Des malades de mauvaises compagnies

Désormais la CPAM et les entreprises deviennent de plus en plus intraitables sur les congés de maladie, et les salariés le constatent chaque jour. Les médecins généralistes sont observés, les malades sont contrôlés, les statistiques sont étalées sur la place publique comme des preuves irréfutables. Les textes sur la « longue durée » sont appliqués impitoyablement. Les commissions siègent sans discontinuer pour statuer sur des situations de fin de carrière, pourtant consécutives à la dureté du monde du travail. Prises en charge par la branche maladie de la Sécurité sociale, les indemnités journalières consécutives à un arrêt de travail pour maladie ont coûté 6,21 milliards € d’euros en 2008. Et on en tire des conclusions rapides sur… le déficit qui serait dû à des abus répétés du travailleur.
Cela représente en effet 54,8% du montant consacré chaque année par l’Assurance maladie aux assurés amenés à cesser leur travail pour des raisons médicales (11,3 milliards € en 2008). Entre 2003 et 2008, on a constaté une diminution du montant total des indemnités journalières maladie (-1,4%) mais ce n’est pas suffisant.
Et sur plusieurs décennies, on constate que le nombre de journées maladie indemnisées, par personne ayant un emploi, a eu tendance à diminuer. Il est passé de 11 jours en 1976 à 8,5 jours en 2005. Impossible d’entendre des commentaires gouvernementaux sur le caractère raisonnable de ces informations méconnues. Il faut aussi savoir que, contrairement aux idées reçues, ce sont les chirurgiens orthopédistes qui prescrivent le plus de journées d’arrêt de travail.
En 2005, ils avaient prescrits 85 207 journées d’arrêt de travail, suivis par les neurochirurgiens (58 438) et les généralistes (29 187). Ce sont pourtant eux qui sont en première ligne, au prétexte que certains seraient trop laxistes. A voir… surtout quand les spécialistes envoient leur patient faire signer l’arrêt de travail au généraliste, car ils ne veulent pas attirer l’attention sur leur profil de prescripteur ! Les Français seraient donc gros consommateurs d’arrêts-maladie ? C’est ce que tendrait à faire croire la campagne lancée par la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam). En fait, rien n’est moins sûr, car tous les chiffres disent le contraire mais là n’est pas le problème : il faut des coupables désignés d’office !
En France, les arrêts de travail seraient inférieurs à la moyenne observée en Europe, avec seulement un salarié français sur quatre, en moyenne, qui déclare avoir posé un arrêt pour maladie, contre un sur trois dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. C’est en Belgique et en Irlande que la proportion observée d’arrêts maladie par salarié est la plus forte : respectivement 47 et 46 %, soit près d’un salarié sur deux. C’est comme le temps réel de travail et la productivité : nous vivons sur des poncifs, colportés par des affirmations péremptoires de celles et ceux qui veulent taper sur les salariés ou les fonctionnaires.
Or il se trouve que,depuis quelques jours, certains utilisent les congés de maladie comme une arme de la contestation sociale. Il est vrai qu’ils n’ont pas le droit de grève, et qu’ils cherchent, à l’inverse de celles et ceux qui ont beaucoup perdu dans la contestation de la réforme des retraites, des moyens de protester sans trop être financièrement pénalisés. Des actions de protestation contre les menaces de fermeture de compagnies de CRS ont eu lieu samedi à Lyon et à Perpignan, tandis que la compagnie de Marseille a décidé, en assemblée générale, d’entamer une grève de la faim. Les CRS se payent la tête de Brice Hortefeux selon une méthode qu’aucun syndicat d’enseignant n’oserait utiliser.
A Perpignan, la quasi-totalité des effectifs de la compagnie de CRS 58, qui devaient assurer la sécurité du match Arles-PSG – 74 personnels sur 84 – se sont fait porter malades samedi matin, selon une source syndicale.
A Sainte-Foy-les-Lyon dans le Rhône « une centaine de personnes » parmi lesquelles « les familles des CRS », ont manifesté devant la CRS 46, a confirmé la préfecture. Elles ont « bloqué symboliquement l’accès du casernement pendant quelques minutes », selon une source syndicale. Quelque 70 % d’arrêts maladie avaient été enregistrés mercredi matin dans cette compagnie de la banlieue lyonnaise. Diable! mais qui leur a délivré ces arrêts ne pouvant qu’être suspectés de complaisance ? Une enquête va-t-elle être ouverte ? Les épidémiologistes vont-ils traquer le virus étrange qui a causé ces hécatombes ? Est-ce que ces fonctionnaires rebelles vont êtres sanctionnés et des contrôles diligentés ? La compagnie de CRS marseillaise, en déplacement à Paris pour des missions de sécurité, a décidé samedi en assemblée générale d’entamer une « grève de la faim », a annoncé Unité police SGP-FO (premier syndicat de gardiens de la paix). On croit rêver : le Batman de la chasse aux délinquants qui est acculé à revenir sur ses mesures de fermetures de compagnies de CRS par des certificats médicaux !
Imaginons le tollé gouvernemental si par exemple tous les enseignants d’une école ou d’un collège, menacé par des mesures de carte scolaire, se mettaient en arrêt de travail pour raison médicale…ou si tous les conducteurs de TGV se faisaient porter pâles le même jour. Et pourtant, ils ne feraient que prendre exemple sur les personnes chargées de les réprimer quand ils sont en grève, et qu’ils défilent dans les rues… Mais il est vrai que le gouvernement peut davantage avoir besoin des uns que des autres. Qui prend les paris ? Eux ne verront pas leurs compagnies supprimées grâce à une action « non violente », ne choquant personne et, plus encore, invisible par le grand public !

