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Le pari risqué de JO qui ne sont pas en forme olympique

Même si j’ai horreur des références à un Pierre de Coubertin aux positions très ambiguës dans le cours de l’histoire, il me faut débuter, à propos des Jeux Olympiques de Paris : «  l’important c’est que nous ayons participé ! » Tout permet de penser que la France ne sortira pas indemne de cette aventure marquée par les problèmes d’une époque : la situation financière du pays, la violence montante, le coût pharaonique, le poids des événements géopolitiques, l’échec de l’appel aux bénévoles, le prix de l’accueil pour les visiteurs, la menace de mouvements sociaux, le tarif et la pagaille dans l’attribution des places, une sécurisation quasiment impossible et maintenant les querelles dramatiques au sein du mouvement sportif ayant en charge une part de l’organisation. Si l’on ajoute le bashing anti-ville de Paris le tableau est moins joyeux que prévu.

Le rendez-vous des JO risque bel et bien de tourner au cauchemar. Précédé par une Coupe du Monde de Rugby marquée par le scandale de la fédération Française et ses errements de gestion autocratique dont on ne mesurera l’impact que quand tout sera terminé, ce rendez-vous essentiellement commercial ressemble à un château de cartes. La France dégradée de son statut de puissance mondiale n’a plus les moyens de ce qui furent ses ambitions. Le coût ne cesse d’évoluer alors que 2024 sera l’année la plus dure sur le plan des finances publiques avec malgré les incantations de Bercy, un risque élevé de récession et une véritable crises des recettes.

Pour le moment le budget du comité d’organisation (Cojo), repose sur les recettes de billetterie, celles des sponsors et une contribution du Comité international olympique (CIO). À 96% d’origine privé, il est passé à 4,4 milliards d’euros fin 2022, une hausse de 10% à moitié due à l’inflation. Il a gonflé de 600 millions d’euros depuis 2018…Il faudra d’une manière ou une autre trouvé des ressources complémentaires dans le contexte d’une économie dégradée. De l’autre côté, la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), qui construit le village olympique notamment, a elle un budget autour de 4,4 milliards d’euros dont 1,710 milliard d’argent public (Etat et collectivités). Mais, en réalité cette somme totale de 8,8 milliards ne comprend pas toute une série de coûts.

Le plus gros budget qui sera entièrement à la charge de l’État sera celui de la sécurisation des sites et du public. Pour les forces de sécurité publique, un « premier chiffrage » cité dans un pré-rapport de la Cour des comptes à l’été 2022 évoque « 419 millions d’euros ». Mais ce chiffre pourrait bien grossir car le dispositif n’est pas encore calé. La réputation française a été altérée par l’épisode de la finale de la Coupe d’Europe des clubs en mai 2022 et rien n’est encore vraiment prêt pour les autres événements qui se dérouleront d’ici là. Le CIO a regardé avec angoisse les opérations de maintien de l’ordre des deniers mois et doute discrètement de la capacité à gérer des manifestations d’hostilité.

Il a été en plus affolé par les déclarations du Ministre de l’Intérieur qui est allé à New-York caisse de résonance mondiale visant à demander la main secourable des USA : « On est venu leur rappeler que pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite et que la collaboration antiterroriste entre services de renseignement est absolument indispensable » Un aveu d’impuissance ou au minimum d’inquiétude. On va acheter des drones en quantité incroyable et il va falloir former à la hâte des dizaines de personnels. A ce stade, l’État, dans le documents budgétaires 2023, calcule en cumulé 2,166 milliards d’euros de dépenses publiques pour les JO, dont 1,157 milliard d’euros pour l’État. L’addition va grimper / c’est une certitude !

Dans un tel contexte le Comité national olympique et sportif français a implosé. Pour avoir siégé durant quelques temps au sein du conseil national du sport et avoir été associé à certaines réunions au Ministère des Sports alors que le Ministre s’appelait Douillet j’ai pu « apprécier » la personnalité de Massiglia, l’ancien Président. Le CNOSF n’a rien à envier au monde politique avec ses alliances, ses trahisons, ses querelles personnelles, ses magouilles, sa gestion débridée, son éloignement du sport et ses rapports avec le pouvoir faits de menaces et de chantages. « Tu n’oublies pas j’espère qui t’a payé durant des années ! » avait lancé au Ministre Douillet, Massiglia mécontent d’une position du Ministre. Une scène surréaliste démontrant la réalité du personnage. Il a dézingué sa remplaçante pas assez soumise à sa haute autorité et surtout qui a revendiqué un droit d’inventaire.

