Raffut (8) : le malus pour les équipes sans bonus

On commence dans l’entourage de l’équipe de France à serrer le cordon du short car contrairement à une idée reçue depuis la victoire heureuse contre les « Tout Noir » rien n’est joué pour la qualification. En conférence de presse Laurent Labit, l’entraîneur des Bleus a lui-même déclaré : «  Pour l’instant, on a fait une bonne seconde mi-temps contre la Nouvelle-Zélande et un match pas bon contre l’Uruguay. C’est trop peu. » Il a un peu aussi évoqué le calendrier qui n’est pas très favorable « puisque les deux premières rencontres étaient trop rapprochées obligeant à un maintien des cadres ». Ça sent la mis en place des bretelles au cas où…

La France va en effet jouer trois rencontres en moins de 15 jours et n’en auront qu’une seule avant un mois pour un éventuel quart de finale ! Il sera assez facile de faire récupérer tout le monde dans cette hypothèse. « On a toujours eu un plan, on le suit. On a d’un côté besoin de travailler mais on a aussi besoin de jouer. Il y a eu ce premier match contre la Nouvelle-Zélande qui générait des attentes et du stress depuis trois ans. Six jours plus tard, venait l’Uruguay. Après le match de la Namibie (jeudi à Marseille), on disposera de quinze jours avant le dernier match de poules contre l’Italie. Il est évident qu’un mois sans compétition, c’est pas idéal (…) »  Cette stratégie pourrait pourtant coûter très cher si les planètes s’alignent pour les Transalpins.

En effet la troupe même réputé aussi forte que celle qui avait débuté la Coupe du demi-monde n’a pas rempli son contrat face à l’Uruguay. Tout se jouera dans cette poule sur les bonus des uns et des autres. La qualification risque donc bel et bien de s’obtenir lors du match contre l’Italie le 6 octobre. Imaginons une défaite de la France contre l’Italie même avec le bonus défensif, pourrait être fatale. Dans le même temps, il faudrait que les All Blacks battent l’Italie, la Namibie et l’Uruguay avec le bonus offensif à chaque fois. Et que l’Italie s’impose contre l’Uruguay avec le bonus offensif, et domine le XV de France. Est-ce tellement irréaliste ?

L’Uruguay n’a pas pris de raclée face aux Bleus-bis et si les Italiens se démènent pour y parvenir il va falloir s’inquiéter. En effet ils peuvent obtenir 14 points comme la France et être seulement devancé d’une longueur par les « Néozed » qui obtiendrait 15 points avec seulement trois cartons pleins. Les Transalpins ont la possibilité de laisser filer car cette hypothèse les arrange. En effet via le bénéfice de sa victoire contre les Bleus, la Squadra Azzurra serait qualifiée, et éliminerait dans le même temps la bande de Galthié. On risque donc de regretter le manque d’inspiration et d’efficacité de la bande à Jjellonch.

Le 5 février dernier la France dans le Tournoi avait dû batailler ferme pour arracher à Rome un succès étriqué (24-29). Les Bleus ne s’étaient libérés qu’à treize minutes du coup de sifflet final avec un quatrième essai de Jalibert pour arracher le bonus offensif. Les Italiens connaissent par cœur le jeu d’adversaires avec lesquels ils évoluent dans le Top 14. ils ne seront pas faciles à battre s’il leur reste un espoir de se qualifier. Il faudra jouer comme si c’était déjà un match à élimination directe ce qui laissera pas mal de traces sir le résultat est obtenu au forceps.

Laurent Labit partage cette analyse quand il affirme dans l’Équipe : «  la situation reste la même : il faut battre l’Italie pour se qualifier. C’est ce qu’on a toujours envisagé. Le point de bonus, on ne le méritait pas contre l’Uruguay. » Il va donc d’abord falloir l’assurer face aux Namibiens car ce serait un véritable affront si ce n’était pas le cas. Les « Tout noir » l’ont capitalisé. Les Azzurri aussi. Ils l’obtiendront eux probablement contre l’Uruguay…Le tarif est désormais à quatre essais infligés à un adversaire moins résistant que les autres et la victoire ne suffit plus. Dans la phase finale il en ira tout autrement.

De tous les leaders de poule, la France a le plus faible total actuel avec 8 points derrière l’Angleterre (9), le Pays de Galles et l’Irlande (10). En fin de semaine, les chocs entre l’équipe du trèfle et l’Afrique du Sud, le Pays de Galles et l’Australie seront déjà décisifs ! En fait bizarrement ce sont les « petites » équipes qui par leur grinta et leur résistance qui font le classement. On risque par exemple de se souvenir du rôle de l’Uruguay dans la poule A, des Tonga (B), du Portugal (C) ou du Chili (D) : un exploit de leur part et tout bascule ! Une belle revanche pour eux !

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Raffut (7) : aux Fidji les virtuoses déménagent aussi les pianos

Il fallait bien qu’une surprise vienne pimenter les premières rencontres de la Coupe du demi-monde du rugby. Les Fidjiens ont renversé avec méthode et une farouche volonté des Australiens incapables de hausser leur niveau de jeu. Un peu moins brouillons qu’à leur habitude et surtout osant à bon escient, les barbus du Pacifique se sont mis les Wallabys dans la poche. Multipliant les offensives dès qu’un espace se présentait, témoignant d’un pragmatisme inédit et surtout affichant une solidité collective inédite ils ont allié audace et résistance collectives. C’est dans le fond le résultat de l’espoir pour ces équipes que l’on affirme incapables de renverser les pronostics.

