N'est pas chevalier blanc qui veut!

Le Président de la République a déclaré la guerre aux collectivités territoriales et aux élus qui les gèrent, au prétexte qu’ils constitueraient des freins au redressement de la France. Jouant sur le populisme le plus basique, comme d’autres ont joué durant des années sur l’anti-communisme primaire, il fait dénoncer par ses sbires idéologiques, la gabegie financière de ce « mille feuille institutionnel », uniquement composé de… 3 niveaux (commune, département, région) puisque, dans notre pays, les seuls élus locaux comptables de leur gestion devant le suffrage universel sont les conseillers municipaux, les conseillers généraux et les conseillers régionaux. Ils coûteraient à ces contribuables exsangues des fortunes qu’ils n’ont pas… alors que le cumul des indemnités perçues par tous est, par exemple, inférieur nationalement au seul budget publicitaire du… gouvernement actuel ! Tout le tintouin médiatique autour des réformes en cours ne dissimule en fait qu’un véritable « coup d’état institutionnel », avec la complicité consentante des représentants nationaux (sénateurs et députés) de l’UMP, étranglés par les enjeux futurs des pouvoirs créés !

Hier, lors du vote de la décision modificative budgétaire numéro 2 du Conseil général, nous avons eu un récital exceptionnel en la matière de la part du leader d’un groupe informe (absences… en développement durable d’un tiers des membres – malgré un retour opportun de l’un d’entre eux, après une longue digestion post-électorale arcachonnaise -, abstention systématique de l’un d’entre eux alors que les autres votaient contre, reconnaissance permanente de la qualité des actions du Conseil général et de son Président, mais… refus de l’admettre, dès que des difficultés sont imputables aux décisions gouvernementales..), ne sachant plus que dire et faire pour se dédouaner des réformes en cours…

Se présentant comme le « chevalier-vicomte blanc » de la gestion locale, le survivant du groupe, censé représenter la mouvance sarkoziste, aura patienté tout l’après-midi pour transformer ses analyses, – aussi superficielles qu’ empreintes d’une stupéfiante suffisance, à l’image d’ailleurs de celle, permanente, d’un président qui prétend tenir le gouvernail du Titanic -, en vérités réputées fracassantes. Visiblement, si la « noble » ambition de l’intéressé est à la hauteur de l’idée qu’il a de lui-même, il va y avoir desp991103 rayures sur les parquets des châteaux ou des palais qu’il fréquente… Dommage qu’avec ses collègues, il ne se soit pas associé à la motion lucide de la majorité plurielle de Philippe Madrelle, et qu’il n’ait pas, par exemple, en matière de gestion, fait tourner sept fois sa langue dans sa bouche, ayant confondu « conte de fées » et « comptes de faits ». En matière de comptes, d’ailleurs, on a parlé du désengagement de la CNSA, Caisse nationale de solidarité pour l’Autonomie (y-a-t-il plus emblématique?) qui atteint provisoirement sur la Gironde 2,1 millions d’euros, obligeant ainsi le Conseil Général à compenser, pour qu’on puisse continuer à verser aux intéressé(e)s les prestations de Compensation du Handicap (PCH) et l’aide personnalisée à l’autonomie (APA). Les caisses sont vides nationalement, et elles le seront encore plus en 2010 ! Il est vrai qu’elles auraient pu être facilement renflouées, quand on lit le rapport de la Cour des Comptes (on en transmettra une copie au « Vicomte-chevalier du chiffre », pour qu’il lave plus blanc que blanc devant sa porte, et afin qu’il informe le bon peuple, via le quotidien régional, de la gabegie financière de sa « suffisance présidentielle » lors de son passage, durant la crise, à la tête de cette Europe si soucieuse de flinguer les dépenses dispendieuses de ses États.

