You are currently viewing Les Jeux ont perdu leur dimension humaine

Les Jeux ont perdu leur dimension humaine

La cérémonie d’ouverture des jeux olympiques japonais aura constitué la première épreuve d’endurance pour celles et ceux qui voulaient retrouver les sensations d’un grand moment de la vie sportive planétaire. Il fallait être sacrément motivé pour tenir la distance de ce qui relever du marathon télévisuel. Dans le fond c’est assez normal puisque les J.O. Doivent beaucoup au vaillant Philippidès, premier porteur de télégramme de victoire de l’Histoire moderne. Entre les commentaires en japonais non traduits, les déclarations officielles en anglais sans sous-titres, les longueurs d’un spectacle constituant un éloge de la lenteur la résistance du téléspectateur était singulièrement érodée.

Est-ce l’esprit nippon ne laissant rien au hasard et voulant des réussites millimétrés mais l’ouverture a paru extrêmement rigide et manquant de joie d’exister. La pandémie ? Certainement. L’absence de public ? Pas certain. La solennité voulue du rendez-vous ? Probablement. En fait sur l’écran noir d’un stade plongé dans les ténèbres on a vu défiler des éléments culturels japonais empreint de cette religiosité chère au pays où justement le soleil levant d’un espoir de rencontres joyeuses, festives, ouvertes, loyales. Les organisateurs ont même réussi dans ce monde du silence a imposer… une minute de silence.

Le silence colle mal au partage des jeux pour compteurs politiques de médailles. La sobriété et même l’austérité de la cérémonie auraient été voulues en raison de la situation mondiale où le virus delta pulvérise tous les records de vitesse. La monumentale tribune officielle ressemblant à celle d’un défilé du 1° mai sur la place Rouge de Moscou symbolisait le caractère artificiel de ce rendez-vous maintenu essentiellement pour des raisons économiques.

Le défilé des 206 nations présentes sur des musiques des jeux…vidéo dont on connaît l’influence qu’ils ont dans l’obésité des jeunes, la montée de la violence avait un caractère surréaliste. Voir se succéder en grande tenue les délégations du Yémen, de l’Afghanistan, de Libye, du Mali, pays ravagés par des guerres ou celles des multiples régimes dictatoriaux a meublé l’essentiel du programme. Seuls les Argentins ont osé avec quelques pas de danse collective festive perturber le bel ordonnancement d’un monde où tout le monde serait bon et gentil.

Le nationalisme porté par les drapeaux va en effet prendre rapidement le pas sur le caractère internationaliste de l’Olympisme d’un Pierre de Coubertin ayant emprunté avec conviction le couloir droit des idées. Rapidement le tableau des médailles prendra le pas sur le fameux « l’important c’est de participer » qui ne lui a jamais appartenu puisqu’il l’a emprunté à l’évêque de Pennsylvanie qui célébrait la messe des premiers Jeux de Londres. C’est comme la devise olympique : « plus vite, plus haut, plus fort », qu’il a récupérée au collège Albert le Grand d’Arcueil.

Cette cérémonie était trop technologiquement parfaite. L’Olympisme porte des valeurs dont celle de la solidarité à laquelle son président a maintes fois dans son discours fait allusion. Cette solidarité dont manque tant le monde et qui dans les circonstances actuelles devient une véritable utopie n’apparaît pas au cours des Jeux où le chacun pour soi reste le principe essentiel. Pour que ce rendez-vous planétaire soit réussi il faut qu’il soit humain et donc avec une dose d’imperfection.

On ne retient finalement que les pleurs, les émotions, les déceptions, les drames, les surprises, les événements imprévus, le scandale ou les triomphes. Le doute pèsera sur la 32 eme olympiade comme elle a pesé sur les éditions récentes. Comme partout sur la planète, et pour tout, la défiance va s’installer. Les rêves individuels restent possibles. L’espoir appartient à celles et ceux qui en ont tant besoin pour survivre. Il était présent derrière bien des drapeaux. Il éclairait quelques visages. Mais beaucoup d’entre eux témoignaient déjà de la joie qu’éprouvaient certain.e.s d’être seulement admis à ce qui constitue une « fête »

Les défis ne sont plus sportifs. L’avenir ne repose plus sur une quantité de médailles destinée à rendre les peuples heureux. Les guerres, les famines, les épidémies et la pandémie, la pénurie en eau potable, les privations de liberté individuelle, la terrorisme moral et physique, les ravages du racisme et de la haine sociale… ne permettent plus de croire que la période des J.O. soit une trêve universelle. 