Les Portugais auraient mérité un meilleur sort et même s’ils ont réussi à mettre les Gallois sur des « chardons ardents », ils ne sont jamais parvenus à tirer bénéfice de leur fougue. Les Lusitaniens évoluant pour la très grande majorité d’entre eux en Pro D 2, ont longtemps soutenu la comparaison avec des adversaires puissants mais dénués de toute imagination. Sans cesse à la relance, déployant une louable énergie pour tenir face à un quinze du poireau qui aura du mal à museler des Australiens déjà dos au mur.

Il manqué globalement aux Portugais la puissance car les cannes ils les avaient. Leur arrière Sousa Guedez, formé au rugby à sept a placé quelques banderilles qui étonnèrent des Gallois très conventionnels. L’impression que bien des équipes du Top 10 dont la France, laisse justement dans leurs actions. Ça respire la répétition, les enchaînements travaillés comme le font les bons élèves avec les tables de multiplication. Le rugby de l’hémisphère bord a un coté mécanique dont on se lasse très vite. La prise de risque, la folie loin d’être furieuse manque au jeu des collisions. Les Fidjiens ont réussi là où les Lusitaniens ont échoué.

Le Portugal a vite perdu ses complexes qui a paralysé les Chiliens et les Tongiens. Face à la machine irlandaise parfaitement rodée ces derniers n’ont jamais été en mesure de rivaliser même si Fifita en trouvant une brèche a démontré que leur potentiel était au dessus de ce qu’ils ont démontré. L’équipe du trèfle possède des joueurs d’exception. Jonathan Sexton est de ceux-là. Impitoyable car susceptible à tout moment d’exploiter la moindre faiblesse du camp adverse, l’ouvreur aux pieds agiles a sans cesse mis la pression sur une opposition sans grande expérience.

C’est probablement son caractère de cochon, son exigence avec tout le mode sauf lors de ses troisièmes mi-temps et surtout sa promptitude à s’infiltrer grâce à des courses tranchantes qui le transforme en meneur de jeu indispensable. Il faudra des Bleus à leur meilleur niveau pour prendre le quart sans risquer de se fracasser sur l’écueil irlandais. Les Fidjiens tiennent avec leur demi de mêlée Simione Kuruvoli, buteur de haute précision avec un « cinq sur cinq » face aux poteaux, dans toutes les positions et toutes les distances, un sacré numéro. Tous deux prêchent par l’exemple une stratégie audacieuse, recherchant autre chose que de l’action collective programmée.

Même si le rugby reste un sport collectif pas essence, il a besoin d’une ou deux individualités susceptibles de perturber les défenses adverses par le caractère fantasque de leurs initiatives. Le public adore ces saltimbanques qui ne se contentent jamais de respecter les consignes. Certes ce n’est plus à la mode car la « gestion », la « rentabilité », le « réalisme » constituent les valeurs fondamentale de tout action personnelle. L’Australie et à un degré moindre la France peinent à sortir des sentiers battus. Jalabert, Penaud et surtout Dupont offrent parfois des éclairs de ce que l’on appelle le génie alors qu’il ne s’agit que de l’improvisation, de l’opportunisme ou de l’inspiration.

C’est vrai, comme le rappelait un fidèle lecteur de ces chroniques ce mot du demi de mêlée bitterrois qui savait ce dont il parlait, qu’il y a au rugby «il y a les déménageurs de piano… et ceux qui en jouent ».Les uns ne font que préparer le concert des autres qui ne sont pas tous des virtuoses. Les Fidjiens me paraissent les plus aptes à illustrer ce principe. Malgré quelques couacs, ils ne se contentent pas de répéter inlassablement des gammes ou des refrains connus.  Solides dans le secteur du déménagement ils savent conquérir le soutien du public par quelques envolées n’étant plus lyriques mais efficaces. Il faudra s’en méfier car ce n’est pas pour rien qu’ils se sont installés durant la Coupe du Monde sur « le Mont des Lauriers » plus connu sous le nom de Lormont !

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Raffut (6) : le « cauchenoir » des Namibiens

Depuis des décennies les Néo-Zélandais impressionnent le monde du rugby de l’hémisphère nord. Tant chez eux que lors des tournées en Europe, ils dézinguent toutes les équipes qui se présentent devant eux. L’équipe des antipodes impressionne par sa maîtrise du jeu, sa technique, sa forme physique, son habileté et son sens du détail. Les écarts de points entre eux et leurs adversaires sont souvent impressionnants. Ils entretiennent une légende. La même que celles des ogres que l’on craint de croiser sur un chemin que l’on sait par avance déjà pentu et exigeant. Les Bleus sont parvenus à enrayer une statistique des confrontations très cruelle avec 48 défaites (80 %) sur 63 matchs disputés. Les pauvres Namibiens n’ont même pas rêvé de pareil exploit.

La noirceur de leur desseins lorsqu’ils entrent sur une pelouse où pas un seul instant ils songent à se comporter en moutons, date du XIX° siècle. Les « Néozeds » comme disent les possesseurs de l’argot rugbystique porteraient avec leur tenue noire le deuil de leurs adversaires tombés au combat. Un tantinet présomptueux puisque justement le qualificatif d’All Blacks ne viendrait que d’une coquille de presse.

