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1948 : Bartali, Bobet, Lapébie… font un Tour à Créon

Le dimanche 4 juillet grand événement dans la ville bastide on attend en fin d’après-midi la 5° étape La Rochelle Bordeaux. Elle vient de Libourne via saint-Germain du Puch et passe par Créon. C’est la seconde fois dans l’histoire que le Tour de France passe. Les coureurs empruntent le boulevard Victor Hugo, prennent la route de Fargues Saint Hilaire pour filer vers le vélodrome du Parc Lescure via le Pont de Pierre. Voici le récit de cette étape longue de… 262 km .

Au départ de La Rochelle le belge Roger Lambrecht porte le maillot jaune avec 3 mn 24 s d’avance sur un certain Louison Bobet (3°). Seulement 105 coureurs par équipes nationale sont au départ. Une première échappée de 13 coureurs voit le jour dés le quinzième km sous l’impulsion du maillot jaune et de toute l’équipe belge. Comme Louison Bobet a accroche le bon wagon, les fuyards s’arrêtent de pédaler. Au km 43 un nouveau groupe caracole à l’avant avec notamment Raymond Impanis (Belgique), Lucien Teisseire (France), Albéric Matthys (Belge) et Emile Idée (France)… il compte une minute d’avance à Saintes. C’est trop dangereux pour l’équipe de France et à nouveau Louison Bobet, Jean Robic et le sprinter girondin Robert Desbats (équipe centre-Sud-Ouest) se lancent à leur poursuite et les rejoignent au soixante-dixième kilomètre.

Au passage à Cognac ces six hommes sont devant, suivis à seulement 25 secondes par quatre poursuivants. Un troisième groupe de quatre lancé à leur poursuite revient à 45 secondes . Le peloton pointe à 1mn 10 s. Dans la traversée d’Archiac (17) les trois groupes ont fusionnés. La guerre franco-belge se poursuit. Rudy Mathys (Belgique) , François Helary (équipe Nord Est Ile de France), Henri Ackermann (Pays-Bas) et André Danguillaume sont seulement à 35 secondes alors que le peloton accuse un retard de 3 mn 30 s.

Au cent-cinquantième km les contre -attaquants ont rejoint l’échappée ce qui donne un groupe 18 coureurs à l’avant. Le peloton maillot jaune ayant encore perdu du temps pointe à 5 minutes avec Bobet qui a décroché. Les échappés vont continuer leur progression pour atteindre 9 minutes d’avance au km 190 . Deux hommes sortent de l’échappée à Libourne : Paul Néri (Italie) et le Belge Stan Ockers qui va vite se retrouver seul avec 1mn 10s sur le reste de l’échappée. Paul Neri (équipe intenationale) ayant craqué entre Libourne et Créon, il se traine à plus de 7 minutes puis 8 mn 15 s avec Emile Idée lui aussi à la dérive. Le peloton lui pointe à 13 minutes.

Le champion belge Stan Ockers aura donc été le premier coureur du Tour de France à traverser Créon en solitaire. Il s’effondrera à moins de 15 km de l’arrivée, ayant présumé de ses forces . Il est repris au kilomètre 220 et va même être lâché par l’échappée initiale qui a traversé Créon sur ses talons.  Pas certain que les Créonnais aient remarque dans le peloton sous le maillot de l’équipe de Paris un certain Robert Chapatte porteur du dossard 102 alors totalement inconnu. Par contre ils ont certainement applaudi Guy Lapébie qui porte le maillot de la formation Centre Sud-Ouest (dossard 73) avec un certain Raphaël Géminiani.

A Bordeaux comme très souvent c’est une arrivée au sprint qui se déroule donc sur le vélodrome. Le Marseillais Raoul Rémy (équipe du Sud-Est) l’emporte devant Roger Chupin (équipe de l’Ouest)), Giuseppe Tacca (équipe internationale), Maurice Diot (équipe de Paris) ; Albéric Schotte (Belgique) et,17 coureurs dans le même temps.

Roger Lambrecht termine avec le peloton avec 10 mn 45 s de retard sur le vainqueur. Il conserve son maillot jaune devant un certain Gino… Siciardis (Italie) à 2mn 46s et Louison Bobet à 3mn 24 s. Ce dernier prendra prendra le maillot jaune dans l’étape du lendemain mais la victoire finale reviendra à un certain Gino Bartali qui a donc traversé Créon il y a 73 ans !

Cet article a 11 commentaires

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Gilbert mon jumeau…
      Souvenirs, souvenirs,
      Je vous retrouve en mon cœur…

  1. J.J.

    L’évocation de tous ces noms ne nous rajeunit pas ! À cette époque, je connaissais le nom de tous les coureurs et je suivais sur la carte fournie par le canard local, précieusement conservée et punaisée au mur de la cuisine, le déroulement des étapes.
    « En ce temps là » , comme comme on peut lire dans un ouvrage célèbre, le Tour de France faisait vraiment le tour de la France en faisant quelques petites incursions à l’intérieur pour contenter tout le monde..
    Maintenant qu’une partie du parcours se fait parfois en avion, qu’il part de Pétaouchnok en snobant une grande partie du territoire français, on se demande jusqu’à quel point cet événement peut encore porter l’appellation contrôlée de Tour de France.

