Pas d'autre alternative que l'action publique d'investissement

Le gouvernement brésilien a annoncé un vaste plan d’investissements dans les infrastructures pour un montant de 198,4 milliards de réais (64 milliards de dollars), dont plus d’un tiers d’ici à 2018, à un moment où la première économie d’Amérique latine est à l’arrêt. C’est le même jour que le gouvernement français annonce une aide de 4 000 euros aux PME ou PMI qui embaucheraient une personne. Dans un cas un pays émergent réagit avec une volonté de prendre la main politiquement sur l’économie en ne respectant pas les principes du FMI ; De l’autre un éternel replâtrage d’un système à bout de souffle ayant grand besoin d’une autre vision que celle consistant à croire que l’offre va créer la demande et donc la croissance. Les collectivités territoriales gros investisseurs pour le bien-être commun sont non seulement étranglées par l’État mais en plus elles sont sans cesse sollicitées pour pallier ses défaillances.
En France l’Etat n’a plus aucun moyen pour investir car il a été ruiné par les gouvernements de Droite (cf les propos de Fillon en 2007) chantres du libéralisme effréné qui aurait été producteur de richesses pour tous alors qu’elles ne concernent finalement que les financiers et les actionnaires. Avec quel argent vit une entreprise comme Dassault dont on vante les mérites si ce n’est avec les fonds publics d’autres pays qui achètent les avions ? L’argent public n’est jamais gaspillé dans les labyrinthes financiers car il est converti en salaires, en prestations, achats et normalement en travaux. 2016 risque d’être terrible pour l’emploi si d’urgence le gouvernement ne lance pas à l’instar de celui du Brésil, un plan réel, concret, précis de grands travaux  ou au minimum qu’il ne lâche pas un peu de la pression mise sur les communes, les intercommunalités et les départements.
Les impôts contre lequel nous gueulons en permanence sont absolument tous injectés dans l’économie réelle à travers le pouvoir d’achat de fonctionnaires, de soutiens solidaires, de fonctionnement de services publics sur lequel sans eux le coût pour chacune et chacun d’entre nous serait prohibitif, en équipements, en réalisations… De partout arrive d’ailleurs des protestations véhémentes sur l’insuffisance de crédits sur tel ou tel secteur et les protestataires contribuables défilent quelques jours plus tard contre le niveau trop élevé de leur propre contribution à ces dépenses allant directement ou indirectement dans leur poche ! Une relance ne peut passer que par un rôle accru de l’Etat, comme au Brésil, dans l’économie réelle afin de réguler les rapports avec le monde de la finance.
Le plan prévoit la construction d’autoroutes, de lignes ferroviaires, de ports et d’aéroports, dans l’espoir de renouer avec la croissance économique, le PIB brésilien devant reculer d’1,2% en 2015 selon le gouvernement, ce qui constituerait alors sa pire performance en 25 ans. Alors elle va certainement emprunter pour agir avec un effet retour à moyen terme garanti sur les ressources de l’Etat et l’emploi. « C’est un jour important pour mon second gouvernement. Nous sommes ici non seulement pour annoncer de grosses sommes et des projets ambitieux mais surtout pour renouveler notre engagement pour le développement de notre pays », a déclaré la présidente Dilma Rousseff. Souhaitons pour elle que l’Etat brésilien soit plus efficace, moins lourd, plus offensif qu’il ne l’est sur le terrain en France. Les exemples foisonnent où tout est fait pour ralentir les chantiers publics, pour appesantir les procédures, pour finalement empêcher la mise en route de micro-investissements locaux destinés au TPE ou PMI. En Gironde des communes attendent encore une lettre du Préfet les autorisant à engager cet été des chantiers pour des raisons absolument dignes de Courteline. J’ai écrit il y a plus de 2 mois et j’attends une réponse !
Au Brésil le montant total des nouveaux investissements, si tous les appels d’offres trouvent preneurs, sera de 69,2 milliards de reals de 2015 à 2018, puis de 129,2 milliards à partir de 2019. Au total, 86,4 milliards seront investis dans le réseau ferroviaire, 66,1 milliards dans les autoroutes, 37,4 milliards dans les ports et 8,5 milliards dans les aéroports. Chez nous on attend… que les collectivités saignées par les restrictions budgétaires de l’Etat apportent l’argent à la LGV Bordeaux-Paris alors qu’il n’a pas lui-même réglé sa participation à ce jour ! Absurde !
Avant d’annoncer des mesures nouvelles on pourrait se contenter de vider les tiroirs de tout ce qui est bloqué, paralysé, oublié : du travail pour 5 ans environ !. La France ne s’en sortira que si le gouvernement libère l’énergie de ses élus locaux, si il leur fout la paix et si il les soutient plutôt que de les enfoncer chaque jour davantage dans la récession. Autrement à terme ce sera comme au Brésil où l’offre attirante de Dilma Rousseff n’a pas échappé…aux Chinois. Lors de la récente visite d’Etat du Premier ministre Li Keqiang, Brasilia et Pékin ont scellé un ambitieux plan d’investissements d’un potentiel de 50 milliards de dollars dans divers secteurs de l’économie et même de l’écologie. Un comble…

Laisser un commentaire