En matière d'environnement on vous raconte des salades

Tous les règlements, toutes les obligations, toutes les normes n’offrent véritablement un intérêt dans un système libéral que si l’Etat a les capacités à contrôler leur mise en œuvre. Dans le domaine de l’environnement la puissance du monde du profit est tellement forte que pratiquement tout est contourné, tout est truqué, tout est bafoué grâce à l’utilisation des multiples défaillances de systèmes de contrôle. En fait des principes simples ne sont que très partiellement appliqués. Tenez « pollueur-payeur » relève du principe mais absolument pas de la réalité. Ce n’est pas une affirmation péremptoire mais le constat permanent effectué durant mes années de présence dans les instances justement chargées de mettre en œuvre ce qui relève de l’évidence. Le refus ou les trucages des grands groupes de l’agroalimentaire, de la distribution, de l’industrie sous toutes ses formes, d’appliquer simplement les engagements que la loi a prévu est permanent.
Études faussées, chantage économique, lobbying politique, actions concertées de retardement des décisions, utilisation maximum des faiblesses des contrôles, pids financier mis dans la communication : la puissance de résistance est telle qu’il est difficile d’avoir confiance dans des déclarations, des publicités, des certifications. La planète se meurt car les politiques finissent toujours pas céder face à la mondialisation de la fraude économique. L’affaire Volkswagen vient opportunément rappeler que le diesel reste un fléau qu’il faut masquer pour pouvoir vendre de la qualité de vie inexistante. Au nom de la rentabilité toute morale est sacrifiée. La marque allemande s’est fait attraper aux États-Unis car la fraude était massive. En cause: un mini logiciel qui régulait les émissions de NOx de ses moteurs diesel en cas de contrôle. Simplement le révélateur de pratiques très courantes mais qui n’apparaissent pas au grand jour car les véritables repérages de ces tricheries technologiques ou même parfois de langage deviennent de plus en plus rares.
Bien entendu on traitera ce qui est une véritable escroquerie à la qualité environnementale par une amende. On pense toujours que le fric permet de gommer des formes lourdes de fraude. On sait déjà que les 18 milliards annoncés pour une amende seront revus à la baisse après négociation et que cette fraude ne pèsera pas beaucoup dans les équilibres financiers du groupe allemand. Le moteur incriminé, un 2l TDI de 150 cv est l’un des plus répandu dans la maison (on le retrouve chez Skoda, Audi et Seat) et qu’il a, en outre des déclinaisons dans d’autres puissances (140, 177, 184 et 190 cv) qui sont également concernées. C’est donc le cœur de la motorisation de l’un des leaders mondiaux de l’auto qui est suspecté. Pas grave il acquittera la facture américaine mais rien ne dit que son système sophistiqué de truquage n’a pas été appliqué ailleurs . On ne le saura jamais vraiment puisque les législations changent d’un pays à l’autre et que certains n’ont absolument aucun système de contrôle.
Dans un tout autre domaine, celui de l’agroalimentaire, les abus sont au moins aussi grave. Acheter de la salade comporte par exemple des risques sanitaires alors qu’il existe là encore des normes en matière de dispersion de produits chimiques. Sur 31 salades achetées dans cinq grandes enseignes de l’Oise et dans la Somme, 5 échantillons contiennent une ou plusieurs substances actives interdites ou interdites sur les salades en France selon l’ONG « Générations futures » qui a basé ses conclusions sur une série de tests récents effectués. On note la présence de DDT dans deux échantillons (6,45% de l’ensemble), matière active totalement interdite en usage agricole en Europe et, dans trois échantillons, de quatre matières actives interdites » sur les salades en France (cyproconazole, imidaclopride, mandipropamid, oxadiazon), affirme « Générations Futures. L’ONG avait réalisé en 2013 des tests similaires sur des échantillons de fraises, qui contenaient aussi des substances interdites. Comme il n’existe plus aucun contrôle systématique de ce type sur les productions maraîchères ou agricoles (les produits concernés sont toujours en vente!) cette alerte d’une ONG ne débouchera sur aucune sanction.
On s’arrange aussi souvent pour rester dans les normes même si la présence de l’insecticide DDT, reconnu cancérigène est interdite en France depuis 1971. On dira qu’elle est liée à des phénomènes extérieurs liés à la persistance dans les sols de ce produit toxique..Avec près d’une salade sur 5 concernés (par des pesticides interdits), c’est loin d’être anecdotique! » expliquait le représentant de « Générations futures ». Il fait état de la présence de nombreux pesticides dans les échantillons testés : en moyenne 3,7 types de pesticides par salade. Le cumul peut constituer des mélanges dangereux à terme. Une salade en contenait même dix ! Pas grave ce n’est pas celui qui les fait pousser qui les mange. Pas plus d’ailleurs que celui qui les vend !

Cet article a 2 commentaires

  1. François

    Bonjour !
    « Études faussées, chantage économique, lobbying politique, actions concertées de retardement des décisions, utilisation maximum des faiblesses des contrôles, poids financier mis dans la communication : la puissance de résistance est telle qu’il est difficile d’avoir confiance dans des déclarations, des publicités, des certifications. »
    Devant cette belle énumération, Toi « le politique », peux-tu nous certifier que les SEULS et UNIQUES fautifs, sous couvert de belles guirlandes d’euro ne sont pas les gouvernants avec les deux assemblées de guignols ? Les tenants de la règle du jeu avec leurs lois et leurs normes sont bien dans ce camp n’est-ce pas ?
    Allons ! L’heure d’un grand et honnête « Mea culpa  » approche avant que La Révolution n’éclate !
    Ah, c’est difficile de reconnaître ses torts mais c’est ainsi que l’on y voit plus clair au lieu de, sans cesse, renvoyer la faute dans le camp soi-disant opposé. Comme au foot ou au rugby, au-delà de la victoire d’un camp, la partie peut être belle … en respectant la règle ! !
    Cordialement.

  2. J-P REIX

    « Pas grave ce n’est pas celui qui les fait pousser qui les mange. Pas plus d’ailleurs que celui qui les vend ! »
    Ce ne sont pas non plus les automobilistes qui roulent avec des diesels (surtout ceux d’avant 2011) qui respirent les particules mortelles qu’ils émettent. Mais comme notre ministre ne veut pas d’écologie punitive, des dizaines de milliers de personnes continueront à mourir prématurément chaque année pendant très longtemps !

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