    Merci Gilbert pour ces belles images qui m’ont rappelé le voyage que j’avais fait il y a quelques années dans cette belle région, en particulier à Minerve .
    La gamelle collective semble être devenue la spécialité du Tour de cette année !

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à J . J .
      En effet… ! Ces souvenirs évoquent l’âge de nos artères… !
      Gardons en mémoire que « toute appellation contrôlée » ne peut plus être ce qu’elle était puisqu’il y a belle lurette que nous l’avons dégustée !
      Je ne puis me passionner pour ces mascarades…
      Alors je zappe et en profite pour relire nos échanges sur « Roue Libre » de Jean-Marie.

  2. Grene christian

    Content pour vous mes ami(e)s.
    Moi, je ne vous raconte pas le nombre de fois où le Tour de France est passé par Saint-André-de-Cubzac, procurant aux cameramen de faire les premières images télé du peloton défilant sur le pont Eiffel en suivant la RN 10. Je me prenais pour Rémi, qu’accompagnait Vitalis, ce saltimbanque qui m’avait récupéré alors que j’avais été abandonné par mes parents. C’est raconté par Hector Malot dans… « Sans famille ». Et maintenant, je la boucle. Grande et en roue libre.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Christian
      Tu dois d’avoir grandi grâce à un saltimbanque … ! Quelle chance tu as eu !
      Tout comme moi qui suis née à Bordeaux, après un long périple Barcelone Bordeaux appelé  » Retirada  » vécu par ma famille (père, mère, grand-mère maternelle et oncle de 9 ans). Nous sommes tous deux nés avec la chance pour bagages. !

  3. Laure Garralaga Lataste

    …  » mais la victoire finale reviendra à un certain Gino Bartali…  » qu’une de mes tantes, emportée par son admiration, faillit faire tomber lors de son passage place de la Victoire !
    Place de la Victoire ! Célèbre place bordelaise qui porte bien son nom puisque c’est en ce lieu que j’ai vécu la Libération de Bordeaux le 28 août 1944, j’avais 5 ans, et le défilé du cirque Joseph Bouglione lors du mariage de sa fille le 21 mai 1948, j’avais 9 ans.

  4. Gilbert SOULET

    Merci à tous et à jean-Marie pour ses billets qui nous rappellent …
    Gilbert de Pertuis (1939)

  5. Grene christian

    A Bernie.
    Pour autant que je m’en souvienne, la dernière fois que j’ai vu le peloton traverser Saint-André-de-Cubzac, là où je suis née, c’était en 1978. Soit 30 ans plus tard, année de ma naissance, prétexte du titre de JMD aujourd’hui: « 1948: Bartali, Bobet, Lapébie… font un Tour à Créon ».

  6. Philippe Conchou

    Le 10 juillet 1964 Darrigade remportait son unique victoire à Bordeaux, j’étais dans les tribunes du Parc Lescure.
    Le 18 juillet 1957, Anquetil gagnait la compris Bordeaux Libourne, j’étais au bord de la route à St Emilion, je ne me souviens que de son maillot jaune.
    Le 15 juillet 1969 Merckx mettait une peignee à ses adversaires dans les Pyrénées, j’étais au bord de la route dans le Soulor, j’ai une belle photo collector…
    Je pense avoir vu le tour plus de soixante fois dont une bonne trentaine d’arrivées… avec (hélas) une dizaine de victoires d’Armstrong…
    Quand on

  7. Bruno DE LA ROCQUE

    Ton titre, Jean-Marie, ne pouvait me laisser indifférent… et pour cause ! Il y a 73 ans, nous habitions alors Paris, mon père me fit découvrir une course cycliste, en l’occurrence le tour de France pour sa dernière étape. J’avais eu droit aux directs « au poste » (de TSF) et du coup j’avais déjà entendu des noms… qui ne représentaient pas grand chose pour moi, d’autant que le vélo se résumait à un tandem sur lequel mes parents m’emmenaient en promenade le dimanche en banlieue ouest (en Seine-et-Oise surtout).
    C’est en forêt, dans la région de Pontoise, non loin d’Achères, que je vis (ce fut fugace…) passer les coureurs. Un certain Gino Bartali portait le maillot jaune. Mais ceux que mon père voulait me montrer étaient Bretons : Louison Bobet (fort applaudi et encouragé) et Jean Robic.
    Ce ne sera qu’à partir de 1951 que je m’intéresserai « au Tour » et que je tiendrai un petit carnet chaque année étape par étape. Avec des noms… Louison Bobet, Rapahaël Géminiani, André Darrigade, Guy Lapébie, Jean Graczyk, René Vietto, Bernard Gauthier… mais aussi un certain Fausto Coppi et des Ockers, Kubler, Koblet, Van Looy, Gaul…

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