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Avril un mois sur le fil de l’évolution climatique

Revenir sur les mêmes lieux à quelques années d’écart permet de ressentir l’évolution climatique et ce quel que soit leur situation géographique. A Fès par exemple le mois d’avril fut à une époque celui qui était le plus propice à une découverte à température ambiante convenable. « C’est le mois traditionnel des pluies explique Azma. Cette année il n’est pas tombé une goutte et il risque bien de ne pas y en avoir cette année. Nous n’avons jamais eu aussi chaud. » C’est vrai qu’avec 40 degrés sous abri et largement plus de 50 sur l’esplanade d’attente des taxis la vie devient difficile pour les autochtones et très dure pour les visiteurs. Il n’est pas nécessaire de se rendre en Afrique pour en prendre conscience.

En Espagne par exemple la situation devient angoissante. Confrontée à une sécheresse persistante et à une vague de chaleur précoce, l’Espagne manque d’eau et tout à coté le département des Pyrénées Orientales sont fortement touché en France. Comme plus de 80 % de l’eau disponible outre Pyrénées est utilisée pour alimenter ce « potager de l’Europe » et irriguer une agriculture intensive, la pénurie n’est pas prête de prendre fin. Là encore avril constituait un repère essentiel pour la reconstitution des stocks d’eau de surface. Or non seulement il été là-aussi historiquement sec mais des records de chaleur (aux alentours de 39 degrés vers Séville) ont été enregistrés.

Après un hiver de la même veine, habitants, politiques et scientifiques comptaient pourtant sur ce mois d’avril pour atténuer la sécheresse qui s’abat sur le pays. La situation est particulièrement alarmante dans les régions de la Catalogne et de l’Andalousie où les réservoirs d’eau sont à moins de 25 % de leur capacité. L’état des réserves est aussi inquiétant dans les régions de Valence, en Murcie, en Castille-la-Manche ou encore en Estrémadure. Le stock en eau disponible y est passé sous les 40 % des capacités totales.

En France toutes proportions gardées nous nous en approchons. Contrairement au fameux « ressenti » qui a classé avril comme un mois frais et pluvieux, nous avons eu un contexte climatique tout à fait normal. La température moyenne aura été d’environ 11,8 °C, soit 0,1°C au-dessus des normales de saison relevées entre 1991 et 2020. Il rallonge même la série des mois plus chauds que d’ordinaire : depuis février 2022, les températures moyennes mensuelles ont été systématiquement supérieures à celles attendues pour la saison. Et nous sommes partis pour un été précoce et caniculaire.

Les prévisions en la matière annoncent même une catastrophe planétaire si d’ici septembre le phénomène El Niño revient en force. La dernière fois, qu’il a pesé sur le climat de la planète c’était en 2018-2019. Alors qu’un El Niño classique se caractérise par une hausse de la température du Pacifique équatorial de +0,5 °C à +0,8 °C par rapport à la normale, un Super El Niño provoquerait un réchauffement de +2 °C minimum. Sa sœur qui tempère ses effet, La Niña était encore active en 2023…et elle risque bel et bien d’être effacée dans la durée. Le phénomène n’est pas encore certain mais les prévisionnistes commencent à s’inquiéter.

Les effets de ce réchauffement des eaux des océans génèrent des conséquences importantes, voire dévastatrices, pour la planète avec une accélération des épisodes extrêmes. Les experts prédisent ainsi de fortes précipitations en Amérique Centrale, en Californie et au sud-est des États-Unis, de la sécheresse en Amérique du Sud, ainsi qu’en Australie avec le retour des méga feux, une mousson atténuée ou décalée en Inde, moins de cyclones dans l’Atlantique et une fonte accélérée de la banquise.

Une vaste réflexion sur les usages de l’eau devient urgentissime. Ce devrait être la priorité politique des prochains mois. Il y a certes des décisions globales à prendre dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatiques et elles n’ont pas été prises malgré les effets d’annonce. Les conséquences d’un manque d’eau à court terme ne relève plus d’élucubrations d’esprits débiles et pessimistes. C’est l’affaire de tous. Or nous restons bloqués sur les économies d’énergie, nous bataillons sur des sujets subalternes face à cette réalité et nous attendons la crise ultime pour réagir dans l’urgence.

Des guerres naîtront pour la maîtrise des ressources, des affrontements se multiplieront en raison de la rareté, les protestations naîtront avec les augmentations des prix mais rien ne changera le constat voulant que sans eu il ne puisse y avoir de vie. Or tant que le robinet coule… Avec mon pote Christian nous avons déjà abandonné le « jaune » pour nous tourner vers le rosé. Un acte concret ! 

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    « Les conséquences d’un manque d’eau à court terme ne relèvent plus d’élucubrations d’esprits débiles et pessimistes. »
    Malheureusement les élucubrations des esprits débiles et pessimistes, étaient en réalité des « prophéties ».
    C’est toujours la même chanson : Sus aux Cassandre !
    Prophète de malheur, babillarde dit-on. (Encore La Fontaine, on aurait bien besoin de lui avec un nom pareil et une fonction dans les Eaux et Forêts).

    Point besoin pour moi d’aller en Espagne pour constater les prémisses d’une catastrophe. Il me suffit d’aller au fond de mon jardin et de regarder la rivière auprès de laquelle je suis né il y a très, très longtemps. Je ne lui n’avais jamais vu à cette saison un niveau aussi bas.
    Les autres infos ne font que confirmer.

