déficit généré par les dépenses de la guerre de Trente Ans.

Les premières journées d’émeute ont lieu à Paris, en août 1648 : le mouvement populaire qui soutient la Fronde parlementaire prend de l’ampleur parce qu’il s’inscrit dans une crise de subsistance. Déjà éprouvée par les disettes, la population est exaspérée par l’accroissement de la pression fiscale liée à la guerre qui n’est pas encore terminée au début de la Fronde et la colère monte de partout. L’inflation galope. Le Parlement est devenu ingouvernable et il se met à bâtir son propre programme d’action.

La crise financière se révèle alors dans toute son ampleur. Actuellement elle est latente et tout peut basculer en quelques semaines. Refusant la banqueroute que lui conseille Saint-Simon, le Régent se laisse séduire par les idées audacieuses de Law et expérimente son « système » révolutionnaire. Pour pallier la famine monétaire, ce dernier offre de créer une banque qui émettrait du papier monnaie, d’une circulation aisée, et se substituerait à l’État pour éteindre la dette publique. C’est ce qque font la BCE et les USA en permanence.

La banque privée qu’il fonde en 1716 est déclarée Banque royale (1718), puis associée (1720) à la Compagnie des Indes (créée en 1719), qui contrôle toute la fiscalité royale et les activités commerciales du royaume. Le succès est immédiat et vif. La foule s’arrache à prix d’or les actions de la Compagnie. Mais la modicité des dividendes distribués provoque la panique et l’effondrement du système (1720), que favorisent la finance traditionnelle. On en prend le chemin mais surtout le pouvoir n’en parle pas.

Le jour du 1° mai prochain constituera le début d’une séquence de contestations s’étirant sur plusieurs mois. Ainsi les menaces sur les grandes manifestations organisées pour accroître le prestige du mandat en cours prennent une dimension susceptible de changer la donne. Il est d’ores et déjà certains que le sacro-saint Tour de France qui débute dans soixante-quinze jours risque bel et bien de servir de test. Il serait étonnant que les événements de 2003 avec l’organisation du blocus de l’arrivée sur les Champs-Élysées ne revienne pas dans les programmes des manifestations prévues. Dans la foulée à la rentrée la Coupe du Monde de rugby aura bien du mal à se dérouler dans la sérénité.

Dès maintenant les organisateurs des jeux Olympiques prennent la mesure au sérieux. Les sponsors se trémoussent sur leur siège… Rien que l’appel à préparer des manifestations hostiles les perturbent. Les PDG très éthiques de Airbnb, du géant chinois AliBaba, les assureurs Allianz, le leader de la sécurité numérique Atos, le leader des pneus Bridgestone, l’inévitable Coca-Cola et tant d’autres multinationales de l’automobile et tutti quanti risquent bien de peser davantage que les millions de manifestants.

La Régence qui débute a comme handicap le fait qu’elle a une fin programmée et que à partir d’aujourd’hui la campagne est ouverte. Dans la mesure où il suffit à la prétendante à la succession annoncée de regarder et de commenter une confrontation à laquelle elle se garde bien de participer, le dénouement est plus que probable !

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    – Ils sont c… ou ils font exprès ?
    – Probablement les deux , mon général.

  2. christian grené

    « J’me suis tapé cul par terre, c’est grâce à Voltaire… Grené montant à l’assaut, avec Sandrine Rousseau ». Je suis d’humeur badine ce matin, et j’ai pioché dans ma bibli personnelle ce refrain que j’entonnerai le 1er mai prochain.
    Plus sérieusement, après m’être mis en roue libre, j’ai relu ce qu’avait écrit ce cher François Marie Arouet dans « La Pucelle », chant XIII posthume de 1850, en vue de répondre à l’édito du jour signé par mon instit’:
    « Voici le temps de l’aimable Régence
    Temps fortuné marqué par la licence ».

