Un SMIG à l'heure de travail pour les saigneurs des entreprises

J’ai une souvenir particulier de la première campagne électorale à laquelle j’ai pu participer comme électeur. La majorité étant à 21 ans il m’a fallu attendre les terribles législatives de juin 1968 pour participer à une réunion publique. Elle se déroulait dans la salle du conseil municipal de la Mairie de Créon et elle état destinée à présenter la candidature de Henri Souque qui représentait le PSU vers lequel allait mes sympathie par référence à Pierre Mendés-France qui était (déjà!) ma référence. J’ai encore en mémoire le propos de celui qui était inspecteur des impôts sur la fraude fiscale que j’évoquais en présence d’une demi-douzaine de personnes. « Jamais nous parviendrons à enrayer ces comportements expliqua Henri Souque car les plus grands patrons embauchent à prix d’or mes plus brillants collègues qui quittent la fonction publique. Ils vont chez eux pour leur permettre de contourner tous les contrôles. On pourra faire tous les textes que l’on veut jamais on empêchera un contribuable riche de payer des spécialistes qui savent toutes les astuces pour jamais frauder mais simplement ne pas appliquer les lois… » Ce constat réaliste ou pessimiste selon l’analyse que l’on en fait m’a toujours suivi. Il n’a jamais été aussi vrai. Le « politique » court toujours après l’économie et depuis plus de trente ans il s’est fait distancé au point qu’il n’a plus aucun espoir de reprendre le contrôle de cette course au leadership social. Toutes les promesses se brisent sur le mur de l’argent et le fait qu’elles ne soient pas tenues (elle sont intenables!) renforce le discrédit de ceux qui les prononcent. Il a régné par exemple un mythe : contrôler les salaires des patrons ! On a entendu de grandes déclarations, de grands effets d’annonce et à l’arrivée les rémunérations directes ou…indirectes ne cessent de croître ! Il suffit de demander pour obtenir au nom de la solidarité existant entre les conseils d’administration et les gens qu’ils ont investi des responsabilité dirigeante. Ainsi, charte du Medef ou pas, menaces de limitation des salaires ou pas, pour la troisième année consécutive, la rémunération totale des présidents exécutifs des 120 plus grandes sociétés a augmenté en 2012, selon l’étude annuelle publiée par le cabinet Proxinvest. Elle a progressé de 2,4 % en valeur absolue, et de 6,3%, une fois retraitée des éléments exceptionnels, tels que les indemnités de départ, indique la société de conseil aux investisseurs. En moyenne, un patron d’une grande entreprise cotée a ainsi touché l’an dernier 2,84 millions d’euros. Ils se moquent comme de leur première montre Rollex des prétentions de contrôle de quiconque. Ils sont de fait intouchables. Les avantages en nature ne sont même pas inclus dans ces sommes alors que ces gens là ne paient pas un billet de train d’avion ou un repas.

 Il en va différemment pour les PDG du CCA dont, selon le même cabinet d’études la rémunération moyenne a baissé de 6,3 %, pour repasser sous la barre des 4 millions d’euros, à 3,96 millions soit 10 846 euros pas jour et si l’on considère qu’ils travailleraient jour férié compris 10 heures quotidiennes de pas loin de un SMIG à l’heure ! Personne sait quelles sont les autres bonifications planquées dont ils disposent et qui dopent leur salaire apparent. Pour mémoire, en 2012, le salaire moyen par tête en France avait augmenté de 1,9 % contre + 2,2 % en 2011. il faudra attendre 2014 pour que les actionnaires puissent contrôler cette dérive si la présentation des comptes le permet et s’ils ont une vision réelle des vrais revenus des dirigeants.

En attendant la mise en place de ce nouveau code de gouvernance, Proxinvest souligne que « treize dirigeants en 2012 dépassent comme en 2011 » la rémunération qu’elle considère comme le « maximum socialement acceptable », c’est-à-dire 240 SMIC, soit 4,7 millions d’euros. Ce qui représente nuit et jour… 536 euros de l’heure illustrant l’allégation voulant que l’on puisse gagner beaucoup d’argent en dormant ! Et ce quels que soient les résultats et donc la gestion sociale de l’entreprise. Un gros « licencieur » peut donc être récompensé par une rémunération généreuse que lui accorderont ses actionnaires ravis de voir leur rétribution augmenter ! La dissimulation renforce ces sommes folles.

Le cabinet de conseil, selon Le Monde.fr parle de « manque de lien préoccupant », relève ainsi que « 9 % seulement » de la rémunération totale des présidents exécutifs du SBF 120 repose sur des conditions de performance « mesurées sur un horizon minimum de trois années pleines », contre 12 % en 2011. Le cabinet souligne surtout que, si le contexte boursier a été « favorable » en 2012 (le CAC 40 a progressé de 15 %), les bénéfices nets cumulés des principales entreprises cotées ont reculé de 27 %, mais qu’au final, cela n’a pas empêché la rémunération variable annuelle moyenne des dirigeants concernés de rester stable au sein du CAC 40 et même d’augmenter de 5 % pour les 80 patrons . Comprenne qui pourra ! Henri Souque n’a jamais eu une grande carrière d’élu…mais il avait pourtant raison !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Hier soir la « 5 »diffusait une enquête : « l’honneur perdu des banques », ou comment la banque UBS (et probablement d’autres), avec le concours et l’approbation de personnages particulièrement haut placés à cette époque (et des services spéciaux à leur botte), siphonnent au nez du fisc des montagnes de fric.
    Evidemment les ex employés qui ont essayé de porter cette affaire au grand jour ont subi maintes menaces et brimades.

    Dans cette affaire, Cahuzac fait vraiment figure de petit plaisantin.

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