En 1905, lors de leur première tournée en Grande Bretagne, les avants des « Originals » (première sélection officielle) avaient fasciné par leur vélocité, leur agilité et leur puissance. Un journaliste anglais aurait déclaré « They are all backs » ce qui pour ceux qui comme moi ont appris l’anglais avec Mme Tauzin « Ce sont tous des arrières ». A l’impression du journal, on aurait retrouvé une autre version car la phrase se serait transformée en « They are all blacks. » c’est à dire « ils sont tous noirs. » Cette anecdote détruit en partie le roman noir du rugby actuel même si ça n’a jamais été prouvé.

Face à leurs adversaires ils entretiennent ce climat de combattants impitoyables prêts à briser le moindre rêve de gloire de leurs opposants. La tradition fait qu’un joueur d’origine maorie conduisent une danse rituelle et guerrière de ce peuple originel en Nouvelle . Le haka se pratiquait en période de fête ou à l’annonce de déclarations de guerre permettant aux tribus de se jauger. Est-ce l’effet de cette chorégraphie menaçante mais en cinq minutes la confrontation avec la Namibie était pliée. Pas le temps de réaliser que la menace se transformait en actes ! Les cinq premières minutes reflétaient très vite l’écart entre les « Tout noir «  et les « Blancs » d’un soir. L’enfilage de « perles » débutaient.

La Coupe se remplissait de points de manière méthodique sans que le public toulousain n’y trouve son compte. Le bonus sonnait après une vingtaine de minutes de jeu effectif. Le match d’entraînement devint en effet vite ennuyeux tellement il était disproportionné. Dans le fond la confrontation entre les Bleus et les Uruguayens avaient eu l’avantage de l’indécision. Celle que les « Tout noir » dominaient de la tête, des épaules, du mollet et de la main n’avaient pas cet intérêt. McKenzie qui avait le privilège de porter un prénom laissant planer, à une lettre près, le doute sur ma participation à une démonstration disproportionnée, slalomait sans aucun problème entre des adversaires figés. La grande vadrouille, version attrape-moi si tu peux ne cesserait qu’avec un ultime coup de sifflet anglais.

Courant après un ballon insaisissable, car travaillé au noir en permanence, les Namibiens ne savaient où donner du placage. Un vrai calvaire pour une équipe incapable de tenir le rythme et de colmater les multiples brèches créées avec un grande facilité dans sa défense. Les « Néozeds » enquillaient les essais avec une dérisoire facilité. Le film du match défilant sur « l’écran noir » provoquerait des nuits blanches aux joueurs namibiens. Le scénario catastrophe imaginé par les producteurs n’avait rien de surprenant et donc de captivant.

« They are all backs » avait soit-disant écrit le journaliste british. Ils furent en effet tous des arrières percutants et véloces face à des Namibiens courageux mais trop limités physiquement et techniquement pour offrir autre chose que du placo-plâtre à une escouade de perce-murailles. Un vrai « cauchenoir » Avec 123 points encaissés en deux matchs et celui de la France à venir, ils risquent de rentrer chez eux avec des valises en surpoids. Le classement de la poule se jouera désormais dans les deux confrontations des favoris avec l’Italie…

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Raffut (5) : des Bleus brouillons terrassent la fan-zone

Ils ont venus… ils sont presque tous là, ceux qui aiment partager une rencontre sportive dans l’air d’une soirée restant estivale. Devant la brasserie « Ô Select » qui a effacé les Copians de l’histoire locale, deux écrans un peu moins petits qu’on les connaît dans les salons populaires, ont été pendus aux balcons, les supporteurs prudents ont pris position. Ils se comptent une heure avant le coup d’envoi sur les doigts des deux mains.

Il règne une étrange sérénité comme si la confrontation face aux Uruguayens ressemblait à une formalité. « C’est un peu tôt encore » me confie un inconditionnel qui a commencé à se faire mousser au Bar créonnais. Une seule supportrice ayant revêtu un maillot historique frappé du Coq agite un drapeau qui ventile la table où on parle de bien d’autres sujets que celui de la rencontre du soir. Ce n’est pas la gala d’ouverture.

Créon ne semble guère se passionner après la victoire contre les « Tout noir ». Dans le fond un seule bataille gagnée et la victoire devient ensuite une formalité. Un spécificité française. Les télés délivrent les premières images venues de Lille où il n’est pas question de perdre le Nord : pas de signe particulier de réveil de la passion. Les discussions se poursuivent ici comme si l’essentiel était ailleurs. La Marseillaise n’éveille rien. Aucun signe extérieur de soutien et même une certaine indifférence. Elle va s’estomper que quand les victimes expiatoires potentielles pètent un premier essai imprévu. L’Uruguay mène sur la terre française. La nuit s’assombrit…mais ce n’est qu’un accident de parcours

Au Bar créonnais le groupe de référence préfère rester sous les étoiles. Il jette un œil distrait vers l’écran où d’habitude on lâche les chevaux pour les que les parieurs puissent passer à la caisse. Le match devient davantage un alibi pour se retrouver entre copains que la raison réelle de ce maigre rassemblement. Les Bleus se démènent pour tenter de se sortir des griffes d’adversaires pugnaces. Les Teros ne s’envolent pas, mais ils résistent face aux ogres supposés les dévorer. La rencontre s’enlise lentement et les regards plongent au fond du bock comme pour y chercher l’espoir d’une copie française moins brouillonne.

