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Même la faim sur terre passionne les financiers

Trump, toujours aussi dingue dans ses décisions stratégiques menaçant les fragiles équilibres planétaires, a décidé que les priorités américaines se situaient dans les étoiles. Il y aurait selon lui des enjeux essentiels dans ce ciel qui ne cesse pourtant de nous tomber sur la tête. Des milliards vont donc être engloutis dans une « militarisation » de l’espace quand en fait le danger se situe au plus près de la terre. Le réchauffement climatique, dont il nie l’évidence au nom de la nécessité de procurer des subsides aux agriculteurs qui ont massivement voté en sa faveur, progresse. Rien ne compte davantage pour le roi du tweet que la préservation de méthodes culturales dévastatrices pour la santé et l’environnement. En fait dans une décennie à peine se posera la relation tendue entre les modifications des températures, des événements climatiques et la nécessité de fournir suffisamment de nourriture à une planète qui s’autodétruit de manière dramatique. Les terres arables de plus en plus épuisées et gavées d’engrais chimiques vont tomber à leur tour dans le jeu de la financiarisation de tout ce qui touche aux besoins vitaux de l’humanité : le sol, l’eau, la forêt, la mer ! Actuellement des conseillers en placement susurrent donc qu’une forte rentabilité est à attendre dans des achats prospectifs liés à l’alimentation. La spéculation sur les meilleurs « territoires » ne cesse de progresser et les investissements dans absolument toutes les productions se multiplient avec la bénédiction des états en manque ! On ne cultive plus pour nourrir mais pour dégager des bénéfices pour des actionnaires de premier niveau ou de la distribution.
Les marchés liés au blé viennent de s’affoler à la hausse à cause de la sécheresse qui sévit en Europe et en Australie fait largement baisser les rendements à l’hectare. Pourtant pour les spécialistes ce phénomène ne devrait pas se produire pour le blé puisque selon eux, la sécurité alimentaire mondiale n’est pas menacée comme en 2007-2008 ou en 2012 par la flambée des prix. Dans bien d’autres secteurs les prix flambent alors que parfois la surproduction est au rendez-vous puisque la pénurie est organisée sur la base de normes de consommation totalement absurdes.
L’ONG Oxfam France dénonce, selon un article du Figaro, dans un rapport lancé en 2013 , les établissements bancaires français spéculant sur la faim dans le monde à travers des fonds de placement spécialisés dans le secteur des matières premières agricoles. Il y est indiqué que « trois groupes bancaires français proposent toujours à leurs clients des outils permettant de spéculer sur les prix des matières premières agricoles : BNP Paribas, Société Générale et BPCE via Natixis. Le montant total des fonds gérés par celles-ci s’élèverait en 2017 à au moins 3,561 milliards d’euros», contre…. 2,58 milliards en 2013. Un montant en augmentation de 38% en seulement 2 ans malgré le retrait du Crédit Agricole de ce secteur spécualtif. En France, la Société Générale «est aujourd’hui la banque française qui spécule le plus sur la faim» pour un montant total de fonds actifs dans ce domaine estimé à 1,359 milliard d’euros. BNP Paribas totaliserait 11 fonds pour un montant de 1,318 milliard d’euros. Enfin le groupe Banque Populaire et… Caisse d’Epargne, via sa filiale Natixis, aurait un unique fonds de 884 millions d’euros. Oxfam dénonce le fait que ces « activités toxiques mettent en péril le droit à l’alimentation de centaines de millions de personnes » et que « la spéculation galopante aggrave la volatilité des prix alimentaires » rappelant qu’une personne sur neuf dans le monde ne mange pas à sa faim.
Les financiers se sont aussi mis au boulot dans un autre secteur selon l’Humanité . Avec le soutien des banques internationales et même la banque mondiale ils achètent des milliers d’hectares de terres arables, des lacs d’eau douce ou des forêts qu’ils mettent en réserve ou exploitent modérément. Parmi les principaux pays investisseurs, on trouve en tête les États-Unis, avec 8,2 millions d’hectares recensés. La Chine ne vient qu’en quatrième position, après la Malaisie et Singapour. Du côté des pays « vendeurs », tous les continents du Sud sont concernés, avec notamment la République démocratique du Congo, le Brésil et l’Indonésie, auxquels il faut ajouter l’Ukraine (grenier à blé de nombreux voisins) et la Russie.
La présence des États-Unis en Afrique est supérieure à celle de la Chine : 3,7 millions d’hectares achetés, contre 2,5 millions à leurs rivaux. La spéculation bat son plein puisque par exemple le Brésil a vendu 2,4 millions d’hectares (forêts et terres) à des investisseurs étrangers, mais en investi dans 3 millions d’ha dans d’autres contrées extérieures. En 2016, une coalition internationale d’ONG explique dans un autre rapport que « les peuples autochtones et les communautés locales protègent la moitié des terres du globe, mais n’en possèdent formellement que 10 % ». Il faut donc noter que 2,5 milliards de personnes sont « menacées par la faim et la pauvreté si leurs droits fonciers ne sont pas protégés ». Mais les profits progressent… alors on ne va pas en faire un fromage !

(1) On y trouve notamment la belle ville de… Darmian !

Cet article a 3 commentaires

  1. MOUNIC

    D’abord la finance…..
    La mort aprés

  2. faconjf

    Bonjour,
    une fois n’est pas coutume je serai bref ;-))
    je partage votre constat affligeant famine/financiarisation des ressources terre et eaux. J’attire votre attention sur le forcing de la FNSEA + banksters sur les nécrocarburants cristallisé lors du conflit avec TOTAL en juin dernier.
    Vous trouverez sous ce lien une analyse à ce sujet .
    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/agro-carburants-n-en-deplaise-a-la-205141
    Bonne lecture à ceux que le sujet intéresse.
    Salutations républicaines

  3. JJ Lalanne

    Les agrocarburants avec non seulement pollution à l’ utilisation mais en plus pollution à la production! Quand au méthane s’ il produit légèrement moins de CO2 à la combustion, il est par lui même beaucoup plus polluant pour l’ effet de serre que le CO2. Danger avec les pertes inévitables qui s’ ajouterait à la pollution due au méthane par les élevages mais aussi par la fonte du permafrost.

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