Ce rapport, rassurez-vous, ni TF1, ni France Télévisions, ni les grands Hebdos, ne vous le décortiqueront, car ce serait un véritable crime de lèse-majesté. Il illustre pourtant merveilleusement le comportement général de cet « Etat sarkoziste », donnant des leçons aux médiocres gestionnaires locaux… Rien n’aura en effet été assez somptueux pour que le Président de la République, égalitaire et fraternelle, accueille avec faste les invités des sommets européens. La découverte de ces chiffres-là fait bondir. Le 13 juillet 2008, en pleine présidence française de l’Union européenne, l‘Elysée offre un dîner à 43 chefs d’Etat étrangers (dont le Syrien Bachar el-Assad et le respectable Khadafi, qui daignent participer au sommet de lancement de l’union pour la Méditerranée (à propos, avez-vous entendu reparler de ce «grand projet» sarkozien mal engagé ?). Le coût, pour les contribuables, de ce pince-fesses, servi en grande pompe au Petit Palais? La bagatelle de 1.010.256 euros, la moitié de la somme qui manque pour l’APA et la PCH en Gironde ! Quelques heures plus tôt, les forces de sécurité chargées de sécuriser les lieux avaient déjeuné plus léger, sous une tente, dressée sur l’avenue d’à côté, pour 5.181 euros TTC… il ne faut pas mélanger le Peuple des serviteurs et les maîtres du monde ! C’est, en effet, l’une des perles du rapport d’enquête de la Cour des comptes consacré au budget de la présidence française de l’UE, tout juste remis à la commission des Finances du Sénat – qui l’avait commandé en octobre 2008, bien inspirée…

Ce document, d’une centaine de pages, (que www.mediapart.fr publie sous l’onglet Prolonger) vient jeter un éclairage nouveau, très peu flatteur, sur les coulisses de la «campagne européenne» de Nicolas Sarkozy, qui lui a permis, avec 12 % des voix des Français en âge de 8A5F4668-3D8C-D562-FF98-FD91FE469D60Filevoter, de se déclarer majoritaire en France. Il est vrai que le résultat des Européennes a été à la hauteur de l’investissement : ces six mois de 2008 auront coûté la bagatelle de 171 millions d’euros à l’État français, d’après les calculs très officiels de la Cour des comptes – soit 1 million d’euros par jour… soit, en deux jours, le surcoût de la solidarité aux plus handicapés dans notre Département ! Eh oui, pour reprendre une autre comparaison, c’est 60 ans du budget de fonctionnement de la commune de Créon, et c’est de quoi payer les maires et les adjoint(e)s de France durant des décennies ! Vous voyez que la France, qui empruntera 214 milliards d’euros en 2010 pour simplement payer ses fonctionnaires (117 milliards), les frais financiers de ses emprunts (42,5 milliards), et ses ridicules investissements (20 milliards), afin de ne laisser finalement qu’un déficit prévisionnel de 114 milliards, est très bien gérée…

Mais, me direz-vous, un repas de 50 convives à 1 million d’euros, c’est une broutille, car on a fait mieux encore, au noble temps du Roi Soleil, lorsqu’il recevait à Versailles l’ambassade de Siam, le 1er septembre 1686, puisque 1500 personnes étaient présentes. Le mobilier d’argent fut de nouveau sur l’estrade royale. L’enjeu était de taille : le soutien militaire du Siam. Quoique souffrant d’une fistule (sic), Louis XIV avait reçu les ambassadeurs, qui tenaient dans une boite la lettre de Phra Naraï. Couverts de leurs étonnants chapeaux pointus, ils se prosternèrent devant le roi, tel un dieu vivant. On les autorisa à lever les yeux vers lui, contrairement à leur coutume. Après la remise de la lettre, les ambassadeurs se retirèrent à reculons les mains jointes. Le roi leur offrit une visite de ses appartements et jardins. Un des siamois déclara, au sortir du cabinet des Médailles, qu’après les trois grandeurs de l’Homme, de Dieu et du Paradis, il connaissait désormais celle de Versailles !

(1) Si vous avez un brin de temps disponible allez lire l’article édifiant sur ce sujet en cliquant sur
http://www.mediapart.fr/article/offert/b02d2cf8f64d73b78ba69af54598a490

Cet article a 3 commentaires

  1. daniel PALACIN

    En tout cas si:
    « N’est pas « chevalier blanc qui veut! »,
    Le chevalier de l’explication de texte politique c’est vous, avec une très bonne recette:
    Un bon morceau de pertinence, rissolé dans un peu provoque, arrosé avec l’humour du jour et accompagné avec de grosses légumes.
    Bon appétit au Château.
    Pour vu qu’après cela il nous reste à nous pauvres manants encore de quoi acheter du sel.
    C’est pas gagné, et pour nos enfants n’en parlons même pas.
    Demain on dort une heure de moins, espérons que cela favorisera le réveil des consciences consciences suite à votre nouvel éclairage d’aujourd’hui JMD.

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