Le silence règne sur la place. Il s’impose sur les terrasses. Les Uruguayens donnent même parfois la leçon. « Putain on n’est pas bon » lâche à la femme qui l’accompagne et qui visiblement manque d’intérêt pour le match. Il lui avait certainement prédit une toute autre prestation des Bleus. Lorsque la passion baisse le niveau de la consommation suit la pente inverse car il faut bien s’enthousiasmer pour autre chose. « Les deux ailiers sont très faibles ! » signale à la cantonade. Aïe ! Le naturel revient au galop et le sélectionneur qui sommeille dans le cœur de chaque Français se réveille. La Fan zone créonnaise manque de tonus et les Bleus sont encore très loin du bonus.

La fraîcheur tombe. Les espoirs de domination des Coqs bleus  s’estompent. L’ambiance s’en ressent. Elle n’a pas vraiment existé et donc il n’y a aucune véritable surprise. Dans le fond on commence à envisager de se contenter d’un mince succès. Surtout quand l’arrière des Teros s’offre une valise pour ce qui n’est pas encore un carton mais qui ressemble un tant soit peu à un voyage vers l’inconnu. Les fameux finisseurs sont appelés en renfort. Le parvis de l’hôtel de ville se vide alors que rien n’est joué. Il ne reste que les inconditionnels ou les blasés. On a perdu la confiance.

Encore une fois l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Les joueurs français ont mis les bleus de chauffe mais multiplie les pannes et les maladressess. Seul le public lillois déverse des marseillaises tonitruantes ou des encouragements quand probablement partout ailleurs devant les télés ou les espaces collectifs organisés, on baisse la tête et on ne cache probablement plus sa déception. Le partage ne souffre pas la médiocrité. Il a besoin de joie de vivre.

Là on s’ennuie et on est loin des moments attendus du rugby facile et dominateur espéré. L’essai de Louis Bielle-Biarrey suivi par le sprint solitaire de Macalou font enfin lever quelques fesses des chaises. En vain. Encore une fois une subtilité de l’arbitrage étouffe un embryon de fête.. Le sifflet reste le roi de la soirée et il s’en donne à cœur joie en fin de rencontre. Il faudra vraiment autre chose qu’un brouillon de seconde zone. 

Les organisatrices commencent à ranger les tables et les chaises. L’éclairage public devant l’hôtel de ville est éteint. Les plus pressés disparaissent dans la nuit. Les autres débattent. Il n’est pas certain qu’ils reviendront contre les Samoa. Demain les critiques pleuvront. L’essentiel était de gagner rappellent illico tous les analystes de comptoir.en prenant un dernier coup pour la route…

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Raffut (4) : des ratés dans les premières mélées

La France est à quelques mois de la manifestation la plus difficile et la plus lourde à organiser : les jeux olympiques. Il a été répété et même ressassé que la Coupe du monde de rugby servirait de banc d’essai pour la logistique (mobilité et sécurité) puisque des milliers de spectateurs venant de l’étranger chercheraient leur bonheur en matière d’hébergement et de spectacle sportif. Sur les premiers matchs d’une compétition loin d’être aussi complexe à maîtriser que les J.O., de sérieuses défaillances ont été constatées. Elles ont été relevées par la presse étrangère et surtout scrutées par les observateurs du CIO. Comme le veut la tradition, il sera officiellement affirmé que ce sera bien mieux la prochaine fois.

Les accès aux stades de Bordeaux et de Marseille ont été problématiques et avec un public moins joyeux et patient que les Irlandais et les Anglais des incidents auraient éclatés. Tous les responsables ont en mémoire la catastrophique situation de la finale de la Ligue des Champions entre Liverpool et le Real de Madrid en mai 2022 soit-il y a 16 mois. Des milliers de supporters britanniques et espagnols étaient restés bloqués aux barrages de sécurité et ont attendu parfois plus de trois heures pour pénétrer dans le Stade de France.

Débordées par l’afflux, les autorités avaient décidé de fermer les grilles du stade. Certains fans n’avaient même pas pu assister à la finale. L’événement, marqué par des mouvements de foule, avait été émaillé de nombreuses scènes de violence. A Marseille, les événements n’ont pas été à ce niveau mais ils avaient en germe les mêmes désordres potentiels. La presse anglaise s’en donne à cœur joie.

Alors que les annonces de risque d’attentat seraient selon, le ministre en charge de la sécurité, de plus en plus élevé en France, sous la poussée des spectateurs bloqués aux entrées ont a vu les « procédures de sécurité et de palpation manifestement allégées . L’objectif recherché était une « fluidification » de l’accès aux travées de l’Orange vélodrome. Ces files d’attente  ont engendré plusieurs « scènes de bousculade » sans gravité mais bien réelles.

Des documents indiscutables montrent des foules de supporters, enjambant les portiques de sécurité sans valider leur billet, ce qui n’a pas empêché que « des centaines d’Anglais ratent le coup d’envoi ». Des mesures ont été prisses avec un renforcement de stadiers et des « orienteurs » qui viennent au secours des porteurs de billets. Attendons pour voir…

 Le stade de Bordeaux au bout d’une longue ligne de tram réellement utilisée une soixantaine de soirs par reste inaccessible de par le choix de son lieu d’implantation. Bien des supporters potentiels des Girondins renoncent à se rendre à feu le Matmut alors qu’ils possèdent les repères en matière de stationnement, de circulation et de transports collectifs. Alors les autres… Deux incidents ordinaires sur le parcours du tram et hop tout bascule dans la crise puisqu’il n’y a aucune vraie solution de remplacement. Résultat des milliers d’Irlandais ont manqué une grande partie du match !

