Eté ou pas été : les tendances mouvantes du tourisme

Il faudra attendre encore deux ou trois semaines pour lire les analyses sur la fréquentation touristique estivale. De multiples repères entrent en jeu pour cette évaluation des retombées économiques puisque les évolutions sociales et sociétales deviennent de plus en plus rapides. Il devient impossible de prévoir la manière dont les individus ou les groupes planifient leurs vacances. Le contexte général de la liberté essentielle à la réussite de la période estivale se renforce avec des attitudes et des pratiques de plus en plus « élastiques ».

Les réservations s’effectuent par exemple tardivement avec la disparition de la notion de « préparation » très en amont de son séjour. Une clientèle reste très fidèle à l’histoire de ses congés. Le film « Camping Paradis » a caricaturé ces pratiques voulant que les « habitués » se retrouvent inlassablement dans le même lieu, avec les mêmes personnes et dans une ambiance qui les rassure. Désormais on parle d’hôtellerie de plein air tant la sédentarisation devient à la mode. Les campeurs adeptes de l’aventure quotidienne ou de la vie austère au plus près de la nature existent. L’itinérance pédestre ou cycliste a trouvé son public.

Les réseaux de chemins ou de pistes s’agrandit de jour en jour et offrent une diversité de déplacements qui est exploitée par toutes les générations. Le culte de la santé par l’activité physique a considérablement contribué à cette nouvelle approche des vacances. Peu chères et surtout réputées « utiles » ces « aventures » procurent en effet une sensation de dépassement de soi attirent des solitaires ou des groupes en quête de sensations fortes. La plupart de ces « péripatéticiens » du tourisme vont d’étape en étape avec des accueils réservés. A Créon des dizaines d’itinérants vélocipédiques passent chaque jour se hasardant pour quelques-uns d’entre eux vers le centre ville allant se ravitailler ou déjeuner. La « liberté » motive leur engagement sur de longues distances.

Une autre variante est apparue avec le phénomène des locations en ligne qui sont très loin d’être toutes répertoriées (qui filtre par exemple Le Bon coin?) comme celles de Aibrnb ou autres plateformes. La recherche du confort à moindre prix bat son plein. Incontestablement cette pratique comme celle du partage entre amis d’un lieu ou d’une opportunité d’hébergement modifient les paramètres estivaux.

D’autant que ce type de réservation s’effectue toute l’année car les « longues » périodes de départ vers des horizons dépaysants diminuent. La pension et même la demi-pension n’ont plus la cote. Libres de choisir leurs horaires et de confectionner leur repas les locations en ligne occupent désormais une place économique de choix avec en France plus de 500 000 propositions.

Les seuls à encore pratiquer les grandes vacances appartiennent aux retraités camping-caristes qui s’offrent des périples loin de leur domicile. L’été n’est pas leur saison préférée car ils estiment que leur recherche de la liberté est altérée par la normalisation de leur stationnement ou l’afflux d’autres visiteurs. Cette année le phénomène pourtant très ancien du « sur-tourisme » pour certains sites, villes ou destinations occupe le devant de l’actualité. Si la croissance constante des flux touristiques en France et dans le monde a un impact positif sur l’économie, elle a aussi des effets néfastes sur les territoires. 

Pour certaines destinations très prisées des voyageurs, il n’est donc plus question de développer le tourisme, mais plutôt de le limiter. D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 95% des touristes mondiaux visiteraient moins de 5% des terres émergéesÀ l’échelle de la France, c’est 80% de l’activité touristique qui se concentre sur 20% du territoire (calanques marseillaises, falaises d’Etretat, certaines plages bretonnes, le GR 20 en Corse, certains parcs nationaux comme celui de Port-Cros…). La menace se précise chaque année un peu plus. Les immenses paquebots de croisière qui se succèdent dans quelques villes célèbres accentuent le phénomène à Venise, Dubrovnik ou sur le pourtour méditerranéen. En 2023 la situation empire.