Cet article a 6 commentaires

  1. jean

    Les statuts de la fonction publique, par les articles 10 et 90, interdisent aux forces de l’ordre de faire gréve. Ils leur restent donc peu de moyens à leur disposition pour manifester d’une façon voyante leurs mécontentements. Il se battent pour les mêmes raisons que les autres fonctionnaires, celles des suppressions de postes dans leurs services! ils ont subit diverses régressions sociales tout comme les autres fonctionnaires ! Ils ne sont pas aux 35 heures par semaine et peuvent récupérer leurs heures supplémentaires quand l’administration leur permet ! Ils ne peuvent prendre de congés a leurs souhaits et sont souvent rappeler alors qu’ils étaient en repos avec leur famille !
    Contrairement à vos écrits:
     »Imaginons le tollé gouvernemental si par exemple tous les enseignants d’une école ou d’un collège, menacé par des mesures de carte scolaire, se mettaient en arrêt de travail pour raison médicale »
    N’arrive-t-il pas que les enseignants fassent usage de leur droit de retrait et c’est un établissement scolaire qui est bloqué plusieurs jours ? sans pertes financières !
    Il arrive que les conducteurs de TGV se mettent en grève !

    Mais sachez Monsieur, que lorsque l’on en arrive à ces manifestations publiques c’est qu’il y a problèmes ! plutôt que de vilipender les mouvements sociaux,de demander de sanctionner des fonctionnaires, qui défendent leurs situations sociales: changement de région qui fait perdre le travail du conjoint etec…. Il me semble que vous auriez pu conclure a ce que le dialogue soit plus ouvert ! Vous décriez souvent dans vos écrits le manque de dialogue !
    et enfin que dans votre commentaire vous mettez en avant:
    Cela représente en effet 54,8% du montant consacré chaque année par l’Assurance maladie aux assurés amenés à cesser leur travail pour des raisons médicales (11,3 milliards € en 2008)

    Il serait peut être utile d’en faire une analyse plus fine et vous seriez vous le premier surpris par le métier plus absent pour causes de maladies !

    Quant aux gendarmes ils sont loin des 35 heures semaine au service de la population. Même si dans les temps actuels les forces de l’ordre sont plus dirigées vers une répression qu’une prévention !
    Nous retrouvons avec les principaux et proviseurs de l’éducation qui pourraient percevoir une prime à … Je peux en conclure qu’il y a danger sur cette forme d’éducation car ces chefs d’établissements seront plus portés a faire un recrutement élitiste pour assurer la renommée de leur établissement et encaisser la prime non ?
    Enfin sachez Monsieur que le syndicat de la police nationale SGP ( syndicat parisien depuis peu a toute la France) qui mène cette revendication est à l’origine de la résistance contre l’occupant en 40 45 – et que les policiers parisiens portent la fourragère rouge en raison de cette lutte.
    Que ce syndicat est l’origine du code de déontologie. Car le droit syndical existe même dans ce corps d’autorité. Il est vrai que Le Pen avait demande la suppression des syndicats de police.

    Alors avez vous peut être raison réprimons ces fonctionnaires pour mieux le faire à d’autres après !
    Une reprise en mains ?
    Un soutien à cette bien politique que les RGPP ?
    Les fonctionnaires de police ont manifesté en civil dans toutes les rues de France et de Navarre pour la défense des droits acquis notamment la réforme des retraites et autres… Ils sont des travailleurs comme tous les autres salariés. Mais tout dépend aussi des directives patronales !
    En conclusion : sachez que dans ce syndicat de police la maxime n’est pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul !
    Il mène des combats sociaux pour une véritable de la fonction publique libre indépendante et au service des citoyens ! dont vous faites partie !

  2. jean

    familles, voisins, retraités de la CRS, syndicats de police et élus du Bergeracois ont bloqué l’accès à la caserne Chanzy pendant plus de deux heures hier matin.

    Tiens donc il avait des élus !

    Trop peur qu’elle, son époux et ses quatre filles, toutes scolarisées à l’école de Lembras,

    Une classe dans une école qui peut fermer quatre enfants pour une seule famille et les autres cela fait combien ?

