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Et si on parlait plutôt des autres sécurités

Le mot qui va régler toute la vie politique locale, départementale et nationale est polymorphe : sécurité ! Il n’y a aucun tract, aucune profession de foi, aucune réunion dans lesquels il ne figurera pas comme étant le sujet essentiel ! La pression médiatique est telle qu’il est impossible de ne pas le rencontrer et il constitue le sésame des scrutins qui s’annoncent. Il est accommodé à toutes les sauces de toutes natures. On le triture, on le torture, on l’invoque, on l’évoque, on le brandit, on le hurle, on le suggère, on le murmure car il est considéré comme la clé de tous les succès. Peu importe ce que l’on met derrière ce paravent de l’inconsistance politique : « sécurité » constitue le viatique dont tout le monde attend qu’il lui rapporte ces voix transies par la peur des autres.

Le vrai problème c’est que le mot veut tout dire et rien dire ce qui permet à tout un chacun de se reconnaître et donc d’approuver les propositions les plus absurdes ou les constats les plus faux. Inutile de chercher à expliquer puisque toute personne qui l’invoque a le statut de celle ou celui qui prend en compte le quotidien et qui se bat contre le mal de la délinquance. Refuser d’en parler serait élecoralement suicidaire ! 

Les élections départementales illustrent à merveille l’absurdité d’une utilisation tous azimuts de ce thème puisque les propositions rencontrées (caméras à la sortie des collèges par exemple) n’ont absolument aucun sens. La sécurité au sens de lutte contre les incivilités ou la délinquance sur l’espace public et à la sortie des établissements scolaires n’a jamais été de la responsabilité du Conseil départemental mais celle de l’État et des Communes… sous-entendu le Préfet et le Maire.

Il s’agit donc d’une vraie tromperie le laisser accroire que le Conseil départemental peut financer ou décider quoi que ce soit en ce domaine  ! Et pourtant vous allez le retrouver à longueur de catalogue de promesses car c’est rentable par les temps qui courent. Même à l’intérieur des établissements ce type d’installation génère de multiples difficultés juridiques et l’accord de la communauté éducative. Peu importe : sécurité reste un mot magique ! 

En fait le département joue vraiment un rôle essentiel dans votre sécurité du quotidien  mais c’est moins porteur que celle évoquée par ces publications. Il a par exemple en charge le service départemental de secours et d’incendie (SDIS) et sur ce sujet essentiel il n’y pas évidemment beaucoup de propositions. Plus de 130 000 sorties en une année pour sauver des vies, pour répondre aux effets des crises climatiques, pour préserver des biens en danger ou pour simplement répondre à des événements difficiles car issus de la crise sociale.

Cette sécurité là pèse pour plus de 93 millions d’euros dans le budget du département et nul ne songe à effectuer des propositions pour redonner du sens aux sorties des sapeurs-pompiers appelés pour tout et n’importe quoi, pour éviter des heures d’attente des ambulances aux urgences engorgées des hôpitaux dépendant de l’État, pour renforcer le volontariat indispensable pour faire face à cette montée de l’insécurité réelle. La nouveau centre de secours rive-droite de Bordeaux sera entièrement financé par les collectivités territoriales et les SDIS ont été écartés du plan de relance ! Qui a protesté ? 

Le Conseil Départemental de la Gironde a toujours soutenu le SDIS et a fait face à ses responsabilités avec le soutien depuis deux ans des communes et des intercommunalités mobilisés par le Président alors… ce n’est pas terrible comme axe sécuritaire de campagne. Le financement dette sécurité est à remettre en cause. On attend aussi depuis des années que les parlementaires s’en saisissent et la majorité départementale ne cèdera pas sur la réforme d’une loi obsolète.

Il en va de même sur un sujet proche, celui de la sécurité routière. Aux milliers de kilomètres de routes (1) à entretenir, à protéger, à améliorer s’ajoute les volets signalétique et mobilités douces. Là encore 250 millions investis et 55 millions dépensés en entretien. On l’oublie quand on roule et on se’n souvient en cas d’accident ! 

Vous ne trouverez pas trace de celle qui a trait notamment à l’alimentation (restauration des collèges), aux lieux de baignade (piscines, plages diverses) , à la détection des maladies animales ou végétales. Le Laboratoire départemental vient de participer à la lutte contre la pandémie avec efficacité et discrétion. C’est du quotidien bien moins « rentable » électoralement que la revendication de caméras ! 

La mise à l’abri et en…sécurité des enfants maltraités ou abandonnés constitue une autre mission départementale. Ils sont plus de 4 500 de à à 18 ans confiés par la justice aux services départementaux. En dehors des propos outranciers relatifs aux Mineurs Non Accompagnés, (MNA) les tracts ou les dépliants ne contiennent guère de propositions concrètes. Sauf à servir à tromper l’électorat en effectuant un amalgame entre MNA et la plupart du temps des mineurs isolés refusant toute prise en charge et dépendant donc de la responsabilité de l’État le sujet ne passionne guère les candidat.e.s. sauf ceux qui pratiquent l’exlusion, la ségrégation et l’exploitation des dérives inévitables. 

