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Le contributeur consommateur supplante le contribuable citoyen

Le jeudi 1° juin dans le cadre des rencontres effectuées par Gironde citoyenne association unitaire, indépendante, démocratique et laïque tournée vers l’éducation aussi populaire que possible autour du civisme j’animerai une réflexion sur le basculement du fonctionnement social. Alors que les générations du siècle dernier ont déployé beaucoup d’efforts pour que la République soit construite autour d’une élévation de la citoyenneté, celles qui sont au pouvoir font le maximum pour que les consommateurs deviennent les artisans du développement démocratique. Jamais on n’est allé aussi loin dans ce domaine.

Les privatisations de quasiment tous les services publics ont conduit l’essentiel de la population a développé une notion dangereuse : « je paye donc je veux un résultat conforme à mes souhaits et instantané ». Désormais l’accès repose essentiellement sur la capacité à le financer puisque depuis des années il n’y a plus de réponses à la hauteur de besoins. La santé, l’éducation, l’énergie, la mobilité, la sécurité et bien d’autres domaines du quotidien ne reposent plus sur les valeurs républicaines d’égalité et de liberté. Les crises successives de ces dernières années ont mis en évidence l’insuffisance de la réponse publique. Dans le domaine de l’énergie par exemple le constat est patent puisque avec 9,4 milliards le gouvernement a décidé de renationaliser EDF !

Le concept de la capacité de la collectivité à répondre à toutes les défaillances des vies individuelles se développe. L’exigence de celle ou celui qui en veut pour son argent génère de plus en plus de difficultés passant de l’agressivité pour aller jusqu’à la violence verbale et physique. Les enseignants de tous niveaux, les sapeurs-pompiers en mission, les personnels de santé, les élus de terrain, les détenteurs d’un pouvoir réel ou supposé font face à des « clients » exigeants. Ils ont une obligation de résultat : « avec ce que je paie comme impôt, je m’attendais à autre chose ! ».

Trop souvent cette remarque n’émane pas des plus précaires, des plus fragiles, des plus modestes ! Eux sont résignés. N’ayant aucune conscience et pire aucune connaissance du fonctionnement des services auxquels ils s’adressent ou le sachant mais faisant semblant de ne pas le savoir les « contri-consomateurs » exploitent par contre tous les leviers pour obtenir ce qu’ils veulent. Nous ne cherchons pas à comprendre, on dézingue le système ! On consomme du politique. On consomme de l’associatif. On consomme de la solidarité. On exige la gratuité. On se pare dans la liberté. On se rue sur les poncifs soufflés par les extrêmes si on obtient pas ce que l’on estime être un dû ! Les agressions ne sont pas prêtes de diminuer ! Surtout quand on réponde à la violence par encore plus de violence.

Le niveau de consommation sert à évaluer la réussite des politiques. Le citoyen doit accepter une fiscalité directe équitable afin de financer les services qu’ils réclament. Il n’en est rien. Les récentes réformes ont sciemment tué le rapport entre la participation financière solidaire de chacun à la réponse aux besoins. Le leitmotiv simpliste qui a permis des succès électoraux (il faut baisser les impôts !) devient extrêmement dangereux pour la démocratie. Une proposition démagogique puisque seuls 44% des foyers paient l’impôt sur le revenu… Quelques millions de foyers émargent par exemple dans la tranche à 11% du barème, mais le jeu des crédits et réductions d’impôt, et de la décote amenuisant ou supprimant l’impôt des classes moyennes, sortent de nombreux foyers du panel d’assujettis.

Par contre plus de 200 taxes totalement inconnues et inévitables car elles ne bénéficient pas de réduction possible ponctionnent absolument tous les actes de consommation. Baisser les « impôts directs » avait pour arrière-pensée habile d’offrir une opportunité supplémentaire de dépenses soumises aux taxations comme la TVA ! En 2022 on atteint quasiment 5 milliards de recettes supplémentaires. Toutes les taxes rapportent toujours plus avec l’inflation et un bilan technique permettrait de démontrer que si le contribuable a l’impression d’avoir gagné d’une main, le consommateur ne cesse de perdre de l’autre main. Et le gouvernement se retrouve en fâcheuse posture puisque jamais les dépôts vers l’épargne n’ont été aussi élevés par manque de confiance dans l’avenir. Un douloureux manque à gagner.

