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Le corporatisme supplante peu à peu le syndicalisme

Le mouvement des chauffeurs de taxi a une véritable signification sociale dans la période actuelle et on aurait tort de le réduire à une simple querelle autour du statut des VTC. Pour la deuxième fois depuis le mois de juin 2015, ils étaient appelés à manifester par deux intersyndicales contre les « dérives » du secteur des VTC, et notamment contre la compagnie américaine Uber. C’est l’illustration parfaite de la véritable situation en France depuis quelques années. Le « corporatisme » a largement remplacé le « syndicalisme » ce qui ne manque pas de poser des problèmes insolubles à tous les gouvernements. Pour ne pas avoir pris la mesure réelle de cette mutation sociale profonde dans les relations entre le politique et le milieu économique. Quand on parlait d’accords de branches professionnelles ou de négociations globales, on est tombé dans une forme de résistance collective centrées sur un secteur particulier. Les organisations syndicales généralistes s’effritent lentement à cause de la crise économique (cotisations) ou d’un climat de méfiance à l’égard de tout ce qui est organisé. Il faut donc désormais tabler sur des réactions à des atteintes graves à des statuts particuliers. Et c’est inévitable !
La nouvelle donne en matière d’économie mondialisée et surtout la référence européenne permanente à la « concurrence libre et non faussée » a totalement déstructuré des situations acquises. Le système des taxis très réglementé illustre cette réalité. L’arrivée de Uber ou des VTC constitue une véritable atteinte à une monopole institutionnalisé ayant des règles de rentabilité établies depuis très longtemps. Le modèle économique des taxis, qui a un siècle, est en fait basé sur… l’absence de concurrence. Toute tentative d’entrée dans le secteur se traduit par une révolte féroce et une demande d’un soutien de l’État. En fait tout le monde demande la liberté d’entreprendre mais avec la certitude qu’il ne serait jamais menacé et si c’est le cas il faut que l’Etat le protège.
Il obtient un doit d’usage grâce à une « licence, » dont le coût est extrêmement variable. Ce document constitue souvent à sa vente ou sa revente une véritable retraite chapeau pour celui qui en est propriétaire. Des artisans paient 100.000, 200.000 parfois 300.000 € ce viatique pour exercer alors que d’autres professionnels ne paient rien? Le fonctionnement de la profession est de 1920 et il perdure sur la base des acquis antérieurs qu’il faut absolument rentabiliser. Or les droits ouverts sont extrêmement limités.
Après avoir réussi l’examen du certificat de capacité professionnelle – pour un coût de 2000 à 3000 euros – et obtenu la carte professionnelle, le chauffeur de taxi doit, pour pouvoir exercer son activité, soit être titulaire d’une autorisation de stationnement (il est alors artisan, comme 80% des taxis français), soit exercer comme locataire (11%) ou salarié (2%) dans une société privée, comme G7 ou Taxis Bleus pour les plus connus. Cette licence permet à ses détenteurs de prendre à la volée des clients, donne accès aux bornes de taxis dans la rue et dans les aéroports, et ouvre l’utilisation des voies de bus. C’est tout! Les VTC et autres UberPop, eux, n’ont pas ces droits mais les contournent. A l’heure de la géolocalisation, le principal avantage des taxis – celui de pouvoir prendre les gens qui lèvent le bras dans la rue – n’existe plus. Inévitablement il ne peut y avoir que des différences lourdes de tarifs entre les deux systèmes dont l’un n’est plus protégé à cause des nouvelles technologies.
La concurrence libre et réputée non faussée a causé des ravages dans tous les corps de métier. Même si ce n’est pas évident les « syndicats » professionnels surfent sur ces atteintes permanentes causées par des approches inédites de certains fonctionnements obsolètes. Pas un jour sans que les intérêts corporatistes prennent le pas sur les considérations d’ordre général dans un système où dans le fond les plus mal défendus sont les fonctionnaires d’État ou les salariés du privé puisque leurs revendications restent généralistes et non ciblées. L’époque des intersyndicales unanimes appelant à une grève générale est révolue en raison de l’éparpillement des situations sectorielles ou des conflits ainsi que de la faiblesse des adhérents issus des grandes entreprises publiques démantelées au fil du temps.
On en arrive à ce que des journées dites d’action ne rassemblent que des « groupes » hostiles à une réforme ou à un projet mais pas forcément à une défense unitaire d’une valeur (les retraites, la sécurité sociale, le pouvoir d’achat, les attentes au statut…). On s’éloigne toujours plus du syndicalisme historique pour sombrer dans un corporatisme segmenté qui va inexorablement détruire le système social français malgré les exhortations et les replâtrages gouvernementaux. Le al est profond et durable !

Cet article a 4 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour Mr. Darmian,

    Oui la mondialisation détruit des entreprises et des vies.
    Le milantisme syndical dans les entreprises n’existe plus ou pratiquement plus.
    Les lois gouvernementales pour le départ d’une entreprise ou l’entrée d’une entreprise n’existent pas. Le gouvernement ne fait rien en tant qu’acteur.
    Le cice et autres mesures doivent être supprimes au profit d’une relance de l’emploi et du maintien des entreprises françaises. L’industrie française est malade.
    Si le FN s’invite dans les dernières élections c’est que l’extrême gauche existe mais aucun parti politique lui aura fait une place
    Chacun pour soi et dans l’égoïsme le plus parfait.

  2. Bernadette

    C’est bien de battre le pavé avec son petit drapeau au couleur de l’appartenance syndical. Et dans l’entreprise quel relationnel avec les dirigeants et avec les salariés ?

  3. Joël

    Pour Moi et pour la base, c’est la politique des Énarques qui n’ont pas de problèmes de fin de mois (pas le cumuls des mandats qui sont en cause.
    Pour être plus concret, ils bafouent les syndicats et la concertations ce qui fait que les militants désertent et prônent le corporatisme .
    Et l’image d’une France « bordélique » au yeux de tous et pour moi ingouvernable.
    Voire que le FN est la dernière solution, faute d’ailleurs car en grattant le vernis de surface nous tombons dans le même travers.
    Arrêtons la politique du nombrilisme, diminuons le nombres de syndicats, le mille feuilles administratif, les aides à tout va, mettons nous au travail, d’autres l’on fait et on pas mal réussit .
    Que les taxis soient des véhicules de marques françaises et de plus petites cylindrées . Ne doit-on pas baisser le CO², sans parler de leurs soucis financiers. Puis par le biais de l’informatique repérer les faux taxis afin de le taxer à hauteur de leur travail.
    Désolé pour mon coup de gueule quelque peu déplacé.

    1. Bernadette

      Je lisais ce matin dans le journal sud ouest un fonctionnaire de catégorie B est allé manifester parce que sa catégorie allait être supprimée.
      Que Marylse Lebranchu annonce la couleur de son plan de restructuration. Ça sera une bonne chose.
      Il est vrai que les aides européennes pour les agriculteurs sont prises dans le pot commun budgétaires, eux ils n’en veulent pas. Ils veulent de ce qu’ils produisent. C’est contraignant, ces aides sont accompagnées de normes. C’est la politique agricole commune.

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