Selon les derniers chiffres de l’Observatoire des inégalités, 46 % des Français n’étaient pas partis à l’été 2022, un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis 2012 (si l’on excepte l’année 2021, où la crise du Covid avait tout bousculé : plus de la moitié des Français étaient restés chez eux). Les raisons pour ne pas partir en vacances sont avant tout financières : 46 % des Français qui abandonnent l’idée le font car le voyage coûte trop cher.

Les autres explications arrivent loin derrière : 16 % pour raisons de santé, 13 % par choix personnel, 9 % pour des raisons professionnelles, et 8 % pour raisons familiales. Il faudrait y ajouter les vacanciers qui vont simplement dans leur famille pour changer d’air et qui n’entrent pas sur le marché. L’été 2023 ne sera pas si chaud que ça pour les tiroirs-caisses.

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11 réponses à Eté ou pas été : les tendances mouvantes du tourisme

  1. christian grené dit :

    Bonjour à tou(te)s.
    Je retiens la conclusion: « L’été 2023 ne sera pas si chaud pour les tiroirs-caisses ». Voilà donc un endroit pour se protéger de la canicule. Comme qui dirait, un été à rosé!

    • Laure Garralaga Lataste dit :

      à mon ami christian…
      Toujours le bon mot pour… « à rosé nos étés… ! J’ignore s’il sera doux ou « caluroso…! » mais ce que je sais… c’est que nous veillerons à ce que notre été soit bien arrosé !

  2. J.J. dit :

    Il est normal que les centres d’accueil boboïsés avec piscines et gentils animateurs prennent le non d’hôtellerie de plein air et ne soient plus considérés comme « camping », laissant ce terme aux amateurs (il en existe encore) de la « canadienne », de la simplicité et et de la rusticité . « Youkaïdi, youkaïda. »

    Le phénomène « vacances » est aussi une aubaine pour les télés qui considèrent que touts les français sont partis ou partiront en villégiature, avec images de piscines animées et d’étalement de corps oints de crème solaire sur les plages, avec des interviouves d’une rare originalité, marronnier exploité généreusement.
    Le sujet (très peu porteur) des citoyens passant leur temps de congés à domicile, faute de moyens ou d’envie n’a à ma connaissance jamais été abordé, catégories sociales jugées probablement comme inexistantes.
    Cornet de glace et crème solaire sont les deux mamelles des actualités régionales (et parfois nationales).

    • Laure Garralaga Lataste dit :

      @ à mon ami J.J…
      Ce Jean… que je connais bien. Un homme de combat — nous avons ça en commun — et que je respecte, malgré nos différences.
      La vie n’est-elle pas agréable à vivre… parce que nous sommes différents… ?

  3. Philippe CONCHOU dit :

    Chaque année les intervenants du tourisme pleurnichent dans les médias fin juillet.
    Finalement courant septembre on nous annonce que la saison a été bonne voire très bonne.
    Tout cela n’est que du blabla journalistique

    • Laure Garralaga Lataste dit :

      @ à mon ami Philippe…
      Tu me fais penser à… ce pauvr’ paysan… jamais content qui toutes les nuits dormait « sur la toison d’or… ! »

  4. facon jf dit :

    bonjour,
    hors sujet bien sûr ! Et complotiste de surcroît … On se refait pas.
    Pendant les vacances les affaires continuent :
    https://www.vududroit.com/2023/07/la-france-en-mode-republique-bananiere-le-silence-obstine-de-la-justice/
    Profitez bien de la canicule et de la sécheresse qui provoque le mildiou !!!
    Comme la plupart des maladies cryptogamiques, l’apparition et la propagation du mildiou sont favorisées par la chaleur et l’humidité. De fait, votre potager est plus sensible lors des étés orageux, quand les températures oscillent autour des 20°c et que les plantes sont souvent arrosées par la pluie. Comme c’est bizarre du mildiou en temps de sécheresse ????
    Bonne journée

    • J.J. dit :

      Peut être une conséquence de l’emploi forcené de l’intelligence artificielle qui a provoqué des mutations chez les oomycétes ?
      La preuve que tout fout le camp, mon bon monsieur.

  5. Laure Garralaga Lataste dit :

    Je viens d’apprendre que Jean Ortiz nous a quitté… Un compagnon de lutte que ceux et celles qui l’ont connu n’oublieront pas…

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