Florange va constituer un test décisif pour le gouvernement

On approche lentement d’un tournant dans le cadre de la vie politique française… Rassurez-vous, ce n’est pas le résultat de l’élection véritablement révélatrice d’un comportement démocratique au sein de l’UMP. Quel qu’il soit, il ne modifiera en rien le quotidien immédiat du pays. Par contre, la décision que prendra le gouvernement sur la survie du site sidérurgique de Florange peut avoir des conséquences décisives pour la fin du mandat présidentiel. Le lieu va vite devenir emblématique du positionnement des intentions que le Président a vis à vis du monde économique international. Ou bien il cède au nom de la logique européenne libérale, ou bien il donne un signal fort à l’égard des grandes sociétés préférant le profit à l’emploi. La décision sur une nationalisation temporaire de cet outil de travail ne sera pas aisée à prendre, mais elle constituerait pourtant un avertissement « capital » pour bien des patrons dépeceurs de l’industrie française. En fait, ce serait une vraie réponse à l’argumentation sur la rentabilité insuffisante reposant sur la valeur des marges destinées aux actionnaires et pas nécessairement sur la qualité du produit.

La question est essentielle pour un gouvernement socialiste ! Des élus de Moselle, droite et gauche confondues, ont donc adressé une lettre ouverte à François Hollande afin de lui demander « une prise de contrôle public temporaire de l’État pour permettre à un opérateur industriel de reprendre l’activité de l’ensemble du site ». Sauver les deux hauts-fourneaux de Florange reviendrait à sauvegarder 629 emplois… et on peut légitimement s’interroger sur la volonté d’ArcellorMittal de faciliter cette démarche. Tout est fait pour protéger les prix du marché actuel de l’acier en Europe, car l’irruption d’un concurrent perturberait singulièrement le quasi monopole du géant indien. Il va bien falloir admettre que la reconquête passe par des solutions destinées à démontrer que l’on peut produire et vendre sur d’autres bases que la formule adaptée au contexte actuel du Cours moyen « prix de vente = prix de fabrication + profit pour les actionnaires »

Un courrier co-signé par Jean-Pierre Masseret, président socialiste du conseil régional de Lorraine, Patrick Weiten, président UMP du conseil général de Moselle, les responsables départementaux de l’UMP, du PS, d’Europe Ecologie-Les Verts et du Parti communiste, par divers élus du bassin sidérurgique et par l’intersyndicale du site de Florange, constitue une grande première, car elle place le gouvernement face à une vision non partisane de la « nationalisation ». Les signataires justifient leur position par les enjeux « humains, territoriaux, industriels, technologiques et stratégiques » du dossier de Florange, dernière usine sidérurgique de Lorraine assurant l’ensemble du cycle de production de l’acier. C’est un phénoménal renoncement idéologique pour celles et ceux qui ont dénoncé avec une grande sévérité cette méthode mise en œuvre par… le gouvernement de Gaulle à l’issue d’une guerre au moins aussi mortelle sur le plan économique que celle que traverse l’Europe ! Le libéralisme débridé a causé des ravages et provoqué la ruine de bien des pays qui sont entièrement à reconstruire. C’est donc l’occasion d’adopter des solutions qui n’ont échoué que sous les coups de boutoir du capitalisme financier.

La possibilité d’une nationalisation temporaire avait été évoquée par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Une éventualité que Michel Sapin avait démenti:  « on n’est plus à une époque où on nationalise la sidérurgie (…) La bonne solution, c’est d’examiner les propositions faites par d’autres entreprises pour faire en sorte que ArcelorMittal accepte de vendre  pas cher (…) et de manière qui soit cohérente, de manière qui soit tenable » Mais le Ministre du Travail n’a pas dit ce qu’il fallait faire si M. Mittal refusait toute vente à la fin du délai… qu’il a lui-même fixé ! Et c’est là justement qu’est le problème : il se moque, comme de sa première Tatar du gouvernement actuel comme du précédent ; il impose ses conditions pour arriver à ses fins. Que fera comme déclaration le gouvernement si vendredi à minuit aucune solution de reprise n’est en vue ? Rappelons que nous ne sommes plus qu’à cinq jours de la fin de ce qui ressemble à un ultimatum, adressé il y a 2 mois par ArcelorMittal au gouvernement, pour trouver un repreneur intéressé par la filière liquide (hauts-fourneaux, cokerie, aciérie). Une prise de position devra intervenir rapidement !

Un renfort a rejoint le camp de Montebourg. Et il pourrait être décisif. Moscovici lui a en effet apporté son soutien sur un point important : ArcelorMittal devra céder l’ensemble du site de Florange (Moselle), et non la simple portion qu’il veut fermer. « Je soutiens son action » (…) car « le gouvernement est du côté de l’emploi » et « tous les outils dont nous disposons doivent être utilisés » pour le préserver. Par ailleurs, Montebourg et Sapin ont déclaré partager « le même but pour le site de Florange : trouver une solution qui garantisse son avenir intégré et y permette le maintien de l’emploi« . Le problème, c’est qu’ils ne semblent pas d’accord sur « LA » solution. Et pourtant, elle s’imposera à eux…

Cet article a 3 commentaires

  1. Nadine Bompart

     » La décision sur une nationalisation temporaire de cet outil de travail ne sera pas aisée à prendre » Ah bon, pourquoi ?????
    Non pas « nationaliser » (ce qui voudrait dire payer) mais réquisitionner l’ensemble du site, et faire rembourser à Mittal toutes les aides qu’il a perçu de la France pour « non-respect du contrat », et puis aussi lui foutre le fisc aux fesses pour « évasion fiscale »!
    Et en profiter pour faire passer la Loi interdisant les licenciements boursiers.
    Non mais!!!! Un peu de courage, Mr Hollande…

  2. facon jean françois

    Bonjour,
    « nationalisation temporaire » c’est quoi cette grossièreté dans votre billet ? vous accusez M.Mittal d’avoir acheté la sidérurgie Française et Belge pour la détruire dans le but d’ améliorer sa position hégémonique sur le marché afin d’améliorer ses profits. Vous rendez vous compte que vous remettez en cause les règles Européennes de « concurrence libre et non faussée  » ?
    Aux yeux des libéraux, prophètes éclairés de la mondialisation, vous êtes en état de péché mortel. Vite, vite il vous faut un stage accéléré de bonne pensée économique encadré par les « experts économiques » qui défilent dans l’étrange lucarne.
    Trêve de balivernes, je vous renvoie au discours prononcé par Thomas Sankara sur la dette « Un front uni contre la dette » Prononcé à la 25e conférence des pays membres de l’OUA à Addis-Abéba le 29 juillet 1987.
    en voici le paragraphe final:
    « Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu de l’importer. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au Burkina Faso pour habiller les Burkinabé. Ma délégation et moi-même, nous sommes habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n’y a pas un seul fil qui vienne d’Europe ou d’Amérique.[Applaudissements] Je ne fais pas un défilé de mode mais je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C’est la seule façon de vivre libre et de vivre digne. Je vous remercie, Monsieur le président.
    La patrie ou la mort, nous vaincrons ! [longs applaudissements] « .
    Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara fut assassiné lors d’un coup d’État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Plusieurs jours plus tard, il fut déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. La complicité de la France, alors en état de cohabitation, a été avancée par les partisans de Sankara. A ce jour aucune enquête n’a eu lieu ni au Burkina ni en France.
    S’en prendre aux stratégies de l’OMC voila une idée qui a toute chance de foirer.
    Salutations citoyennes

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