Joyeux, un tantinet anesthésiés par l’ingurgitation de quelques pintes sous le soleil, ils n’ont pas trop protesté. Des files d’attente interminables dans le stations clés du centre ville plus d’une heure et demie avant le coup d’envoi. Des rames bondées dans une chaleur étouffante : la galère ! Heureusement le flux sera moins fort en supporteurs lors des deux prochaines rencontres avec des adversaires mobilisant moins de monde venant les soutenir. On l’a constaté avec la rencontre du lendemain où tout se passa correctement.  

L’autre phénomène qui préoccupe les dirigeants du CIO : la terrible inflation des tarifs du secteur récepif pratiqués dans les villes organisatrices en matière d’hôtellerie et de voyages. Le comparateur Kayak a synthétisé les recherches effectuées sur son site entre le 1er janvier et le 11 juin derniers pour des vols et hôtels durant le Mondial. Il en ressort que les prix des hôtels ont augmenté en moyenne de 14% par rapport à la même période en 2022 tandis que les prix des vols ont enregistré une hausse de 29%.  

Pour l’hébergement on bat des records à Lille, où se joueront un match du XV de France et deux de l’équipe anglaise, où les prix ont bondi de 110%. Du côté de la Méditerranée, en accueillant un match anglais, un avec l’Afrique du Sud et un autre avec l’équipe de France, Marseille voit les prix de ses hôtels en hausse de 137% ! On battra ces records pour la phase finale.

On attend les Jeux olympiques avec délectation… et c ‘est déjà parti à Paris !  Le bonheur en Bleu se poursuit… et l’espoir reste de voir la France sur le podium et donc ce qui concerne les autres ne nous passionne guère. Combien y-aura-t-il d’Uruguayennes et d’Uruguayens ce soir à Lille. Entre le voyage, l’hôtel, l’entrée au stade et un petit extra il leur faut quatre à cinq fois fois le salaire moyen de leur pays. A méditer

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Raffut (3) : surtout pas l’arrêt avec les coiffeurs

Quand une compétition internationale s’étire sur plus d’un mois avec une intensité aussi prégnante que celle du rugby, le statut de « remplaçant » n’existe vraiment pas. Les chocs encaissés dans le jeu des auto-tampons qu’est devenu le jeu du ballon ovale ainsi que l’usure physique qui en découle, nécessitent des pauses pour des organismes mis à rude épreuve. Le manager des Bleus a démontré qu’il en avait conscience en annonçant la composition de l’équipe devant terrasser largement les « Teros » uruguayens. Cette décision n’a rien d’exceptionnel dans le contexte actuel mais elle pose un problème de fond puisqu’en fait elle démontre qu’il ne faut pas une seule équipe de France pour jouer une Coupe du Monde, mais deux interchangeables ou mixables.

La presse a appelé à tort les pensionnaires des fauteuils de touche « les coiffeurs » par référence au ballon rond. En fait ce qualificatif professionnel ne s’applique pas un seul instant aux absents de la feuille de match rugbistique puisque son origine remonte à une époque (que j’ai connue) où la notion de remplacement n’existait pas dans le sport. Elle remonte à 1956 lors de l’épopée française en Coupe du monde de football. Les onze joueurs sauf blessure invalidante étaient contraints de boucler la rencontre. Ce qui a valu par exemple à Robert Jonquet, solide défenseur des Bleus, de terminer la demi-finale face au Brésil sur le terrain alors…. qu’il s’était cassé la jambe au bout de 36 minutes de jeu. Incroyable !

Dans ce contexte réglementaire contraint les sélectionneurs alignaient quasiment la même formation durant toute la compétition. Les « suppléants » ne pouvaient espérer qu’une blessure pour avoir une chance de briller. Les titulaires déjà soucieux de leur look sollicitaient des non-retenus pour un match de leur rafraîchir leur chevelure qui n’avaient pourtant pas des allures très fournies. Ce souci des apparences n’a cessé de progresser dans le monde du football mais ne semble pas avoir  envahi celui de l’Ovalie. La seule chevelure dont on se souvient aura été celle de Jean-Pierre Rives surnommé « casque d’or » par le chantre Roger Couderc.

Ce dernier ne se reconnaîtrait pas dans ce rugby où ce ne sont plus des « cabanes qui tombent sur le chien » mais des immeubles de plusieurs étages. Aucun des rugbymen actuels ne songerait pourtant à se transformer en mannequin pour créateurs de vêtements de marques dispensatrices de chèques avec quelques zéros derrière le chiffre principal. Aucun rugbyman ne se teindrait la chevelure en rose, en vert ou en bleu pour se rendre visible à la télé. Cette propension à se transformer en support de prêt à porter ou avoir le souci du cheveu bien léché n’existe pas encore. Mais jusqu’à quand ? 

