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Le pet libre fait l’homme libéré

Les prestations du pétomane ont au début du siècle dernier attiré les foules. Imaginons un instant qu’un individu se tenant cul par-dessus tête avec le fond de son expédie dans l’air d’une salle une série de flatulences lui permettant d’évoquer « au clair de la lune » avec une flûte idéalement placée. Cet artiste exceptionnel ayant découvert par hasard sa capacité à absorber de l’eau par son anus avant de le renvoyer en contractant ses abdominaux dans le public connut une célébrité exceptionnelle. Après ses débuts sur les planches des cafés ou bistrots il se produisit au Moulin rouge durant la Belle Epoque. Un lieu prédestiné pour l’action des vents.

En fait, Joseph Pujol participa activement par son récital rodé préalablement lors de tournées provinciales dont l’une passa par Bordeaux au lancement d’un cabaret tout nouveau sur le site de Montmartre. Il avait du gaz le Marseillais mais il savait parfaitement le maîtriser. Aucun accent et une adresse pour pousser le chansonnette anale lui valurent à son lieu d’accueil un succès digne des stars de l’époque. Il se dit qu’il était largement mieux payé que l’exigeante Sarah Bernhardt . La foule s’entassait sans risques dans la salle où il se produisait puisque son récital était absolument sans odeur, sans couleur et sans autre saveur que celle de déchaîner le rires d’un public conquis.

Il n’interprétait pas « prout-prout » en chanteur d‘opérette mais grâce à un tuyau d’éjection des gaz vers un ocarina il ne manquait pas d’air en déclinant la Marseillaise et « O Sole Mio ».  Le clou de son spectacle résidait dans l’extinction de la flamme d’une bougie placée à plusieurs mètres. Le pétomane avait la capacité de péter plus haut que son cul, ce qui est devenu un comportement très répandu dans la société actuelle. Il avait bon fond puisqu’au faite de sa gloire Joseph Pujol fit une infidélité au moulin rouge et il en partit alors qu’il y avait attiré toutes les têtes couronnées européennes.

Il quitta le cabaret sur une réplique à la Audiard : « je péterai peut-être moins haut, mais librement » ce qui se traduisit par de longs périples passant par la Belgique, l’Espagne et toutes les villes de Province. Sa célébrité ne lui fit jamais péter les plombs mais lorsque la première guerre mondiale éclata il se retira et ne remonta jamais sur scène. Malgré le coté incongru de ses prestations « artistiques » il ne fut jamais vulgaire et il réussit même à donner à son numéro une certaine poésie. Rien de graveleux. Rien de vulgaire. Il exploitait simplement un don de la nature avant de revenir à son métier d’origine celui de boulanger. Pujol était un aristo du pet !

Il faudra attendre la sortie de « La Soupe aux choux » inspiré par le roman désopilant de Roger Fallet pour qu’une œuvre exploite les vocalises intestinales brutes pour provoquer l’hilarité des spectateurs. « Le Glaude » et « Le Bombé » se lancent en effet dans un duo sur un banc d’essai particulièrement réussi. Jean Carmet dégaine un solo langoureux et modulé qui provoque une réplique nerveuse de louis de Funés. Cette tirade d’opéra bouffe sous les étoiles déchaîne la réprimande du ciel ! Le pet gras, lourd, chargé, diamant brut de la cuisine campagnarde trouva une place de choix rabelaisienne sur un écran de cinéma. Il a cependant mauvaise réputation.

Le vrai bonheur réside pourtant seul dans la nature à ne pas retenir un gaz encombrant. Une forme de pied de nez aux convenances, une tendance à se comporter en anar ou en contestataire avéré donnent une sensation inestimable de liberté. La rétention ou la délivrance fine et discrète d’une flatulence arrivant toujours au mauvais moment ne procure absolument pas la même jouissance. Il ne faut pas abuser de sa propension à mettre un pet après l’autre sur son chemin ou alors il est indispensable de pratiquer l’art du déni.

Un homme totalement pété ou péteur impénitent a été licencié de son entreprise car sa propension à se servir des ses vents comme gaz asphyxiants a été jugée en appel « incompatible avec l’exercice de ses fonctions » de directeur commercial, ainsi que traduisant un « manque total de bienséance, de tenue en société et surtout d’hygiène ». L’affaire n’a pas fait grand bruit. Elle a cependant l’allure de guerres intestines au sein de la boite où évoluait ce cadre pétomane paraissant pas en odeur de sainteté. Un siècle d’évolution entre le Moulin Rouge et le monde actuel résumé par un jugement des plus sérieux.

Surtout ne laissez jamais prospérer un pet de travers. Il vous gâcherait la vie. Mais rappelez vous d’un principe simple : les pets c’est comme les gosses on ne supporte que les siens. Alors jouez au promeneur solitaire pour lâcher du lest surtout si vous êtes pète-sec !

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    « Ainsi en emporte le vent » …mais pas de quoi en faire tourner les éoliennes.

  2. Laure Garralaga Lataste

    En voilà un, au moins, qui ne se prenait pas pour « Dieu des pets »… !

  3. christian grené

    Dans ce domaine, je préfère les films de cape et de pets.

  4. Alain.e

    Un sujet qui ne sent pas bon , assurément , il me semble que Tolstoï avait théorisé sur cela …
    il avait écrit un livre guerre épais , puis un second , guerre et pets .
    il avait finalement convenu que les pets tard était toujours les plus bruyants .
    La Russie et le gaz, un problème récurrent …
    Cordialement.

  5. Alain Montanguon

    Hilarant! Comme le gaz
    La Roue (pète) libre comme le vent

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