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Les aides sociales victimes de la désinformation

Il faut avoir un certain courage pour aborder le problème des « aides sociales » ou des « prestations sociales » dans une société dans laquelle ruisselle imprécisions, amalgames, fausses informations et surtout analyses à courte vue. Se pencher sur ces sujets en annonçant sévérité, contrôle ; diminution devient l’un des clés du succès électoral. Taper sur l’autre le « pauvre », le « précaire », « l’inadapté » aux normes en vigueur constitue un lieu commun que le gouvernement tente de renforcer par des annonces ou des contre-annonces n’ayant d’autres buts que ceux de « tester » l’opinion publique influencée par des sondages orientés. Le chef d’un Etat se voulant encore républicain c’est à dire libre, égalitaire et fraternel va présenter ses orientations pour lutter contre la pauvreté. A l’instar de la suppression de la taxe d’habitation qui devait assurer la fortune des contribuables modestes dont on apprend qu’en définitive sa disparition sera compensée sur une augmentation du déficit du budget il est bon de tenter de déminer des certitudes ravageuses pour une vision humaniste de la société française.
L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, organisme indépendant, explique par exemple que quand le gouvernement parle « d’aides sociales » il faudrait sans doute comprendre qu’il s’agit des transferts sociaux destinés spécifiquement aux personnes et familles les plus pauvres, donc sous conditions de ressources. On ne le voit pas en annuler des dizaines sans prendre le risque de détruire une indispensable solidarité codifiée. Il circule à ce sujet des pseudos-informations totalement fausses mais présentées par les extrémistes de droite comme Des « aides » scandaleuses à des populations servant d’exutoires à une haine sociale rentable électoralement.
L’Onpes préfère donc faire rééfrence aux termes de minima sociaux. La dépense totale en la matière, assurée par l’Etat et les départements sur ordre de l’Etat, représente alors 25,6 milliards d’euros (chiffre 2015), soit 1,2% du PIB pour 4,15 millions de bénéficiaires. Cette dépense progresse d’environ 4,3% par an depuis 2009 en euros constants, une « croissance non négligeable », principalement sous l’effet de l’augmentation du nombre de bénéficiaires de l’ordre de 2,9% par an et de la revalorisation de certains minima sociaux. Première question : pourquoi la pauvreté et la précarité progressent-elles en France ? Les politiques ultra-libérales et surtout les ponctions effectuées sur les classes qui sont à la limite des ressources suffisantes pour vivre décemment en portent souvent la responsabilité. Le capitalisme a besoin de ces volets de gens précaires prêts à accepter des conditions de travail difficile ou des salaires parcellisés.
Les minima sociaux ne sont cependant pas les seuls transferts destinés aux plus pauvres. En effet, il faut y ajouter les allocations familiales et les aides au logement allouées sous conditions de ressources, les aides sociales non obligatoires dispensées par les collectivités locales et les secours distribués par le monde associatif (dont les financements proviennent pour une large part de sources publiques). L’Onpes les évalue à un montant de proche de 4,6% du PIB, soit 14% des dépenses de protection sociale obligatoire. Quand on fait un rapport objectif entre les volumes dépensées et le nombre de personnes auxquelles ces « prestations » sont allouées on arrive à un bilan plus que raisonnable.et qui doit être évaluée.
Selon l’Onpes est « clairement positive » en ce qui concerne la capacité à réduire la pauvreté monétaire. Sans ces transferts, le taux de pauvreté serait en effet de 21% et non pas de 14%. L’impact positif de ces transferts est plus net encore si on considère leur impact sur l’intensité de la pauvreté qu’il atténue considérablement. Les écarts sociaux en France serait alors catastrophique et on reviendrait des décennies en arrière avec une paupérisation outrageante à l’américaine ! Pour étayer cette thèse sur l’efficacité du système français l’observatoire cite « le Comité européen de protection sociale, qui siège auprès du Conseil des ministres des affaires sociales, note dans son dernier rapport annuel de 2017 qu’en France, l’impact des transferts sociaux pour la réduction de la pauvreté des personnes en âge de travailler est significativement supérieur à ce qu’il est en moyenne dans l’ensemble de l’Union européenne (43% contre 33%) ; corrélativement, l’intensité de la pauvreté y est très sensiblement plus faible qu’en Europe en moyenne (15,7 % contre 24,8 %) ». Et c’est là le vrai problème puisque il faudrait réunir trois conditions pour réduire la pauvreté et l’exclusion. La première consiste à assurer un revenu minimum adéquat pour garantir à tous des « ressources suffisantes » fixées à 709 €. La seconde repose sur une politique active de l’emploi, « combinant une offre diversifiée d’emplois et un accompagnement actif vers le travail ». Pour l’Onpes, « c’est sur ce point que la stratégie française d’inclusion active affiche les faiblesses relatives les plus évidentes ». En Gironde grâce aux initiatives de Transfer D2C il a été démontré que cette politique était positive ? Enfin, la troisième condition concerne « un accès effectif aux services de base essentiels à la dignité et à l’autonomie des personnes : santé, éducation et logement ». Et ça c’est souvent oublié !
Face à « un marché du travail trop exclusif », la conclusion de l’Onpes est claire : les transferts sociaux, « pour efficaces qu’ils soient aux fins de contenir la grande pauvreté, ne peuvent suffire à empêcher l’approfondissement de la pauvreté, ni les phénomènes d’irréversibilité qui creusent actuellement les inégalités entre les groupes sociaux au détriment des plus exposés à l’exclusion sociale durable : jeunes faiblement ou pas du tout diplômés, familles monoparentales enfermées dans la nécessité de se consacrer exclusivement aux enfants, adultes isolés en situation d’emplois partiels contraints et coupés des liens sociaux au point de ne pas être en mesure de faire valoir leurs droits ». C’est le constat quotidien des travailleurs sociaux du département !

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