Galthié ne paraît pas du genre à gérer des « coiffeurs » ou des « facteurs ». Il utilise le qualificatif de « finisseurs » un peu comme dans les polars les plus noirs où certains sont préposés à la dernière balle des basses oeuvres pour achever le boulot accompli par des « tueurs à gages ». Cette appellation donne un statut privilégié aux pensionnaires de ce qui n’est plus un banc de touche ! Demain il leur faudra démontrer leurs prétentions à passer justement du banc au fauteuil et surtout pas d’arrêt au milieu d’une 3séance » dont le résultat ne devrait pas tenir à un cheveu.

Le danger de cette stratégie du « remplaçant-titulaire » ou du «  titulaire remplaçant » réside dans l’incessant brassage ne favorisant pas les automatismes et l’homogénéité de ce qui devra être une équipe dans des moments plus difficiles. Les oiseaux « bleu ciel et blanc » d’Uruguay ne seront pas si faciles que ça à plumer surtout si leurs adversaires confondent vitesse et précipitation, supériorité et facilité, individualisme et solidarité. Si la victoire ne fait pas de doute, le bonus constituera un minimum vital. Le classement final de la poule se jouera en effet sur le score des matchs réputés les plus faciles.

Défenseurs farouches, habités par les valeurs basques que quelques joueurs ont dans le sang, ne refusant pas de faire vivre le ballon, les Teros auront pris une dose supplémentaire de fierté en constatant que Galthié aligne sa Pro D2. La grinta ne dope pas que les Argentins qui d’ailleurs semblent en manquer pas mal en cette édition de la coupe du monde. Battus en match de préparation à Montevideo les Pumas en savent quelque chose. Les « coiffeurs » sont avertis : ni un match rasoir, ni création exubérante. Du sérieux. Rein que du sérieux.

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Raffut (2) : les mauvais coups du sifflet

La Coupe du monde se résume actuellement à des caprices du sifflet. Elle a débuté avec ceux du stade de France et elle s’est poursuivie avec celui de la pelouse de l’ex-Matmut bordelais en passant par les centaines de milliers de litres de bière  sifflés par les supporters des diverses équipes. Le rugby et le sifflet sont de plus en plus intimes. Ils vivent ensemble tant le son de cet instrument joue un rôle décisif dans le sort des rencontres. La complexité des règles augmente chaque saison un peu plus et l’arbitre prend une place de choix sur les pelouses. Le sport ne s’en porte pas mieux.

Le Président de ce qu’il reste de la République a donné le la en tentant de prononcer un propos inaugural dans le bouillonnement impatient de l’affrontement entre les « Blancs » et les « Tout noirs ». Qui a bien pu lui conseiller de descendre dans le cratère du volcan des supporteurs pour espérer recueillir une once de popularité supplémentaire ? Les habitués des grands rendez-vous sportifs savent justement que pour éviter pareille humiliation en mondovision, ses prédécesseurs entraient en même temps que les équipes dans l’arène.

En fait, et c’est le plus grave, ce ne sont ni les « racailles » immigrées, ni les « gilets jaunes », ni les « nupésiens en folie », ni les hordes des virages populistes qui ont envoyé cette gigantesque bordée de sifflets. Ce sont surtout des membres de la classe qui l’ont aidé qui l’ont conspué.  Les travées étaient en effet peuplées de fans friqués ou au moins très motivés puisque les cartes bleues avaient chauffé pour se procurer le viatique d’un match d’ouverture dont on cause depuis trois ans.

Bien évidemment cette hostilité manifeste a déchaîné les passions entre les partisans de la sanctuarisation d’un événement planétaire devant offrir une image positive de notre nation, et les tenants du « il l’a bien cherché ! ». Les sifflets témoignaient d’un sentiment plus simple : « Laisse nous en paix, débarrasse le gazon, car nous sommes venus pour tout autre chose que tes belles paroles ! »

C’est un public chantant avec ferveur la Marseillaise qui ne se reconnaît plus dans l’élu qui symbolise la République, et il y a tout lieu de s’en inquiéter. Comme partout ailleurs, sur bon nombre de stades moins symboliques que celui de France, le respect de celui pouvant être considéré comme un arbitre a foutu le camp ! Pas d’exception. Les adeptes du « maul » et du « contre-ruck » ont peut-être conforté une paraphrase d’un vieil adage anglais voulant que le rugby soit une sport de gentlemen regardé par une public de voyous. La Coupe a débordé d’un surplus de défoulement irrespectueux et de méprisant comme peut-être un effet boomerang des derniers mois. Le contraire de tout ce que porte comme valeurs le rugby…

Il faut avouer qu’il faut une bonne dose de ces repères pour accepter ce qu’ont accepté les Fidjiens ! Eux ont été encouragés, portés défendus par tout un stade et ils n’ont entendu qu’un seul sifflet, celui de  l’arbitre anglais. Le maître des sanctions a vraiment été oublieux de l’équité pénalisant à tout-va des hommes de l’hémisphère sud certes brouillons et maladroits, mais ne pouvant pas être soupçonnés de perversité enfreignant les règles du jeu rugby. Parmi les anomalies dénoncées par les différents observateurs neutres de la confrontation, le rapport fautes/cartons jaunes : il est de 17 pour un jaune côté gallois et 8 pour un côté fidjien.

