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La bombe à retardement du plastique

Malgré de nombreuses manifestations, de nombreuses prises de position, une pression citoyenne et scientifique constante, les quelque 200 signataires de l’accord de Paris réunis pour la COP25 madilène n’ont pas avancé un iota pour lutter contre le déclin rapide des conditions de maintien de la vie sur la planète.

On le sait fort bien il y a pourtant urgence : au rythme actuel des émissions de CO2, le mercure pourrait gagner jusqu’à 4 ou 5°C d’ici la fin du siècle. Même si les engagements sont respectés, le réchauffement pourrait dépasser les 3°C. Les considérations économiques avec le rêve constant d’une croissance salvatrice de la consommation sous toutes ses formes bloquent toutes les possibilités d’amélioration de la situation.

Encore une fois le « politique » a cédé face aux financiers, aux marchands, aux industriels, aux exploitants des énergies fossiles. Plus puissants que jamais puisqu’ils ont installé dans les plus grands pays du monde leurs « représentants » au pouvoir ils se chargent de museler toute tentative réelle de réduire les effets de leur action. Est-ce un hasard si les États-Unis se retirent de la COP ? La Chine ? L’Inde ? La Russie ? Le Brésil ? L’Allemagne ? Est-ce une vraie surprise que notre pays, comme beaucoup d’autres ? aient fait l’impasse sur cette assemblée mondiale ?

L’une des responsables de l’association Oxfam France a d’ailleurs souligné cette absence : « Ces derniers jours, il n’y avait aucun ministre. Le Premier ministre et la ministre de la Transition écologique et solidaire ne sont passés qu’en coup de vent. » Elle dénonce le « double discours d’Emmanuel Macron, qui passe son temps à nous dire à quel point le climat est le défi de notre avenir et en même temps quand les négociations les plus importantes de l’année ont lieu, il n’y a personne. » Un constat amer quand on sait combien la France avait agi lors des accords de Paris pour rassembler afin de mettre en place une stratégie mondiale de lutte contre le réchauffement climatique.

Chaque jour ou presque apparaît le vrai problème : la motivation réelle des dirigeants ! Un journaliste spécialiste de l’environnement à l’AFP, n’y va pas sur ce sujet par quatre chemins : « Les objectifs de la COP25 étaient plutôt modestes : faire que les États entérinent ce qu’ils avaient promis il y a quatre ans. (…) Ils n’ont même pas réussi à valider les promesses qu’ils avaient déjà faites, et encore moins à être plus ambitieux. (…) Le message adressé aux peuples, ce n’est pas que l’accord de Paris est inutile. C’est qu’il faut voter pour de meilleurs dirigeants, des dirigeants qui en ont quelque chose à foutre. » C’est exact et dramatique ! D’ailleurs en France c’est tout et son contraire qui guide le gouvernement. Une récente prise de position sur l’utilisation des matières plastiques en est l’illustration parfaite.

Les députés ont voté un amendement LREM fixant à 2040 la « fin de la mise sur le marché des emballages plastique à usage unique ». Dans un monde littéralement envahi d’emballages et en l’absence d’étude d’impact publique cette date contribue à accréditer la puissance des lobbies. En effet l’argument qui veut qu’il faille des délais pour « remplacer » ces produits ne résiste pas à l’urgence de la situation.

Leur fabrication a un impact catastrophique sur le climat compte tenu de l’utilisation massive d’énergies fossiles. Leur élimination reste problématique. Or les matières plastiques envahissent la planète.

Le Rhin, la Seine, le Rhône, la Loire, la Tamise, l’Elbe, le Tibre et l’Ebre et notre belle Garonne contiennent les plus grandes quantités de microplastiques selon une étude de la Fondation Tara Océan, avec l’aide de 17 laboratoires de recherche et du CNRS, Les spécialistes ont prélevé des échantillons « au large des neuf estuaires, à leur embouchure, en aval et en amont de la première grande ville à forte population située sur les fleuves » pour constater une situation très angoissante.

Une étude canadienne montrait récemment que l’être humain avale jusqu’à 52 000 microparticules de plastique par année. En décembre dernier, on apprenait que 90,5 % des déchets de plastique n’ont jamais été recyclés dans le monde. Au Canada, près de 90 % des matières plastiques se retrouvent dans des incinérateurs, décharges, lacs, parcs et océans.

C’est le cas aussi au Québec où seulement 18 % du plastique est recyclé. Ce même rapport précisait que 42 % de ces déchets de plastique que l’on retrouve dans la nature n’ont servi qu’une fois. C’est une réalité… parmi bien d’autres ! Le Canada cessera l’utilisation des produits plastiques à usage unique… en 2021 !

Les États ont encore un an pour corriger le tir : l’année prochaine, ils se réunissent à nouveau, cette fois à Glasgow pour la COP26, au cours de laquelle ils devront présenter une version révisée de leurs plans de réductions d’émissions.