  3. facon jf

    Bonjour,
    le mot d’ordre c’est courir au bord du précipice de la dette en enjambant les obstacles. Coureur sans boussole ni carte, Mac-Ronds, n’écoute que les cabinets de conseils Etazuniens qui lui crient dans l’oreillette « plus vite, plus vite, encore plus vite ». Oubliant comme un canard sans tête que les conseilleurs ne sont pas les payeurs et que les motivations payantes des conseilleurs sont téléguidées outre-atlantique ( cf Alstom).
    Pourtant la boussole et la carte sont bien rangées dans l’armoire de l’histoire.
    Le point commun entre Law et James McKinsey, (l’homme qui murmurait aux oreilles des patrons) c’est le rôle de conseiller des princes. Ce qu’il faut comprendre aussi c’est qu’à la fin du XVIIe siècle, au début du XVIIIe siècle il était commun, pour un certain nombre de gens qui avaient des idées économiques, de suggérer au gouvernement des projets de réforme. On les appelait les projecteurs, en Angleterre, ou les donneurs d’avis. Donc, régulièrement, des dizaines, même des centaines de gens écrivaient aux ministres pour leur suggérer des idées. Les cabinets de conseils sont donc les héritiers directs de Law.
    Plus près de nous en 1788, la France vit une grave crise économique et financière. Elle se transforme en crise politique lorsque le peuple se révolte contre « le pouvoir » incapable de prendre des mesures efficaces pour sauver le pays d’une déroute financière. Cette crise est à l’origine du déclenchement de la Révolution française.
    Depuis des décennies, l’État s’est lourdement endetté. La guerre des sept ans ainsi que l’aide apportée aux jeunes États-Unis pendant leur guerre d’indépendance contre l’Angleterre (1775-1783), l’a effectivement conduit à réaliser de très grosses dépenses. Par ailleurs, l’agriculture, fleuron de l’économie française, se porte mal. Les conditions climatiques des années antérieures ont rendu la semée impossible et les récoltes ont été pour la plupart désastreuses ( le climat déjà ?).
    Les rentes viagères mises en place par le Suisse Necker (nommé par Louis XVI directeur général du Trésor royal en 1776, puis des Finances) ont largement contribué au déficit de l’État et à la déconfiture des finances.
    On pourrait évoquer aussi les « quatre grandes lames » qui ont anéanti l’Allemagne et mené à l’arrivée au pouvoir d’Hitler :
    – la première lame fut, bien évidemment, celle des réparations de guerre irréalistes demandées par la France,
    – la deuxième, celle de l’hyperinflation, découla de la première, et fut la conséquence directe de l’usage immodéré de la planche à billets de 1921 à 1924, sur laquelle nous allons revenir,
    – la troisième fut celle des fuites soudaines de capitaux américains et anglais entre 1929 et 1932 à la suite du grand krach boursier,
    – et la quatrième lame, celle des faillites bancaires, en particulier de deux banques immenses dirigées par des banquiers de confession juive (qui vont servir de boucs émissaires idéaux à Hitler). *

    L’ histoire nous enseigne que les guerres sont les rochers sur lesquels se fracassent les économies. La capacité de destruction des guerres ajoutée aux besoins de financement des capacités de destruction avalent les ressources actuelles et nécessitent des emprunts colossaux.
    La récente déclaration de Mac-Ronds de retour de Chine pourrait bien être l’annonce du retrait des USA de la guerre d’Ukraine pour faire face à la Chine. Les pays de l’UE se retrouvant seuls face à la Russie, la BCE ne pourrait alors que faire tourner à la vitesse de la lumière la planche à billets… Malheur à nous et à nos descendants qui devront payer ces décisions funestes.

    J’espère bien me tromper en écrivant ces lignes.

    bonne journée

    * Le 11 mai 1931, la première banque autrichienne, le Credit-Anstalt, annonce sa faillite.
    Le 11 juillet, le patron de la Danatbank, Jakob Goldschmidt, informe le gouvernement que sa banque n’a plus un sou vaillant.
    Au lendemain du « Bank Run » du 13 juillet, c’est la Dresdner Bank s’est aussi déclarée en cessation de paiement,

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