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La triste réalité du sport de base

C’est la période des assemblées générales de fin de saison des clubs sportifs avec une constante : un regret des dirigeants bénévoles de constater la faible participation des licenciés ou de leurs représentants. Ces réunions ne sont plus du tout dans l’air du temps puisque l’esprit club a totalement disparu face à une montée de la consommation sportive outrancière. Le système associatif entré à l’insu de son plein gré dans l’économie à cause des besoins sidérants des instances fédérales, de leurs exigences normatives dignes d’une commission européenne et aux textes légaux de plus en plus contraignants a atteint partout ses limites. Quel que soit le sport dans la dizaine de moments de bilan auxquels j’ai participé pour écouter, analyser et surtout tenter d’appréhender l’avenir reviennent les mêmes constats : 2017-2018 constituera une saison charnière pour de nombreuses structures ! On tient encore grâce à un surcroit d’investissement des passionnés qui s’investissent dans la gestion de ces clubs de campagne ou de zones périurbaines à dimension humaine, mais ensuite le fric tuera les bonnes volontés.
Ancien responsable des sports à l’Association des Maires de France, membre du Conseil National des sports en tant que représentant des élus, je n’ai cessé de dénoncer le précipice, le gouffre qui existaient entre un sport spectacle vivant souvent artificiellement au-dessus de ses moyens et celui de la base qui crève lentement faute de prise en compte de ses difficultés réelles. J’ai en mémoire un rapport présenté par David Douillet alors Ministre qui faisait mention d’un manque flagrant de plus de 30 000 équipements de pratique sportive de proximité dans le pays et de plus de 50 000 qui n’étaient plus adaptées au moment où la France a investi dans une politique de « grands stades » et « d »Aréna » strictement destinés aux pratiques professionnelles sous la pression des ligues et des fédérations avides de la manne procurée par les organisations de grande envergure.
En allant aux assemblées générales des 3 grands clubs de football du Créonnais (près de 1400 licenciés cumulés) désormais à vocation intercommunale revient inévitablement la dure réalité du sous-équipement ou du non-équipement de leurs territoires en terrains convenables et suffisants… Pas une réunions ans que des affrontements, des critiques, des altercations se produisent entre élus locaux et éducateurs sur les difficultés liées à l’état des installations mises à leur disposition. Et c’est un fait incontournable : ils ont raison dans la mesure où le développement constant du nombre de licencié(es) a rendu obsolètes des espaces antérieurement dévolus à des pratiques retreintes. Les instances supérieures du football se contentent d’exiger ! Ainsi racontait un dirigeant pour un match de Coupe la coupe de France des juniors (Gambardella) un représentant de la Fédération déplacé à grands frais est venu mesurer la hauteur du gazon qui ne devait pas dépasser 22 millimètres ! Bien évidemment il appartenait à la mairie de disposer des engins nécessaires pour répondre à cette exigence. Un exemple révélateur du système actuel qui conduit le vrai football à sa perte ! Il faut aussi reconnaître que souvent les revendications viennent de licencié(e)s ayant une vision de leur sport équivalente à celle que peuvent en avoir les professionnels qu’ils singent à tous les âges…
Partout le développement du sport féminin souhaitable et souhaité a également complexifié les accès aux vestiaires rendant quasiment tous les équipements actuels ingérables ou totalement inadaptés… comme parfois c’est le cas pour le sport adapté lui-aussi indispensable et adapté. Les investissements à réaliser sur les seuls clubs de football, de rugby, de tennis, de handball dont j’ai entendu les demandes d’investissements sur le seul canton de Créon doivent dépasser les 8 millions d’€ cumulés ! Et elles sont logiques, valables et incontestables ! En matière de fonctionnement le nouvelle notion de « soutien public » (chiffrage de toutes les dépenses effectuées par la collectivité publique pour la pratique sportive) et l’évaluation du bénévolat modifient considérablement l’éclairage que l’on peut avoir sur les coûts réels du sport de base jamais aidé par ses instances supérieures mais constamment « pompé » ou « contrôlé » par elles.
De gros efforts de formation ont été effectués par les clubs à tous les niveaux et pour pallier la diminution sensible de l’investissement bénévole une professionnalisation légitime des encadrants apparaît partout : les subventions publiques disparaissent quasiment toutes dans le soutien aux emplois créés souvent de manière artificielle (contrats aidés) ! L’échéance 2017-2018 va être à cet égard redoutable ! L’accès au sport va donc se faire via la capacité des familles ou des individus à acquitter des licences à un coût de plus en plus élevé (de 60 € à + de 300 €) selon les disciplines pratiquées et les projets viseront à ce que certaines pratiques deviennent élitistes de fait. Les trésorier(e)s voient poindre les difficultés sauf si on augmente les rentrées devenues indispensables des pintes de bière des troisièmes mi-temps, des soirées karaoké, des quines ou des bals masqués, des tournois avec vente massive de frites congelés, de repas choucroute ou des publicités vendues à la pizzeria ou au coiffeur du village ! Au fait rappelez moi quels vont être les bénéfices de l’Euro pour la Fédération et l’UEFA ?

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Voilà ce qui arrive quand on confond sport populaire « à but non lucratif » et jeux du cirque, sportif amateur et gladiateur….

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