Un été à faire des tours de cochon

Même les Chinois pourtant très pointus en la matière, ne l’avaient pas prévu puisque pour eux l’été 2015 devait être au cœur de l’année du mouton ! Leur horoscope est formel sur ce sujet et tout le monde tournerait autour de cet animal dont le caractère pose moins de problème que bien d’autres dans l’astrologie. En fait encore une fois les Français se seront distingués en se montrant rebelles aux principes devant régler la vie de la planète Terre. Pour eux cette période estivale aura été contrairement à toutes les prévisions, celle du « cochon » appelé par respect ou par dédain le porc ! Dans l’actualité il a raflé la mise en s’installant partout comme l’animal référence des préoccupations estivales du moment. Et attention on ne voit pas ou on ne lit pas n’importe quelles « cochonneries » dans les journaux mais on y cause spécifiquement de cochonneries à la française ! Elles ont au moins permis à tous ces consommateurs asservis au système de la grande distribution de tout apprendre sur la « filière » empruntée par celui qui finit anonymement en saucisses pour le barbecue, en côtelettes réputées charnues, en jambon sec ou cuit, en saucissons de tailles diverses.
Selon le principe que « dans le cochon tout est bon » on pouvait autrefois prendre son pied (de plus en plus rare!), réclamer ses oreilles roulées, se payer une tranche fumée de son lard, de se faire une petit boudin ou de se griller une andouille sans passer pour un paysan égaré sur un lieu de vacances pour adeptes du jour de maigre permanent. Maintenant ne tentez plus dans un restaurant de découvrir une recette de porc épique au menu. Le canard a pris ses aises se déclinant désormais en multiples facettes. Le bœuf fait toujours son effet. Le saumon vous raconte des salades. Le bar a table ouverte. Plus question en dehors des « assiettes de charcuterie de pays » de présenter en été dans un établissement qui se respecte des pans de la fameuse cuisine du cochon. La renommée de la bête qui sommeille dans tout gastronome qui se respecte n’a en effet plus cours. Elle est passée de mode ! Pas assez chic ! Pas assez choc !
Il fut une époque où dans les auberges, les fermes, les repas campagnards on allait puiser sur les étagères ou dans les « carottes » de graisse blanche les bases de repas simples mais tellement goûteux. On mangeait en été tout ce qui avait été fumé, séché, salé, cuisiné, stérilisé, serti quand la température hivernale permettait de faire passer le « goret » de vie à trépas. La qualité du produit originel donnait à ces mets savamment assaisonnés ou assemblés une texture, un parfum et une saveur réconciliant les convives avec l’authenticité des secrets culinaires transmis de génération en génération. Depuis plusieurs semaines rares sont ceux qui se penchent sur le rapport « qualité-prix » dans une filière ayant perdu ce bon sens tellement utile à la réussite économique. On ne se paie plus soit-disant sur la bête mais certains arrivent tout de même, en pleine vacances, à l’utiliser à des fins politiciennes ou faussement religieuses. Voici le cochon devenu cet été un enjeu de pouvoir !
On en arrive à ester en justice pour savoir si on doit imposer aux enfants les couennes das les haricots des cantines ou leur servir pour les mettre en difficulté, des chipolatas avec la purée ? Sont-ils responsables ces gosses qui pour certains, n’ont qu’un seul repas chaud dans la journée, des options religieuses de leurs parents. Des heures de débats, de contradictions, de querelles sont entretenues médiatiquement autour de cette question existentielle fondamentale sur les menus de la restauration collective dont le caractère formel ne pouvait conduire qu’à la polémique. Mieux il est un député qui pour faire parler de lui a eu la lumineuse idée d’imposer des menus végétariens généralisés. La démagogie n’a peur de rien !
On en viendra bientôt à se chamailler autour de la présence du livre des trois petits cochons dans une bibliothèque ou sur celle d’une tirelire rose et joufflue sur des étals des bazars. La guerre franco-allemande est en passe de se rallumer pour le prix du jambon sur lequel les uns ferait leur beurre outre Rhin alors qu’il serait dérisoire en face. Des familles crient famine parce que leurs porcs restent faire du lard en plein été dans des prisons tout confort plutôt que d’être expédiés aux abattoirs. L’Europe est appelée à la rescousse pour trancher dans le vif ! En France les cochons de payants seront mis forcément mis tôt ou tard à contribution pour sauver la loi du marché qu’une majorité avait dénoncée ! Cet été le porc sert bien à tout ! Il est mis à toutes les sauces. C’est vrai, rien ne se perd chez lui ! Même en politique 

