le journalisme au pied du mur !

mur_des_cons_blog_2Le métier de journaliste consiste souvent à être extrêmement exigeant sur le comportement des autres sans (de plus en plus souvent) se préoccuper de la manière dont on se procure les informations relatives à ce que l’on relate. Rendez-vous discrets, fuites organisées, rumeurs amplifiées, caméras cachées, prennent le pas sur la déontologie et au cours de ces derniers jours on a bien l’impression qu’il y a parmi les titulaires de la « carte de presse » des visions différentes de ce beau métier qui périclite de jour en jour. En 2012, les enquêtes révélaient une amélioration de la sensation d’objectivité médiatique. A ce titre, l’évolution de la perception partisane des média était réelle par rapport aux études de 2011.
En effet, alors qu’une majorité de Français estimait que ceux-ci n’étaient pas partisans politiquement (53%, -3 points), l’idée selon laquelle les médias favorisent la droite diminue de 5 points pour atteindre 20%. A contrario, 12% des personnes interrogées jugent que ceux-ci sont favorables à la gauche, soit 3 points de plus qu’en 2011, alors que dans le même temps la part des personnes sans opinion a crû de 5 points pour atteindre 15%. Cela étant, le niveau de méfiance envers les journalistes restait très élevé, bien que le nombre de Français qui estimaient que les journalistes n’étaient pas indépendants diminuait, que cela soit vis-à-vis des partis politiques et du pouvoir (59%, -4 points) ou vis-à-vis des pressions des milieux financiers (56%, -2 points). Bien qu’il y ait beaucoup moins d’éditoriaux sur les dérapages professionnels des confrères qu’il n’y en a eu sur celui de Cahuzac. La démarche de Clément Weill-Raynal, payé comme l’ex-Ministre du budget par des fonds publics (il travaille sur France 3) est pourtant similaire. Depuis de longues années, il donne des leçons télévisées sur la « justice », ses réformes et ses déviances… il est même du genre impitoyable ! De suite, face aux accusations de vol d’images (celles du mur des cons!) dans un lieu privé, il nie farouchement. Il appartient à la caste des « éditorialistes » qui commentent… et prennent position sur des faits récupérés par les autres.
L’éditorialiste mis en cause a ainsi filmé le « mur des cons » avec son smartphone, avant de transmettre la vidéo à Atlantico, site internet classé politiquement à droite. Selon Libération, le journaliste est « engagé à droite de manière assez affichée » et pose déjà des problèmes de déontologie au sein de la rédaction, alors qu’il accuse le correspondant de la chaîne à Jérusalem d’avoir truqué des images sur la mort d’un enfant palestinien en 2000. Il est renommé comme donneur de leçons ! Il repousse les reproches qui lui sont faits. Il nie toute implication dans la récupération des images avant… de tout avouer et de se présenter en martyr de la Gauche ! C’est bien lui qui a filmé le « mur des cons » épinglé dans les locaux du Syndicat de la magistrature (SM). Et ce, à l’occasion d’un rendez-vous sollicité officiellement avec sa présidente, Françoise Martres, pour ne pas ensuite diffuser la moindre image de son entretien ! Le journaliste se défend comme il peut : « Je n’ai pas commis un acte anti-déontologique » sur le site qui a accueilli son exploit de « grand reporter » qui n’a pourtant pas respecté la charte des journalistes. Elle est pourtant claire : un « journaliste digne de ce nom […] proscrit tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information. Dans le cas où sa sécurité, celle de ses sources ou la gravité des faits l’obligent à taire sa qualité de journaliste, il prévient sa hiérarchie et en donne dès que possible explication au public ». Rien, absolument rien de tout cela, mais dans le fond, quelle importance puisque rien n’a empêché ses amis d’exploiter son forfait.
De l’autre côté il y a une femme courageuse, opiniâtre, solide, qui a fait honneur à sa profession face à Marine Le Pen. Lors de « Dimanche soir » Anne Sophie Lapix a osé poser des questions embarrassantes à son interlocutrice, a bataillé pour quelle n’occupe pas l’espace médiatique à sa guise, a montré que la face cachée du FN était vraiment embarrassante, a réussi à faire vivre un vrai journalisme. Comme c’est inévitablement le cas, Marine Le Pen joua les offensées, affublant son interlocutrice des termes de « Monsieur le Procureur » et « Madame la Commissaire politique ». Car pour Marine Le Pen, le simple fait de pointer le doigt sur des questions légitimes touche à l’infamie. Cette colombe « brune » n’admet pas le face à face, et surtout que quelqu’un fasse tout simplement ouvertement, loyalement, et surtout efficacement, son métier ! David Pujadas, Claire Chazal, devraient se faire passer en boucle sur la télé de leur bureau cette remarque de leur consœur de Canal + : « Ce n’est pas une tribune non plus ! Je ne vais pas vous laisser parler 5 minutes sans que l’on puisse vous relancer ». La caste des cire-pompes ne va jamais lui pardonner une telle leçon, car elle différencie les « animateurs » de plateaux télévisés des vrais journalistes. Elle n’a rien truqué, rien caché, rien éludé. Elle n’a pas nié et a pris ses responsabilités en direct et surtout elle les a assumées, ce qui devient rarissime dans ce monde médiatique où le paraître devient plus essentiel que tout le reste. J’attends avec impatience que l’invité soit le futur « ex-premier Ministre » autoproclamé… qui a une fâcheuse tendance à prendre les autres pour des cons !

