Un État mauvais payeur et injuste.

Lorsque l’on aborde la situation du pays, les habitués de la méthode Coué se moquent pas mal des constats effectués. Ils se targuent d’être efficaces, compétents et surtout excellents gestionnaires. Eux, ils savaient diriger les affaires du pays et d’ailleurs, ils ont été formés à cet effet. L’élu local, lui, est forcément un incapable, dépensier et désastreux pour les ratios. Surtout s’il est socialiste. N’empêche que jamais la France n’a été aussi près du gouffre. Il suffirait d’un brin de vent défavorable pour que nous rejoignions immédiatement la Grèce, le Portugal, l’Islande ou l’Italie. Cet État, si sévère au sujet des collectivités territoriales, se permet de vivre à crédit avec des expédients, et surtout à décaler ses dettes énormes vers d’autres responsables. Il suffit de participer aux rencontres avec ce qu’il reste de fonctionnaires pour se persuader que le pays court à la catastrophe, malgré tous les communiqués, tous les détournements d’information, tous les effets d’annonce trompeurs. Les exemples sont constants et pérennes, mais totalement niés par ces gens qui pensent que le Sarkozisme, c’est la guerre aux gaspillages et à la gabegie socialiste, au nom de la nécessité économique qui peut faire sortir tout le monde de la crise du profit. Il suffit de se pencher un peu sur les réalités pour découvrir la vérité.
Ce matin, je participais à la réunion de la structure gérant la Maison Départementale des Personnes Handicapées qui doit, par transfert des responsabilités de l’État vers le Conseil général, assurer le suivi de l’ensemble de la politique d’aide aux personnes en difficultés. Plus de 70 000 dossiers sont arrivés à la MDPH en 2010, avec une augmentation de plus de 20 %, ce qui donne une idée exacte de la situation actuelle. La montée exponentielle de ce secteur de la solidarité (+ 2,7 millions d’euros depuis le début de l’année pour le Conseil Général) devait être en cogestion entre des personnels de l’État et ceux du Conseil Général. En fait, lentement et sûrement, à cause de la RGPP, les moyens deviennent inexistants, et donc on accordait jusque là des compensations financières. Cette situation est terminée, car non seulement il n’y plus de moyens humains, mais surtout plus de moyens financiers. L’État ruiné, exsangue, sabordé par un libéralisme ravageur, mégote en Gironde sur des milliers d’euros, pour compenser l’absence, pour congés de maladie de longue durée, des personnels mis à sa disposition. Plus un euro disponible sur des budgets réduits à la portion congrue, plus un euro disponible pour simplement honorer ses dettes. Les fonctionnaires présents le reconnaissent objectivement : ils ne pourront pas faire face aux engagements écrits souscrits par le Préfet !
Quand on se penche sur les réalités, on constate que les Ministères concernés doivent à la MDPH (et le reconnaissent) la bagatelle de 755 000 euros dont une part depuis 2008. « Quand allez-vous vous mettre à jour de ces sommes que vous reconnaissez devoir ? » ai-je demandé. Réponse : « je ne sais pas, puisque nous n’avons pas obtenu les crédits ! ». Devinez vers qui les handicapés, dont le dossier traîne faute de personnel pour le traiter : vers le Conseil Général ! Pas de personnel promis dans les conventions ! Pas de moyens pour honorer les dettes ! Qui peut se permettre pareille gestion ?
Au mois de mai 2011, l’État n’a toujours pas honoré ses engagements sur le versement de la première partie de sa contribution au traitement des situations des personnes handicapées. La somme non versée n’est que de 1 123 000 euros ! Question : « Quand aurez vous les moyens d’honorer ce versement ? »… « Bientôt. Mais pour l’instant, nous n’avons rien reçu ! » L’avantage, c’est qu’en étant juge et partie, l’État s’exonère de toute responsabilité vis à vis des gens qui patientent dans le hall et qui attendent que leur cas soit examiné. Qui va dénoncer cette situation intolérable, quand on voit des censeurs de l’UMP s’exprimer en séance plénière sur les augmentations jugées cataclysmiques de la fiscalité des ménages (2 %) ? On se dégonfle en permanence puisque les élus sont tétanisés, face à cet État tout puissant qui peut les « briser » en quelques courriers bien sentis.
Il est vrai qu’alors qu’il est en faillite, l’État continue à supprimer l’ISF, à multiplier les exonérations, à faire des déclarations fracassantes, alors qu’il sabre mortellement dans la solidarité pour les plus faibles, sans se soucier des cadeaux qu’il accumule pour celles et ceux qui n’en ont pas besoin pour survivre. Les scandales succèdent aux scandales, puisque la même MDPH n’aura bientôt plus de psychiatre pour examiner les dossiers de personnes handicapées mentales. Une querelle interne aux services, entre l’Agence régionale de Santé et l’ex-DDASS, fait que personne ne veut payer le médecin hospitalier mis à la disposition du Conseil Général…alors que l’État, ayant supprimé tous ses fonctionnaires affectés à la confection des cartes de stationnement pour invalides, a laissé le travail, non compensé, au Conseil Général.
Outré, je suis outré de ce que j’ai entendu toute la matinée. Des gens qui souffrent, qui sont dans la précarité absolue, qui se traînent dans une vie misérable, et qui entendent que les primes, versées par les grandes entreprises dégageant un bénéfice à leurs salariés ayant du travail et des revenus, seront… encore une fois, exonérées des charges sociales. Mais quand va-t-on réagir, et expliquer que s’il n’y a pas de participation de l’économique à la vie sociale, il n’y aura plus de solidarité concrète. Quand on menace le représentant de l’État de cesser de faire à sa place les tâches qui lui incombent, la réponse est toujours la même : « nous sommes incapables de les exécuter, pusique la RGPP a supprimé tous les postes… » Les handicapés attendront que le Chef de l’État français les fassent pleurer lors d’un Téléton, pour compenser l’incurie actuelle des exonérateurs patentés !

