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Vous reprendrez bien un petit milliard au dessert ?

Une nouvelle semaine s’ouvre. Elle n’aura rien d’exceptionnel car les précédentes ont largement ressemblé à celles de la période des cadeaux de fin d’année. Une pluie de milliards ruisselle sur le pays. Les annonces se succèdent à un rythme accéléré. Président, Première des Ministres, Ministres ordinaires : les crédits à effet plus ou moins différé, tentent de boucher les trous de la défiance comme si le fric pouvait tout effacer. Il semble que le résultat ne soit pas à la hauteur des sommes lancées dans les médias. Le 26 septembre 2022, le Grand Argentier du pays avait pourtant été ferme et définitif ;

Bruno Le Maire avait en effet affirmé devant des journalistes que « la France est à l’euro près »« Je veux tracer une ligne rouge », a-t-il dit. « Aucune nouvelle dépense » ne pourra être introduite au cours du débat parlementaire si elle n’est pas « financée à l’euro près ». Le budget 2023 prévoit 480,3 milliards d’euros de dépenses, déjà en hausse de 21,7 milliards d’euros par rapport à 2022. « Nous accueillerons donc les propositions d’économies avec le plus grand intérêt, les nouveaux impôts avec méfiance et les dépenses nouvelles avec circonspection », avait-il ajouté. Encore une déclaration intempestive. A moins que ce soit une rodomontade supplémentaire. Depuis c’est le loto des annonces !

Le 5 mai dernier le plan vélo était lancé avec faste et enthousiasme. Enfin ! Par expérience (j’ai été Président d club des Ville set territoires cyclables) je sais fort bien que les aides promises sur 5 ans seront ajustables chaque année et qu’en 2027 (pourquoi cette date?) les deux milliards ne seront pas consommés. Ces crédits constituent des aides nécessitant que les collectivités locales investissent dans ce secteur et ça ce n’est pas évident. Mais bon acceptons la somme annoncée de 500 millions par an à partir de… 2024 ! 

A cette manne vélocipédique il faut ajouter les augmentations des enseignants chiffrées selon les engagements de ces derniers, à deux autres « petits » milliards en année pleine. Le Ministre de l’Éducation a certes assorti une part de ce rab salarial de conditions qui sont loin de faire l’unanimité mais les crédits seront affirme-t-il disponibles Le Président a surenchéri avec la paiement des stages en entreprise pour les élèves de lycées professionnels, ce qui donne un milliard de plus au palmarès de la distribution.

Un bémol cependant car sur 2023 ces mesures ne s’appliqueront que sur quatre mois durant lesquels il n’y aura qu’une seule période de travail scolaire. C’est le même constat pour les primes aux enseignants. Tout va donc s’appliquer à taux plein en 2024. Il avait été question auparavant de 500 millions de plus dans la corbeille des étudiants boursiers. Pour l’accessibilité des lieux publics une petite goutte présidentielle de 2 milliards serait ajouté aux subventions habituelles !

Dans les prochains jours la réforme du RSA sera probablement chiffrée car elle reste encore très floue. Si l’on regarde de plus près les mesures souhaitées pour l’insertion la dépense se situe aux environs de 2,5 milliards. Là encore on attend de savoir qui va payer puisque ce domaine de compétence relève des départements dont les budgets sont muselés par l’octroi de dotations de compensation à leur privation d’autonomie de gestion. Rien ou presque ne se fera sur 2023 mais la facture arrivera l’an prochain… alors qu’il faudra probablement que les collectivités locales se serrent la ceinture.

Le Ministre de la justice ne voulait pas être en reste et sur 2023 il a lancé le chiffre de 1,4 milliard pour tenter de rattraper le retard accumulé. Mais là attention c’est sur le seul exercice 2023. Tout le monde sait que l’inertie est telle que ce supplément ne sera certainement pas consommé. La loi de programmation elle s’étale sur quatre ans et sera régulée par les services qui pourront lancer ou retenir les opérations prévus selon un rythme compatible avec les crédits réellement disponibles. On en sera loin en 2024 !