Sur bien d’autres sujets concrets, quotidiens, importants (maintien à domicile personnes âgées par exemple) le Conseil Départemental met des milliers de Girondines et de Girondins en sécurité… mais ce n’est pas vendeur ! 

(1) 6 400 kilomètres

la photo du bandeau est celle du centre de secours de Bordeaux Rive Droite dont la construction débute ! 

Cet article a 8 commentaires

  1. facon jf

    Bonjour,
    mais en fait oui, pourquoi le mot « sécurité » fait florès sur les professions de foi ? C’est la réponse toute trouvée dans ce mot « valise » aux angoisses qui teintent de gris les sentiments humains. Les causes de cette anxiété reposent sur la campagne de fond des écologistes qui nous serinent, comme les millénaristes, que la fin du monde est proche. Leurs mantras écologistes commencent tous par yaka; mot magique qui garanti par sa présence garanti l’efficacité à 100%, suivi d’une solution qui déplace le problème sans le résoudre.
    La droite extrême et l’extrême droite surfent de concert sur la terreur engendrée par l’insécurité des quartiers sensibles ( qui sont devenus « sensibles » suite à l’abandon ). Les mantras des droites commencent tous par le mot magique plus d’ordre, suivi de solutions qui déplacent le problème sans le résoudre ( plus de … policiers, militaires, peines de prison etc).
    Les marchands du temple profitent de ce consensus pour engranger les profits en enfourchant le greenwashing (dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse) ou l’argument sécuritaire pour vous vendre biens et services.
    J’ajoute à cela la pandémie dans laquelle anxiété, inquiétude, tourment, crainte, peur, terreur, affres, effroi, détresse, transe, affliction, appréhension, cauchemar, désarroi, égarement, épouvante, étau, frayeur, obsession, panique, stress, suspens, tristesse, trouble se conjuguent dans les merdias. Les marchands du temple bigpharma sont eux aussi bien présents.
    Et comme vous le soulignez, les vrais solutions des vrais problèmes de la sécurité sont consciencieusement contournées.
    bonne journée

  2. GRENE CHRISTIAN

    Tu as 1 000 fois raison Jean-Marie. Et pendant ce temps-là, au palais de l’Elysée, il est quelqu’un dont parlait sans doute Choderlos de Laclos, dont on connait tous « Les Liaison dangereuses », quand il évoque « l’insolente sécurité de cet homme qui dort tranquille ».

    1. Bernie

      Bonsoir Facon JF,
      Ok pour les professions de foi, il manque les intentions de vote. Tout cela ne permet pas un scrutin démocratique. La publication des intentions de vote ne doit pas être. C’est du trafic d’influence.

  3. Laure Garralaga Lataste

    Le mot « sécurité » n’apparait que lorsque la situation est si incertaine qu’elle devient anxiogène…
    Toute période favorable à une pandémies ou à une guerre ouvre les portes à la déraison et à l’égoïsme.
    Nos civilisations internationales en sont-elles sorties un jour ? Si un seul humain sur terre n’a jamais connu la Paix, ma réponse est NON !
    Une pensée à vous toutes et tous .

    1. Philippe Labansat

      Répandre la peur pour vendre la sécurité, un très bon business politique et technologique, de nos jours.
      Pourtant, Coluche avait raison, quand il disait que plus les gens avaient de flics autour d’eux plus ils avaient peur.
      De même, il n’y a jamais eu autant de caméras de vidéosurveillance, de polices municipales armées, de résidences fermées et surveillées, de digicodes, de portiques, de vigiles.
      Monsieur Estrosi (parangon de la sécurité, avec le succès que l’on sait à Nice), se lance même dans la reconnaissance faciale hors de tout cadre juridique.
      Le « sentiment de sécurité » devrait donc être à son maximum (oui, parce que la sécurité, c’est très sentimental).
      Eh bien, paradoxalement, non !
      Plus on « vend » de la sécurité, plus le « sentiment d’insécurité » augmente. Il doit bien y avoir une raison.
      Personnellement, j’en vois au moins une importante : on ne peut pas perpétuellement louer la compétition, le tous contre tou-te-s, entendre nos princes moquer les « sans-dents » ou « ceux qui ne sont rien », flatter ceux qui réussissent, et accabler les assistés, bref, on ne peut pas perpétuellement démontrer et justifier que tout le monde n’ait pas sa place dans cette société, et s’étonner ensuite de tensions, voire de violences croissantes en son sein.
      J’avoue que j’ai définitivement fermé mes oreilles à tous les discours « sécuritaires » et que je n’apporterai mon soutien qu’à ceux ou celles qui proposeront de faire à nouveau société, d’accorder une place à tous, une place leur garantissant tous leurs droits à la sécurité : santé, éducation, culture, alimentation, logement… tranquillité. Pour moi, travailler à une société apaisée, solidaire, fraternelle, c’est la seule voie vers une plus grande sécurité…

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ Philippe, et même… je t’invite à mesurer la place de la virgule et sa capacité à transfigurer le sens d’une phrase, … car ils sont très forts/fortes !

  4. Philippe Labansat

    J’ai dû faire une bêtise de ponctuation, Laure, mais, aide-moi, je ne vois pas…

  5. Bernie

    Dimanche, c’est la fête des mères. Pensez à toutes ces femmes qui ont enfanté. Pensez à votre maman.

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