La fin programmée des corps expéditionnaires

Toutes les guerres, à terme, deviennent inutiles, puisque les gens qui les décident, après avoir fait tuer des centaines, des milliers ou des millions de personnes, finissent toujours par trouver une solution « politique » à leur conflit. Au cours des dernières années la France a décidé, sauf en Irak, de se considérer comme l’un des gendarmes du monde. En Afghanistan, en Afrique, en Libye… les armées françaises tentent, pour des raisons plus ou moins avouées et avouables, de régler des conflits internes parfois ancestraux. Les problèmes se multiplient, et désormais, il faut se retirer, en laissant des morts sur le terrain et en tentant de justifier l’utilité de ces massacres jamais excusables. Actuellement, on est… dans la phase : on se tire car ça coûte trop cher ! Le détail du retrait des troupes étrangères d’Afghanistan, censé être achevé pour la fin 2014, se précise. Les États-Unis ont ainsi annoncé le départ de 33.000 soldats d’ici à l’été 2012, la France a fait état du rappel d’un millier d’hommes jeudi, l’Allemagne et la Grande-Bretagne prévoyant également de retirer des contingents dans les prochains mois. Personne ne revient sur les bienfaits de ces présences au cours des mois antérieurs… Nul ne sait si véritablement les interventions ont été constructives.
Le Président américain, Barack Obama, a déclaré que le retrait américain commencerait comme prévu en juillet, avec 5.000 hommes, suivis par 5.000 autres d’ici à la fin de l’année, puis, d’ici septembre 2012, par les quelque 20.000 soldats envoyés en renfort en décembre 2009… avec le résultat que l’on sait sur la vie quotidienne dans le pays. Au moins 1.500 soldats américains ont été tués et 12.000 autres blessés en Afghanistan depuis l’invasion du pays fin 2001. Le coût financier de la guerre pour les États-Unis dépasse les 440 milliards de dollars (309,3 milliards d’euros) et continue à grimper de 120 milliards de dollars (84,4 milliards d’euros) par an. Des sommes folles, dont on peut se demander si elles n’auraient pas eu d’autres utilités que celle de tenter d’imposer par la force une paix interne, qui n’a véritablement jamais existé en raison de la culture clanique ou tribale qui existe dans tous les pays concernés. Les pays occidentaux affirment haut et fort que leur système social, basé sur le libéralisme, constitue la vérité universelle en termes de concept global. Il est donc indispensable de mettre au pouvoir des gens susceptibles de le reproduire.
Bien évidemment, Paris a annoncé illico qu’il emboîtait le pas à cette décision de va-t-en-guerre ou de ne va-plus-en guerre, avec un étrange similitude dans les décisions : un retrait progressif de renforts envoyés en Afghanistan, de manière proportionnelle et dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains sera effectué. Tant pis pour le denier mort qui était arrivé dans ce contexte là ! Un millier des 4.000 hommes actuellement déployés en Afghanistan, principalement dans l’est du pays, reviendra dans les casernes françaises, et pourra méditer sur le sens de sa mission. La France a perdu 62 soldats depuis 2001, selon le ministère de la Défense, ce qui témoigne des conséquences permanentes des actions mises en œuvre au nom de la vérité occidentale.
Le ministre allemand des Affaires étrangères a seulement souligné, de son côté, que son pays comptait réduire son contingent composé de 4.900 hommes. Quant à la Grande-Bretagne, elle a déjà décidé de retirer 10.000 soldats d’Afghanistan d’ici à 2015 au plus tard, voire un an plus tard, et environ 450 hommes en mission ponctuelle devraient être partis d’ici février. Mais au fait, les causes sont-elles nobles pour ce départ ? Qu’a-t-on pacifié, amélioré, modifié ? Pas grand chose, et les retraits sons liés à la durée d’une guerre qui sera interminable, et surtout à son « coût » financier ! Car c’est là que la bât blesse : plus personne n’a les moyens de faire vivre des corps expéditionnaires comme au XIXème siècle ! Aux États-Unis, on juge le poids de cette guerre sur l’économie américaine encore fragile. Or les chances de réélection du chef de la Maison Blanche reposent largement sur sa capacité à relancer l’emploi, alors même que le pessimisme économique gagne du terrain.
On va donc sortir l’arsenal de la communication, en expliquant que tout va mieux, que le pays se redresse, et que demain ce sera le bonheur comme nous le concevons. Or, les combats s’y poursuivent et les talibans ont prévenu qu’ils ne déposeraient pas les armes après le départ des troupes étrangères. Il faudra admettre que tous les pays qui étaient présents finiront par un retour des troupes sous un arc de triomphe, car c’est la loi du genre, avec distribution de médailles et autosatisfaction.
La France, partie en Libye sans beaucoup de soutien, va perdre l’Italie, puisque si Berlusconi veut sauver ce qui lui reste de pouvoir, il lui faudra accepter de retirer ses aides, sous la contrainte de La Ligue du nord, peu hostile à Kadhafi ! Et lentement, tout un système va se déliter sous le poids de l’économique, qui ne rêve que de cette diminution des finances publiques, lui permettant d’améliorer ses profits. Alors, la liberté donnée aux autres dépend plus que jamais de la capacité des « libérés » à devenir des consommateurs rentables, ou des producteurs de matière première à bon prix. Pour le reste, voir les monuments aux morts !

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