On va tout de même croire dans ces Jeux portés par le progrès ou ce que l’on pense l’être. Par force ils ne s’adresse plus à des spectateurs enthousiastes mais ont été construits pour les télévisions et pour les firmes partenaires. La flamme va brûler et briller sur le Japon. Souhaitons qu’elle éclaire quelques consciences.

Cet article a 9 commentaires

  1. Philippe Labansat

    Comme le foot, comme le Tour de France, le business JO ne rentre plus chez moi…

  2. Laure Garralaga Lataste

    Ce titre de « Roue Libre » m’interpelle… Est-ce bien nouveau ?

  3. J.J.

    Au » jour d’aujourd’hui », comme aiment dire les amateurs de pléonasmes et de tautologie, y a t-il quelque lieu, quelque action, quelque évènement, qui prend en considération la dimension humaine ?

  4. facon jf

    Bonjour,
    La semaine dernière, un mémorandum de 12 pages du Tocog est venu s’ajouter à la déjà très fournie liste des obligations et interdictions entourant les Jeux. Il prévoit, entre autres, une interdiction absolue de marcher dans les rues, à l’exception d’un déplacement quotidien vers un supermarché désigné à l’avance, limité à 15 minutes. Les Japonais surveilleront de près tout mouvement de journalistes, indique également le document.
    « Si vous êtes soupçonné d’une infraction, vous pouvez être photographié par des passants et affiché sur les réseaux sociaux. »
    Pour les athlètes, ce sera aussi les Jeux de l’ennui. Ils ne seront autorisés à entrer dans le village olympique que sept jours avant leur compétition et devront quitter le Japon dans les 48 heures suivant la fin de leur participation. L’élimination précoce, en plus de la déception, impliquera un dernier challenge: celui de réserver un vol retour dans le temps imparti.
    Big Brother s’installe aux Jeux Olympiques de Tokyo… Une raison de plus pour moi de ne pas regarder cette comédie.
    Dépêchez vous de consommer avant que le pass sanitaire ne vous en dissuade. Heureusement il reste Amazon, ce qui permettra à Bezos de rejeter des centaines de tonnes de co2 avec ses vols touristiques aussi inutiles que polluants.
    bonne journée

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ J.F…
      C’est ce que là-bas, on appelle… Démocratie… ? ! ?
      Quant aux athlètes… ils/elles supportent… !
      Quel avenir ont ces « Jeux Olympiques » ? ? ?
      Notre boycott ! BOYCOTT !…

      1. Tusitala

        Il paraît qu’en France l’an passé « on » a enfermé la population pendant trois mois…
        Et cette année certains citoyens n’auront pas les mêmes droits que d’autres …
        Et on appelle ça une démocratie…,,,,?????

  5. A. N.

    La cérémonie était effectivement assez froide. Le contexte n’aidant pas.

    L’article ne laisse rien passer, si ce n’est son intention, à peine voilée, de dézinguer tout ce qui bouge.

    Je retiendrai pour consolation et pour nuancer :
    – les matériaux des médailles issus du recyclage de téléphones portables (près de 6 millions de smartphones) ;
    – l’alimentation en hydrogène et en énergie solaire de la totalité des bâtiments et des véhicules du village olympique
    – recyclage annoncé de 99% des déchets produits par l’événement
    – L’approvisionnement en matériaux, produits agricoles, papier,… suivant un code de mise en œuvre durable (et accessible ici : https://olympics.com/tokyo-2020/en/games/sustainability/sus-code)

    Enfin l’innovation n’est effectivement pas le progrès, mais c’est à nous tous de faire en sorte qu’elle le devienne.

    P.S. : j’ai joué et joue encore à des jeux vidéo et possède une IMC exemplaire. L’obésité n’a pas attendu les jeux vidéo, tout est histoire d’éducation.