Cet article a 6 commentaires

  1. François

    Bonjour !
    « Il fut une époque où dans les auberges, les fermes … bases de repas simples mais tellement goûteux.  »
    Aaah ! Souvenirs, quand vous nous rattrapez… ! Déjà, les papilles s’affolent !
    Mais, au fait ( selon l’expression très in ! ), sans être un féru des statistiques, peux-tu nous dire combien de grands mères de 70 ans environ se mettraient aux fourneaux si l’ « odieuse » tue-cochon paysanne, me semble t’il interdite par nos « écolos de bureau », revenait ? Car, malgré les prouesses de la médecine, les mémés ont rangé définitivement leur tablier de cuisine blanc qu’elles sortaient pour cette occasion ! Et les livres de recettes à la Mac Donald ne connaissent pas ces vieux plats que ton médecin t’a prOscrits !
    Bonne recherche alors que mes yeux réveurs cherchent le jambon qui séchait au plafond de la souillarde ! ! !
    Cordialement.

  2. J.J.

    Je défie quiconque de me démontrer qu’il y a démarche plus conviviale que de déguster à la saison, étalée sur une belle tranche de pain, accompagnée par un brin « d’aillet »et arrosée d’un verre de blanc, de rouge ou de rosé, selon les goûts, il n’y a rien de plus convivial dis-je, et délectable qu’une bonne tranche de ce que vous appelez « grattons », je crois, et que nous appelons « grillons », divine charcuterie qui n’a rien à voir avec les grasses et informes rillettes (je fais le difficile et le chauvin, mais je ne crache pas non plus sur les rillettes quand elles sont bonnes…)

    Je plains les pauvres gens qui, sous prétexte d’interdit religieux, se privent de manger du porc, que nous appelons familièrement « goret (sauf votre respect…). Pardonnez leur mon père, ils ne savent pas ce qu’ils ratent !

  3. J.J.

    @François « peux-tu nous dire combien de grands mères de 70 ans environ se mettraient aux fourneaux si l’ « odieuse » tue-cochon paysanne, me semble t’il interdite par nos « écolos de bureau », revenait ?  »

    Je ne suis pas une grand-mère et j’ai plus de 70 ans, mais si l’occasion se présentait à nouveau, je n’hésiterais pas à décrocher le tablier et affûter le couteau pour me lancer dans un épopée » gourounnière ».

    A nous la « sauce de pire », les boudins, et les jambons, les gros grillons et les rôtis confits !

    1. François

      Un sur toute une génération ! ! C’est bien ce que je craignais: voilà encore des traditions qui se sont évaporées. Cet exemplaire est à ranger au musée de l’Art Culinaire Familial ! ! !

  4. Christian Coulais

    Hum, dans le sud gironde, je connais des jeunes quadra qui tuent leur cochon pour le cuisiner de pied en museau !
    Et là, quant on a le plaisir d’être conviés à leur table, quel plaisir malin, divin. A ce propos c’est moi qui apporte le vin, car sur ce point, la culture du bordeaux que l’on laisse mûrir en cave est en devenir…Bonne grillade à toutes et tous.

  5. J.J.

    « Hum, dans le sud gironde, je connais des jeunes quadra qui tuent leur cochon pour le cuisiner de pied en museau ! »

    Ils devraient être décorés de la médaille d’honneur de l’ordre des Arts et Traditions Populaires décoration à créer d’urgence !).

Laisser un commentaire