Le Comité international olympique a pris un nouveau coup au moral et à haussé le ton. Le Ministère fait profil bas. Le comité d’organisation s’affole. Tout le monde se demande de quoi demain sera fait…

Cet article a 6 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    Lorsque j’étais jeune, je me disais que quand je serais à la retraite, j’irais voir les JO!
    Parvenu à la retraite, l’évolution de cette mascarade géante m’en a dissuadé…
    Et ce n’est pas 2024 qui va me faire changer d’avis.
    Je te rejoins sur tous les points que tu évoques et c’est bien à de multiples déconvenues auxquelles il faut s’attendre l’année prochaine.
    Mais le con-sommateur con-tributeur paiera la note, comme d’habitude.
    Allez, bonne journée quand même.

  2. christian grené

    Moi non plus, Gilou, je n’ai rien à ajouter au constat de Jean-Marie, et c’est bien que tu sois venu pour l’étayer. Le peuple veut du pain et nos élu(e) n’ont que « Je » à la bouche!

  3. Alain.e

    L’ important étant de participer , je serais normalement aux JO pour voire du tennis de table et du volley Ball , et peut être aussi la cérémonie d’ ouverture et je ferais le bilan après .
    comme j’ étais en Octobre 1990 au concert de Tina Turner à la patinoire de Bordeaux avec un billet d’ entré à 170 Francs et le bilan était très positif , malgré un retard sur l’ horaire , énergie phénoménale , puissance vocale , danse inimitable , la vie de cette femme , un exemple de résilience ….
    Je concède que le marasme actuel ne prête pas à l’ optimisme pour les JO comme pour beaucoup d’ autres sujets , mais j’ ai envie de rester optimisme tout de même .
    Cordialement .

  4. J.J.

    Quel public va assister à ces jeux ? Il semble que les places à un prix raisonnable ne sont plus disponible depuis longtemps. J’ai vu un reportage dimanche soir à propos du logement des spectateurs potentiels. Si quelque loueur de B&B proposent des tarifs raisonnables, certains semblent complétement irréalistes. Une place à 1500 €, un chambre à 2000€ la nuit, qui aura les moyens ou l’audace de se payer ça ?
    Quelque rmiste fortuné peut être ?
    Je pressens le pire à propos de ces jeux, comme qui dirait une catastrophe annoncée.
    J’aimerais me tromper.

  5. Laure Garralaga Lataste

    @ à mon ami J.J.…
    Quand tu parles de « rmiste fortuné »… tu as bien raison d’utiliser le singulier… ! ! !
    Une question : pourquoi quand je tape rmiste mon ordi me propose infatigablement de le remplacer par « fumiste » ? !

  6. facon jf

    Bonjour,
    Une situation économique préoccupante avec la guerre non déclarée à l’est, des sanctions économiques qui saignent les comptes et les vies humaines sacrifiées , l’incertitude sur la réalité des coûts des JO aussi obscurs que les finances de l’Ukraine.
    Les organisateurs excluent souvent certaines dépenses comme le démontage des installations temporaires, le nettoyage des sites ou la sécurité à l’extérieur des enceintes, considérées comme hors du périmètre direct des Jeux.
    Pour les opposants aux JO, elles devraient au contraire être intégrées au budget, tout comme les dépenses pour finaliser les infrastructures dans les temps, qui gonflent systématiquement la facture. En moyenne, le budget réalisé est 2 à 3 fois supérieur au budget prévisionnel !
    Entre dépassements budgétaires et infrastructures à l’abandon, à l’image du nid d’oiseau de Pékin 2008, le bilan économique des précédentes Olympiades est globalement mauvais.
    Pour briller sur la scène internationale, le pays organisateur est souvent prêt à dépenser beaucoup, au risque parfois de déséquilibrer son économie, comme le Brésil avec Rio 2016.
    Pour le moment la priorité c’est de cacher les pauvres ( migrants, SDF, étudiants désargentés, titis Parigots …) qui font moches dans le décor.
    Les prix des places étant juste délirants je ferai comme à l’accoutumée… boycott !!

    bonne journée

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