Le pactole du "prête, emprunte, reprête et… gagne!"

C’est tellement scandaleux que ce devrait être à la une de tous les médias, mais ils préfèrent agiter la polémique sur des extraits d’articles, absolument sans aucun intérêt pour le quotidien des Françaises et des Français. Mais c’est probablement l’éthique journalistique des rédactions des télés…du service public qui les contraint à s’extasier devant un « casse toi pauvre con ! » ou un « sale mec ! ». En fait, la nouvelle qui aurait dû faire la une des JT était celle qui concernait, une fois encore, le jeu absolument abject des grandes banques. Elles s’engraissent, elles pataugent dans le profit en se servant tout simplement de l’inaction politique criante et des supercheries d’annonce du couple Merkozy.
Les banques de la zone euro ont en effet prouvé leur peu d’envie de participer à la lutte contre la crise de la dette. D’ailleurs, c’est le contraire qui serait étonnant, car elles perdraient leur poule aux œufs d’euros ! Elles ne feront rien de spontané pour sauver les classes moyennes grecques, et d’ailleurs le Premier Ministre « apolitique », issu de leurs rangs, a prévenu, a menacé, a exigé, de telle manière que ses ex-collègues continuent à empocher des surplus colossaux en prêtant à ce pays des sommes à des taux d’intérêt trois fois supérieurs… à ceux qui sont appliqués à l’emprunt à rembourser. Le jeu consiste à prendre au taux le plus bas ce que les pouvoirs publics donnent pour ensuite le replacer à des taux supérieurs ! J’ai connu ce même système au Crédit Agricole avec des viticulteurs bourrés de fric qui empruntaient, grâce à des copains administrateurs, chaque fois qu’il y avait des emprunts à taux bonifiés et qui, n’ayant pas besoin du fric, le replaçaient dans des cases trois ou quatre fois plus retables.
Les banques ont, par exemple, déposé plus de 450 millions d’euros auprès de la Banque centrale européenne, à 0,25% de rendement, des sommes que la BCE leur avait elle-même fournis à un taux défiant toute concurrence, afin qu’elles les prêtent à leur tour à petit prix aux États européens touchés par la crise de la dette publique… Une croyance débile, car rien ne les contraint à le faire ! Ce record de placement de bas de laine en dit long sur la volonté de ces banques, forcément respectables, de sauver le système sur lesquelles elles se gobergent ! .
Ne voulant plus prendre aucun risque pour ne pas se faire tailler par leurs actionnaires, les dirigeants du monde bancaire placent leurs surplus de liquidités dans des placements de père de famille auprès de la BCE, plutôt que de se prêter entre eux afin de faciliter la vie à l’économie réelle. On est bel et bien dans la logique de la crise qui n’arrive pas à remettre l’économie réelle sur le devant de la scène sociale.
Le système Merkozy, réputé providentiel et salvateur, qui fait de la BCE un instrument dévolu seulement à compenser les défaillances organisées des financiers, n’a rien changé. Les banques avaient déjà trompé l’opinion publique crédule entre les 27 et 28 décembre derniers, en plaçant 452 milliards auprès de la Banque centrale européenne… se préservant ainsi des risques éventuels d’autres utilisations des fonds. La crise persistante de la dette publique, la menace d’un abaissement général des notes souveraines en zone euro par les agences de notation financière, l’augmentation des besoins réglementaires des banques européennes en fonds propres, et les inquiétudes sur la conjoncture en zone euro, sont les principales causes de ce phénomène qui va accentuer ces constats : c’est le serpent qui se mord la queue. Il faudra en France 20 milliards de prêts pour que les collectivités territoriales tiennent un rythme d’investissements susceptible de soutenir l’emploi de proximité non délocalisable.
Le fait que les instituts de crédit retiennent leurs liquidités illustre toutefois également leur manque d’appétit pour les obligations souveraines de la zone euro. Or les Européens avaient espéré que cet appétit allait renaître grâce aux opérations de prêts massives de la BCE. Encore un échec cuisant pour le couple de magiciens du verbe Merkozy, mais dont les médias se moquent comme de leur premier « marronnier » journalistique. Ce qui compte ce sont les petites phrases et pas les petits arrangements entre « financiers virtuels »
En attendant, l’essorage des gens ordinaires continue dans tous les pays. En Grèce, tous les efforts antérieurs n’ont servi à rien. Le secteur privé a tapé à bras raccourcis sur les fonctionnaires. Il a applaudi quand on les a laminés, déstructurés, abandonnés… et maintenant qu’il n’a plus à espérer de ce côté là, puisque les destructions sociales n’ont servi à rien, on va taper… sur le privé ! Le chef du gouvernement grec, éminent banquier, a admis qu’ils avaient à nouveau soulevé « une série » de questions liées au marché du… travail, dont celle du salaire minimum (moins de 750 euros par mois). Les discussions entre patrons et syndicats du privé visant bien entendu à réduire le « Salaire minimum interprofessionnel… grec », ont pour but de débloquer le nouveau plan d’aide à la Grèce mis en place par la zone euro fin octobre. Athènes espère un premier versement de prêts d’un montant de 89 milliards d’euros à la fin janvier, et pour cela, le Premier Ministre avoue froidement : « Si nous ne prenons pas des mesures importantes, si nous ne faisons pas bonne impression (sic), l’évaluation de nos partenaires risque de ne pas être positive. Nous risquons de nous retrouver sans rien. » Ne rigolez pas trop car c’est ce qui vous attend dès le second semestre 2012, si le Chef de l’État français est encore aux manettes…Mais rassurez vous il vous l’a dit : il n’y aura plus de plan de rigueur avant… juillet 2012.

Cet article a 2 commentaires

  1. TOUT va bien le bateau coule normalement!
    Trois événements auront marqué la journée du 4 janvier, qui ensemble illustrent parfaitement la situation:

    1/ Pour se recapitaliser, la première banque italienne Unicrédit aura du consentir une décote de 43% sur la valeur de ses actions.

    2/ Afin de rembourser la Deutsche Bank d’un prêt de 125 millions d’euros arrivant à échéance, la région espagnole de Valence a du faire appel à la garantie du Trésor espagnol afin de trouver un prêt relais.

    3/ L’Allemagne a placé avec succès une émission obligataire à 10 ans, mais l’opération a attiré 5,14 milliards d’euros d’offres, soit à peine plus que son objectif de 5 milliards d’euros.
    Illustrant parfaitement la légende populaire du « scorpion et la grenouille », les banksters font tout pour hâter notre naufrage qui les entrainera aussi par le fond ( sans jeu de mots).
    Vite, vite utilisons la solution Rocard, ancien premier ministre, et Pierre Larrouturou, économiste.
    Les banksters se sont suffisamment engraissés sur notre dos, il est grand temps qu’ils cessent de nous saigner. Faute de répudier la dette, la solution Rocard n’est pas dénuée d’intérêt ( toujours sans jeu de mots).
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/02/pourquoi-faut-il-que-les-etats-payent-600-fois-plus-que-les-banques_1624815_3232.html

  2. Nadine Bompart

    Vous savez ce qui me fait le plus de peine dans cette histoire ?
    C’est que Mitterand ne nous ai pas sorti de la Loi de 1973 dite « Pompidou – Giscard » qui a donné le financement de l’État aux banques privées.
    C’est que Hollande n’a pas l’intention d’y revenir (désormais l’article 104 du traité de Maastricht), continuant ainsi le pillage de notre pays par les ultras-libéraux et les banksters, tout comme ses « camarades » Papandréou et Zapatero!!!!
    Cf là-dessus le duel Beitone – Chouard: http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/

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