Il existe des courbes descendantes mais pas les bonnes

Sous le règne sarkozyste les sondeurs avaient une part tellement belle du gâteau élyséen qu’elle a fini par étouffer la grande majorité des convives invités à la table des fonds publics. N’empêche que cette méthode de gouvernement basé sur des études d’opinion dominante n’a pas été abandonnée par la classe politique. Il existe, quel que soit le parti, une « croyance » voulant que pour être efficace il faille absolument coller à la volonté du plus grand nombre exprimé sur des questions biaisées ou incomprises. En fait le pouvoir tente de suivre l’émotion immédiate, d’exploiter des croyances approximatives, de détourner les idées pour justifier l’injustifiable. Cette technique venue des Etats-Unis conduit à « Trumpiser » la vie sociale et à se contenter de ne plus agir mais simplement de réagir. « Gouverner n’est plus prévoir » comme on le pensait Emile Girardin.
Il existe des cellules spécialisées dans le suivisme populiste qui tentent de redorer des images bien défraîchies en les repeignant aux couleurs réputées les plus populaires. Tout le monde a cru qu’après la période « post-attentats » il suffirait ainsi au Président et au Premier des Ministres de porter des mesures « symbolique » pour renforcer leur popularité. Tel Raymond Poincaré et Georges Clémenceau le duo Hollande-Valls a tablé sur sa présence dans les tranchées de la lutte contre les barbares pour remonter leurs courbes de popularité. Peu importe les « valeurs » il fallait des « actes » même inutiles pouvant accentuer leur retour en grâce dans une opinion publique traumatisée par l’état de guerre contre une forme de « crime organisé ». Tout a été basé sur ce diktat des sondages!
Or dans une récente enquête, le chef de l’État perd donc encore 5 points ce mois-ci, à seulement 21 % d’opinions favorables. Un niveau qu’il avait atteint fin 2014, quand il était au plus bas! Le gain de popularité enregistré après les attentats du 13 novembre a été gommé par des décisions pourtant réputées conformes à ce qu’attendaient le peuple. Le Premier ministre quant à lui, cède 5 points et s’installe à 27 % de cote de confiance. C’est son score le plus faible depuis son arrivée à Matignon, en avril 2014.
Il n’est pas inutile de rappeler que 85 % des Français étaient réputés favorables à la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux à la veille du premier jour de 2016… C’était jouer sur du velours que de s’appuyer sur une proposition inutile, inefficace et improbable pour se refaire une santé médiatique. Sauf que personne n’avait vraiment été informé sur les effets réels de cette mesure… et donc le résultat escompté a vite fondu comme neige au soleil. On était en effet parti fin novembre du score exceptionnel de 94 % ce qui permettait d’espérer un accueil triomphal d’une proposition allant en ce sens. Or on est tombé à 69 % à la mi-janvier et le départ de Christiane Taubira (plus de sept Français sur dix (71%) se disent « favorables » à sa décision de quitter le ministère de la justice, contre seulement 16% d’un avis contraire), les prises de position publique de Juppé et Fillon ainsi que les oppositions de tous bords du réseau associatif vont ramener ce score à un niveau encore moins élevé. Quoiqu’il advienne de la réforme constitutionnelle elle ne correspondra plus à une vraie volonté populaire !
Si l’on se fie à une autre enquête les Français ne sont plus que 19% à avoir une opinion « favorable » du chef de l’Etat, soit le même niveau que début novembre avant les attentats de Paris. Ils sont par contre 74% (+3) à avoir une opinion défavorable de lui selon une autre étude. Et le plus grave qui devrait affoler tous les analystes élyséens c’est que les pertes les plus lourdes sont dans son propre camp. Seuls 50% des sympathisants PS-EELV (beaucup plus nombreux que els militants) jugent favorablement son action, soit une chute de 12 points par rapport à janvier ! On verra ce que donnera la prochaine publication avant un Congrès qui n’a plus aucun intérêt ! Manuel Valls est arrivé aux deux-tiers (66%, +2) de personnes interrogées qui le jugent défavorablement.
Il est vain de croire que les combats se gagnent en adoptant les valeurs de ses adversaires. Le peuple muet juge la sincérité dans l’action et condamne chaque jour davantage les manœuvres incertaines. Il se détourne chaque jour davantage de la « politique » car il ne supporte plus ces « symboles » de l’adaptabilité des comportements aux circonstances. Celles ou ceux qui transigent, finissent par le payer à un moment ou à un autre. Cette vérité ne paraît pas être accessible aux penseurs gouvernementaux. « Il n’y a rien à gagner à transiger avec l’erreur ou l’injustice. » a aussi écrit Emile Girardin ! Ce principe pourrait avantageusement imprégner les réunions des conseillers en communication si on l’admettait dans ce milieu qu’il est possible que l’on puisse commettre des erreurs. Et ça se saurait s’ils en avaient conscience !

Cet article a 2 commentaires

  1. Joël

    merci Bernadette pour ce nouveau dans mon vocabulaire !
    Ce qui me désole aujourd’hui, c’est « buzz » que nos hommes politiques cultivent en oubliant leurs promesses des campagnes électorales. De même que le quotidien de chacun d’entre nous !!!!!!!!………………….
    Et pourtant, ils sont en nombre. Pour moi s’ils étaient moins nombreux ils seraient moins disponible pour les médias et plus efficace dans leurs actions.

  2. Bernadette

    Oui Joël, trop de politiques qui se regardent le nombril est abject. S’aperçoivent ils dans la glace chaque matin ?, se reconnaissent ils ?

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