    Bien à vous

  6. A. N.

    Bonjour Bernie,

    Le mot espionnage est aujourd’hui victime d’une polysémie qui rend flou la réalité des choses.
    Pour faire bref, on pourrait trier « l’espionnage » en deux grandes catégories.

    L’espionnage « consenti » lors du téléchargement de certaines applications (Facebook, Twitter,…) qui vont recueillir avec votre accord une gigantesque somme d’informations traitées par des algorithmes (Big data). C’est un espionnage sur lequel vous avez la main en décidant d’installer ces applications ou non, ou même en décidant d’utiliser ces applications de manière à vous exposer plus ou moins. Il en va de même pour l’utilisation de certains sites web.

    La deuxième catégorie serait l’espionnage dont on peut être victime sans en être l’acteur et rendu possible au travers des logiciels espions (logiciel Pegasus par exemple, pour coller avec l’actualité).

    Dans les deux cas il faut être conscient que le Web et ses applications doivent être utilisés en conscience des risques qu’ils comportent.

    Pour vous documenter vous pouvez commencer par ce site internet : https://www.laquadrature.net/

    Site qui fait autorité concernant la protection des données sur le web. (Même si je vous conseille par la même occasion de ne pas cliquer sur des liens que vous jugeriez suspects sur internet).

    Pour avoir une connaissance concrète de votre niveau d’exposition au vol de données sur votre téléphone (le cas Pegasus étant un cas parmi d’autres) des applications permettent de « scanner » votre téléphone et d’y rechercher d’éventuels logiciels « espions ». Par exemple « TEHTRIS » que vous pouvez télécharger sur iPhone et qui a été créée par deux anciens de la DGSE.

    Pour résumer, vous devez être l’acteur de votre sécurité sur le web.

    Bien à vous

  7. faconjf

    bonjour,
    @ A.N pour les complotistes uniquement cet article
    https://www.fr24news.com/fr/a/2021/07/cherie-blair-conseillant-une-societe-de-securite-accusee-davoir-aide-les-saoudiens-a-espionner-jamal-khashoggi.html
    On peut y lire en plus de la participation de Mme Blair aux activité suspectes de NSO ( fournisseur Israéliens de Pegasus):  » Le Telegraph avait précédemment rapporté en 2014 que Mme Blair avait facturé environ 1 000 £ de l’heure lorsqu’elle travaillait en tant que conseillère juridique auprès du ministère de la Justice du Kazakhstan. À l’époque, le Kazakhstan était dirigé par son président autocratique Nursultan Nazarbayev, qui était à son tour conseillé par Tony Blair.  »
    Mais ce que les médias ne vous ont pas dit, c’est que le Mossad utilise ce logiciel pegasus (version plus poussée encore) depuis des années !!!

    Cela veut dire que le Mossad fait chanter ou peut faire chanter n’importe quel homme politique ou journaliste ou cadre ou chef d’entreprise de son choix et peut amener des votes de députés dans le sens qu’il veut.
    Pourquoi le Mossad a le top du top ? Simplement parce qu’il existe une dizaine de sociétés comme NSO, parmi elles Saito, Grindavik, Taveta, ou Candiru « based in Tel Aviv, Israel, is a mercenary spyware firm that markets “untraceable” spyware to government customers. Their product offering includes solutions for spying on computers, mobile devices, and cloud accounts » [ traduction « Saito, Grindavik, Taveta, ou Candiru « basé à Tel Aviv, en Israël, est une entreprise de mercenaires qui commercialise des logiciels espions « introuvables » aux clients gouvernementaux. Leur offre de produits comprend des solutions pour espionner les ordinateurs, les appareils mobiles et les comptes cloud »] et dont la facture la plus basse pour espionner quelqu’un commence à 200.000 euros. ( source en anglais https://citizenlab.ca/2021/07/hooking-candiru-another-mercenary-spyware-vendor-comes-into-focus/)
    Mais tout cela n’est que médisance et complotisme, tout le monde sait que ces logiciels sont conçus pour combattre le crime et la pédocriminalité.
    Bonne journée et n’oubliez pas de vous endetter pour acquérir le dernier iphone XII pro à 1159 € encore plus facile à espionner

Laisser un commentaire