    « qui auraient tout intérêt à bouger, parce que 160 familles en moins sur le secteur, c’est autant de dépenses en moins dans les commerces »,

    Dans ces temps de disette 160 familles qui quittent le territoire combine de chiffre d’affaire en moins ? Mois de CRS c’est aussi moins de maîtres nageurs sauveteurs sur les plages ! Moins de guides en montagne. Parce que les CRS ne font pas que du maintien de l’ordre, ils font aussi de la sécurité !

    Pas grave s’il y en a moins ! Il y aura des milices ?
    Savez vous que depuis eu tout citoyen peut devenir un auxiliaire de police ! Alors gare si votre voisin avec qui vous êtes en différents devient ….
    dans ce contexte il faut sortir du microcosme de toutes natures
    bonne journée

  3. Gilles

    « Et pourtant, ils ne feraient que prendre exemple sur les personnes chargées de les réprimer quand ils sont en grève, et qu’ils défilent dans les rues… »

    Vous nous avez habitué à une ouverture d’esprit et une meilleure connaissance des sujets que vous abordés habituellement.
    Les policiers des CRS ne sont pas là pour « réprimer » les manifestants, mais pour faire respecter les obligations de sécurité de ces défilés, en protégeant les manifestants des contre-manifestants, en protégeant les personnes et les biens de toutes « agressions ».

    Votre texte est jonché de contradiction.

    Jean s’est exprimé de manière très claire sur le sujet.

    Vous soutenez le « service public », mais il semble que pour vous, la police (ou la gendarmerie) n’en fasse pas partie.

    Les CRS ont lancé ce mouvement, ne croyez vous pas qu’il mérite notre soutien ?

    Non à la fermeture de ces compagnies ! Non à la fermeture des commissariats !

  4. jean

    Je voulais terminer ainsi Monsieur Le Maire,
    Des parents d’élèves des familles policières soutiennent le maintien des postes des enseignants, ont manifesté contre la réforme des retraites ils ont subit les mêmes désavantages.
    Dans les associations des parents d’élèves des familles des forces de l’ordre sont présentes pour soutenir une éducation nationale correcte.
    Mais l’inverse se fait-il ?
    Ils participent aux diverses manifestations, j’en connais. Ma conviction profonde est que les services dits régaliens doivent assurer pleinement leurs fonctions.
    Sur votre blog dernièrement, je citais l’incohérence de la politique de l’éducation qui sont dues non pas aux fonctionnaires mais aux gouvernants.
    et que le code de l’éducation en son article 1 dit que l’éducation est la première priorité …… et je suis d’accord avec cette phrase ! est-elle en vigueur de nos jours ?

    Et puis au niveau politique politicienne voici l’origine des CRS.
    Les CRS, créées en 1948 et réorganisées en 1952, forment un corps civil Alors que les sympathisants communistes étaient à l’origine très présents dans ses rangs (ce qui s’explique par leur engagement dans la Résistance, et selon certains par une volonté d’entrisme), une épuration a limité leur nombre après que le Parti communiste se fut placé dans l’opposition aux gouvernements d’après-guerre : à la suite d’une manifestation à Marseille (du 12 novembre 1947) à l’appel de la CGT et du PCF non réprimée par les CRS majoritairement communistes, plusieurs compagnies sont dissoutes et les CRS réorganisés de sorte de faire disparaître l’influence communiste en leurs rang. Ils eurent même un ministre dit de gauche qui est devenu président de la république.

  5. jean

    Les mouvements des CRS Vu par: l’ex-ministre de l’Intérieur Chevènement

    « Les CRS sont une force de protection de l’ordre public, il appartient au ministère de l’Intérieur de voir comment les utiliser au mieux », a préconisé M. Chevènement, rappelant qu’il l’avait « fait autrefois en fidélisant les CRS dans certains quartiers dits sensibles sans pour autant dissoudre leurs unités ».

    « Nous méritions d’avoir une police professionnelle, une police républicaine » et « il ne faut pas réduire les effectifs de police en dessous du niveau où ils étaient en 2002 ».
    Quant à la création de policiers citoyens, il a lancé : « c’est zéro, ça! » « La police c’est un métier, ça demande un professionnalisme certain, c’est un métier difficile » dans lequel « il y a chaque année des milliers de blessés et un certain nombre de tués. Par conséquent, je pense qu’il ne faut pas créer des forces supplétives et non professionnelles », a expliqué l’ancien ministre.

    Une réaction logique vu par un ancien ministre de l’intérieur. La création de policiers citoyen voilà un point à soulever ! C’est un peu comme les professeurs qui exercent sans formation pédagogique cela n’est pas inné !

  6. Gilles

    « Qui prend les paris ? Eux ne verront pas leurs compagnies supprimées grâce à une action « non violente », ne choquant personne et, plus encore, invisible par le grand public ! »

    Pari gagné !!! Il n’y aura pas de fermeture de CRS, mais quand est il des commissariats comme Libourne ??

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