On ne parle médiatiquement que de croissance pour sauver la patrie alors qu’elle ne repose quasiment sur la consommation qui alimente la production et souvent l’importation. On y ajoute le fameux Produit intérieur Brut (PIB) sans véritable signification et auquel personne ne comprend quoi que ce soit, les indices divers et variés de l’INSEE et on ressasse à l’envi que l’économie, c’est çà dire la loi du marché constitue la priorité politique absolue. Résultat sous l’influence croissante des médias nous surconsommons avec la bénédiction d’un pouvoir qui prétend lutter contre le réchauffement climatique. Je sens que je vais me régaler à Saint Vivien de Médoc.

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    « Dans le domaine de l’énergie par exemple le constat est patent puisque avec 9,4 milliards le gouvernement a décidé de renationaliser EDF ! »
    Une partie seulement : celle dont les déficits possibles seront à la charge du contribuable.
    Celle qui a des chances de « rapporter » sera toujours privée …selon le bon principe : mutualiser les dépense, privatiser les revenus.

  2. facon jf

    Bonjour,
    La prise de conscience est lente et on peut parier qu’elle interviendra trop tard pour inverser la tendance.
    Le but final sera bientôt atteint ( comme la tarte du même nom), un monde basé sur les lois du marché dont la main invisible tiendra la laisse des citoyens devenus de vulgaires consommateurs … Un monde où tout devient marchandise à commencer par l’eau bien indispensable à la vie. Un bien dont le prix est misérablement dérisoire alors qu’il pourrait rapporter des sommes gigantesques à ceux qui sauront l’accaparer. La titanesque opération de communication sur la sécheresse avec sa charge émotionnelle décuplée par les merdias déferle sur la France. Il pleut 512 milliards de m3 sur notre pays chaque année (statistique officielle ) nous utilisons 32 milliards d’eau brute qui dans sa plus grande proportion 16 milliards de m3 ne fait qu’entrer et ressortir avec quelques degrés supplémentaires des centrales nucléaires. La production d’eau potable c’est 5,4 milliards de m3 soit un peu plus de 1% de l’eau de pluie récoltée sur le territoire.
    Je pense que nous subissons une attaque virulente de FdG destinée à servir 2 objectifs masquer 50 années d’incuries gouvernementales et obtenir le consentement des consommateurs à l’augmentation énorme du prix de l’eau.
    Pourquoi ne pas avoir interconnecté les réseaux d’eau potable il y a 50 ans ? Je vous laisse échafauder les réponses qui tiennent en 2 mots où le mot essentiel est pognon.
    Les consommations agricoles et industrielles représentent 5.5 milliards de m3 mais elles sont de loin les plus polluantes pour les nappes.
    Pourquoi ne pas protéger mieux les eaux rejetées qui polluent une ressource essentielle ?
    Je vous laisse échafauder les réponses qui tiennent en 2 mots où le mot essentiel est pognon.
    Les lois du marché que l’on modèle dans le sens que l’on souhaite lorsque l’on a le pouvoir! Je prend 2 exemples le fret SNCF que l’UE veut tuer et l’éolien que l’UE pousse dans le sens souhaité par nos « amis » Teutons.
    Les contradictions sont si visibles qu’il va falloir être un contorsionniste circassien pour réussir à suivre le raisonnement de la concurrence libre et non faussée.
    Ne perdons pas de vue que tuer le fret ferroviaire représente une mine de profits pour le transport routier au mépris de la facture environnementale. Les camions électriques pour l’international c’est pas pour après-demain. 7 cellules de batteries pour 340 km d’autonomie données constructeurs, je vous dit pas le temps de charge et ce que ça représente en coût d’immobilisation.
    Pour l’éolien la question est complexe ce qui est bien utile pour dissimuler la montagne de milliards pris dans la poche des contribuables / consommateurs pour alimenter la mine de profit poussée par le vent et je vous laisse deviner qui manipule l’opinion.
    Pour ceux que ça intéresse l’essentiel est ici:
    https://politiquemagazine.fr/france/le-scandale-de-leolien/

    « Rigolez pas, c’est avec votre pognon !  » et aussi  » Français, française, cette année, c’était très bien ! Le pays va mieux que l’année prochaine ! » Coluche

    Bonne journée

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