Pendant le chantier, les fissures s'aggravent !

Depuis des années, quand on parle aux élus locaux, croisés sur les chemins de la vie publique, des craintes que l’on peut avoir sur la pérennité des financements par les conseils généraux de nombreuses actions de la vie quotidienne, on voit poindre un sourire narquois. Plus personne ne croit en la raison ou en la sincérité. Dans un débat d’orientation budgétaire, j’ai entendu cette phrase lancée par un élu… socialiste : « tu ne vas pas me faire croire que le vice-président aux finances du conseil général ne peut pas trouver 20 000 euros pour nous aider »… C’est le reflet de ce monde où la raison n’a plus aucun sens, mais où la facilité du populisme est même portée, sans qu’ils en soient conscients, par des gens pourtant rompus aux exigences de la gestion. En fait, il circule des rumeurs, des interprétations, des approximations totalement déconnectées des réalités. Volontairement étranglés par un gouvernement qui les a transformés en victimes expiatoires de ses errements, les départements ne survivent pour une petite majorité d’entre eux que par les fameux droits de mutation sur les transactions immobilières… Or, voici qu’après la « dépression » de 2009, se profile un nouveau krach dans le secteurs des prix du logement ancien. Le craindre, c’est automatiquement être voué aux gémonies, car c’est manquer d’optimisme dans une période où, c’est bien connu, de ses petits bras musclés, le candidat va effacer des réformes absurdes mais présentées comme autant de potions magiques !
Une baisse des prix des logements anciens comprise entre -8% et -14% d’ici 2014 : c’est le pronostic de la dernière étude prévisionnelle de l’Institut de l’épargne immobilière et elle a peut de chance d’être entendue au milieu de la médiocrité voulue, construite, du débat présidentiel. En cas de stagnation de la croissance économique cette année, suivie d’une reprise progressive de l’activité, et d’un maintien des taux d’intérêt au niveau actuel, les mises en chantier de logements et le nombre de transactions devraient reculer de 15%. On est loin des promesses liées à cette énième annonce inutile de Nicolas Sarkozy sur le supplément de 30 % de constructibilité accordé aux bâtisseurs. Le milieu économique reconnaît lui-même que plus rien n’est rationnel dans un pays qui a emprunté la piste verglacée vers le précipice.
Si les conditions énumérées ci-dessus sont réunies disent les analystes professionnels, et pas les faiseurs d’anges politiques, les prix des logements anciens ne devraient pas bouger cette année, mais ils pourraient reculer de 3% en 2012 et de 5% en 2013. D’où un repli cumulé de 8%. Ils vont même jusqu’à envisager un second scénario reposant sur… une récession de 2% en 2012, suivie d’une reprise progressive, et une hausse des taux d’intérêt de 1% cette année, suivie par une détente du loyer de l’argent. On irait alors vers une chute des mises en chantier et des transactions de l’ordre de 20% cette année, alors que l’on annonce un effort sans précédent dans la construction ! Baliverne . En Gironde, le projet Aréna est relégué, pour cause de crise, aux calendes…grecques et il est certain que les grands projets qui visent à porter l’agglomération bordelaise à 1 million d’habitants relèvent de la liste au Père Noël ! Dans le second scénario, les prix des logements anciens reculeraient de 2% cette année, de 5% en 2013 et de 7% en 2014.
D’après cette projection, le marché de l’immobilier résidentiel vient de se retourner. Et les prix pourraient perdre du terrain pendant deux ans, voire trois ans. Rien de comparable, par conséquent, avec la rapide remise à niveau enregistrée entre 2008 et 2009. C’est un terrible constat, qui va plonger les collectivités territoriales dont on a, par pure idéologie, indexé les ressources sur des paramètres de « volume économique » (Contribution à la valeur ajoutée des entreprises -CVAE- consommation de produits pétroliers- TIPP- ; Taxe sur les contrats d’assurances…) dans un marasme garanti en 2013 pour celles qui n’auront pas anticipé.
J’ai réuni les responsables des grandes banques mercredi…pour apprendre que l’accès à l’emprunt sera restreint et sélectif. « Stock constant », « secteurs délaissés », « commissions augmentées », « crédit contre placements » : les formules sont tombées comme des aveux d’impuissance et certains cadres présents se préparent au licenciement ou au chômage !
L’aveuglement est tel que la raison n’a plus aucun pouvoir. Depuis 5 ans, la France a appris à vivre sur une sorte d’illusion voulant que tout reste possible avec des promesses, des sujets dérisoires, des polémiques inutiles, des mots dénués de tout intérêt. Le réveil de la sieste sur l’oreiller des valeurs sera douloureux. Très douloureux !

Cette publication a un commentaire

  1. PIETRI Annie

    Toujours aussi pessimiste, Jean Marie, mais toujours tellement lucide !

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