L'UMP aura-t-elle un zeste de courage politique?

Mais quand est-ce que les sarkozistes girondins vont passer du statut de membres d’une secte, aveuglés par leur maintien au pouvoir, à celui de citoyens responsables, élus par le Peuple pour proférer autre chose que des propos se foutant véritablement de la gueule du monde ? Il suffit pourtant de regarder les résultats des cantonales en Gironde pour avoir une idée minimum du désastre qui frappe la majorité présidentielle et à fortiori le parti d’ Alain Juppé, Ministre d’Etat, revenu au gouvernement pour faire barrage aux socialistes.
Ce n’est même pas une défaite : c’est un désastre ! dans une demi-douzaine de cantons, l’UMP, camouflé, disparaît purement et simplement du second tour… ce qui n’était jamais arrivé antérieurement.
Le secrétaire départemental s’exprimait ainsi : « Reprendre le deuxième canton de Bordeaux est effectivement notre priorité, mais ce n’est pas notre seul objectif dans ces élections cantonales. Nous avons ciblé les cantons où le sortant socialiste ne se représente pas, et nous avons bon espoir sur certains. Nous misons sur la victoire dans trois ou quatre cantons (sic) avec, en parallèle, l’objectif de n’en perdre aucun. Je pense que c’est faisable grâce aux candidats que nous avons investis ». C’est un grand visionnaire : Cadillac (élimination du candidat UMP), Castelnau Médoc (élimination du candidat UMP), Auros (large avance du PS), Saint Laurent (le candidat PS manque l’élection au premier tour de quelques dizaines de voix)… Il va falloir un miracle pour que l’UMP, laminé par le FN sur la Rive Droite, dans le Médoc, puisse au maximum retrouver ses sortants. C’est la première leçon qui voit l’abstention lourdement pénaliser les socialistes, qui auraient pu être 8 élus au premier tour alors qu’ils ne sont « que » 5 !
Désormais, il va être facile de vérifier la sincérité d’Alain Juppé. Va-t-il appeler à Carbon-Blanc, Cenon, Floirac, Pauillac, Castelnau, Libourne à faire barrage aux candidats du FN, en demandant que ses rares électrices et électeurs soutiennent Philippe Madrelle, Alain David, Jean-Pierre Soubie, Sébastien Hournau, Pascale Got , et Isabelle Hardy ? Va-t-il refuser énergiquement tout désistement secret ou public du FN en faveur de ses candidats en perdition sur les autres cantons ? Sur le 2ème canton de Bordeaux, Alain Juppé donnera-t-il un signe fort pour que les centaines de voix d’extrême droite n’aillent pas soutenir sa favorite ? Va-t-il sacrifier sa « revanche » à l’éthique politique ? Si on se fie aux propos de son chef de file national, il se contentera de laisser les électrices et les électeurs libres de leur choix, ce que la Gauche n’avait pas fait aux présidentielles de 2002. C’est cette malhonnêteté à géométrie variable, en terme de morale politique, qui conduit les électrices et les électeurs se contentant des apparences : « il n’y aura pas de front républicain, car il nourrit un sentiment de connivence entre les partis politiques » a déclaré Jean-François Copé. Il faudrait retrouver ce qu’il disait entre les deux tours des présidentielles de 2002. « Ce n’est pas une sanction du gouvernement ou de ses réformes » vont-ils marteler dans les prochaines heures. Le célèbre député Garraud du Libournais votera blanc… alors que l’on sait fort bien que son blanc sera teinté de FN !
En Gironde, la quasi totalité des scores des fantômes UMP-Modem sont inférieurs a ceux de tous les scrutins antérieurs mais… ce n’est que le fruit du hasard. Rien n’y fera : ils sont capables de nier l’évidence et de se réfugier derrière des phrases toutes faites. C’est leur responsabilité que la montée du « poujadisme FN » anti-élus, qui a conduit à cet effondrement de la mobilisation citoyenne. Les masques vont tomber en Gironde et on va pouvoir constater sereinement et efficacement le positionnement, canton par canton, des candidats en tenue de camouflage, vis à vis du FN. Ce sera clair et on sait déjà que cette position ambiguë se reproduira dans un an au nom du « mieux vaut le FN pour le pays que le PS ! »
Finalement en Gironde, les sortants quels qu’ils soient ont été largement soutenus par leurs électrices et leurs électeurs, ce qui démontre que le système actuel n’est pas si mauvais que cela. Pourquoi les électrices et les électeurs voteraient-ils pour des conseillers généraux, si ces derniers étaient aussi inutiles que le clament les technocrates de l’UMP ? La réforme va casser les derniers liens existant entre des élus de terrain et la population… Si véritablement la situation était aussi catastrophique que tentent de le démontrer les représentants de l’UMP, travestis en Girondins se voulant dynamiques sauf dans les urnes le rejet aurait été général !
Le FN surfe simplement sur ce dénigrement systématique des équilibres territoriaux républicains. En ressassant qu’il faut « évaporer » les conseils généraux, qu’il faut « supprimer le département », qu’il faut rationaliser des mandats « inutiles », qu’il faut « dénoncer les dérives » de gestion, on finit par tuer le suffrage universel et par assassiner la démocratie représentative. La désespérance est forte, tellement forte que tous les repères ont explosé. Personne n’en tire véritablement profit, mais tout le monde n’a pas la même honnêteté face au danger. Les faux-culs continuent à se défiler avec des arguments sans aucune autre dimension que celle de préserver des intérêts partisans. La maison brûle et des pompiers potentiels de gauche attendent patiemment pour intervenir. Le temps presse… et j’ai honte pour l’UMP, pour qui la République se résume à une « entreprise » privée en faillite moralement, financièrement et politiquement. Le reste ne relève que de la démagogie pure ! Jamais une majorité parlementaire n’a été aussi détestée et oubliée…mais jamais elle n’a eu autant de morgue. Et préparez vous dimanche, ce sera encore plus criant ! Pourvu pour elle que Kadhafi résiste une semaine !