Cet article a 2 commentaires

  1. batistin

    La liberté de la presse,… la déontologie… ?!!

    Oui, mais en France, il y a les lois écrites et les lois vécues.
    Je ne parle pas sans preuve et vais même « citer mes sources », sans aucun scrupule, puisque la source c’est moi-même !

    Il y a quelques années de cela je suis devenu directeur de publication d’un petit journal gratuit. Le journal LaPigne ! Journal culturel gratuit
    Petit mais pas tant que cela. Journal gratuit, parution tous les deux mois, 6 numéros parus, un an d’existence. Dix mille exemplaires papier distribués à chaque parution, plus lisibilité sur le net. Soit, au bas mot 25000 lecteurs par parution.
    Un but unique: trouver des annonceurs payants pour assurer la promotion d’artistes gratuitement.

    La période choisie pour le lancement est tombée au beau milieu d’une féroce campagne pour l’élection des maires. Je vous assure que je n’avais pas pensé avant aux effet bénéfiques du choix d’une telle date.
    Chaque maire, cela se passait sur le Bassin d’Arcachon, n’avait comme budget d’impression de ses plaquettes en couleurs de propagande que de quoi imprimer deux à trois mille exemplaires. Nous « tirions » à 10 000 !
    J’ai donc été fort courtisé, relancé, instruit de tout un tas de secrets, chacun y allant de sa petite histoire, espérant passer dans notre publication.
    Moi qui avait engagé cette aventure en tant qu’artiste, je me suis retrouvé pour de bon investit de la qualité redoutable de Directeur de publication, directeur de rédaction, et donc journaliste. Avec une grosse crise de conscience à chaque numéro.

    Un exemple pour situer la difficulté de choix de parution, essayer donc d’écrire un article sur les huitres triploïdes et les dérives de l’ifremer en pleine saison touristique. Sur le Bassin d’Arcachon, je le répète. Je l’ai fait, après une sérieuse enquête et aussi après avoir cherché l’appui de quelques ostréiculteurs écologistes ou environnementalistes et aux gros bras !
    Je vous conte tout ceci pour en arriver, enfin, à mon propos: l’obtention en France de la carte de journaliste.

    Etant en règle sur toute la ligne, numéro de parution du journal, un exemplaire envoyé à la Bibliothèque de France et autres organismes à chaque parution, etc etc, mon statut de directeur de publication ne pouvait donc faire aucun doute.
    De droit, par la loi et de fait j’avais donc droit à une carte officielle de journaliste.
    Sauf que…
    pour obtenir cette carte et engager une nouvelle vie qui commençait à me passionner sérieusement, figurez-vous que, malgré les textes de loi, il faut montrer patte blanche (ou bleue).
    Il m’a été dit et répété à chacune de mes demandes qu’il faut avoir travaillé d’abord dans un journal « reconnu » pour arriver à obtenir cette fichue carte !
    Ce qui est totalement hors la loi, mais en dit long sur la liberté réelle de la presse.

    J’ai tout de même obtenue ma carte de journaliste, en faisant simplement appliquer la loi, grâce à l’appui d’une association dont je vous donne ici le lien:
    http://cyber-journalistes.org/la-carte-de-presse/

    Me voici donc aujourd’hui cyberjournaliste « assermenté » et fort inquiet quand à la véracité de la liberté ambiante.
    Ainsi que des dérives possibles, ce qui est contradictoire je le reconnais, de certains membres du nouveau club auquel j’appartiens…
    Les informations qui circulent sur le net et la violence des accusations portées parfois mènent vite au lynchage.

    Journaliste ou pas, finalement tout est question d’humanisme, denrée rare.

  2. baillet gilles

    Il y est déjà passé chez Lapix le « futur ex premier ministre autoproclamé qui prend les autres pour des cons » sans que cela ne fasse d’histoire… Du moins pas comme dans l’émission de France 2 l’autre jour où l’on a eu un bel étalage des « techniques » de ce journalisme « moderne » qui sature les antennes et les radios. Ca c’est au niveau national…où les journalistes ne font plus leur métier face au FN qui serait différent maintenant (CF interview de Marine Le Pen par Cohen sur France Inter). Mais les journalistes ne font pas vraiment leur travail sur le plan local où ils relaient la com des élus sans analyse critique… Par exemple, dans le canton de Podensac, ils vont s’extasier sur l’opération poule pour réduire le poids des déchets montée par le président de la CdC ainsi que sur les baisses conséquentes des factures cette année sans s’intéresser au bilan financier du service en question qui nuance largement le « miracle ». La tyrannie de l’actualité est un impératif mais le devoir d’investigation est une nécessité journalistique!

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