  2. facon jf

    Bonjour,
    Gasp!!! on va tous mourir de soif et accessoirement on va tous mourir.
    Notre planète bleue aurait 4.5 milliards d’années à ce jour et notre soleil devrait s’éteindre dans 4 milliards d’années. C’est sur l’expérience des 150 années passées que nos experts fondent leurs grandes théories pour faire des projections sur les 50 années à venir. Ainsi les observations locales confirment la tendance. Jusqu’en 1960, la Saône gelait à Lyon en moyenne tous les dix ans (1929, 1940, 1945, 1956, 1963) Depuis cette dernière date, elle n’a gelé que deux hivers, en 1985 et 2012. La date moyenne des vendanges s’est avancée de 3 à 4 semaines de 1945 à 2015, d’un mois par exemple dans le vignoble de Chateauneuf-du-Pape. Petites observations locales qui relèvent du factuel. Au global planétaire on peut mesurer l’augmentation de température moyenne du globe depuis qu’il y a suffisamment de stations météorologiques autour de globe pour faire des statistiques significatives, c’est-à-dire depuis approximativement 1850, et surtout depuis 1960 et l’avènement des satellites météorologiques. Et là, le verdict est « terrible » et implacable : depuis 1850, la température moyenne de la Terre a augmenté de presque 1°C, augmentation qui peut se décomposer en quatre périodes : (1) température en moyenne stable entre 1850 et 1910, (2) augmentation d’un demi degré de 1910 à 1940, (3) stagnation de 1940 à 1980, (4) augmentation d’un demi degré depuis 1980.
    Le principal « accusé » de cette augmentation de température est le CO2 atmosphérique. Et pourtant sans lui la température moyenne de la Terre serait de -18°C ; elle était de +14°C en 1850. Merci l’effet de serre naturel ! Le problème c’est que depuis le début de la révolution industrielle, l’Homme produit beaucoup de CO2 qui se rajoute aux flux naturels entrant et sortant de l’atmosphère. La photosynthèse des plantes et du plancton, la dissolution du CO2 dans les mers froides, l’altération des roches de la croûte terrestre… absorbent environ 800 Gt/an (milliards de tonnes par an) de CO2. La décomposition des végétaux et des forêts, le relâchement de CO2 par les eaux chaudes, la respiration, le volcanisme… dégagent environ 800 Gt/an de CO2 par an, ce qui fait que la teneur « hors effet anthropique » est globalement stable depuis au moins 20 000 ans, sauf temporairement pour causes d’évènements exceptionnels (éruption volcanique majeure…). La conquête des continents par Homo sapiens commence en Afrique, entre – 120 000 et – 60 000 ans, et s’achève autour de – 15 000 ans en Amérique, dernière terre colonisée par notre espèce. Ce qui correspond avec la hausse du co2 à des valeurs proches des nôtres avec 280 vpm et une température de +4° en Antarctique aux alentours de 0° actuellement pour 400 vpm de co2 (280vpm c’était la valeur de 1850). Svante Arrhenius, en 1896, s’inquiétait déjà des effets de la combustion du charbon qui devenait importante en cette fin de XIXème siècle. Il a calculé, avec la physique et les données de l’époque, que doubler la teneur en CO2 atmosphérique entraînerait une augmentation de la température terrestre de 5°C. Faute de pouvoir modéliser les valeurs des causes naturelles de second ordre (variation de l’activité solaire, éruption volcanique majeure…) l’écart constaté n’est « que  » de 1°; le grand savant prix Nobel de chimie de 1903 « en reconnaissance des services extraordinaires qu’il a rendus à l’avancement de la chimie par sa théorie sur la dissociation électrolytique » s’est considérablement planté . Ces causes naturelles de second ordre sont souvent ignorées par certains (les « ayatollahs verts »), amplifiées et exacerbées par d’autres (les climato-négationnistes).

    Derrière toutes les croyances sur la température de notre planète se cachent les valeurs philosophiques et religieuses du « croissez et multipliez » des religions monothéistes qui se heurtent avec les réalités. Bien entendu les intérêts économiques qui s’opposent dans les 2 clans sont à la manœuvre chacun tirant la couverture médiatique à soi dans le but non avoué des profits.

    La présence de l’homme sur la planète ne peut perdurer indéfiniment, comme toutes les espèces qui nous ont précédées notre sort reste apparition, croissance, décroissance et disparition … Ainsi va la vie!
    Bonne journée

    https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/serre-carbone-climat-FT2015.xml

    1. J.J.

      Effectivement la tendance à un réchauffement de la température terrestre ne date pas d’aujourd’hui : j’ai un souvenir personnel qui m’avait (déjà !) donné à réfléchir : une illustration dans mon livre de sciences nat. de 5 ème , (qui ne s’appelaient pas encore SVT) représentant le glacier du saint Gothard, et un refuge dont il était dit qu’il était à environ 150 du glacier, alors que quelques années plus tôt, il se trouvait au pied. S’il existe encore, à quelle distance doit il se trouver maintenant ?
      Une autre gravure représentait un « bloc erratique », une moraine glaciaire, « le Gros Caillou » découverte lors de travaux à Lyon, emplacement qui se trouvait, il y a fort longtemps sous les glaciers des Alpes (Riss).

      1. J.J.

        Erratum : 150 mètres du glacier

  3. Alain.e

    Encore un sujet , ou je ne comprends pas grand chose et avoue une belle ignorance .
    Je vous remercie donc pour ces éclairages qui rallument un peu ma lumière .
    Ayant essentiellement soif de connaissances , je pense ne pas trop me déshydrater malgré le réchauffement climatique .
    Certains vont crier , se rebeller contre ce réchauffement à priori inéluctable, pas moi , je pense comme Auguste Derrière que  » les mots rendent les cris vains  » , et je l’ écris devant vous silencieusement .
    Et puis on ne dit pas  » gaz à effet de cerf , mais Bambi a pété  »
    Cordialement.

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