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L’impuissance européenne face au national-populisme

Mais vers où va la Communauté européenne qui devait être au fil de sa création un rempart contre les excès totalitaires de tous les acabits qui menaçaient de belles démocraties. Si l’on effectue un véritable état des lieux il y a bien des raisons de s’inquiéter. Enfin pour celles et ceux qui pensent que l’espace européen doit être exemplaire pour le reste de la planète. Dans de nombreux pays le chemin pris par les pouvoirs en place ou nouvellement arrivés conduit vers les gouffres d’avant la dernière guerre mondiale. Peu de monde réagit hors la droite dite « républicaine » se laisse aller à des alliances similaires à celles qui avait permis à un certain Adolf Hitler d’arriver « par les élections » au pouvoir avec les conséquences que l’on connaît. L’écrire constitue sûrement une véritable provocation pour certains alors qu’il ne s’agit que d’une vérité élémentaire.
On sait qu’en Espagne il faudra bien régler d’une manière ou d’une autre les difficiles rapports entre un pouvoir central de droite ayant eu vis à vis de la Catalogne des attitudes qui rappellent une triste époque. On attend les résultat des élections catalanes pour jauger quelle sera vraiment le contenu d’un avenir inquiétant. N’empêche que la manière de faire face à ce contexte sécessionniste d’une part d’une nation aura été scrutée dans de multiples autres contrées ayant la même tendance (cf le résultat récent du scrutin régional corse). Qu’on le veuille ou non il faut reconnaître que Madrid traverse une crise de légitimité ébranlant considérablement le système démocratique et que la voix dans l’Europe de ce gouvernement de droite en est affaiblie. Sans être pessimiste on peut même admettre que l’on ne connaît pas encore les conséquences de la situation connue en fin de cette année. Il y a fort à parier que quelques nostalgiques du franquisme exploiteront politiquement ce conflit insoluble dans le temps.
L’Autriche a directement plongé dans la marmite empoisonnée de la connivence entre une Droite se disant « décomplexée et les tenants d’idées extrémistes assumées. Mieux cette alliance n’a soulevé que très peu de commentaires au sein de l’UE. Il est vrai que dans la Hongrie, la Tchéquie, la Slovénie voisines il y a longtemps que l’on navigue dans ou vers les eaux brunes du national-populisme. L’arrivée aux poste clés des affaires étrangères, de la police et de la sécurité et donc leaders des conseils des ministres européens dans quelques mois n’a pas révulsé grand monde. Il a fallu par exemple deux jours avant que Paris ne communique officiellement sur le sujet. « Le nouveau chancelier a, à de nombreuses reprises, affirmé son attachement aux valeurs européennes et au projet européen, ce que le programme de son gouvernement reprend. C’est bien dans cet esprit que nous voulons engager le dialogue avec son gouvernement », a répondu le porte-parole du Quai d’Orsay. Cette réaction de la France au retour de l’extrême droite au pouvoir en Autriche illustre bien le changement en Europe en un quart de siècle. L’extrême-droite a été banalisée partout et donc on se fait petit dans absolument tous les pays dans lesquels la Droite est en place. Au cas où…
Que penser de ce qu’il se passe en Pologne ? On saccage l’État de droit après de nombreuses réformes qui musellent de plus en plus les libertés individuelles. Les deux chambres du Parlement de Varsovie ont approuvé deux projets de loi qui vont assurer incontestablement le contrôle du système judiciaire par la majorité du Parti de droite dure au pouvoir. La première – contestée par le président Duda – concerne le Conseil national de la magistrature. La deuxième modifie le régime des tribunaux de droit commun, dont les présidents seront nommés par le ministre de la justice. La commission européenne a réagi en dégainant une procédure exceptionnelle mais… aussi efficace qu’une délibération de la société des nations (SDN) dans les années 1930 !
L’article 7 est en effet qualifié d’« arme nucléaire » parmi les sanctions car elle peut déboucher, au terme d’une procédure complexe, sur une suspension des droits de vote au sein du Conseil de l’Union, l’instance regroupant les Vingt-Huit. Dans sa première phase, celle lancée mercredi par la Commission, l’article 7 permet de « constater l’existence d’un risque clair de violation grave » de l’Etat de droit dans un pays membre, avec l’aval nécessaire d’une majorité qualifiée de 22 pays de l’UE.Parvenir ensuite à la privation du droit de vote d’un pays suppose de passer par trois étapes : un avis de la Commission européenne (c’est fait!) suivi d’un accord aux quatre cinquièmes des chefs de la diplomatie (possible), et enfin d’une décision unanime du Conseil européen (illusoire). On sait en effet que la Hongrie s’y opposera. Ce terrible constat illustre l’impuissance de l’UE face aux partis non démocratiques parvenant au pouvoir via des élections démocratiques ! Et ça, si vous avez un minimum de connaissance historique sur la seconde moitié du XX° siècle ça ne vous rappelle rien ?

