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Offrez à vos gamins un bon bain de racisme

Doit-on interdire les stades de ce qui reste du football aux enfants ? La question mériterait d’être posée. Elle ne le sera pas car dans le monde actuel, depuis l’invention du carré blanc, ce sont les images que l’on interdit mais jamais les sons. Et pourtant alors que les supporteurs s’extasient sur les roulades effroyablement douloureuses de stars des pétrodollars, les gamins sous le regard paternel s’amusent d’entendre des chants homophobes ou des cris racistes descendre des tribunes.

Déjà des rencontres ont été interrompues pour ces raisons qui on en conviendra aisément sont bien loin de celles qui motivent la venue des spectateur.trice.s. Bien évidemment les instances officielles après des saisons de laxisme et de passivité coupables promettent des colloques, ses symposiums et une campagne de persuasion pour juguler ce qui devient un phénomène récurrent. Des sanctions sont annoncées ou déjà prises mais elles n’enrayeront pas ce qui relève du simple phénomène révélateur de la mentalité des sociétés en déliquescence morale.

N’empêche que chaque saison des centaines de milliers d’enfants ou d’adolescent.e.s se gavent d’injures, de hurlements, de slogans au goût nazi ou de mains levées pour le moins équivoques. Pas grave on leur interdira, en vain, par un avertissement en bas du petit écran de regarder un film réputé « scrabreux » ou malheureusement ultra-violent.

Comme le veut désormais la logique européenne, l’Italie est en avance sur le racisme des stades. Ainsi lors du match Cagliari-Inter de Milan, des cris de singe ont accompagné le tir d’un penalty par le joueur belge Lukaku. Un phénomène qui se répète. Il n’affole pas les fans de son nouveau club qui dans un communiqué lui expliquent que ces faits n’ont aucun caractère… raciste ! Un texte qui tente de banaliser ce qui relève d’une atteinte publique, massive et grave à la dignité humaine.

«Nous sommes vraiment désolés que tu penses que ce qui s’est passé à Cagliari était raciste (sic). Tu dois comprendre que l’Italie n’est pas comme d’autres pays d’Europe du Nord où le racisme est un vrai problème (re-sic). Nous comprenons que cela t’a semblé raciste, mais ça ne l’était pas. En Italie nous utilisons des manières de faire, juste pour aider notre équipe et essayer de rendre nos adversaires nerveux, pas pour être raciste, mais pour les faire craquer. » Il est donc permis voire louable pour déstabiliser un joueur de le comparer à un singe avec comme seul objectif de faire gagner son équipe.

Que se permet-on pour un joueur d’origine arabe ou asiatique ? Nul ne le sait mais de toutes les façons ce n’est pas du racisme ? Comment réagissent les gamin.e.s présent.e.s ? Les enseignant.e.s pourront le lendemain s’évertuer de prôner le respect, la tolérance et la fraternité. Il est vrai que le racisme a tellement ruisselé dans les esprits et toute la société que rien ne peut assurer que le système éducatif s’empare de ce sujet.

Les supporteurs milanais le savent bien quand ils en rajoutent une couche : «(…) nous avons toujours utilisé cette façon contre d’autres joueurs d’autres équipes dans le passé et nous ferons de même probablement dans le futur. Nous ne sommes pas racistes (sic) et les supporters de Cagliari non plus ». Hallucinant ! l’UEFA va-t-elle réagir ? 

En France les tribunes prennent le même chemin.  La rencontre entre Dijon et Amiens, le 12 avril dernier, a été provisoirement arrêtée après 77 minutes de jeu, le défenseur et capitaine d’Amiens, Prince-Désir Gouano, ayant été victime d’insultes. « Je sors le ballon en corner, puis je me retourne pour encourager mes équipiers. Là, j’ai entendu des cris de singe. Je me suis dit :’Ce n’est pas vrai, on est au XXIe siècle, on est en France’, a-t-il raconté au journal L’Équipe. « Je me suis retourné pour regarder d’où ce bruit provenait et s’il était bien en ma direction. Effectivement, il l’était. »

Le joueur s’est alors dirigé vers l’auteur de ces cris : « J’ai décidé d’aller donner une seconde chance au monsieur en lui demandant si c’était bien à moi qu’il criait cela. Et il a confirmé en continuant ces bruitages-là. » L’auteur des faits a été arrêté mais dès la nouvelle saison, les chants ont repris à Nancy et des banderoles ont éclairés de leur intelligence les stades !

Des joueurs d’origine africaine refusent des transferts en Russie… Un autre appellent au départ de « noirs » de la sérié A italienne… En Angleterre jusque là préservée Pogba a été insulté par des racistes… Partout les incidents montent et il faut avoir en mémoire que le 3 août 1936 un certain Owens infligeait le plus beau camouflet de l’histoire du sport, lors des JO de Berlin, à l’Allemagne nazie en remportant deux médailles d’or.

Une simple question : quand on a chassé avec ardeur, constance et violence le « gilet jaune » la loi des stades est-elle dérogatoire du droit commun ou comme certains le pensent précède-t-elle des nouvelles règles de maintien de l’ordre ? A c’est vrai j’oubliais les services de l’Etat surveillent que les boissons alcoolisées soient vendues hors du stade… 

Cet article a 2 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour et merci pour ton excellent article dont je n’ai cependant pas compris la question in fine.
    Amicalement,
    Gilbert de Pertuis Porte du Luberon

  2. Catherine

    Le ver était pourtant déjà dans la pomme au milieu des années 80 :
    -c’est ainsi qu’en tribune de face à Lescure où je me trouvais spectatrice invitée
    -un type qques rangs +bas a hurlé sa fureur à Touré [qui n’avait pas été très bon]
    -un « Vas-y Blanchette », teinté de haine & de fiel, de racisme & de sexisme
    J’en ai été terriblement & durablement blessée

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