Cet article a 4 commentaires

  1. Christian Coulais

    Et quid du polystyrène ?
    Ce samedi 14/12, l’Atelier Photo Numérique de l’AMAC s’est déplacé en bord de Garonne, à Langoiran.
    La marée à 9h15 se retirait. Au dessus de la passerelle, située entre le pont métallique et la sortie vers Cadillac, qui longe la Garonne, nous pouvions voir les multiples déchets plastiques bien sur, mais aussi les centaines de milliers de billes de polystyrène entre-mêlées aux petits débris végétaux. PERSONNE ne parle de ces déchets que l’on retrouve aussi dans les fossés de nos routes communales et départementales. Qui n’a pas suivit un véhicule de chantier d’où s’échappe un bout de polystyrène que le faucardage broiera ultérieurement…(photographies sur simple demande)

  2. J.J.

    « C’est qu’il faut voter pour de meilleurs dirigeants, des dirigeants qui en ont quelque chose à foutre. »
    Vœux pieu et illusoire !
    C’est la Phynance qui aura toujours le dernier mot, quitte a faire assassiner les empêcheurs de spéculer en rond(Salvador Allende 1973 et combien d’autres inconnus ?) ou les destituer : Evo Morales(un indien, en plus et même pas chrétien )! obligé de se réfugier au Mexique après le coup d’état organisé par le voisin d »au dessus ».

    Je suis très pessimiste pour l’avenir. Même si les états parviennent à établir une neutralité des émissions d ‘oxyde de carbone en 2050 (ce dont je doute), je crains que les glaciers n’aient fini de fondre depuis une jolie lurette !
    Nous risquons à tout moment une catastrophe nucléaire majeure, et l’on va continuer à développer cette énergie du futur (?).
    Mais ce que je crains le plus, c’est que nous soyons asphyxiés par la masse de déchets, en particulier du plastique et ses dérivés (polystyrènes etc..) dont la croissance est exponentielle : voir l’Équation du Nénuphar du professeur Jacquard.
    Maigre consolation , la Phynance périra aussi.

  3. faconjf

    Bonjour,
    2040 pourquoi un tel délai?? Avec un chiffre d’affaires de près de 32 milliards d’euros en 2018, l’industrie plastique française s’impose sur le marché européen. Les régions générant les revenus les plus importants sont l’Auvergne-Rhône-Alpes, les Pays de la Loire, les Hauts de France ainsi que l’ALCA (Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne). La prédominance de ces quatre régions n’a rien d’étonnant puisqu’on les retrouve en tête du classement des régions abritant le plus de plasturgistes, entreprises et salariés (24.450 en 2017 pour Auvergne Rhône-Alpes seulement). Pour la France le problème est économique avec en arrière plan des emplois ( souvent occupés par des illettrés dirait le méprisant). Le problème est aussi mondial, la production mondiale de matières plastiques ne cesse de progresser : +4,5 % par an en moyenne depuis 1990, selon les chiffres de PlasticsEurope, qui défend les intérêts de la filière. La planète consomme trois fois plus de plastique qu’il y a 25 ans, 200 fois plus qu’en 1950. Et ce n’est pas fini. Aujourd’hui, un Africain ou un Indien utilise en moyenne 4 kg de plastique par an, contre 60, voire 80 kg pour un Européen ou un Américain, estime l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Le potentiel de croissance dans les pays émergents est énorme. En suivant les tendances actuelles, la production mondiale des principales résines à l’origine des plastiques (polyéthylènes, polypropylènes, polystyrènes, PVC…) est partie pour augmenter encore de 70 % d’ici à 2050, selon l’AIE. En 2018 la production mondiale a atteint 359 millions de tonnes et si l’on se projette en 2050 plus de 600 millions de tonnes !! Imaginez l’impact de l’ interdiction des produits à usage unique (pailles, assiettes et couverts, cotons-tiges…) qui se profile en Europe et ailleurs. Ces interdictions ne concerneraient que de « 3 à 4 % » de la demande mondiale de plastique c’est à dire moins que la croissance annuelle mondiale (+4.5%).
    Les industriels déclarent qu’ils ont un temps mobilisé leurs lobbys pour contrer ces interdictions. « Mais aujourd’hui, ils essaient surtout de trouver des solutions », . Leur nouvelle communication passe d’abord par la lutte contre la pollution. c’est le cas des grands producteurs de matières plastiques comme Total, mais aussi des entreprises consommatrices d’emballages comme Procter & Gamble ou Henkel, ou encore des acteurs de la gestion des déchets comme Suez et Veolia. En janvier, une vingtaine de multinationales ont lancé l’Alliance to End Plastic Waste (Alliance pour l’élimination des déchets plastiques). Elles ont promis de dépenser au moins un milliard de dollars sur cinq ans pour financer des projets de collecte, de recyclage ou de nettoyage dans les pays émergents. Une goutte de dépenses et un océan de profits en vue pour le marché de la collecte et du recyclage.
    Total a ouvert en Thaïlande une unité de production de bioplastiques à partir de canne à sucre. Les volumes restent minuscules à l’échelle du marché mondial du plastique mais la tendance est là. Oui Oui la tendance est là après les nécro-carburants ( agro-carburants) qui dévastent les forêts primaires pour produire des carburants subventionnés, voici les nécro-emballages qui vont encore réduire les surfaces agricoles vivrières au plus grand profit des industries pétrolières recyclées… Il reste un espoir pour les affamés, le steak de pétrole made-in Total.
    Salutations républicaines

  4. J.J.

    Il y a pourtant des Évangélistes et autres amateurs d’écritures dites saintes, parmi ces promoteurs de l’industrie du plastique et autres bombes potentielles.
    Curieux qu’ils ne suivent pas ces admonestations. Ils doivent confondre parfois lettre morte et parole d’évangile.
    « Écoutes ceci, peuple insensé, et qui n’as point de cœur ! Ils ont des yeux et ne voient point, Ils ont des oreilles et n’entendent point. »
    (Jérémie 5.21 )
    Ou encore
    « Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles, n’entendez-vous pas? Et n’avez-vous point de mémoire? »
    (Marc 8:18)
    Etc…

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