Les spectateurs ayant pris fait et cause pour les Fidjiens ont en outre très mal vécu que Matthew Carley ait appliqué le tarif dénoncé par Coluche dans son sketch sur la police : « au bout de 30 avertissements, on peut avoir un blâme ! Et au bout de 30 blâmes, on passe devant un conseil de discipline et on peut recevoir un jaune ! » Là ce furent des dizaines de coups de sifflet sans aucune conséquence pour les porteurs du poireau sur leur maillot. Un match « policé » mais à sens unique.

Le Prince de Galles ne lui taillera pas un costume et lui remettra la jarretière car il a averti maintes fois les ouailles de Cardiff qu’à la prochaine, c’était jaune, non en fait à la prochaine, croix de bois, croix de fer je vais en enfer, ce serait un jaune puis finalement non, pas encore, mais attention, car à la suivante, c’est sûr, je sors le carton de ma poche. A côté de ça, les Fidji ont dégusté un jaune sur leur première action « peu orthodoxe » dans leurs 22 mètres. Le sifflet a été (en partie seulement) l’une des causes de la défaite des hommes du Pacifique.

Avant et après chaque rencontre de cette Coupe du monde on siffle à tout va partout où c’est possible, un demi d’ouverture vers les aautres ou une pinte destinée à vous mettre dans le bon sens. Les gosiers asséchés par la canicule effectuent des ravitaillement en vol pour fêter des victoires ou noyer leur chagrin en grande « pompe » au comptoir. Difficile de leur couper le droit de « siffler » puisque la tradition de la troisième mi-temps repose sur la vidange des… packs ! Ils sifflent même des coupes dans les loges. 

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Raffut (1) : les prémices d’une coupe à deux vitesses

Le premier week-end de la Coupe du Monde de rugby s’est écoulé avec un impressionnant enchaînement de rencontres permettant de jauger cette compétition qui ne fait que débuter. En fait il est aisé de constater que des écarts considérables de niveau se profile au sein de cette compétition se voulant planétaire. Les résultats de quelques matchs laissent augurer des classements de poule reposant sur le système des bonus. La balade irlandaise a illustré à merveille cette situation de l’Ovalie planétaire : des pays émergents heureux de participer à une fête exceptionnelle mais n’ayant peu de chances de vraiment y tenir un rôle.

Le problème essentiel de ce sport dans lequel le professionnalisme a désormais pris une dimension, croissante réside dans le niveau des  compétions nationales. Comment les Chiliens totalement amateurs peuvent-ils espérer rivaliser avec la France, l’Afrique du Sud ou la Nouvelle Zélande ? Seules les équipes ayant une majorité d’éléments évoluant à l’étranger parviennent un tant soit peu à rivaliser avec les six premières nations du classement mondial. D’autres pratiquent « l’assimilation » de joueurs délaissés par leur pays d’origine. Des Samoans, des Tongiens, des Britanniques, des Néo-Zélandais, des Australiens aux origines familiales complexes, évoluent à des postes essentiels sous un maillot d’adoption.

Le vivier permettant de dégager une élite est trop réduit. La Fédération chilienne compte par exemple seulement 27 000 licenciés, celles des Samoa 8 500 ; celle de la Georgie un peu plus de 2 000. Et le nombre des clubs organisés chez eux dépasse quelques dizaines et sont souvent universitaires. L’Afrique du Sud dépasse les 635 000 et l’Angleterre 355 000 porteurs d’une licence. La France ne brille guère puisque le Rugby n’est que le dixième sport hexagonal et si l’on applique les mêmes critères que ceux des autres nations on arrive à un peu plus de 190 000 pratiquants en compétition officielle. Ces chiffres seront probablement en augmentation pour la prochaine saison sous l’effet de la compétition mondiale.

La Coupe du monde débutera vraiment en quarts de finale avec les huit premiers des quatre poules. L’Afrique du Sud, La France, l’Australie et probablement l’Angleterre retrouveront la Nouvelle Zélande, l’Irlande, l’Argentine et le Pays de Galles (ou les Fidji qui ont frolé l’exploit)  ce qui pourrait être la première et la seule véritable surprise. L’esprit historique du rugby ne sera pas nécessairement portée par tous ces qualifiés. Malgré la multiplication des recommandations, des réglements et des précautions les affrontements atteindront des sommets. Plus que jamais le rugby n’est plus un sport d’évitement mais d’affrontement !

Les Chiliens ont été à ce moment de la compétition les seuls à déployer une sincérité, une fraîcheur et une passion louables. Ils ont joué pour jouer et pas nécessairement pour démolir. Certes ils n’ont pas réussi tout ce qu’ils entreprenaient mais ils furent de vaillants combattants dénués de tout calcul négatif. La tendance est à l’efficacité à tout prix, à l’épreuve de force et à la satisfaction des chauffeurs de bulldozers arasant des montagnes. Les Fidjiens sont de la même trempe.

Les Bleus eux ont encore besoin de trouver une âme. Il leur faudra justement trouver l’équilibre entre la création et la résistance. Ils auront du mal face à l’Italie et il vaut mieux y penser en avance. D’autant que les « Tout noirs » vont faire le plein de bonus offensif dans les trois prochaines rencontres. Il ne suffira donc pas aux Français de gagner mais de largement gagner avec la manière. Ce sera plus dur face à l’Italie qui voudra sauver sa coupe du monde… et qui aura déjà affronté les Blacks. Rien n’est assuré. 