La Première des Ministres avait été la plus chiche de ces dernières semaines. Au total, les mesures pour augmenter les guichets de réceptions en faveur de l’établissement des passeprots représenteront 100 millions d’euros de soutien « pérenne » de l’État aux collectivités. Elle a souhaité « rassurer » les maires sur « le fait qu’ils puissent recruter des agents » pour ces nouveaux rendez-vous et augmentent ainsi leurs dépenses de personnel. Il leur sera difficile de le faire (sauf pour les communes les plus riches) et donc il a fort à parier qu’il y aura du décalage entre le discours et la réalité. Chiche ! 

Un bref calcul, si tous les crédits sont consommés (ce qui relèverait du miracle) en 2023 on atteindrait seulement une dépense supplémentaire de 1,7 milliard. Le total des décisions diffusées lors de discours thématiques ciblés dépasserait en revanche les 12 milliards en année pleine sur la fin du quinquennat. Comme une baisse (de plus en plus hypothétique!) des impôts sur le revenu des classes moyennes a été évoquée par le préposé au budget, les recettes ne peuvent progresser que par les taxes à la consommation.

On attend encore cette semaine d’autres annonces aussi généreuses… Et pendant ce temps les taux d’intérêt de la dette augmentent et les marges de manœuvre diminuent sauf à savoir à l’avance que les « promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » les bénéficiaires potentiels ne doivent pas rêver. « A l’euro près » avait-il dit ! vous vous souvenez.

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Tout cela m’évoque un mot que notre maître de 7ème nous répétait souvent en évoquant la fin de l’ancien régime : Banqueroute.
    Et l’attitude bornée(sic) du pouvoir face à l’indignation du peuple rappelle aussi que faute de pain on ne trouve pas forcément à manger de la brioche.
    Impression renforcée hier par la vue des Champs Élysées sinistrement désertifiés : une pseudo commémoration à huis clos, coupée des citoyens, évoquant le pire des états totalitaires, engendrant un profond malaise.
    Je regardais, non que ces pantomimes auxquelles j’ai eu l’occasion de participer, aient quelque intérêt pour moi,(on peut et on doit célébrer la fin de la guerre et en honorer les victimes de manière plus consensuelle et moins ostentatoire) mais je voulais voir jusqu’où ils oseraient aller.
    Mon désolant constat effectué, je me suis empressé d’éteindre les étranges lucarnes.

  2. christian grené

    M’sieur, j’suis tellement d’accord avec vous. Maintenant, j’aimerais bien un petit millas du Sud-Ouest pour mon quatre heures à l’école. J’en garderai un morceau pour le dessert à la maison.

