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Confinavirus (38) : le trou d’air inévitable

De ma fenêtre, en ce jour bien gris, je n’ai pas vu grand chose de nouveau d’autant que durant près de cinq heures j’ai eu le regard fixé sur l’écran de l’ordinateur. La visioconférence avec mes collègues de l’exécutif départemental constituait un moment fort de cette période de crise sanitaire.

En effet alors que les « confinés » voient le bout de ce qu’ils pensent être le bout du tunnel, les élus locaux voient arriver avec angoisse le mur. Certes, noyée sous les statistiques angoissantes relatives aux ravages du Covid-19, aux faillites d’entreprises, à la croissance du chômage, à la valse des milliards déversés par Bercy, l’opinion dominante ne s’intéresse pas au fonctionnement de ses instances de proximité.

Il est à peu près certain que dans sa présentation du déconfinement le Premier Ministre va invoquer le soutien des communes et accessoirement des départements. Il sait parfaitement, en maire qu’il été contrairement à la grande majorité de ses collègues ministres actuels, qu’il n’y a point de salut pour son plan sans le soutien de ce réseau de femmes et d’hommes de terrain.

L’achat et la distribution de masques, l’organisation du retour dans les écoles ou les collèges, l’accueil éventuel des enfants non scolarisés et chaque jour davantage le volet social qui ne cesse de croître. Partout les témoins sont à l’orange et même parfois au rouge.

Dans les banlieues difficiles, toutes les ressources « occultes » ont disparu, les conditions de vie dans des appartements sur-occupés, les associations qui assurent le lien social tournent au ralenti et il est à craindre que la moindre étincelle provoque des embrasements dangereux. Dans tout le pays apparaissent par ailleurs le premiers stigmates de la crise sociale avec son lot de situations difficiles et la réponse ne pourra pas être nationale mais strictement à l’échelle départementale.

Or cette vague va se développer dans les prochaines semaines avec un accroissement des charges ordinaires d’énergie, d’eau, d’abonnements divers ajoutés et du coût de la vie. L’effet en sera décalé dans le temps mais il arrivera tôt ou tard avec pour des millions de familles des situations catastrophiques. La précarité avance et se transforme en misère. Ce sont eux les victimes les plus nombreuses du Coronavirus.

Premier effet un afflux croissant de gens sans autre solution que celle de rejoindre le RSA. Comme en plus les mesures gouvernementales récentes maintiennent sans aucun contrôle et aucune condition particulière les allocataires actuels on prévoit une augmentation sans précédent des dépenses. Or par qui sont-elles assumées ? Par le conseil départemental.

En Gironde elles pourraient atteindre 22 millions par mois très rapidement ce qui deviendra vite insoutenable pour les finances de la collectivité. L’opinion dominante préoccupée par son destin estival n’a cure de ce contexte. Le revenu de base prend toute sa signification mais a été rejeté puisque c’est une initiative ne venant pas de ses rangs.

Il est difficile de la persuader que les conséquences de la réforme fiscale vont vite plonger les collectivités territoriales (régions, départements, communes) et leurs déclinaisons (communauté de communes, communautés urbaines ou d’agglomérations) dans le rouge.

En effet la quasi totalité de leurs ressources étant désormais liées à l’économie il y aura des pertes considérables au cours de 2020 avec des suites encore plus dures en 2021. Toutes les rentrées directes liées aux taxes s’effondrent depuis un mois. Les ordinateurs de Bercy le suivent au jour le jour… et les prévisions qu’ils effectuent ne prévoient pas de redressement avant de longs mois.

En un mois et demi le Département de la Gironde a perdu plus de 50 millions d’euros.de Droits de Mutation liés aux revente de biens immobiliers.. et tous les autres s’enlisent. La taxe de séjour qu’acquitte les touristes en séjour ne sera pas à la hauteur pour les communes touristiques. La taxe sur les produits pétroliers avec la chute considérable des déplacements (bienfait pour l’environnement) ne rentre plus dans les caisses du conseil régional. Inutile d’ajouter la TVA dont le produit enregistre une baisse drastique.

On ne voudra pas affubler le monde d’après de celui de l’austérité ou de la rigueur mais il y ressemblera beaucoup avec des coupes sombres dans de nombreux secteurs de l’action publique. On a vu le résultat dans celui de la santé. On verra celui qui concerne le monde associatif ! Souvent considéré comme « improductif » et peu intéressant en raison de son exonération de taxes il va traverser une période noire. Il se tournera vers… les communes, les intercommunalités, le département ou la région pour tenter de survivre sans être certain que ses activités collectives retrouveront leur rythme et leur fréquentation d’avant.

On jugera la volonté réelle de construire un autre monde non pas aux milliards mis dans les grandes entreprises ou… d’ici la fin de l’année à nouveau dans les banques mais à sa volonté d’aider les collectivités territoriales à sauver la solidarité de proximité. Et pour le moment les signes prometteurs n’existent pas. Qui sonnera le tocsin politique ?

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Augmentation du chômage, austérité devenue « indispensable », destruction du code du travail « pour la bonne cause »(sic).
    Qui donc se réjouit de voire son « armée de réserve de chômeurs » s’agrandir, permettant d’oser tous les chantages et toutes les entorses aux droits des travailleurs ?
    Qui donc, profitant de cette « situation exceptionnelle » et faisant montre d’une réactivité et d’un opportunisme remarquables, demande un moratoire sur les mesures environnementales ?
    Les vautours sont à l’affût !

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