MAUDITS SOIENT LES ROIS

Tue, 29 Nov 2005 00:14:00 +0000

Les Rois maudits rénovés ont bouclé leur apparition sur le petit écran. La saga la plus sanguinaire et la plus cruelle que l'on ait écrit sur l'Histoire de France l'a été par l'un des plus farouches pourfendeurs de la  » racaille  » des banlieues. D'ailleurs le Roquet de Neuilly a exhibé récemment Maurice Druon dans l'un de ses shows UMPistes (1) comme s'il avait besoin de la référence d'un spécialiste en matière de complots, de trahisons, d'empoisonnements de la vie des autres, d'échanges d'épouses, de meurtres, d'incendies, de vie dissolue dans les Palais? Car la télé n'a pas fait dans le détail historique : viols, assassinats, pillages, lâcheté, intolérance religieuse, une Europe du libre échange de princesses, ont tenu les chaumières en haleine plusieurs semaines durant. La seule différence entre les films et les appels modernes à la violence, aura résidé dans l'emploi de l'imparfait du subjonctif, dont nous savons que tous les téléspectateurs le maîtrisent avec délectation?

Pour le reste, Jeanne Moreau en harpie sans scrupule ne se trompe pas sur la signification de cette série. La langue de bois, elle ne connaît pas. Elle a dit :  » Villepin et Sarkozy sont les Rois maudits d’aujourd’hui. Les guerres de puissance sont éternelles. « . Il est vrai qu'entre Dominique, Marie, François, René Galouzeau de Villepin, dit Dominique de Villepin, et Nicolas, Paul, Stéphane Sárközy de Nagy-Bocsa, dit Nicolas Sarkozy, la guerre larvée prend à témoins des vassaux en tous genres. On ne se répartit plus des terres mais des titres. On ne se vole plus des fiefs mais des responsabilités. Pour obtenir le pouvoir, les promesses les plus folles continuent à séduire les puissants ou les misérables.

CIRCONSCRIPTIONS ET SEIGNEURIES.-  La conquête du pouvoir n'a jamais été une affaire d'angelots. C'est une leçon incontestable de l'Histoire. Elle a traversé les siècles en laissant derrière elle des traînées sanguinolentes. Elle a justifié tous les moyens dont on a oublié les origines pour ne retenir que la fin. Les observateurs les plus avisés ont analysé ces ascensions pitoyables ou fulgurantes, en affirmant qu'elles ne pouvaient plus se reproduire. Ils ont transformé des bribes historiques en vérités romanesques. Et pourtant?

Désormais on ne poignarde plus dans une ruelle obscure, on n'enduit plus de poison des vêtements ou des mets. Encore que? dans certains pays, on meurt toujours de manière subite et peu naturelle. On se contente de tuer par la parole ou l'écrit. On a renoncé aux champs de bataille, pour préférer les enceintes, plus confortables mais aussi meurtrières, des congrès ou des assemblées. On y distille des petites phrases assassines, ou on expédie sous plis cachetés anonymes quelques preuves d'égarements coupables. On continue à promettre des circonscriptions, et non plus des seigneuries. On n'accorde plus des privilèges, mais des places sur des listes. On ne se range plus derrière un étendard, mais derrière un parti. On ne s'extermine plus la lance à la main, mais avec des statistiques que l'on s'assène violemment en public.

Impossible de ne pas croire que l'Histoire sert toujours les mêmes plats. Elle ravale les façades. Elle modifie les apparences, mais elle conserve le même fond, la même trame. Les Rois ne sont, dans le fond, maudits que quand ils n'ont pas la capacité de conserver ou de conquérir le pouvoir. Ce fameux pouvoir, dont on sait qu'il ne vaut que lorsque l'on n'en abuse pas.

TELE REALITE INSUPPORTABLE.- Au nom de l'Histoire, France 2 a présenté des images d'une cruauté absolue. Elle a vanté les défauts les plus vils. Elle a justifié les comportements les plus abjects. Heureusement que, dans nos banlieues inflammables, on aura préféré, hier soir, sur d'autres chaînes,  » Sauveur Giordano  » enquêtant sur? l'enlèvement d'une fillette,  » 36, Quai des Orfèvres  » mettant en scène des braqueurs terrorisant Paris, ou le film noir  » Plein soleil « . Autant de repères sociaux, véritablement formateurs, en une époque où l'on fait semblant de s'étonner de comportements violents. Ils puisent, pour une part, leur origine dans des soirées comme celle-ci, durant lesquelles les  » reclus  » du couvre feu (on n'en entend plus parler !) contraints à rester à la maison, apprennent ce que la civilisation chrétienne a pu générer, ou ce que la Police sait encore générer.

Il y a quelques semaines, les flammes des automobiles constituaient une télé réalité insupportable. Elles ont embrasé les consciences. Elles ont traumatisé le Peuple. Elles ont fait vaciller le Roquet de Neuilly sur son piédestal, avant de lui redonner les oripeaux de la gloire médiatique. Celles des Rois maudits appartiennent à la gloire de la littérature française. Pas question de les remettre en cause !

Les Français n'aiment pas les réalités, mais ils adorent les fictions. Ils ont donc bien aimé la synthèse du Mans, celle qui n'a pas permis de départager les prétendants, laissant le Parti des Socialiste aux mains d'un Régent corrézien. Les seules choses qui étaient enflammées n'étaient que les propos de Mélanchon ou les propos de Montebourg. Les poisons étaient restés dans les Q.G. La nuit glaciale des longs couteaux n'a été qu'une nuit de chine, aux mots les plus consensuels. On a vite pris les mêmes, et on a décidé de recommencer à faire comme avant, car dans le fond, le pouvoir ne doit pas s'éparpiller dans n'importe quelles mains. Les Rois règlent leurs problèmes entre eux, selon des rites qui leur conviennent. Ils espèrent ainsi se préserver des révolutions de palais.

Maudits soient les Rois?de Druon ou d'ailleurs !  » Je préfère que l'aide de l'Etat aille à ceux qui travaillent plutôt qu'aux parasites qui ne travaillent pas  » a déclaré dans un meeting sarkoziste l'ancien secrétaire perpétuel de l'Académie française. Comme on le comprend?

Mais je déblogue? 

(1) Lire un ancien blog :  » TOUS DES PARASITES  » paru le 25 octobre 2005

 

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