  3. facon jf

    Bonjour,
    la fête est finie c’est maintenant l’heure des corvées pour tout remettre au propre, bien sûr il y aura quelques restes à se partager en échange.
    Le top de la valse des capitaux revient à nos amis grecs avec 171 % du PIB , puis l’Italie avec 144 % , Espagne et Portugal à 113 % et nous voici avec nos presque 112% suivi par la Belgique à 105%.
    La crise économique mondiale de 2008 trouve la Grèce handicapée par un fort endettement (environ 177 % du PIB fin 2014) et un fort déficit budgétaire (plus de 13 % du PIB).
    Le 23 avril 2010, la Grèce requiert l’aide du FMI et de l’UEM. Après négociation un accord est trouvé le 2 mai 2010. Athènes obtient des crédits de l’Union européenne et du FMI à hauteur de 110 milliards d’euros sur trois ans (80 milliards d’euros prêtés par les pays de la zone euro et 30 milliards par le FMI).
    En contrepartie, la Grèce prend une série de mesures dont l’application sera étroitement surveillé par les bailleurs de fonds. Parmi les mesures faisant partie de l’accord, nous pouvons citer :
    la suppression des 13e et 14e mois dans la fonction publique compensée par une prime annuelle de 1 000 euros pour les fonctionnaires gagnant moins de 3 000 euros et gel des salaires des fonctionnaires pendant trois ans ;
    si le treizième mois est maintenu dans le secteur privé, la flexibilité du marché du travail sera renforcée;
    la durée de cotisations retraites sera portée de 37 annuités à 40 annuités en 2015 ;
    nouvelle hausse de la TVA qui doit être portée à 23 %.
    Toutes ces mesures se sont avérées insuffisantes et dès 2015, le gouvernement Tsipras II a poursuivi les mesures d’austérité exigées par les créanciers. Un premier plan d’austérité est voté en octobre 2015. L’âge de départ à la retraite est repoussé à 67 ans et ce rétroactivement. Des coupes supplémentaires sont effectuées dans les retraites des fonctionnaires qui diminuent en moyenne de 10 %. Enfin un fonds chargé de financer les retraites complémentaires est supprimé. Un second plan a été décidé en mai 2016. Les retraites sont de nouveau baissées. La TVA passe de 23 à 24 %, les taxations sur les carburants sont augmentées, et des taxes sur les cafés et cigarettes électroniques sont créées.
    Les causes de cette catastrophe sont bien identifiées la classe politique a été très longtemps marquée par le népotisme et l’existence de dynasties politiques qui pratiquent assidûment corruption et clientélisme. Avec l’entrée dans l’Union européenne le déferlement de milliards d’euros des fonds européens favorise la corruption. C’est alors que le clientélisme entre en jeu avec le recrutement de milliers de fonctionnaires… La dette explose et ses déficits aussi. La pratique des dessous de table en grec « fakelaki » est omniprésente y compris dans le domaine médical . Selon Attac, les autorités grecques ont surtout diminué les impôts des plus riches. Le taux d’imposition est passé de 42 % avant l’entrée dans l’UE pour immédiatement baisser dès l’entrée dans l’euro, au travers de dispositifs fiscaux allégeant la charge sur les classes les plus aisées (réduction des droits de succession, diminution par deux fois des taux d’imposition sur le revenu et décrété trois lois d’amnistie fiscale pour les fraudeurs), faisant baisser le taux d’imposition à 38 % du PIB ; si le taux avait été constant la dette n’aurait atteint que 86 % du PIB.
    Dès 2004, des analystes grecs s’inquiétaient du coût et des emprunts causés par l’organisation des jeux olympiques à Athènes. Ainsi, le journaliste Filippos Syriagos s’alarmait du « cycle infernal qui consiste à recourir, chaque fois, à de nouveaux emprunts, à gaspiller des montagnes d’argent dans des investissements complètement improductifs comme les installations sportives ou sécuritaires ». Les forces armées grecques sont surdimensionnées par rapport aux capacités du pays ce qui grève son budget et donc sa dette depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
    Selon un rapport de l’institut Hans Böckler, depuis le début de la crise les impôts ont augmenté de 337 % pour les plus pauvres contre seulement 9 % pour les plus riches, et les 10 % les plus pauvres ont perdu en moyenne 86 % de leurs revenus, contre 17 à 20 % pour les 30 % les plus riches.
    ET TOUT ÇA POUR PASSER L’ENDETTEMENT DE 177 % À 171 % !!!!

    Toutes les comparaisons entre notre pays et la Grèce ne peut relever que du pur complotisme …
    Et pourtant, « Faire la différence entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne le sont pas » : Meloni réforme les aides sociales en Italie
    Le « revenu de citoyenneté » devrait être supprimé au profit d’un « chèque d’inclusion » réservé aux familles composées de personnes présentant un handicap, de mineurs ou de plus de 60 ans.

    Les gouvernements européens vous expliqueront qu’il faut bien payer la dette !
    Et pour payer les dettes accumulées, il n’y a pas de secret, il faut baisser les dépenses.
    C’est sous cet angle qu’il faut également voir et comprendre la dégradation par l’agence Fitch de la France.
    Tous ceux qui dépendent de la dépense publique, qu’ils soient fonctionnaires, retraités, bénéficiaires des minimas sociaux, chômeurs, ou autres sont dans le collimateur des grands argentiers car la recette grecque nous sera bientôt appliquée.

    Bonne soirée

  4. LAVIGNE Maria

    Doucement, la dictature s’installe ! Mais pour faire oublier ou tenter de faire oublier leurs frasques, ils arrosent les uns, les autres en faisant payer le contribuable. Ne pas oublier la prime pour l’emploi payée avec nos impôts pour ne pas faire supporter la hausse des salaires par les employeurs et maintenant ils veulent payer les stages en entreprise avec nos impôts, ainsi la main d’oeuvre sera gratuite et les gratifications prises en charge par nous tous. Pauvres lycées professionnels !!!
    Tout n’est pas à jeter aux orties, pour les fraudeurs, du travail d’intérêt général. j’attends avec impatience de voir nos ministres, grands élus, passer la serpillère ou repeindre les cages d’escaliers des immeubles publics, des prisons…là, je rêve

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