La bactérie du concombre et l'intoxication médiatique

Une épidémie de diarrhée, partie d’Allemagne et qui s’étend en Europe, s’est encore aggravée, avec un nouveau décès, qui porte le bilan à 17 morts et des centaines de nouveaux cas outre-Rhin.
Cependant, la Commission européenne a levé la mise en garde lancée contre les concombres espagnols, soupçonnés d’être à l’origine de l’épidémie. Encore un emballement médiatique ne reposant sur aucune analyse raisonnée et raisonnable, dont les dégâts seront considérables. Des milliers d’articles, de minutes de radio et de télévision ont été consacrés aux fameux et terribles concombres masqués espagnols, alors que rien de permettait de le faire…mais le mal est fait ! La réalité est probablement tout autre. Il faudra encore des jours ou des semaines pour que l’on découvre que la chaîne alimentaire a été défaillante sur le territoire allemand. Quelques personnes de mes amis, vendeurs de légumes, pensent à une hypothèse plausible : pour garder leur fraîcheur aux légumes qui arrivent après un long voyage et ont été cueillis hors maturité, les grossistes les arrosent copieusement avec des eaux non potables. Ces arrosages massifs ne sont pas décelables aux analyses, car l’eau s’est évaporée… et on ne trouvera jamais la véritable cause de ce qui devient une véritable « épidémie ». Rien que dans les Länder de Basse-Saxe et du Schleswig-Holstein, 200 nouveaux cas ont été signalés par les autorités médicales, portant le total à 1.900 cas depuis début mai. « Nous enregistrons une nouvelle poussée de cas de contamination », a déclaré à Hambourg Cornelia Prüfer-Storcks, responsable de la santé de la ville hanséatique, un des principaux foyers de l’épidémie, où le nombre total des malades est monté à 668, soit 119 de plus que la veille. Or il sera difficile de prétendre que ce ne sont que des végétariens, avides de nourritures cultivées sous serres au sud de l’Espagne.
L’Union européenne est confrontée à « une crise grave » et tout doit être mis en œuvre pour identifier le plus rapidement possible la cause de l’épidémie, a déclaré le commissaire européen chargé de la Santé John Dalli. C’est une prise de position solennelle et grave qui repose sur la volonté de protéger les femmes et les hommes. Une belle envolée, vite occultée par la véritable raison de la renonciation à condamner les légumes importés, car la Commission européenne parle aussi de « crise de consommation partout » en Europe, avec « une diminution radicale de la consommation de fruits et légumes, et pas seulement des concombres ». Attention, alors que la sécheresse arrive, alor que les éleveurs protestent, on ne va pas encore se mettre sur le dos les maraîchers industriels. L’Espagne, les Pays-Bas, dont la production de primeurs avait été mise en cause au début de l’épidémie, mais aussi l’Allemagne, réclament des aides de l’Union européenne face à l’effondrement de leurs ventes dans ce secteur. On ne va pas indemniser les espagnols, qui produisent souvent des légumes à bas prix, avec le la main d’œuvre non déclarée et des traitements de cheval pour rentabiliser les espaces couverts de production.
A Bruxelles, on a vite annoncé avoir levé la mise en garde lancée contre les concombres espagnols bio, soupçonnés d’être à l’origine de la contamination à la bactérie E.coli, puisque les derniers tests menés en Espagne et en Allemagne sur des concombres produits en Espagne n’ont pas décelé la présence de la souche 0104 de la bactérie E.coli. C’est en fait une intoxication médiatique massive, qui a causé des ravages au nom du scoop tout puissant ! On ne va pas tarder à proposer une taxe ou un impôt concombre, à cause d’une rumeur rendue crédible et officielle par sa démultiplication institutionnelle.
Les autorités sanitaires de Hambourg ont reconnu avoir fait fausse route, après avoir soupçonné les concombres espagnols d’être le vecteur de la contamination, mais plus rien ne pouvait enrayer la machine accusatrice. Mort aux concombres, car il est de plus en plus facile d’accuser les autres que de se mettre en cause personnellement. Les Espagnols, voyant s’effondrer leurs exportations dans un contexte de crise, ont vite réagi en menaçant de porter plainte contre Hambourg . Le ministère de la Santé a qualifié cette décision de « pas important en vue d’un retour à la normale aussi rapide que possible pour le secteur agricole espagnol » dont la sauvegarde est plus importante que celle des malheureux morts sur l’autel de la consommation.
La maladie se manifeste par des hémorragies du système digestif, et dans les cas les plus graves, par des troubles rénaux (syndrome hémolytique et urémique, SHU). De nouveaux cas continuent d’être signalés dans le reste de l’Europe, notamment aux Pays-Bas, et jusqu’aux Etats-Unis. Tous les malades ont apparemment transité par l’Allemagne… ce qui pose véritablement le problème de l’identification des causes de cette crise ! Dix-sept morts ont été signalées par les autorités médicales allemandes et en Suède, où le premier décès en dehors de l’Allemagne a été constaté.
Les grippes diverses ont été prétextes à des affolements massifs dont on connaît les conséquences financières. En fait, il faut arriver à retrouver le parcours exact de ces légumes et à mettre en cause les avides du profit, prêts à ressusciter n’importe quoi pour le rendre vendable à vil prix ! Et si la filière de la distribution est en cause, on peut espérer que le repaire de la bactérie reste masqué encore longtemps.

Cet article a 2 commentaires

  1. Bonjour,

    L’impôt concombre ne saurait tarder, celui sécheresse aussi!

    Ne vivons-nous pas une guerre économique et l’incapacité de Bruxelles et de nos gouvernants actuels?

    Amicalement,
    Gilbert de Pertuis en Luberon

  2. BENIZEAU Guy

    « Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements… » est un des 10 points élaborés par Noam Chomsky pour la stratégie de manipulation des masses.
    On commence par la stratégie de la distraction en passant par la stratégie de la dégradation jusqu’à maintenir le public dans l’ignorance et la médiocrité.
    Il en va ainsi des affaires DSK, E.Coli, Luc Ferry etc…chaque semaine en amène une nouvelle.
    Ne nous laissons pas « enfumer »….

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