L'évaporation programmée de la vitalité associative

Qui mesure l'impact de l'autogestion sociale citoyenne à part celels et ceux qui la pratiquent?
Qui mesure l'impact de l'autogestion sociale citoyenne à part celles et ceux qui la pratiquent?

L’une des spécificités de la démocratie française repose sur la fameuse loi de 1901 qui a créé le libre droit d’association. Nul ne songerait à se résigner à voir supprimer ce qui constitue une véritable ouverture aux citoyens de la gestion de leur quotidien. Nulle part ailleurs en Europe, souvent à l’échelle communale, c’est- à-dire la plus proche des bénéficiaires potentiels, on ne trouve un tel tissu de relais sociaux en tous genres. Le bénévolat, fondement même du droit associatif, représente une richesse considérable pour un pays comme le nôtre, puisque tout ce travail social, éducatif, citoyen, culturel, sportif, solidaire, s’effectue au bénéfice du seul intérêt collectif. Une étude rapide permet, par exemple, de mesurer son impact sur une cité comme Créon, qui compte, à l’heure actuelle, plus de 70 associations locales, lesquelles mobilisent environ 560 responsables (membres des bureaux) et portent un budget de fonctionnement de 3 millions d’euros, avec environ une centaine d’emplois officiels! Ce choix de gestion municipal, qui date d’une trentaine d’années, mériterait d’ailleurs un rapport économique beaucoup plus précis, permettant de chiffrer la valeur financière indirecte de cet impact citoyen concret. Si tous les services actuels rendus par le système d’autogestion associative citoyenne étaient « municipalisés » ou « communautarisés », sur Créon, il faudrait au moins 35 à 40 % d’augmentation des taxes locales! Mais qui le perçoit ainsi ? Surtout pas les « consommateurs » d’associations, indifférents aux « avantages » sociaux de ce système.

Or, il se trouve que la réforme prévue des collectivités locales qui, selon les déclarations d’Edouard Balladur, vise à « faire évaporer les communes et les départements » va, par ricochet, détruire tout le réseau associatif. La démolition du réseau national a débuté dans le milieu périscolaire, avec la suppression massive des crédits aux associations qui effectuaient un travail considérable, à côté d’un système éducatif de plus en plus replié sur lui-même ! Elle va se poursuivre au niveau local, par le subtil contenu d’un texte dont beaucoup de gens parlent, sans pour autant en avoir quantifié l’impact pour la République, s’il est adopté dans son contenu actuel. Comment, par exemple, persuader les électrices et les électeurs que cette réforme va conduire à la disparition indirecte du réseau associatif, et donc des effets bénéfiques de la loi de 1901 ? Dans le fond, ils s’en moquent, dès lors qu’ils ne sont pas confrontés à la réalité du désert qui viendra tôt ou tard avec la suppression, pour les régions et les départements, de la compétence générale, et son maintien pour les seules communes dénuées de tous moyens financiers.

Qui sait que tous les clubs sportifs des communes sont actuellement soutenus financièrement par le Conseil général ? Les licenciés ignorent la plupart du temps que les Ligues (région), les comités départementaux (conseil général), les clubs (communes, communautés des communes, départements), bénéficient d’aides considérables au titre… de la « compétence générale »… Ils découvriront le sens de cette formule abstraite quand ils ne pourront plus, par un encadrement strict des compétences prévues dans l’avant projet de loi, recevoir les subsides de ces collectivités. Il faudra alors, dans le domaine de la culture (manifestations, apprentissages, équipements…), du sport (aide aux licences, investissements, fonctionnement des structures cadres, postes d’animateurs…), se tourner vers les pratiquants et les seules communes, pour financer ces pratiques. Dramatique… Au point que le Comité National Olympique vient de se réveiller (voir le site suivant: http://www.girondecitoyenne.fr/?p=227 )

Il y aura des réveils douloureux...
Il y aura des réveils douloureux...

Dans le débat sur la « Métropole », quelques élus, qui ressemblent étrangement aux trois singes, oublient que le texte prévoit que la métropole n’aidera que les « structures d’intérêt métropolitain ». Pour les sourds et malentendants, je décode : Conservatoire de musique, Grand Théâtre, Pin galant, Aréna, Grand stade, Girondins de Bordeaux, clubs de niveau métropolitain, vélodrome, patinoire, bassins nautiques.. Pour les autres, plus d’aides; et plus d’aide du Conseil général, confiné à ses compétences sociales. Donc, financement exclusif par des communes « en voie d’évaporation »…

Pour quelques élus, il est « urgent d’attendre ». Pour les responsables associatifs, il serait urgent de les secouer, car déjà en proie à la crise des vocations dirigeantes, le milieu voit son horizon s’assombrir.

Oh ! je sais, c’est une vision pessimiste de l’avenir, car le gouvernement actuel n’a aucune autre arrière-pensée que celle de réduire les coûts de fonctionnement d’une République qui n’en finit pas d’agoniser au fil des réformes, dans une sorte d’indifférence « apolitique » de quelques apprentis sorciers!

Cette publication a un commentaire

  1. danye

    Le mot associatif ou association est un puissant moteur dans ma vie .Je vous remercie à nouveau de dire , de redire clairement sans se voiler la face ce qui
    nous attends sur le plan communal et local si les réformes promises sont mises application.

    Nous allons être pris au piège sans nous en rendre compte …. il faut réagir ..agir au plus vite et afficher notre refus devant toutes ces réformes qui nous privent de nos droits fondamentaux .

    Continuer de défendre les personnes qui vous donnent leur confiance .Ces citoyens
    deviennent paralysés devant toutes les stupidités qui nous tombent dessus !!!

Laisser un commentaire