Imaginez un peu la situation politique inversée en France !

Pour prendre conscience lucidement de la situation où se trouve notre pays, il suffit de faire un exercice simple. Avec un peu d’imagination vous inversez totalement les rôles en politique et vous imaginez un instant le nouveau contexte. Nous sommes à moins de 100 jours de l’élection présidentielle et Ségolène Royal, élue présidente de la République, tente de renouveler son mandat présidentiel. La France, après cinq ans de « social-démocratie », pulvérise tous les records : record du nombre de chômeurs, record de la dette de fonctionnement, record du déficit de la balance commerciale, record de baisse du pouvoir d’achat, record des chiffres de la délinquance réelle, record du nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté, record des licenciements, record des suppressions de postes dans la fonction publique, record de taxes, record d’exonérations en tous genres… ayant entraîné la perte du triple A « sacré » pour le pays… Bref, le bilan est épouvantable, mais heureusement il y a l’UMP avec à sa tête un homme revanchard qui se nomme Nicolas Sarkozy.
Allez, faites un effort et écoutez le discours de ces tenants du libéralisme exacerbé comme solution à tous les maux. Bien évidemment, le gouvernement de Gauche est traîné dans la boue puisqu’il a mené des réformes jugées « idéologiques » (emplois jeunes, plafonnement des loyers, taxe sur les profits des spéculateurs, solidarité demandée aux plus riches…) et que le salut face à la crise passe par une libéralisation accrue de l’économie et de la société.
Les critiques pleuvent. Sévères, impitoyables. Les Sarkozistes rassemblés crient, hurlent, vitupèrent. : la France est au bord du gouffre ! Les mêmes qui actuellement ignorent les fautes commises par leur propre majorité tiendraient des propos d’une violence inouïe à l’égard du socialisme qui aurait détruit l’extraordinaire potentiel du pays. Ils savent, eux, que seul « l’ultra libéralisme » débouchant sur des privatisations en tous genres peut sauver la France !
Allez, imaginez ce que dirait Morano, Wauquiez, Chatel, Copé ou Sarkozy lui-même si la dette laissée par les « socialistes » se résumait ainsi : « C’est 500 milliards d’euros à trouver par jour, 1 milliard d’euros par jour ouvrable. » Ou encore : « Les pays qui ont perdu leur triple A ont mis huit à dix huit ans avant de rétablir la situation. » Un déluge ! Une hystérie ! L’UMP apprécierait justement que la « Présidente » fasse, depuis un pays étranger, une déclaration lénifiante contraire à tout ce qui a pourtant été ressassé depuis des mois. En Espagne, pour recevoir la Toison d’or des mains du roi d’Espagne, elle était aussi la première invitée étrangère du nouveau président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
Lors de la conférence de presse organisée au palais de la Moncloa, « elle » a voulu faire un certain nombre de mises au point qui s’adressaient d’abord aux acteurs de la campagne présidentielle qui se déroule de l’autre côté des Pyrénées. « Elle » a voulu minimiser la portée de la dégradation de la note française par l’agence Standard & Poor’s, tout en annonçant, comme « elle » l’avait dit la veille, des réformes à venir qui supposent « courage et vérité ».
« Sur le fond des choses, ça ne change rien », a estimé Ségolène Royal qui a donc rappelé que « deux agences sur trois » soutiennent la France. «Ce ne sont pas les agences de notation qui doivent définir la politique économique de nos pays respectifs», a-t-elle affirmé. L’UMP bien évidemment accepterait volontiers cette désinvolture, cette fausse sérénité dans une période où le décor s’effondre, laissant apparaître le bord du précipice.
En définitive, il vaut mieux que vous reveniez à vous et que vous compreniez que nous sommes dans le déni absolu de la réalité. Vous pourrez avancer tous les arguments que vous voulez, l’UMP a décidé qu’elle n’était responsable de rien, qu’une autre politique était impossible, que la gauche ne changerait rien… Elle tente par tous les moyens d’accréditer le principe simple : en dehors de nous, ce sera l’apocalypse. Elle va ressortir les affiches du bolchevik avec le couteau entre les dents, prêt à égorger le bourgeois ou le patron. Les élus de ce parti se foutent de toutes leurs électrices ou leurs électeurs, qu’ils comparent, selon un principe gaulliste, à des « veaux ! ». Plus c’est gros et plus c’est efficace. Longuet, dont on sait combien il est politiquement immaculé, a décliné une argumentation d’adjudant chef un soir de bamboula ! Il recevra un jour la légion d’honneur pour ce fait d’arme exceptionnel, qui lui a permis de faire une comparaison entre le naufrageur du paquebot de croisière et l’adversaire de celui qui l’a repêché, alors qu’il était sur le radeau de la Méduse des politiques ayant échoué sur les écueils des affaires.
« Ceux qui commentent peuvent se laisser aller à des commentaires et à des outrances qui seront oubliés le lendemain, quand on agit, on n’a pas le droit, on ne peut pas le faire, on agit » a clamé avec arrogance le capitaine du navire France… depuis Madrid. Dans le fond il s’adressait à ses troupes, car depuis 5 ans elles ne font que commenter leurs réformes inutiles et tenter d’agir pour les faire oublier !

Cet article a 4 commentaires

  1. Christian Coulais

    « selon un principe gaulliste à des « veaux ! ». Plus c’est gros et plus c’est efficace. »
    Et oui, les veaux sont devenus des vaches à lait pour certaines, des gros boeufs pour d’autres, et bien sur des moutons tondus, tondus, tondus.
    Et n’oublions pas, 100 jours de soldes car tout doit disparaître !
    Que l’on puisse paître dans des prés plus verts, plus généreux…aux barrières moins sécuritaires, à l’air moins anxiogène…

  2. Gilbert SOULET

    Bonjour jean-Marie,
    Salut aux lecteurs.
    Ton billet ne manque pas d’humour!
    Pour ma part, j’ai deviné chez notre Président de la République en Espagne, que nouvellement épinglé de la Toison d’Or, il s’est confessé, en véritable Chanoine de Latran, de son agitation perpétuelle et des outrances qu’il profère lui et son Gouvernement que ce soit à la suite de l’annonce de la perte du triple A et de toutes les interventions qui s’en suivent…
    Très amicalement,

    Gilbert de Pertuis, Porte du Luberon

  3. Nadine Bompart

    Je pense que Ségolène n’aurait pas fait autant de bêtises, loin s’en faut…
    Et que donc la situation ne serait pas aussi désespérante, même si ça n’empêcherait pas la Droite de gueuler au loup…
    Comme le dit Mélenchon, »si vous faites les moutons, ne vous étonnez pas d’être tondu! ». Dont acte!!!!

  4. J.J.

    J’ai beaucoup aimé la séquence madrilène du décoré de la Toison d’Or (les mannes de Charles Quint doivent se retourner dans les caves de l’Escorial …)avec le journaliste « teigneux », ça m’a rappelé les célèbres dialogues de sourd du professeur Tournesol, le génie en moins et la mauvaise foi en plus, bien sûr.

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