La bataille de la vraie "préférence nationale" est encore à déclarer

 L’espoir réel du gouvernement en matière de redressement de la situation de la France passe désormais par une vraie relance de la consommation intérieure dont on sait quelle conditionne en grande partie l’emploi. Elle n’aura néanmoins un impact réel qui si la production nationale existe et se remet dans le sens de la marche en avant car autrement les effets d’achats accrus ne feraient, au contraire, que creuser le déficit de la balance commerciale. En fait il est quasiment impossible actuellement de répondre avec du « fabriqué en France » à la demande nationale et c’est un constat alarmant.

Les dégâts se sont accumulés dans des filières de grande consommation et malheureusement des pans entiers sont désormais partis vers d’autres cieux. Les délocalisations durant la décennie UMP ne seront plus jamais estompées. le mal est trop profond pour être réversible. Ainsi selon l’INSEE entre seulement 2009 et 2011, 4,2 % des sociétés marchandes non financières de plus de 50 salariés ont transféré des activités vers l’étranger, entraînant la suppression d’environ 20.000 emplois directs en France, soit environ 6.600 par an. Les destructions ont eu lieu pour plus de moitié dans l’industrie, avec 11.500 postes en trois ans, soit 0,6 % de l’emploi salarié total. Si les chiffres doivent être interprétés avec prudence (les destructions chez les sous-traitants ne sont pas comptées), l’ampleur du phénomène reste donc limitée et n’explique qu’une part très minoritaire des destructions d’emplois dans l’industrie. Les idées reçues ayant en France une ténacité supérieure aux engagements politiques l’opinion dominante s’est confectionnée de fausses certitudes.

Paradoxalement la disparition du « made in France » touche des secteurs déconnectés de la grande consommation. L’industrie manufacturière et les services de l’information et de la communication sont les deux secteurs qui ont le plus fréquemment délocalisé entre 2009 et 2011, avec 8,8 % des sociétés concernées dans le deux cas. Côté industrie, la fabrication d’équipements électriques et celle de produits informatiques, électroniques et optiques sont particulièrement touchées. Côté services, ce sont principalement les services informatiques. L’envergure internationale de l’entreprise a beaucoup  joué dans la stratégie de délocalisation. Les sociétés exportatrices délocalisent bien plus souvent (7,7 %) que celles uniquement présentes sur le marché français (0,7 %). De même, les sociétés qui délocalisent sont souvent déjà présentes à l’étranger par le biais de filiales (12,7 %). Ce sont aussi les plus grandes qui délocalisent le plus (d’où l’impact médiatique) : 7,6 % des sociétés de 250 salariés ou plus sont concernées, contre 2,7 % de celles employant de 50 à 99 salariés. Délocaliser ne veut pas dire non plus sous-traiter à l’extérieur : dans trois quarts des cas, l’activité reste au sein du groupe. La suppression factice de la taxe professionnelle présentée comme « LA » solution au maintien des entreprises sur le sol national s’est révélée comme une mesure électoraliste totalement inefficace. La recherche de coûts plus bas a été en effet la motivation principale des fabricants. Ce sont notamment les coûts salariaux qui ont motivé les délocalisations vers la Chine, l’Inde et les nouveaux Etats membres de l’UE. Les motifs de délocalisation vers l’UE à 15 étaient plus diversifiés, les sociétés recherchant la réduction des coûts de production autres que les salaires. La volonté d’accéder à des marchés prometteurs vient après et constitue un prétexte pour seulement augmenter les profits.

 

En tant que citoyens (mais pas en tant que consommateurs comme c’est trop souvent le cas) notre rôle est essentiel pour changer cette donne. Si en décembre, mois important pour la consommation, chacun appliquait autrement qu’en reprenant des slogans racistes « la préférence nationale » ce serait un soutien concret à l’emploi ! Mais on peut toujours rêver dans un climat « discount » à tout va. Certes le pouvoir d’achat faiblit, certes les prélèvements fiscaux ont augmenté pour celles et ceux qui sont concernés mais tout geste effectué pour conforter les circuits courts de distribution, pour acheter « français » devient un acte de solidarité active. Une grande campagne de communication serait indispensable pour renforcer des filières comme celle de l’agroalimentaire rongée par la fameuse « concurrence libre et non faussée » mais largement truquée. La « bataille du Made in France » est « une bataille dans les têtes, une bataille culturelle, et tous les Français commencent à y prendre part », a assuré Arnaud Montebourg. »Elle n’est pas gagnée car c’est un combat au long cours. Mais c’est un mouvement dans la société où les Français commencent à se donner la main pour rebâtir leur appareil productif et leur base industrielle », a-t-il ajouté. « Il faudra des années pour reconstruire ce que nous avons perdu »… Les Français en sont-ils conscients ? J’en doute car ils sont englués dans des contestations conjoncturelles et Montebourg parle d’avenir à moyen terme, la seule chose qui colle mal au besoin d’immédiateté des demandes sociales.

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Eric Batistin

    bén oui mais Dacia c’est Renault, et Renault, c’est français

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