Plus de 200 points ont été marqués en sept matchs par les vainqueurs des sept rencontres disputées. Il faut s’attendre à un record des scores dans les éliminatoires et par contre à des résultats très serrés dans la phase des éliminations directes. Les « réserves » de chaque pays et donc l’homogénéité des effectifs jouera donc un rôle essentiel. Les fameux finisseurs tiennent déjà un rôle prépondérant et il est certain que fin septembre les infirmeries risquent d’afficher complet quand on voit les dégâts de la première confrontation.

Les foules sont au rendez-vous. L’ambiance correspond aux attentes. Le spectacle convient.  Pas un incident grave alors qu’un million de spectateurs de manière directe au stade ou indirecte dans des rassemblements ont suivi cette ouverture de la Coupe du monde. Pourvu que ça dure…

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Les Indiens sur le sentier de la guerre du riz

L’inflation sur les matières premières a donné des idées aux pays producteurs qui constatent la dépendance des autres pour les importations. L’Arabie saoudite qui commence à craindre pour son avenir en raison de la fin des ressources en énergies fossiles a par exemple décidé de maintenir à un niveau assez bas les volumes mis sur le marché. La Russie mise à mail par les sanctions internationales suit le même chemin en constatant la fragilité des économies de la coalition soutenant l’Ukraine. Tous deux ont annoncé la prolongation de leur réduction de production de pétrole jusqu’à la fin de l’année de respectivement un million et 300 000 barils par jour. La conséquence de ces annonces a été immédiatement : le cours du baril a atteint des sommets au milieu de la semaine écoulée.

Cette stratégie inquiétante car elle met en péril tous les efforts de l’ultra-libéralisme pour juguler l’inflation et calmer la sourde colère de leur population. Toutes les astuces sont utilisées mais elles ne portent que sur des ajustements de façade sans toucher aux dépenses essentielles. Bien évidemment tout le monde constate que dans le secteur de l’alimentation les évolutions sont assez aléatoires selon les événements géopolitiques. Ces derniers influent en effet sur des produits essentiels qui ne retrouveront jamais leurs cours antérieurs. La loi du marché basée sur l’offre et la demande vantée par les adeptes de la mondialisation tourne à plein régime dans tous les secteurs.

Les céréales ne tarderont pas à manquer dans les pays les plus dépendant des importations et qui souvent n’ont pas les moyens de les payer à des niveaux prohibitifs. Ce n’est qu’une question de semaines pour que les premiers troubles apparaissent en Afrique ou au Moyen-Orient. Une famine généralisée n’est pas impossible et l’alimentation deviendra la ^préoccupation essentielle pour deux raisons : la débâcle climatique qui réduit les productions et les entraves à la libre circulation des denrées essentielles. Ce constat déjà grave pour les équilibres mondiaux vient de prendre une tournure encore plus angoissante avec la décision prise par l’Inde d’interdire les exportations du riz « basique ».

Les Indiens arguent du fait qu’ils souhaitent conserver l’intégralité de leurs stocks pour justement pouvoir nourrir leur propre population. La consommation continue en effet de progresser en volume. Sus la planète elle représente 14 000 kilos chaque seconde, soit 468 millions de tonnes. Le riz est la 2ème céréale alimentaire la plus cultivée au monde, avec un volume annuel qui a atteint 410 Milliards de tonnes à la fin du 20ème siècle. Elle a été supérieure à la consommation depuis 2004, ce qui permet de renforcer les stocks de riz disponibles pour 3,5 milliards de personnes dans le monde. La décision des Indiens sème cependant la panique.

Les principaux pays producteurs sont la Chine, et l’Inde (environ 50% de la production mondiale) suivies de l’Indonésie, du Bangladesh, du Vietnam ou encore, de la Thaïlande. Ce dernier pays est le plus grand exportateur devant le Vietnam, le Pakistan et… l’Inde. Aussitôt certains gouvernements ont entamé des pourparlers pour sécuriser dans la durée leur approvisionnement à des prix acceptables. Tant pis pour les autres qui n’ont pas eu cette réactivité. Devenue la nation la plus peuplée sur la planète et en route pour devenir la troisième puissance économique l’Inde va peser sur le secteur essentiel de l’alimentation.

Cette dernière est utilisée comme arme de guerre dans de nombreux conflits. Les réserves sont pillées, les infrastructures ravagées et les agriculteurs ou paysans se retrouvent dans l’impossibilité de semer, récolter, prendre soin de leurs cultures et du bétail. Prenons le conflit en Ukraine a causé une pénurie alimentaire, combinée à une hausse des prix des denrées alimentaires et des engrais jusqu’à un niveau jamais atteint précédemment., faisant augmenter encore davantage les prix des produits de base et réduisant la disponibilité des denrées alimentaires dans le monde entier. Ce sont des « bombes » à retardement qui se préparent pour le printemps 2024.

Croire que la France va y échapper sur ses propres productions relève de la vision libérale optimiste. J’ai par exemple rencontré en Mayenne Moïse, un jeune producteur de lait qui m’a annoncé dans les mois qui viennent, une disparition de nombreuses coopératives faute de productions suffisantes à collecter. Le vieillissement des éleveurs, le coût de denrées complémentaires et surtout l’absence de relève motivée conduira à une situation critique très proche. Faute de moyens financiers des millions de personnes ne mangent plus déjà à leur faim dans notre beau pays. En plus elles auront du mal à trouver des produits de base devenus plus rares et plus chers.

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