Cet article a 2 commentaires

  1. Christian BAQUE

    C’est clair!
    Par contre l’argent coule à flots pour la guerre :
    Le gouvernement vient de décider l’envoi de douze hélicoptères d’attaque pour la guerre en Libye. Au coût unitaire de 73 millions d’euros, ils ont pour mission « de soutenir les commandos français au sol ».
    La Libye bombardée, l’intervention terrestre se prépare. La guerre s’amplifie avec son cortège de morts et d’horreurs.
    Selon le ministre de la Défense, Gérard Longuet, le « surcoût de la guerre en Libye est de 1,2 million par jour ». Et cela, depuis le 19 mars !
    En Afghanistan, l’occupation du pays, avec son tribut de morts dans la population civile, coûte 1,3 million par jour. S’y ajoute maintenant l’intervention en Côte d’Ivoire.

    Toutes ces nouvelles dépenses s’ajoutent sans aucune restriction aux 19 milliards d’euros du budget des armées.

    Et les mêmes qui déclenchent les guerres contre les peuples sur tous les continents s’emploient à remettre en cause toutes les conquêtes sociales, ton article en donne un exemple.

    Mais il n’y a pas d’argent pour les hôpitaux, les classes, ni pour les augmentations de salaire !

    Ainsi, chaque fois que les travailleurs réclament le maintien d’un hôpital, d’une classe ou d’un service public, chaque fois qu’ils demandent une augmentation de salaire, on leur répond invariablement : « Impossible, il n’y a pas d’argent, il faut réduire les déficits publics. »

    D’un côté, le gouvernement taille 80 milliards dans les dépenses publiques pour satisfaire aux critères de Maastricht, et de l’autre, il trouve chaque année pour les capitalistes 150 milliards de fonds publics pour le paiement des intérêts de la dette, les exonérations de charges sociales et fiscales.

    Avec la réforme constitutionnelle, il veut maintenant inscrire l’obligation de « réduction des déficits publics » dans le marbre de la Constitution pour tout gouvernement présent et à venir…

  2. J.J.

    Situation récurrente….

    Dans les anées soixante, quand on entendait passer un Mirage ou quelque engin de la sorte (je ne me souviens plus du modèle, ce n’était pas encore le Rafale, ni le Rafalin) on s’exclamait :
    – Tiens, un groupe scolaire ! ( prix approximatif à l’époque).

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