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Le parcours différencié du suspect potentiel

Les consignes sont formelles : il faut arriver au moins deux heures avant pour pouvoir accéder à l’embarquement dans l’avion retour d’une escapade ordinaire vers Fès. Il est vrai que il n’y aura pas moins de cinq contrôles avant de pouvoir poser ses fesses sur un siège de la vaste salle d’attente collective. Le seul avantage de ce conseil insistant c’est que l’aéroport offre une température ambiante bien moins oppressante que celle qui règne à l’extérieur. Il mérite donc d’être respecté.

En arrivant vers 16 h 30 pour un départ à 19 h la marge a des allures moralement et matériellement confortables. Les voyageurs discipliné se comptent sur les doigts de deux mains… mais autant en être ! Je n’aime pas les déplacements aériens car le stations du calvaire des vérification ressemble au chemin de croix !

Première étape dès les premiers pas dans le hall. Valise, sacs, pochettes de toilette : tout y passe ! Sans problème ! Le stress débute. La sensation d’être devenu un trafiquant potentiel de pâtisseries, d’épices ou même de bouteilles d’eau minérale commence à pénétrer dans l’esprit de celle ou celui qui affronte le portique « couineur » et le tunnel qui sait tout de vos bagages. Aucune remarque génère la satisfaction de l’élève ayant terminé une première épreuve d’un oral de contrôle. Nous y sommes !

Aïe. Là-bas un goulet d’étranglement dans des barrières menant aux guichets d’embarquement se profile. Cette fois le passeport mobilise l’œil méfiant d’un cerbère rappelant que tout citoyen honnête demeure le plus déstabilisé face à cette situation. Ce document nécessitant des mois d’attente pour son renouvellement, flambant neuf ne suscite pas de remarque particulière. Second test réussi mais on sent bien que ces vérifications restent superficielles. Le suspense demeure.

En pénétrant dans le labyrinthe conduisant à la jeune personne au visage grave qui tient la citadelle le climat reste encore détendu. Bien que possesseur du sésame d’embarquement, il est obligatoire de le soumettre à une vérification minutieuse. La préposée s’y emploie avec le sourire d’une patiente entrant dans le cabinet du dentiste. Elle scrute le bagage dit de cabine et le sac à dos… Son poids n’attire aucune remarque particulière. Ouf. Elle griffonne quelques signes cabalistiques complété par un coup de tampon rageur. Un visa pour se rendre au poste de re-vérification des bagages.

La foule attendue n’est pas au rendez-vous. Un uniforme filtre à l’entrée. Passeport, document délivré lors de la halte précédente : présentez « armes » ! Enfin façon d’écrire car il ne badinerait pas avec la plaisanterie. Le stress du coupable qui s’ignore grandit. Toute dignité disparaît puisque la ceinture du pantalon et tout le contenu des poches prennent place avant la lever d’écrou potentielle. Le dépouillement se poursuit et tout file dans l’ouverture de la caverne où l’on cherche des révélations explosives. Que va-t-il arriver ? Rien n’est certain car un flacon non conforme risque de provoquer l’ivresse du découvreur d’anomalies.

Le franchissement simultané du portique me détourne de cette supputation car l’alarme sonne. Allez ma broche quadragénaire encore au chaud dans mon tibia droit fait le bonheur d’un détecteur susceptible. Explications. Fouille corporelle avec le pantalon maintenu en position haute avec une main et le droit d’aller récupérer mon barda est accordée. La passagère qui me suivait impatiente de récupérer son sac à mains et sa valise me bouscule du regard.

Priorité : restabiliser mon futal tout en me rechaussant et en sortant de la file ma valise, mon sac et en libérant deux bacs. Le temps presse… pour les autres ! En claudiquant et sans avoir réussi à tout bien remettre en place, je m’éloigne tel un réfugié fuyant une zone de conflit putative vers l’allée conduisant au poste de sécurité.

Là dans une cabine un porteur des badges de la sécurité nationale épluche mes documents, me questionne sur mon jour d’arrivée et ma destination, me dévisage, pose le passeport sur ce qui semble être une détecteur de quelque chose ! Il me délivre en tamponnant vigoureusement une page de mon document si précieux. Je passe la « frontière » et me voici proche de la salle d’embarquement car une dizaine de mètres plus loin l’un de ses collègues vérifie à nouveau mes papiers.

Je suis considéré comme non-suspect et donc je file soulagé vers plus… de deux heures de retard de l’avion au décollage en raison « d’un mouvement social en France » (première excuse sur le mail) puis pour « une panne du siège du pilote » (la vérité).L’atterrissage après un vol horrible marqué par l’indiscipline démoralisante des passagers de tous les âges, s’effectue après minuit à Mérignac. Plus de huit heures de patience mais je suis un passager ordinaire ravi : mes pâtisseries, mes épices et les tee-shirts n’ont attiré l’attention de personne. . J’ai vaincu tous les tests, tous les contrôles, toutes les fouilles au départ. Qu’en sera-t-il à l’arrivée! Je suis un fraudeur heureux. 