Cet article a 3 commentaires

  1. pc

    j’ai entendu Foulon et D’Amécourt, ce sont des gros mous face au FN. Si ça leur arrache le museau de faire voter pour le PS, il pourrait au moins faire l’effort d’encourager le contre le FN en dénonçant son programme débile (sortie de l’Europe et retour au Franc entre autres….).
    Ils ont déjà reçu les consignes; ils ont dit tous les deux la même phrase « à titre personnel, bien sûr, je ne voterai jamais pour le FN » et rien de plus.
    Ca fouette dur à l’UMP…

  2. A Arcachon Yves Foulon n’a pas bougé le petit doigt contre le FN et pour cause … il en a même appelé au « droit du sol » ..; alors pensez donc … Marlène Peyrutie candidate du Parti Socialiste écrit sur son blog ce matin :

    « Je suis allée, en démocrate, lui serrer la main pour le féliciter. Ses paroles en retour furent odieuses et indignes d’un élu du peuple, mais conformes à ce que j’ai découvert de son comportement durant la campagne. Le « casse toi pauvre con » était beaucoup plus tendre que ce qu’il m’a dit hier soir : offense aux personnes âgées, offense aux femmes, offense aux mamans et aux grands-mères. L’élève a dépassé le maître ! S’il fut élu à la majorité dès le premier tour, pour autant il n’a pas à être fier de cette élection là. Regardez le score du FN au niveau national, et regardez son score à Arcachon. Cherchez l’erreur ! Une partie des voix du FN a contribué à son élection… Vous vous souvenez de ce qu’il a écrit sur sa profession de foi ? « Des candidats ne sont pas d’ici… » Vous vous souvenez de ce qu’il a dit sur TV7 : « Peyrutie, elle habite pas Arcachon… » Ça s’appelle le droit du sol. Ça vous rappelle quelque chose, non ? »

  3. maulin

    Si les candidats de L U M P avaient été en phase,avec la suppression des conseils généraux,comme le dit le programme de Sarko, il « UMP » n’aurait pas du présenter un seul candidat à ce scrutin. Et de mauvaise foi, en mauvaise foi, nous pouvons que constater les dégâts. (FN + abstention = L U M P et dans la merde)Et la démocratie n’en sort pas victorieuse.

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