TOUS LES MEMES

Tue, 20 Sep 2005 00:00:00 +0000

Chaque fois que, dans un espace collectif, se tient un débat quelconque, quand un élu s'exprime, il finit tôt ou tard par entendre fuser le reproche suprême:   » Oh ! vous les élus, vous êtes tous les mêmes? « . A combien de reprises ai-je entendu cette phrase, depuis un quart de siècle, je l'ignore, mais maintenant je suis certain que jamais la situation n'a été pire. Désormais, il vaut mieux faire profil bas quand on est élu local et ne pas s'exposer au mal que j'exècre : la généralisation hâtive !

Dans les repas où l'on ne vous connaît pas forcément, surtout, pour ne pas avoir d'aigreurs d'estomac, taisez modestement votre fonction élective. Dans les discussions non institutionnelles, évitez de vous présenter. Dans les grands débats, ne vous montrez pas trop, asseyez-vous derrière et bouchez-vous les oreilles. Il vaut mieux, par les temps qui courent, y être présent comme président du comité de défense de l'escargot sauvage à trois cornes, que maire, adjoint ou conseiller municipal. Votre légitimité sociale en sortira renforcée par le fait que vous êtes  » bénévole « ,  » passionné « ,  » compétent  » sur son cycle de reproduction, ses m?urs nocturnes, sa pérennité sur la planète. Surtout que l'escargot à trois cornes n'ayant jamais été répertorié politiquement, il vous confère l'immaculée conception du désintéressement absolu. Vos arguments prennent une valeur particulière puisque justement ce ne sont pas ceux d'un élu mesquin et menteur.  » Tous les mêmes » je vous dis !  Et alors, si vous vous réclamez de la défense du  » contribuable écrasé par les impôts locaux « , d'une pétition de  » voisins spoliés par l'arrivée de logements sociaux « , d'un collectif de « riverains menacés par la circulation routière « ,  vous allez pouvoir vous offrir de l'élu local  au petit-déjeuner, au déjeuner et même le soir avec le café de fin de réunions de famille.

Il y aurait un mal collectif contagieux, du style grippe aviaire ou choléra, qui frapperait les représentants du suffrage universel. Tous seraient bons à être mis dans le même sac et jetés à l'eau si l'on en croit les plus virulents de leurs détracteurs.

Les élus appartiennent depuis quelques années, à un groupe cloné permettant, de moins en moins, de les distinguer les uns des autres. Peu importe leurs idées, leur comportement réel, la sincérité de leur engagement, leur dévouement, leur désintéressement, ils sont élus donc potentiellement coupables ! Coupables de tricherie, de mensonge permanent, de refus du débat, de perversité politique, de malhonnêteté intellectuelle, de mégalomanie aggravée. Ils sont même paraît-il contagieux ! Vous ne le croyez pas et pourtant on en a bien accusé beaucoup d'être responsables de la victoire du non au dernier référendum?De quoi se sont-ils mêlés ces soutiers de la démocratie alors que les commandants avaient pourtant donné le cap à suivre ?

Il n'y a rien de plus dangereux pour la démocratie que cette  » globalisation  » mensongère. Pourtant elle enfle dans le silence des consciences et transforme les citoyens en procureurs hâtifs.

A titre d'exemple, prenons ce blog?

En matière de communication, c'est bien connu, on ne prête qu'aux riches. J'ai donc été très fier que l'on me range dans la catégorie des  » grands du monde politique  » qui  » bloguent  » à longueur de journée. Vous êtes beaucoup à pressentir, en effet, que ce ne sont pas eux qui écrivent les textes mis en ligne, et que la vérité des mots ne leur appartient plus. Ils ont embauché des  » attachés de com. dévoués » pour pianoter à leur place et délivrer la bonne parole supposée de leur mentor. Certains ne voient même pas les textes avant parution !

Incidemment j'ai donc appris que l'on me suspectait déjà fortement d'avoir recours à un  » nègre blogueur « , nouvelle race d'écrivains prête-nom,  tisserands anonymes de la toile? J'ai eu droit à la remarque qui tue :  » un élu ne peut pas écrire comme ça ! « . Mieux encore, mes oreilles ont entendu le reproche absolu :  » un élu ne peut pas écrire ce qui est écrit « . Je vous l'ai dit :  » tous les mêmes « . Ils trichent, ils trompent, ils volent, ils mentent. Il est vrai que ces septiques n'ont pas tort car je ne vois pas, dans l'histoire des blogs, comment certains trouveraient le temps de vous expédier, de leurs mains, le fruit de leur pensée à moins qu'ils aient des journées de 35 heures. Alors, évidemment, les sincères morflent pour les autres.

Rassurez vous, au risque de vous décevoir, je revendique l'écriture de cette chronique quotidienne, fautes de frappe ou d'orthographe, oubliées sur cet écran noir de mes nuits blanches, comprises. Et ma situation s'aggravera quand vous saurez que je rédige et diffuse un hebdomadaire municipal depuis 22 ans, que je réponds physiquement et personnellement, tous les matins, aux questions Internet arrivées en Mairie, que je me fais plaisir en écrivant ces lignes, que je paie moi-même mon téléphone mobile et mes communications, que je règle mes repas, que je n'ai pas de chauffeur, que je voyage à mes frais, que je vais dans des réunions, des colloques, des congrès en assumant moi-même mes inscriptions, mes séjours, mon déplacement et que? très nombreux sont mes collègues autour de moi qui font de même. Ils le font, pour justement que le  » tous les mêmes  » ne les touche pas moralement. Mais ils lâchent prise les uns après les autres.

 » Tous les mêmes « , en fait c'est vrai. Tous en ont assez d'être, sans cesse, phagocytés par cette diabolisation démoralisante d'une fonction que leur ont pourtant librement confiée les électrices et les électeurs.

Ils imaginent naïvement, les pauvres, qu'un jour on ne dira plus  » les élus  » mais  » certains élus « , qu'on ne pratiquera plus  » l'intégration non-sélective  » mais la  » discrimination positive « , que l'on préfèrera au  » tous coupables  » narquois le  » quelques-uns coupables « , que l'on aimera davantage  » l'information «  pour écarter  » la désinformation « , que l'on s'attachera aux  » individus «  et non aux  » concepts « ?

On mesurera en 2008 (ou en 2007) les dégâts de cet ouragan qui souffle sur les élus. Déjà les conseils municipaux se dépeuplent, les conseils c
ommunautaires rament, les réunions institutionnelles sonnent creux et il faudra tenir? 3 ans !

Mais je déblogue?

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