Ah! j’oubliais. Retour en France : une seule policière présente pour plus de deux cents arrivants et donc pour moi un contrôle de vingt secondes. Pas de douaniers…C’est l’autogestion !  Comme quoi les frontières sont surveillées.  Il faudrait une loi… pour être plus efficace !

Cet article a 9 commentaires

  1. christian grené

    Bonjour à tou(te)s.
    François nous avait averti que JMD aurait été aperçu sur le marché de Dôle mercredi dernier où Mc Ronds faisait sa tournée des popotes. Si j’en crois ce que je lis en Roue Libre chaque jour, notre maître serait en quête d’un… maroquin.

  2. Philippe CONCHOU

    Bordeaux/Copenhague.
    A Bordeaux contrôle léger et sans sourire, aucun soucis sur mon bagage à main.
    A Copenhague au retour, contrôle strict mais courtois et souriant, même bagage qu’à l’aller, longue vérification sur ma trousse de toilette, le tube de dentifrice et le coupe-ongles posent problème. Aucun énervement, tout se règle avec le sourire.
    Plusieurs dizaines de milliers de passagers passent au contrôle chaque jours par une vingtaine de postes de contrôle . Pourtant peu d’attente malgré la sévérité des contrôles, un autre monde!

  3. Laure Garralaga Lataste

    Quand Cerbère perd sa majuscule pour devenir cerbère… tu commences à trembler ! Et quand tu parles d’autogestion… tu retrouves le bon vieux temps de nos engagements… !

  4. Laure Garralaga Lataste

    Quand tu écris… « je passe la frontière… », tu peux t’estimer heureux… !
    En effet tu n’as pas eu à effectuer à pied la distance la plus courte (aujourd’hui à vol d’oiseau) entre France et Barcelone qui est de 513,02 km… sous les bombes et la mitraille, le vent, la neige… et le froid glacial de décembre-janvier… !

  5. J.J.

    Pas besoin d’aller au Maroc pour avoir droit à l’inquisition de la police des frontières.
    Voulant embarquer à Bruxelles à bord de l’Eurostar, destination Londres, mais arrêt descente à Lille, j’ai eu droit à un contrôle placide de la police belge.

    Mais les choses se sont gâtées avec le passage au contrôle de la « Met » qui avait un détachement anti terroriste à la gare de Bruxelles. J’avais pris la précaution, ayant pris l’avion pour Malaga quelque temps plus tôt, de glisser mon inséparable eustache dans le bagage de soute qui ne passait pas aux rayons X. Manque de pot, là il a été détecté. Heureusement grâce à ma bonne mine les policiers indulgents, après présentation du corps du délit m’ont laissé passer(j’allais en France, et non à Londres).
    Deuxième épreuve, le portique. Là je me suis mis à sonner, donc vidage des poches de tout article métallique et objet suspect : ni grenades ni Uzi. Mais la sonnerie ne cessait pas. J’ai cru un moment que j’allais me retrouver en slip sur le quai de la gare.
    J’ai enfin découvert les coupables de cette intempestive alarme : des comprimés de glucose conditionnés dans du papier alu, que j’emporte toujours avec moi en voyage, depuis que j’ai failli tourner de l’œil dans le musée archéologique de Naples, devant la mosaïque d’Alexandre le Grand : émotion artistique et historique(Stendhal raconte très bien ça), mais surtout hypoglycémie, le petit déjeuner très matinal ayant été plus que succinct.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J.…
      Voilà ce que c’est que de vouloir jouer aux clochettes… !
      Un conseil à tous ceux et toutes celles qui peuvent encore prendre l’avion (ce qui n’est plus mon cas…) EVITEZ l’aluminium !

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J.…
      … « que j’allais me retrouver en slip sur le quai de la gare. » Pour une fois que ces dames auraient pu se rincer l’œil en pleine gare !

      Et à vous toutes et tous… À lundi, si le cœur vous en dit !

  6. Laure Garralaga Lataste

    Jamais 2 sans 3 …
    Je comprends mieux pourquoi nous avons été privés.es de notre « Roue Libre préféré » pendant 2 jours ! Il était parti en goguette…Mais heureusement, il nous est revenu !

  7. Philippe Labansat

    Sans trop m’aventurer je pense que je ne reprendrai plus jamais l’avion de ma vie. C’est un calvaire humiliant et interminable.
    J’ai été témoin, comme accompagnateur, d’un ami poliomyélitique sommé de jouer l’équilibriste avec ses béquilles, tout ça pour montrer les semelles de ses chaussures à un Pandore quelconque…

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