Notre pays n'est véritablement pas de robuste constitution

En fait, la France est un très étrange pays, dans lequel la démocratie ne repose plus que sur les apparences dont on sait combien elles sont trompeuses, ou sur des coups d’État permanents transgressant ostensiblement les règles ! En effet, elle est formalisée dans cette fameuse Constitution que, désormais, les gens au pouvoir tentent par tous les moyens de contourner, sans que l’opinion dominante, anesthésiée par des gaz angoissants distillés par la crise, s’en rende compte. Pas un jour sans que soit bafoués les principes même de ce qui fonde le respect de la loi qui, visiblement, ne peut plus être identique pour tous.
A l’heure où les Françaises et les Français lucides vont avoir à voter et donc à choisir celle ou celui auquel ils confient leur destin collectif, les entorses s’accumulent avec plus ou moins d’impact sur la vie publique. Qui se soucie vraiment du fond, en une période où la forme prend le pas sur toutes les autres considérations ? Qui mesure les dégâts causés à la politique, support essentiel, de la démocratie depuis plus de dix ans ? Qui a pris la mesure du discrédit qui pèse sur le discours de gens réputés porteurs de l’intérêt général ? Qui note que nous assistons à une mascarade de campagne présidentielle, avec un Président qui use et abuse des moyens de l’État, pour répéter à loisir qu’il n’est pas…candidat, mais qu’il le sera quand il n’aura plus un euro à mettre dans la balance.
Nicolas Sarkozy a reçu, par exemple, avec les frais de bouche de Élysée, les parlementaires UMP, pour remotiver ses troupes. Ils ont tous en sortant payé leur participation. Le président de la République a évoqué les critiques à son égard, sa… possible candidature (tiens donc !) et ses propositions. Mais bien évidemment ces parlementaires, candidats au renouvellement de leur mandat, inscrirons ces frais dans leurs comptes de campagne ! « Depuis quelques temps, Nicolas Sarkozy utilise sa position de président pour faire campagne sans le dire et naturellement sans la faire financer par ses partisans, mais simplement par le budget de l’État. Ces dépenses-là ne figureront pas dans son compte de campagne», explique René Dosière, le député qui surveille les dépenses au plus haut niveau du pouvoir. Et à cet égard, il attire l’attention sur les déplacements de Nicolas Sarkozy, deux à trois fois plus nombreux que ceux de son prédécesseur, Jacques Chirac. Selon ce pourfendeur des dépenses, une visite de Président non candidat en province, coûterait jusqu’à 600.000 euros, dont près de 450.000 uniquement pour les frais de police, pour deux heures passées sur place seulement. Et ce ne sont pas les petits fours ou les cartons dorés qui coûtent le plus cher, même s’ils sont en général grignotés par des militants UMP ou des fonctionnaires adoubés pour leur engagement militant affirmé.
Ces constats ne changent rien.
Le Président qui va sortir sait fort bien qu’on annulera l’élection d’un maire, d’un conseiller régional, voire d’un député, pour une tournée payée… avec ses deniers personnels dans un bistrot, alors que lui échappera à absolument tout contrôle. Personne n’a l’indépendance nécessaire pour dénoncer pareilles pratiques. Mieux, le candidat-président sortant a augmenté le nombre de ses déplacements d’une cinquantaine au début du quinquennat à 70 par an. Au total, Nicolas Sarkozy passerait 24 heures par semaine dans un avion… pour les besoins de son « dialogue direct » avec les électrices et électeurs UMP. Durant les dernières semaines, ce sera, en revanche, un déluge de fric venant de la cellule de campagne qui récupère actuellement les fonds nécessaires… venant, n’en doutons pas, comme ce fut le cas pour Edouard Balladur, de la vente de tee-shirts et de casquettes !
Par ailleurs, bien évidemment, la Constitution ne prévoit pas qui, du sondage ou des lois, est le plus décisif. En considérant que 500 élus devaient parrainer une candidature présidentielle, les concepteurs de l’élection au suffrage universel ont reconnu la valeur du… suffrage universel. Il est impensable que, sous prétexte que l’on souhaite se faire un nom ou exploiter un nom, on refuse les lois en cours. La démocratie demeure essentiellement une affaire d’exercice de la responsabilité. Les maires, quels qu’ils soient, sont très majoritairement conscients de leurs actes, et donc il leur appartient de refuser de signer ou de faire le choix de dévoiler leur opinion personnelle. D’ailleurs, comme le courage est de moins en moins répandu, et que le « politique » a été discrédité, une très grande majorité se murera dans le silence. C’est évident, quand on connaît les habitudes d’un milieu où l’apolitisme sert de paravent au soutien caché à la Droite ou aux extrêmes. Heureusement qu’une fois tous les 5 ans, ces serviteurs de l’intérêt général sont secoués pour s’engager autrement que par le silence approbateur.
Si cette fois ils ne bougent pas, c’est que, véritablement, ils ont une propension au masochisme, tellement tout ce qui a été décrété et tout ce qui va l’être, accentue leur faiblesse. Toutes celles et tous ceux qui hurlent au scandale devront trouver des candidat(e)s crédibles pour les autres élections. Quel(le) que soit le (la) candidat(e), il devra démontrer sa légitimité par le respect des institutions et plus encore par le respect des décision du suffrage universel. Ne pas parvenir à réunir 500 signatures sur un panel de plus de 40 000 élus possibles, est-ce véritablement un scandale ? est-ce véritablement une hérésie que celles et ceux qui n’atteignent pas ce critère n’aient pas accès aux fonds publics pour faire un tour aux présidentielles ? Quel est le plus scandaleux : utiliser sans les signatures et sans être candidat les moyens de l’État pour le devenir, ou bien refuser de galvauder sa fonction basique mais usante de Maire pour ne pas cautionner une fausse démocratie ?

Cette publication a un commentaire

  1. baillet gilles

    Vous avez raison de vous interroger sur le fonctionnement de notre démocratie. Mais je m’étonne qu’aucun observateur ne déonce le recul de l’esprit démocratique chez les citoyens français.

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