Cet article a 5 commentaires

  1. JJ Lalanne

    Quand on ne respecte pas les résultats des élections, quand des Cahuzac ou des Strauss-Kahn ont pu se présenter comme étant de gauche (et ils ne sont pas seuls), quand de la droite modérée navigue en eaux troubles,…,comment éviter que les électeurs qui restent ne soient pas attirés par des gens qui, profitant de la situation, prétendent laver plus blanc que blanc pour mieux les encadrer ensuite? Pour la Catalogne, comment l’ état français aurait réagi face à une tentative de coup d’ état? Les maintiens de l’ordre chez nous sont souvent très musclés pour moins que ça et que le gouvernement espagnol soit de droite ou de gauche, la police reste la police. Quand on veut faire un coup d’ état, il faut assumer. Les corses et les basques ont toujours assumé par le passé, ils ne se sont pas caché derrière des manipulations de la démocratie. Faut-il aller vers une multitude de principautés sous la tutelle d’ une Europe paternalisto-fasciste?

  2. Philippe LABANSAT

    En quoi consistent vraiment les »valeurs » de l’UE ? On peut légitimement se poser la question quand on assiste à des votes démocratiques bafoués (traité constitutionnel bien sûr, annulation du vote des Grecs), à des lobbies qui font la pluie et le beau temps à Bruxelles (voir le glyphosate), à la dictature de l’économique sur le politique.
    L’UE est une association de commerçants, délibérément 4impuissante politiquement et diplomatiquement. Les citoyen(ne)s européen(ne)s ne sont pas dupes. La « peste brune » peut bien monter, si les affaires sont bonnes (y compris dans les paradis fiscaux européens), les instances de l’UE sont aux anges…

  3. JJ Lalanne

    Les instances européennes peuvent être aux anges, en effet, avec un Moscovici commissaire à l’ économie, finances,fiscalité,douanes qui nous disait il y a peu qu’ il était un ami de Strauss-Kahn et que c’ était un homme respectueux des femmes, que les comptes de Cahuzac, homme honnête, ne comportaient pas de zone d’ ombre. Comment s’ étonner de la montée de la peste brune. Comme toute plante elle ne se développe bien que sur un bon terreau et là il faut reconnaître que l’ on a peut-être forcé sur la dose. Les « politiques » sincères vivent tellement entre’ eux qu’ ils ont un gros décalage avec la rue. Bonne volonté mais obligés de recourir à l’ antisepsie (pas toujours efficace) là où l’ asepsie aurait évité le problème.

  4. bernadette

    L’Autriche (germanophobe) est critiquée parce que les politiques français ne vivent pas dans ce Pays. Personnellement je trouve cruelle d’attaquer la Tchécoslovaquie ou Tchequie avec les autres pays du pourtour.
    C’est aux politiques français de déterminer une position juste pour le peuple français.
    La politique des landers c’est à l’Est.

    L’Autriche est un magnifique pays

  5. FLORES Robert

    Donc, soit on (les grands pays fondateurs) modifie les règles du « jeu européen » pour garantir davantage de protection égale des droits de tous les citoyens européens (et l’Europe de Jean Monnet et Robert Schuman ira enfin vers son dessein), soit elle continue ainsi à ne servir qu’aux systèmes commerciaux et financiers, (et elle éclatera en morceaux, permettant ainsi le retour aux frontières, aux monnaies, et aux conflits).

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